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vendredi 16 juin 2017

Vous en reprendrez bien un peu... Page 79





Vor  der Bäckerei - Alvaro De Taddéo 
"Devant la boulangerie"










Souvenir d’hier, rêve d’aujourd’hui :

Le bonheur de cet hiver d’enfance ne fut pas tant la beauté de la vitrine, que nous contemplions en gourmandise, que la joie du partage.
Sur le chemin de l’école nous étions deux ne faisant plus qu’un, complices sereins et joyeux.
L’hiver a fait place au printemps. L’été est venu. Tu es parti. Je suis restée.
Une à une, les années se sont écoulées et, quand tombe la neige, devant cette même vitrine, qui n’a pas beaucoup évolué, je me demande encore, je me demande toujours, si tu m’as oubliée.

 






Tatiana et Anatoli


Bottillons ou bottes
Fuseau,
Bonnet à pompon ou toque
Blouson,
Gants ou moufles
Écharpe...

Image hivernale
Vitrine pareille,
Chez la vieille Rufina
S'achète
En pain d'épices
Maison et bonhomme,
Couronne et lanterne
À mettre à sa porte
Une nuit bien particulière...


Ça fait rêver
Tatiana et Anatoli
Sur le chemin de neige,
Ça fait mettre en retard
Anatoli et Tatiana
Sur le chemin de l'école...

Le cartable aux leçons
N'a rien d'un enchantement
Mais seule la bonne note
Reste payante...

J'aimerais ça, dit Anatoli,
J'aimerais plutôt ceci, dit Tatiana






 


Fête de la Saint Jean
Solstice d’Été
Phase descendante
Les jours les plus longs
La nuit la plus brève
Les musiques claironnent à l’ombre des tilleuls
Parfum de roses et sorbet à la fraise
Nous voici à mi-chemin de l’année

Fête de Noël
Solstice d’Hiver
Phase ascendante
La nuit la plus longue
Les jours les plus brefs
Dans la froidure venteuse d'une rue deux écoliers
Devant le kiosque à gourmandises
Hansel et Gretel
Rêvent de la maison en pain d’épice





Paysages d’hiver


Des enfants emmitouflés font du lèche-vitrine d'hiver
William Turner a  peint Hannibal traversant les Alpes sous une tempête de neige
Maurice de Vlaminck glisse du fauve rouge et du soleil orange dans un paysage semblable
J’ai un gros faible  pour Pieter Bruegel l’Ancien « Les chasseurs dans la neige. »
Je voudrais aller  voir Argenteuil peint par Monet, recouvert d’’un blanc d’hermine



Alfred Sisley a choisi Louveciennes que je ne connais que par les impressionnistes
James Mac Neill Whistler me fait voir Chelsea en hiver, la neige d’Angleterre.
Gauguin me fait revoir la Bretagne de mes aïeules hors  de l’été  de ses plages
Albert Lebourg  m’emmène sur un pont figé de glace en Auvergne voisine
Camille Pissarro me conduit dans un Pontoise  enneigé aux couleurs froides
Mon admiration va enfin à Friedrich qui romantise un cimetière de monastère






En mode optimiste au souvenir du bonheur d'un petit bonhomme de deux-trois ans auquel on avait appris à se régaler du regard devant les vitrines sans réclamer et cela marchait.



Les pieds dans la neige
béats devant la vitrine
émerveillement

Qu'il est doux de ranimer
la mémoire de l'innocence



En mode fataliste en contre-point de l'image de la page 76




Sur l'autre trottoir
la petite mendigote
s'offre au doux soleil

indifférente au spectacle
dont elle est partout exclue.



et en illustration sonore la comptine dont je n'avais en mémoire que le premier couplet et à laquelle la vitrine m'a fait immédiatement pensé





et en référence "littéraire"  Hansel et Gretel des frères Grimm, à cause de la maison en pain d'épices de la sorcière :





Épiphanie de boulangerie


Dans la chaleur de nos bonnets,
Par les ruelles, en robes enneigées,
Nous allions : au chaud, emmitouflés.

Et l’école nous lassait de sa cloche trop molle :
Par pitié, quelques minutes de joies folles.

Au dos, ballottaient nos cartables de cuir,
Certes, bien usés, mais si fraîchement cirés.
A nos mains, des moufles par nos mères tricotées.
Nos bottes trop serrées,  étaient encore de l’an passé,
Mais elles glissaient à merveille sur les flaques gelées….

L’école nous appelait d’une cloche trop molle :
Du rêve, quelques instants encore, par pitié!

La chaleur d’un four et puis l’odeur des farines,
Douceur du sucre Candy, mie tiède de la fraiche boulange :
La vendeuse, pâlie de pains blancs nous semblait un ange.
Les vitrines, de Saint Nicolas aux veilles de Noël,
Éveillaient des rêveries de sel, des tourments irréels.
Devançaient de rêves de fêtes, d’illusions de goûter.
Délices, oh oui, délices lointains, tant convoités !

L’école nous appelait d’une cloche trop molle :
Par pitié, quelques secondes encore d’éternité.

Que de fous rires sur nos chemins frivoles d’écoliers
Qui gonflent, encore, comme des pâtes à double levée,
Yeux ébahis, doigt fixé, je me souviens d’extases
Nous salivions à une crèche, à une chaumière au toit de gaze,
Savourions sans morsures, derrière leurs papiers des figures
D’évêques  en pain d’épices, lissés de blanches glaçures.
Des peuples de « Mannela »* aux boutons de Corinthe.
Qui arrachaient à nos cœurs de si joyeuses  plaintes.

L’école nous appelait d’une cloche, soudain, folle :
Arrêtez l’heure, par pitié, tuez le temps!

Frère et sœur, dans une semblable gourmandise :
Nos désirs et nos rêves, se suffisaient à de simples odeurs
Nous savions vivre en ces temps de délices non consommés.

L’école  a fini de nous héler de sa cloche trop molle :
Courrons, courrons, le maître va, encore, nous gronder !


*Petit bonhomme à base de pâte briochée qui se mange pour la Saint Nicolas, dans tout le bassin rhénan et représente les enfants de la légende liée à cette fête.




 



Reflets d'enfance


Sur la vitre bien trop lisse
où se mêlent les reflets
d'une enfance trop dorée,
où dort la part de rêve ?

D'une cage grande ouverte
sur les senteurs poivrées
de chemins et de prés,
de tartines en partage
dans les rires d'un goûter,
de secrets échangés
à la sortie des classes,
de petits riens tout simples
en bordure des jours,
de la beauté des choses,
des choses vraies,
enfin !




 

Le désir.

Qui regarde qui ? Les enfants, en arrêt devant les figurines de la vitrine qui orneront peut-être une crèche ou un sapin pour magnifier la fête de Noël ; ou l’âme des figurines immobiles qui les interpelle sans mot ?
L’écoute de leur silence fait se pointer le doigt de la gourmandise. Pour eux, le temps s’est arrêté. La magie de l’instant éternel opère, le désir s’installe. L’empreinte de la friandise convoitée se fixe à tout jamais dans le cœur indestructible de l’enfance.
L’œuvre d’art ne participe pas du vouloir faire, mais du laisser être. Elle témoigne. Elle plonge l’observateur comblé dans la vibration d’un non agir créateur.
Je reçois donc je crée par la redécouverte de moi-même, par le retour à la source primordiale.
Ici, mon enfance, délicieusement parfumée de miel et d’épices, déploie ses ailes.