Joseph
et Maria
Il
s'appelle Joseph
Elle
se prénomme Maria
Le
monde d'en bas, ouvrier
Le
monde d'en haut, rentière...
Il
n'a qu'une mule
En
carrosse elle roule
Il
a tout d'un laid paysan
Elle
d'une belle lady
Il
n'a qu'une étable
Elle
a tout un royaume...
A
les réunir un écrivain s'amusa
Voire
même à les unir
Un
nuit de décembre
Sur
terre, quelque part...
Entre
étable et royaume
Entre
royaume et étable
Nuit
à la belle étoile
Et
étoilé l'hôtel
La
vie va en mule et carrosse
Chemin
à bosse, chemin carrossable
Partageant
leurs avoirs
A
en être ainsi bienheureux...
Dans
l'histoire, manquait un fils,
Alors
naquit le p'tit Jésus...
Face à face
pour leur première rencontre
timidité
Ainsi allait la vie. C’était la guerre, ils
avaient rendez-vous de l’autre côté de la ligne de démarcation. La grand-tante
les connaissait tous les deux et avait suggéré de les marier. Entre perplexité
et obéissance, une opportunité à saisir.
Face à face
tenter cette aventure
faire confiance
Accepter le mariage, sous le regard de Marie.
Entre force et faiblesse, entre jeunesse et incertitude, se dire oui et fonder
une famille.
Face à face
en des temps difficiles
tenir le cap
Ramer avec et contre le courant. Tenir fermement
les rênes. Éduquer de nombreux minots. Garder le cap. Jour après jour, la vie
trace son sillon. La récolte murit de petits enfants en petits enfants.
Face à face
pendant soixante-huit ans
beaucoup de tendresse
Passer le relais à une belle descendance, puis
un jour, sans crier gare, partir sur la pointe des pieds comme pour ne pas
déranger.
C'était LA légende familiale. Ceux qui
avaient l'âge d'avoir connu cette époque disaient tous que c'était la réalité.
Eté 1928. Les années folles n'en ont guère pour
plus d'un an à écouler ses jours dans l'enthousiasme et l'insouciance qui ont suivi
la Der des Der. Et par amour,
Elle allait bientôt
laisser aux autres
cousettes
les soies de Chanel
Les fenaisons avant les moissons, les fêtes
villageoises, de comices agricoles en concours de pêche, généraient
d'improbables rencontres. Proximités éphémères, frôlements sur pas de danse,
ouvriers et patrons, ruraux de la
terre et artisans du bourg, payses et urbains en vacances.
Il était venu
quelques mois tirer les
fils
des lignes électriques
Une pluie soudaine. Elle avait un parapluie. Il
n'en avait pas. C'est elle qui lui avait proposé un coin d'abri. La fin de
l'été consacra leurs fiancailles. L'été suivant ferait de leur noce une fête
citadine.
La jeune parisienne
pour des chemins de
campagne
a quitté la ville
L'espoir revenu après la Grande Dépression et la
Guerre d'après, des voix chantaient dans le poste de tsf plaqué d'acajou. Des
voix pour "Un jardin extraordinaire", "La chasse aux
papillons", "Le petit chemin qui sent la noisette", ... Ils se
souvenaient du premier poste à galène monté dans les débuts de leur mariage.
Ils y écouteraient radio Londres, en cachette dans le grenier. Et bien plus
encore.
"un p'tit coin
d'paradis
contre un coin
d'parapluie
elle avait quelque
chose d'un ange"*
Cet été s'annonçait joyeux enfin, avec leur
petite dernière et leurs deux petits enfants pour fêter en famille leurs noces
d'argent. "Le parapluie" de Georges Brassens était depuis deux ans
leur hymne familial et ils se disaient tendrement qu'ils auraient pu reprendre
chacun d'autres routes, comme dans la chanson.
Il y eut d'autres
écueils
surmontés ensemble
jusqu'au jour
inévitable.
Depuis plus de quarante ans pour lui, vingt
ans pour elle, ils me manquent.
