Merci d'avoir salué avec tant d'enthousiasme cette
centième parution de l'herbier. Il y a tant d'émotions au travers de vos lignes. Je vais relire et relire, m'imprégner profondément de vos mots en silence.
Je suis très émue de tant de fidélité, de tant
de talents, de tant de partages pour le bonheur de tous et de toutes, de toutes
et de tous, pour notre bonheur quoi ! Un grand merci.
Un merci tout particulier à Françoise qui nous offre aujourd'hui un texte magnifique pour nous dire : au revoir. Car nous nous reverrons, Françoise, ici ou là, je n'en doute pas.
Adamante
...
Et si nous jouions à Si j'étais riche ? lui dit Mémé.
Main
dans la main, elles léchaient les vitrines, ce mercredi après-midi. Lécher les
vitrines ? quelle drôle d'idée pour des humains. Les grands sont bizarres,
vois-tu ! lui répondit Mémé .
Moi,
si j'étais riche, je choisirais d'habiter dans cette maison-ci, enchaînait-elle
déjà, et toi Mémé ?
Mazette
! celle-ci plutôt ... Avec les bottillons noirs à roses rouges que nous avons
choisis tout à l'heure, je marcherais sur la prairie où mes pieds seraient des
fleurs. Tu vois un peu ça, toi ?
Tu
marcherais sur les fleurs sans les écraser ? Qui parle d'écraser ?
"Comme
si c'est" répétait la petite chanson du matin. Comme si, c'est ...
Impératif ? non, simple constatation pensa Mémé.
Main
dans la main, elles rentrèrent de leur promenade, gaies comme des pinsons.
Ah
! Si j'étais .... ! mais je suis, voyons, et ce n'est plus un jeu.
...
Elle saisit le livre à portée de sa main ; page 11 du dernier François Cheng.
Je
ne te suivrai pas
jusqu'au
bout
ô
chemin
le
soir me retient près du feu couleur vigne
L'horizon
des oiseaux migrateurs
est
trop loin
vers
l'oueste j'irai où un lac a fait signe.
Françoise
Isabelle (avec la participation involontaire de l'Académicien, Monsieur François Cheng)
Jeudi
15 février 2018.
P.S.
Ce
texte est ma dernière participation à l'Herbier de poésies. Un Merci tout
spécial à Adamante qui a initié et gère ce lieu de partage, tout plein de
trouvailles et de rêve. Un grand Merci à toutes et tous les participants.es qui ont déposé là au fil
du temps beaucoup de brins d'émotions, et de plaisirs ! ....
Bonne
continuation à l'Herbier ! Je suis heureuse de vous avoir rencontrés. Merci.
Merci beaucoup.
Le
placebo...
Entre
cent herbes la vieille bossue qui vit au fond des bois cueille les siennes. Des
grises, contre la mauvaise mine. Des roses, contre la sinistrose. Des vertes,
pour de l'espoir.
Jamais sans client
mal de vivre fait recette
Foi de sorcière
Le
bélître cogne à sa porte et sous le manteau repart avec des rêves comme le
pilier de comptoir refait le monde sur le zinc, une nuit.
Potion d'ivresse
un placebo pour vie belle
Parole de sorcière
jill
bill
Au pays de ses songes
vivait un canard rose
gardien de la nuit
Fidèle
au rendez-vous du soir il surveillait l’entrée des ténèbres. Lui, disait-il
crânement, ne craignait pas le noir. Il se dandinait sur le seuil du crépuscule
jusqu’à ce qu’elle s’endorme.
Passer la voûte verte
entre deux pervenches blanches
le rose aux joues
Pour
pénétrer le pays des rêves, il lui fallait traverser le jardin des fées, vaste
pré acidulé à l’ombre d’un grand charme. Il l’attendait, fidèle lui ouvrant le
passage du sommeil dès que ses paupières refermaient les portes du jour.
Rite et rythme
les nuits succédant aux jours –
adieu l’enfance
Un
soir, elle ne vint pas. Le canard su qu’elle avait grandi. Avec un profond
soupir, il prit la pause et attendit…
Je
crois qu’il attend encore, aux portes de l’obscurité. Les fées du jardin
viendront-elles le relever de son poste de veilleur ?
