Franz Marc "Chevaux rêvant" 1913 - Aquarelle
sur papier
Rêve arc-en-ciel
d'une nuit chevaline -
sommeil bleu
***
Tendresse d’un soir
à l’écurie –
palette d’une
berceuse
***
Songes équestres
aux rayons de lune –
Le
répit...
Cheval
Jeté
dans la guerre
Tel
l'homme
Où
exister
N'est
plus que survivre,
Périra
lui aussi
Sous
le feu d'la mitraille...
Alors,
le temps
D'une
courte trêve
Épuisé,
Affalé
dans le chaos
Il
songe, comme le troufion,
Au
retour au pays...
L'herbe
verte
Sous
un ciel bleu
La
ferme natale
Les
sillons à tracer au champ
Même
l'hiver y est plus doux
Que
le chant des canons...
Il
rêve,
Tout
comme moi le poilu,
Le
cheval de guerre...
Il
rêve, le saviez-vous
Mon
général...
Petit cheval couché
Bienheureux endormi
La douce jument brune
Veille sur ton repos
Tout un ciel pommelé
Recouvre la prairie
De bulles de nuages
D'ailes et d'appels
Petit cheval qui dort
Dans le bleu de tes rêves...
Sentent-ils venir l'orage
des heures sombres de l'Histoire ?
Quand vient la pénombre
à quoi rêvent les chevaux
aux heures bleues du soir?
Quelques abeilles attardées
tintinnabulent à leurs oreilles.
Bientôt les années
enfouiront hommes et chevaux
au fond des tranchées
Déshonneur d'humanité
pour l'honneur de leurs patries
©Jeanne Fadosi
Si j'étais peintre...
Imaginons le bleu le rouge le vert comme une trinité
où dormirait la vie.
Du haut, c'est certain, la lumière jaillirait.
Les meilleurs grands amis de l’homme seraient
là, sereins
Dans ce calme offert par la trinité et sa lumière.
Ils éclateraient de clarté, même allongés, yeux
fermés, là au milieu des verts pâturages.
Oui, vraiment, imaginons que je sois peintre.
J’aurais fait de ma toile, ma campagne.
J’y aurais cherché la profondeur de mes rêves.
Et pour trouver cette profondeur, j’aurais
creusé
et j’aurais eu alors dans mon atelier un tas
impressionnant de fatras, bien plus haut que moi !
Dans cette profondeur ainsi libérée, j’aurais pu
déposer deux chevaux rêvant au paradis sur terre…
Elle rêve la cavale,
bleue, étendue sur le flanc,
Elle rêve aussi sa
compagne qui, debout, s’abandonne à la tendresse du sommeil,
Pourtant ?
Qui rêve de l’autre,
qui est dans le songe, et qui dans le réel ?
La Vie et la Mort sont, ici, en bataille.
L’espoir ?
Un songe fou, une
bulle qui contient à la fois Tout, et surtout le Vide.
Point
d’hommes ! Tout est animal : jusqu’au repos !
La Paix des bêtes
endormies se mêle à la violence explosive des rouges.
Les teintes sont
étalées en un combat où se tissent, lignes et plans, à l’équilibre.
Rayons de lune verts
ou lampées de lumière brûlantes : les couleurs explosent
Dans l’économie du
tableau. Il s’y inscrit jusqu’à la moustache du pinceau
Les lignes sont
des contours flous et les transparences des limites instables.
Chaque porte
est un four, une impasse. Quand les brasiers ont envahis la prairie.
L’avenir brûle
et le présent l’ignore. L’oubli est, alors, une barque tentante.
Mais vers
où ?
Le
22/02/2017
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Le petit cheval dort
Il dort et se confond à l’herbe,
au soleil.
Il dort, il rêve.
Il dort.
La terre le berce
Désir de chevauchées débridées
dans des paysages où la paix arc-en-ciel ensemence la vie en joie et en
couleurs.
Il rêve.
Un autre, pour le
réveiller ? lui murmure à l’oreille ses envies de galops dans des paysages
sans frontière. Invitation à hennir jusqu’à l’infini de la lumière.
Deux crinières flottant jusqu’au
bord du ciel, ivres de libertés.
Le rêve.
De l’autre côté de leur monde, un
peintre les observe.
Il s’identifie à son œuvre.
Il se rêve cheval, assoupi dans
une apothéose mystique de formes et de couleurs.
Rêveur rêvé engendré par le rêve.
Quelques lignes se déforment.
Prémisses d’angles interrompant la courbe, évasion.
Il faut sortir du cadre !
Il faut sortir du cadre !
Il faut vivre la
transcendance.
Les pigments explosent, irradient
la feuille.
Les dimensions s’imbriquent.
S’évader !
Ne plus entendre ces grondements
annonciateurs de ténèbres.
L’éclat, il faut l’éclat.
L’éclat, il faut l’éclat.
Mais bientôt, un autre éclat. La
main vaincue déposera la brosse.
Ce sera le grand silence du sang
versé.
Et là, sur le papier, couché,
toujours rêvant, le petit cheval dort.
Je le regarde. Quelle
lumière ! C’est doux comme un regard d’enfant émerveillé.
Mais, couché sur le flanc, son
image m’évoque alors un tout autre sommeil.
Dehors le vent souffle sur ma
nuit blanche sa vaine tentative de me masquer les grondements d’un monde au
bord de la rupture.
Rejouerons-nous encore cette
partition de cauchemar si souvent interprétée jusqu'à l’écœurement ?
Le petit cheval dort et se
confond à l’herbe…
Mon cœur à la fois lourd et ouvert
s’incline ; j’accueille.
Ma seule puissance est l’abandon,
la vacuité de l’amour dans le non agir.
Le petit cheval dort.
Paix arc-en-ciel de la lumière.
Il est des fraternités,
Il est des fraternités qui ne se
construisent pas sur les liens du sang.
Des fraternités qui ont la
couleur du feu, ou de la nuit profonde.
Il est des fraternités choisies
par l'oeil qui épouse les formes douces des collines violettes, la fougue du
cheval bleu, le panache du renard, ou la nostalgie de la note bleue en
demi-teinte.
Il est des fraternités qui n'ont
rien à voir avec les gênes d'un clan, qui se créent au hasard d'une rencontre,
ou à des siècles de distance.
Il est des fraternités plus
fortes que les liens du sang quand se révèle frère celui que l'on
attendait le moins du monde sur sa
route ...