©Jeanne Fadosi, mercredi
20 novembre 2019
* Refrain de Le parapluie, de Georges Brassens,
enregistré en 1952
Le couple moderne :
- Bonjour
Monsieur !
- Bonjour
Madame !
Ils vivent ensemble depuis des années et
viennent juste de se rencontrer.
Serge de la Torre
Miroir aux alouettes
Duo sous la lune, mais la lune s’est cachée. Les
étoiles filent vers l’inconnu sidéral de la voûte gravide. Attention !
Le loup est sorti
hurle le ciel à la nuit
fuyez pauvres fous
Elle, accroche un cœur à ses cheveux, c’est
tellement glamour. Avec son foulard qui vole au vent elle se sent comme une
star, tout devient fou quand il souffle. Elle est folle.
Inclinée vers lui
elle l’écoute murmurer
quelque fadaise
C’est alors qu’une diablesse de comète vient à
fuser tout là-haut. Sa fracassante entrée en scène passe pourtant inaperçue.
Regardez-moi, leur crie-t-elle, je
porte bonheur !
Mais son cri est vain
aveuglés par le désir
les voilà sourds
Faute de se voir vraiment, chacun invente
l’autre. Alors la bête de la nuit qui dans l’ombre les guettait vient
s’attacher à eux. Elle hantera désormais les ornières de leur chemin, jusqu’à
la chute.
Fuyez pauvres fous
mais il est déjà trop tard
pas de miracle.
Adamante Donsimoni
Marie Laforêt - Sous les palétuviers - Alain
Weill
Bonsoir la compagnie de l'Herbier… je souris au couple moderne, mais triste constat tout de même… et merci aux autres rencontres de famille et ce miroir aux alouettes… au plaisir Adamante, jill
RépondreSupprimerDes regards très différents, intéressant, mais une page difficile (du moins pour moi, car ce ne fut pas facile d'écrire sur cette image). Au plaisir JB
SupprimerQue faut-il craindre ? le loup ou la comète ou la nuit ? ou le temps qui installe l'indifférence en oubliant de se rencontrer ? beau sujet et j'espère qu'il y aura des retardataires ...
RépondreSupprimerIl y en a, je publierai demain, pour le plus grand plaisir de tous.
SupprimerSujet inspirant qui ouvre la porte, unique, belle, durable, mesquine, ..., à une rencontre très personnelle. Encore une belle page d'herbier !
RépondreSupprimerOui, c'est une page fort intéressante tant les regards sont différents. Belle fin de semaine.
Supprimerj'ai aussi vu chez Jamadrou une rencontre chaleureuse !
RépondreSupprimerJe publierai les retardataires demain. Promis.
SupprimerBonsoir
RépondreSupprimerJe n'ai pas envoyé à temps ma participation
Elle est ici sur mon blog
http://melimelojarjille.canalblog.com/archives/2019/12/06/37845707.html
Bonne soirée
Bonsoir Jak, un nouveau brin pour l'herbier ? C'est avec plaisir que je vous dis : Bienvenue dans la page. À très bientôt
Supprimer"ils viennent juste de se rencontrer"... comme chez Ionesco.
RépondreSupprimerPourtant, même si je souris en lisant ce que je n'avais pas encore lu ailleurs, je me dis que c'est beau de faire comme si chaque jour était le premier lorsqu'on vit en couple...
Passe une douce journée. Merci à tous pour cette magnifique page.
Ah ah ah ! Pour vivre heureux, vivons cachés ... sous l’évier â défaut des palétuviers roses ! ... une belle performance de Pauline Carton et Rémy Koval dans l’opérette # Toi, c’est moi, créée en 1936 ou 38 ! ...
RépondreSupprimerEncore une riche page de l’Herbier . Un grand merci à Tous. Bienvenue aux nouveaux brins de ces dernières publications .
A court d'idées. a court de temps. Mais je viens, en retard, découvrir ce que les brins ont offert à l'Herbier.
RépondreSupprimerBeaucoup de belles choses et toujours cette riche diversité, si séduisante
bravo à tout le monde
:)