![]() |
Photo adamante |
Reflets
Reflets en miroir
Doubles troubles lueurs
Fenêtre ouverte sur les collines
Arbres qui fusent sous les nues
Léger, un fin rideau ondule...
Un matin comme un autre
Que les rayons ténus éveillent
Sous verre des enluminures
Soiries fondues sur un mur nu
Le coucou et la tourterelle
Symphonisent le printemps
Une odeur de café
Un air de clarinette
Subliment le présent
Effet d'optique
Vision fantomatique
Où des esprits dansent
Légers comme bulles de savon
Derrière une vitre
Et des lutins
En mode farandole
Leurs ombres chinoises
Au cadre vietnamien
Mirage,
réalité ou illusion
Alcool de riz
Fenêtre ouverte
sur un autre monde
vision d’ailleurs
Ici, maintenant encadré sur le mur de son salon, entre réalité et fiction, le voile du souvenir d’une longue et rude période…
Flou artistique
sur les routes de la soie
sa mémoire s’égare
C’était si beau là-bas mais la réalité si dure !
Il n’a voulu en sa mémoire ne garder que l’esthétique, cette soierie, une ombrelle pour chacune de ses filles et une impressionnante collection de photos… II évitait avec soin de raconter la guerre. Il a toujours vanté la beauté des lieux et la richesse des rencontres…
Dernier coup d’œil
ses souvenirs s’estompent -
Il n’est plus là
La sentence a été annoncée sans ménagement. De l'autre côté de son bureau, entre dialogue avec l'ordinateur et regards neutres autant que furtifs, Monsieur Lucien avait l'impression d'être transparent au médecin.
Aussi transparent
que les sensations visuelles
de ces derniers mois.
Depuis ces derniers mois, oui. Car avec la nouvelle que son cher confrère et docteur es vue depuis tant d'années avait enfin pris sa retraite sans successeur il lui avait fallu tout ce temps pour obtenir d'être accepté comme nouveau patient et avoir un rendez-vous.
De jours en semaines
la brume avait envahi
son monde familier
Outre son attention captive à ses appareils, les gestes et les mots étaient techniques et efficaces. Le jeune diplômé avait certes des connaissances et des compétences précises alimentées par les disciplines scientifiques et numériques.
Les humanités !
Qui se souvenait encore
de leur primauté.
Monsieur Lucien était d'une autre époque. Il était parmi les rares boursiers à avoir passé son bac quand les camarades de sa "classe d'âge" avaient quitté les bancs de l'école dès douze treize ans avec ou sans certificat d'études.
Il tait au blanc bec
ses journées et ses années
médecin de campagne.
DMLA stade 3. Vous auriez dû venir consulter beaucoup plus tôt. Là, il n'y a plus rien à faire. D'ici quelques mois, ce sera le flou complet. Les mots sont précis. Nets et coupants comme des sabres. Monsieur Lucien s'attendait à ce diagnostic. Et à plus de tact.
Un étourdissement
un reflet sur un tableau
lui déchire l'âme.
Réalité ? Illusion ?
Humaine modernité !
©Jeanne Fadosi, samedi 16 avril 2022
ou
À ne pas prendre trop vite au premier degré et me classer parmi les vieux croûtons qui pensent que "c'était mieux avant"
En illustration sonore, en contrepoint, un extrait du film Knock (celui de 1951) tiré de la pièce Knock ou le triomphe de la médecine, de Jules Romain, 1923-24
Knock ou le Triomphe de la médecine — Wikipédia (wikipedia.org)
Derrière le dragon
Derrière le dragon
un arbre s’est élancé
vers le ciel
Une fenêtre se reflète sur une vitre, là un arbre de vie se dessine, un ciel se réplique, deux réalités se croisent. Deux que je vois, que j’aperçois
souvenir brodé
du napalm, sur un carré
de soie… le Vietnam
Quelque part dans la brume invisible de mes souvenirs, j’entends l’écho des bombes défoliantes… une réalité si vite oubliée. Et voilà que les assassins d’alors condamnent ceux d’aujourd’hui.
folie meurtrière
au nom d’un dieu : le profit
Le même intérêt
L’avidité empoisonne la vie des peuples. Qui livre les armes aurait-il les mains propres ? Et du côté des peuples, je me demande : certains martyrs le seraient-ils plus que d’autres parce qu’ils nous ressemblent ?
L’hydre à quelques têtes
pense la mort en milliards
et le peuple en sang.