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mardi 2 février 2016

L'herbier de poésie page 32



Voici  une très belle moisson de brins, autour de l'étrange.

Merci à toutes de votre participation et à Susi S pour cette image qui a su éveiller ce florilège poétique. AD















Il est des nuits...



Tels des flambeaux éteints

S'embrasant au feu
D'un soleil couchant,
Ku Klux Klan nocturne
Cérémonie macabre
Sous la noirceur des cieux...

Il est des nuits
Où le hibou
Reste au creux de l'arbre
La grenouille
Au fond de la mare
Le mulot
Sous terre
Le fantôme
Au château
La bigote
Au fond du lit...

Il est des nuits
Qui lèvent 
Des armées de roseaux ;
Il est de nuits
Dans les marais
Où l'oeil du diable
Ordonne on ne sait quoi...





Baudelaire, en son spleen, abandonna son ciel bas et lourd, sur un champ de roseaux. Au miroir d’un étang, les ombres de leurs épis trouvèrent un rayon de lumière, laissant jaillir, dans le noir, les forces de la vie…
©ABC



Le dernier soleil
s'est piqué à la quenouille
pour dormir cent ans









Ils avancent sans peur, se hâtent.
Les premiers ont trouvé le chemin vers la lumière.
Il ne faudrait pas que la nuit se referme avant qu'ils aient eux aussi franchi le pas. 


©Quichottine





Dans le fond opaque du marais
Quand le ciel s'obscurcit
Les sentinelles du soir
Gardent l'encre des vies aquatiques
Se livrant au dictat du couchant
Qui, l'espace d'un instant 
Coiffe son auréole incendiaire
Tandis que le ciel violine
Brulé de ses derniers rayons
Abandonne la lutte
Il laisse la place aux sorcières
Pour une nuit de sabbat... 



Les roseaux près du ponton


L’armée des roseaux monte la garde près du ponton. 

Qui s’en vient ou s’en va par la porte du ciel ? Que cache cette lumière aveuglante entourée de ténèbres ? Aspire-t-elle la vie sidérée et muette, le flot interrompu des eaux de la rivière ? Crache-t-elle des révélations à ce peuple subjugué dressé vers le passage ? Rite ou curiosité de l’ailleurs ? À moins que ce ne soit la même chose, le désir de savoir.


Un grand prêtre officie, consumé d’absolu. On croirait une icône récipiendaire d’un secret inscrit sur les pierres d’un édifice en ruine marquant la limite entre deux Univers.

Le bois des planches humides a la couleur des nuages, un gris de cendres refroidies rompant avec l’or des roseaux. Décor griffé de joncs et de branches dénudées. Il se joue là une scène à la fois grandiose et banale. Captivante perception du monde des métamorphoses. Un visage apparaît au travers de la fumée céleste, il chapeaute les ruines, observe la troupe des fidèles avec ce manque d’aménité propre aux dieux de l’Olympe. Derrière ce masque, l’imaginaire déchaîne sa crainte, son effroi. Cette vérité inscrite au plus profond de tout ce qui est animé du souffle ne trouve aucun mot pour s’exprimer. Un frisson l’accompagne, le froid, la mort.

Il n’est pas une herbe, pas une goutte qui ne s’incline devant cette magie ruisselant de l’œil du ciel.


©Adamante 





Face au Levant
Tête nue filetée d'or
Le roseau se dresse
Lui
Et ses frères
Foule oscillante
Emergeant des rêves épars
Des traquenards bleus
Abandonnés par la Sorgue.
Salut au soleil
A sa chaleur
A la vie... 






J’ai traversé le temps, j’ai traversé les terres. 
J’ai vu les hommes noirs debout dans les bayous, cherchant au loin la lumière pâle qui guidera leurs pas vers la liberté.
J’ai traversé les marécages la peur au ventre.
Je n’ai pas saisi le bruit des clapotis dans le noir du soir.
Le bruit sourds des pas dans les massettes à larges feuilles.
J’ai traversé le temps, j’ai traversé les terres, j’ai cru entendre le sifflement des machettes.
Oui, j’avais la peur au ventre.


©Jamadrou





L'Attente.
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Lances-étoupe et bâtons, prêtes à flamboyer
Le choeur lourd des esclaves est encor en éveil,
Un seul geste devant
Vers un ciel entr'ouvert .....






Dans cette nuit lunaire
Que rien ne trouble
On entend la lente mélopée d'une geisha
qui s'accompagne au shamisen;
En fermant les yeux,
Elle rêve à l'Amour
Et qu’à son bras droit,
Elle se laisse entrainer au rythme d'une danse
Au pas nonchalant et sensuel...


©Tootsie



Pareille au vent, une longue mélopée dans les noires ténèbres, un appel, une secrète connivence entre les fiers guerriers ... qui persévèrent dans l'attente.

Trajectoire d'une complicité toute en filigrane aux résonnances insondables, reflets et moires, que le temps sans cesse rassemble ! 
Interminable attente !

Sagesse, respiration de tout un peuple, le chant s'élève et chemine dans le Cœur collectif.

Parfois le doute s'installe. Ils ne luttent plus avec le même enthousiasme. Tout paraît vain ...

Imperturbables, ils se reposent et reprennent force, puis l'Harmonie se recompose, animée par une mystérieuse entente contre la Conspiration des Ténèbres. 

Durs efforts sur eux-mêmes !

Magie des sons minutieusement réfléchies agencés, répercutés vers un impalpable Infini, pour échapper aux griffes de la Mort...

Il y eut un Avant : Espérance d'un Après ?!
Celui qui se révèle dans leurs rêves... Etrange télépathie entre les guerriers : hypothèse d'une autre Vie - mot de passe de l'évasion ? Ils cherchent la Voie ! Dressent leurs antennes et sondent le ciel. Ils veulent croire à l'immense Force de leur rêve collectif.

Sans amertume, ils donnent le meilleur d'eux-mêmes... Leur mélopée vibre de leur courage. Leur volonté couvrait le monde.....

Et soudain, une clameur immense ! Dans les ténèbres qui les submergeaient, une explosion de joie ! 
De l'onde croupie jaillissait une fantastique gerbe de Vie, puis une Porte de Lumière qui flamboyait dans la nuit... 

Qui a dit que la Vie était un Songe ? Était-ce un rêve de papillon ?

Le rêve des guerriers les poussa en avant, peu importe les difficultés du chemin et l'étroitesse de la Porte... 

Les guerriers jubilaient ! Il y a des moments où il faut agir, revêtir l'amure indestructible de l'Espérance et s'en aller comme une eau qui coule vers son Lieu sacré... 

©Luciole 




À titre exceptionnel ce mardi et bien que la communauté ne les accepte pas, 
j'ai dégagé un petit coin pour les rimes :




Dans le tunnel 

Elles attendaient

Soudain réveillées

En rang serré

Les ombres avançaient

Vers la clarté
Mais du soleil
Ce n'était que le reflet
Elles se précipitaient
Et se sont retrouvées
Au fond de la grotte
Sans comprendre
Qu'il ne se passait
Qu'un voyage
Au bout de leur nuit