Dernier dessin
Au seuil de l’adolescence –
tourner la page
Les
doudous ne se révoltent jamais d’être délaissés. Au plus secret d’eux-mêmes ils
savent que l’heure à sonner de laisser l’enfant voler de ses propres ailes.
ABC
http://jardin-des-mots.eklablog.com/
Sur
l’île j’avance sur la sente étroite
Sur
l’île pousse le chèvrefeuille libre et fou
J'écoute
son parfum
Liane sauvage
À la lisière du chemin
Guide le passant
Sur
l’île j’ai semé la coquelourde des jardins
Sur
l’île un trou noir attire mon regard
Le
trou bouge méchante fée à la robe noire
Ne pas avoir peur
La coquelourde est rose
Tu n’as rien à craindre
En
Finistère
Sur
l’île du bout du monde
Je
rêvais la vie en poésie
Un
recueil de 100 feuilles
Où est cent ?
Cent est dans ce trou noir tout près
de l’océan
Bouche avaleuse de vies
Ouessant
L’île
où pousse le grand vent.
Petit
clin d’œil à ma façon aux 100 pages de l’Herbier.
jamadrou
© 12 février 18 (A fleur d'image)
Ce
que je vais vous conter va vous paraître incroyable.
Il
neigeait
Cela
est naturel en février, cependant par ici tout s'en trouve désorganisé...
Plus de voiture
un chemin impraticable
retrouver ses marques
Dans
un placard je dénichais de vieilles bottes en daim, dans un tiroir des gants et
un bonnet en laine ainsi équipée je suis partie...
Toute cette blancheur
agrandissait le jardin
Féerie
Prenant
le chemin de la forêt je longeais les maisons voisines et familières. Écrasant
la neige crissante, je marchais en état second l'esprit libre. Seuls mes pas me
guidaient et tout à coup je le vis.
Jardin des fées
neige blanche et rosée
vision irréelle
Les
flocons avaient fait surgir des fleurs sur les arbres, les troncs soulignés
prenaient un relief inattendu, les mousses au sol s’éclaircissaient, les elfes
allaient surgir et danser.
Le
petit peuple
réveillé
par l'inattendu
exultait
de plaisir
Immobile
et subjuguée je suis restée à les contempler, rêvant de métamorphose afin de
partager cette magie éternellement.
Josette
T
C'était son
refuge,
l'avant-goût
du paradis,
son jardin
secret.
On disait
d'elle que c'était une enfant solitaire. Timide et solitaire. Au grand
désespoir de sa maman, la cheville ouvrière qui transformait leur maison en une
ruche conviviale.
Ici point de
rendez-vous,
l'improviste
était la loi.
Seuls les
tempos marquaient leurs différences, les copains de son grand frère et de sa
grande sœur le jeudi ou après les cours, les clientes de sa maman couturière
dans l'après-midi,, les ouvriers de son papa à l'heure du café ou après un
dépannage difficile.
Elle
disparaissait
sous la table
en merisier
vers sa
solitude.
C'était une
maison accueillante, dans une époque révolue où chacun y était le bienvenu.
Elle bruissait des discussions de grandes personnes et souvent la petite Jeanne
ne perdait pas une miette de ces mots qui entrouvraient les portes d'un monde
plein d'énigmes et de tracas, un peu trop effrayant pour qu'elle ait hâte de le
rejoindre. C'est vrai qu'elle allait peu vers les enfants de son âge, bien trop
immatures. Même ceux la génération de son grand frère n'en finissaient pas de
quitter l'âge bête.
Elle
dégustait ces instants
qui lui étaient
friandises.
Discrète, les
adultes l'oubliaient auprès de son grand cerisier qu'elle avait ressuscité par
la magie de l'imagination. Ce pourvoyeur de cerises juteuses et charnues tombé
après l'été au champ d'honneur de la modernité pour faire place à une horrible
bâtisse. Dessous, les herbes et les fleurs y poussaient en abondance et bientôt
elle n'entendait plus que le murmure du vent dans les feuilles, le chant des
oiseaux et le bourdonnement des abeilles qui lui faisaient u peu peur.
