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vendredi 7 juillet 2017

Voici les haïbuns de la page 82, Rembrandt à l'honneur




Aux brins de l'herbier et à ses lecteurs fidèles

    
 
Voici une belle récolte qui mêle au mieux la prose et le haïku, ou le tanka.


Mais que seront juillet et août avec les congés ? Cela va sans doute avoir une incidence sur les parutions, moins de participations, des lieux plus ou moins connectés...

Bon, c'est décidé on ne décide de rien, on déclare l'aventure ouverte et les parutions incertaines.

Qu'en pensez-vous ?

    

En tout état de cause, profitez des vacances, n'hésitez pas à vous perdre dans les pages de l'herbier, 

Là pas de risque de coup de soleil, mais peut-être la chance d'en sortir illuminé. AD
 






Rembrandt (Rembrandt van Rijn) (Pays-Bas, Leiden 1606-1669 Amsterdam)  



Au bord du chemin
à sa porte et sous son toit
à l’abri du temps

C’était presque hier, au cœur de la France entre montagnes, forêts et vallées, une silhouette à sa fenêtre. Rêve, illusion ou réalité, toute de noire vêtue, était-elle femme ? Était-elle sorcière ?

Un sourire édenté
quelques phrases en patois
toutes barrières tombent

Des mots à déchiffrer, une cruche, l’eau tirée de la fontaine, nous voilà attablés. Sa solitude s’éclaire de notre émerveillement, des multiples questions de vie, joie de nos fils !

Eau de la fontaine
emplie la cruche du partage -
quelques poules picorent

Servante des châtelains n’ayant point quitté son nid, eux sont partis vivre ailleurs l’aventure urbaine et les progrès du monde. Elle se souvient, elle raconte, elle a tant aimé, tant donné. Ces racines sont ici, elle y est née, elle y mourra, pas vraiment abandonnée.

Loin du rêve
point de sorcière une femme
- une vraie rencontre








Sagesse des bois et forêts



« Ô le bel exil
Que d’exister en forêt
De cueillir la vie
Comme fruit du paradis
Comme fleur ou lumière ! »

Pour s’endormir en sagesse, le vieillard se chuchotait ces quelques vers apportés jadis par un oiseau merveilleux pendant le premier jour de construction de sa maison si éloignée de l’humanité.

« Ô le bel exil
Que de respirer sans fin.
Bonheur est maison. »




http://suzame-ecriplume.eklablog.com/







La rencontre

Après un long voyage à travers la campagne, en ce temps reculé inscrit dans nos mémoires, un voyageur fait une halte. Appuyé sur son bâton, il s’arrête, embrasse du regard la chaumière où un vieillard accoudé à la porte l’observe.

Ses pauvres pieds meurtris
implorent un peu de repos
un si long chemin…

Mais à cet instant, rien ne presse.  Le monde paysan a ses rituels. On s’observe, on se jauge. L’arrivant le sait, il laisse au vieillard le temps de se faire une idée.
Il sait qu’en échange des nouvelles des pays voisins, le vieux lui offrira le gîte pour la nuit, dans la paille de l’appentis qui jouxte la pauvre demeure et, pourquoi pas, un bout de pain, peut-être même une tranche de lard.

Un geste de salut
un raclement de gorge
un pas vers l’autre

En attendant, deux mondes se rencontrent.
À l’étranger de prouver sa bonne foi, ne pas brusquer le contact, tisser une relation de confiance sans hâte ni précipitation.

Le dos fatigué
peut attendre la paille
si convoitée

L’essentiel se joue dans une sorte d’étirement du temps, comme un bâillement de détente.
Si la rencontre a lieu, le sédentaire accueillera le vagabond. Il fera ce soir moisson de nouvelles qui le maintiendront éveillé durant ses longues soirées de solitude, bien longtemps après que le voyageur aura disparu, avalé par le silence de la forêt.











Dans le jardin sur l’île il y a une maison. Dans la maison il y a une vieille vie.

Triste personnage
A la porte de sa cabane
Bougie à la main.

Accablante est l’attente alors le personnage regarde au loin.  Il voit deux oiseaux bien serrés l’un contre l’autre là sur le tronc couché face à la maison.

Triste solitude
D’une vie qui s’en va
Vouloir être oiseau.

La bougie s’éteindra,  la vieille vie aussi,  alors l’âme, tel un oiseau libre, s’envolera.




    










Le chalet sur la montagne

Sur les bancs de l'école, au temps de l'insouciance et des grandes espérances, ils avaient fait un pacte.

Ils l'avaient rêvé
leur cabane du bout du monde
pendant tant d'années.


Au temps des fenaisons, ils allaient aider aux foins, main d'oeuvre docile oubliant l'école et ses leçons. A flanc de montagne ils partaient en escapade pendant que les grands se reposaient.

Ils l'avaient trouvé
disparaissant sous les herbes
désarticulée.


Au fil des étés, elle a abrité leur amour candide d'enfants, leurs émois adolescents, pendant que les grands négociaient des alliances.

Ils l'ont rebâtie,
clou après clou, planche à planche
pour y habiter.


Les anciens se moquaient d'eux. On disait "les amoureux". Ils protégeaient leur secret. Longtemps ils ont hésité au nom à lui donner, "Paradis" ou "Ça m'suffit"


Ils l'ont enrichi
de dentelles de papier,
des rires des enfants,

Des arpents à cultiver
leur entente indestructible.




J'ai trouvé cette version du vieux chalet, Jeanne, elle me semble intéressante. AD












À l'orée de l'été


Nacrée de rose sous la touffeur moite des pins, l'ombre rousse enveloppe le silence.
Trop de tout en cet après-midi d'été. Trop de jaune, trop de bleu, trop de lumière.
L'océan, plus loin, appelle de sa cadence.

Rêve de solitude
à deux pas des flots bleus
Le temps s'étire


Elle vit là depuis très longtemps, le corps poudré d'embruns, d'iode et de poussière.
Mille instants passés, serrés dans la lumière et dans l'obscurité, des joies qui courent 
au matin et s'éteignent au soir.

Un champ de sable et d'eau
pour une vie entière
Quelques flaques de bonheur


Parfois, elle laisse s'échapper des envolées d'enfants, des rires sous la pinède, des cigales en amour,
des parfums de la terre.
Toujours debout, bienveillante et rouillée,un peu sensible aux vents, mais tant aimée, choyée, 
bercée, élue depuis cinq générations.












Le vieil ermite...


En vieil ermite à l'entrée d'un bois 
il a charpenté un chalet,
sans charme aucun, pareil à lui-même,
en bois brut...


À l'orée du bois
il est un vieux bûcheron
Écorce craquelée


De femme on ne lui connaît,
tous le surnomment barbe bleu parbleu !
Il braconne le garenne, le lièvre, la perdrix,
use et abuse de son alambic de derrière les fagots...


Hiver comme été
pas d'eau de pluie au tonneau
Vin de chaudière


Salut le père Rembrandt, besoin de quelque chose ?
Il baragouine un nenni entre ses dents,
le garde-champêtre poursuit son chemin,
marmonne à son tour, sacrée vieille branche !