Loin de tout
ennui,
elle serait
restée des heures
dans ces
parenthèses,
en compagnie
des personnages de tant de livres aimés à qui elle inventait les coulisses de
leurs vies de papier. Un jour d'alchimie plus intense, elle savait qu'elle
pourrait même devenir lilliputienne pour être à hauteur de scarabée ou de coccinelle.
Ses récréations ne duraient pas. Une voix douce bientôt l'en délogeait
Et l'heure
d'un dîner
arrivant
toujours trop tôt
dans son
paradis
feraient
taire ses rêveries :
Au revoir
peuples des herbes.
©Jeanne
Fadosi, jeudi 15 février 2018
https://fadosicontinue.blogspot.fr/search/label/l%27herbier%20de%20po%C3%A9sie
Amants
de brume
À mon épouse, sans qui ni ce texte, ni
moi ne serions.
Chaque
année, quand poussent au milieu des pierres et des mousses, de tendres
chiffonnades de pétales mauves, alors se lèvent deux ombres étranges et
incertaines. Elles vont, dans les brumes et le halo de lumière sang et or des
soirs d’hiver mourant.
Ce jardin tout ensauvagé, est-il le
leur, ou ne sont-elles qu’en visite ?
Que
dit donc ce vieil homme
À son
octogénaire compagne ?
Il
chuchote et elle lui sourit.
Qui
es-tu donc, ô sénescent poète
Qui
d’un mot sait créer un soleil ?
« T’en
souvient-il, ma Mie, de ce bouquet de violettes odorantes ; je te l’ai offert
un pâle matin d’hiver : le froid figeait le Pont aux Marchés dans une brume
ouateuse, blafarde. Le soleil ne nous offrait plus qu’un halo jaunâtre. »
Je les
chéris, ces vieux tendres, quand ils vont presque planant. Noueux pourtant, et
fragiles, dans cette closerie toute de murets et de pierres déchaussées. Ils se réchauffent, dirait-on au soleil
de quelque jeunesse.
Assis sur un banc de pierre,
Entré en vétusté depuis plus longtemps
qu’eux,
Ils demeurent, tranquilles.
Près
du puits, leurs regards glissent sur la mousse,
Vers
un lit de verts tendres, semé de mouches parme.
Les
vieux amants se taisent depuis longtemps.
Ces deux-là guettent les violettes, qui dans les matins de l’hiver
glacé, parsèment l’ombre mousseuse du puits séculaire et pourfendent les
maigres gazons de leurs corolles froissées.
T’en
souvient-il, ma Mie, de ce bouquet de violettes odorantes ; je te l’ai offert
un pâle matin d’hiver : le froid figeait le Pont aux Marchés dans une
brume ouateuse, blafarde. Le soleil ne nous offrait plus qu’un halo jaunâtre
Humble,
à leurs pieds, comme déposées, viennent là quelques fleurs Qui, chaque année, signent leur
histoire et saignent de leur passé.
Tendres, sur le tapis de mâche de leurs feuilles rondes,
Elles
leur sourient, graciles joues violacées de givre.
L’homme,
tout tourné d’arthrose et de fêlures, dans un souffle de vent, - je l’entends !
-, glisse à sa compagne : « Te souviens-tu, ce matin-là ? La brume nous faisait
un cocon de gaze ! Le soleil blafard ne perçait que d’un halo de citron glacé.
Mais l’hiver n’y pouvait rien, nos cœurs étaient en flammes… De quelques fleurs
que je t’ai alors, offertes … Dieu, ensemble, quel chemin, nous avons
fait ! Nous sommes toujours là, et je t’aime encore!».
Sa
compagne, toute embellie de silence,
Se souvient, elle aussi :
«
Combien de tourmentes, d’angoisses et de colères,
Et
combien, pourtant, de bonheurs ! »
Tous
vécus, cœurs et corps mêlés.
Et
puis, au vent dispersé
Une
dynastie, née de nos flancs ! »
Soudain
les deux se regardent. Leurs mains et leurs corps se cherchent, Avec la lenteur
d’une infinie tendresse ; et leurs yeux brillent de pépites mouillées ! Qui sont ces silhouettes d'ouate
venteuse ?
Une
légende court autour du vieux puits :
Un
vieillard désespéré de voir sa compagne perdre,
Jusqu’au
souvenir de son nom, y sauta avec elle.
©SergeDe La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr
Avez-vous
vu ces petits singes roses devant la grotte de la blanche prêtresse, les
lézards de jade ont changé de look, ils veulent prendre part à la fête, faire
la parade avec les zèbres de Somalie, avec le léopard des hautes herbes, avec
les araignées velues de Guyane et la mygale du Guatemala, en compagnie d'une
palanquée de roitelets, des oiseaux rouges de Grande Terre, des tortues
géantes, des gazelles et du fourmilier, tout le monde se regroupe, ils savent
que ce jour est attendu, que l'avenir de leur monde est en jeu ...
Ils se sont rassemblés
le plus beau a pris la pose
et la bonne place
conviés a une réunion
ils ont répondu présent
Il
est des espaces, des jungles et des déserts que tu ne connaîtras pas, ils sont
réservés à l'innocence des bêtes, l'homme n'y a pas sa place....
Marine
D
Luna,
petite fée de la Lune
Si
vous me demandez ce qu’est pour moi la magie, je vous réponds ce soir, ce
sapin, ces fleurs, les herbes qui racontent des histoires au vent à moins que
ce ne soit le vent qui les raconte aux herbes.
Le
vent, les herbes
les
mots doux de la terre
s’envolent
au ciel
La
magie c’est aussi, ici dans ce décor de conte de fées, le souvenir d’un
miaulement furtif, il faisait nuit noire, celui d’un chaton perdu.
Juste
une plainte
enveloppée
de l’ombre
et
ma cécité
Le
lendemain, une autre voix, plus rauque se fait entendre. Qui es-tu ? je
demande. Et la voilà qui s’approche flanquée de son chaton. Ce fut comme un
émerveillement. Comment a-t-on pu les abandonner ? L’humain n’est pas
toujours fréquentable.
La
gentillesse
brûle
dans son regard
un
don du ciel
Je
lui parle. Il me semble la
connaître depuis toujours ? Elle se frotte contre moi, si confiante. Mon cœur
fait une embardée. Son chaton indifférent ne voit qu’elle, tout comme moi. Je l’aime
déjà bien trop pour la laisser errer la campagne. Ma fille l’adoptera.
Son
amour offert
sans
crainte ni retenue
est
un don total
Elle
la baptisera Luna, petite fée de la lune, Louloune.
Ce
soir, les fées qui nous l’avaient confiée sont venues la reprendre. Nos cœurs meurtris la pleurent. Mais en
fermant les yeux nous savons son absence auréolée de lumière. Nous remercions
l’Univers d’avoir croisé nos chemins.
Petite
Luna
ce
soir je chante pour toi
ce
conte d’amour.
Adamante
Donsimoni
Ce
12 février 2018, jour du départ de Luna, j’ai écrit ce texte, un bien triste
cadeau d’anniversaire pour ma fille.
Le coin des retardataires
Nina
s'est installée dans l'hiver, chaussons blancs et provision de laines, quelques
romans d'amour et...
la
fuite du temps.
Un
nouvel hiver, une autre solitude qui s'égoutte sur ses vitres de brume et son
ciel de cafard.
Presque
le bout du monde, la plaine ensevelie sous des couches de silence.
Au
bout du jour, peut-être
la
consolation
des
beautés ouatées du couchant
Le
vent a mugi aujourd'hui, porteur de souffles vagabonds, de soupirs
douloureux,de défaite.
Les
heures creuses, une à une, s'enlisent.
Le
rêve enfui
écouter
les battements de cœur
le
passeur de sourires
Où
vas-tu Nina, dans ce sentier aux herbes buissonnières, déjà fanées,
déshabillées de vie ?
Trouveras-tu
la porte de l'oubli, l'odeur des pétales de jasmin, la respiration soyeuse d'un
jour de joie ?
Un
chemin de hasard
une
ribambelle de cyclamens rosissants
cadeau
des heures douces
Tu
vois, ton pas se presse et le rose des fleurs embellit ton sourire .
Balaline
http://balaline.eklablog.com/