Une fois n’est pas coutume, je
vais commencer par mon texte. Quelle impolitesse me direz-vous.
C’est vrai,
mais je le devais à l’héroïne de l’image, car ceci est une histoire vraie, le
souvenir chaleureux d’une belle rencontre.
Alors vous me pardonnerez ?
Merci de vos participations si variées.
La petite rose rouge
Tache de sang
sur le rire des herbes
que la lumière éclabousse.
Tache de sang
sur le rire des herbes
que la lumière éclabousse.
Elle rêvait d’un métier où
glisseraient entre les fils de trame les mains expertes d’un lissier.
Fille d’une bouture oubliée, elle
était éclose dans le massif où dominaient des rosiers de haute lisse. Elle
s’épanouissait timidement, avec des allures de bouton avorté. Mais elle était
tellement attirée par la lumière qu’elle avait décidé de devenir fleur. Passé
sa première nuit, surprise : elle incarnait la perfection en miniature.
Des pétales jaunes, blanchis par
le temps, étaient venus s’échouer à ses pieds, offrant à sa beauté un tapis de
lumière.
Je m’étais arrêtée, je m’étais
accroupie et, dans le silence de nos âmes, je l’avais accueillie. Puis, sachant
la durée éphémère de sa vie, je l’avais « immortalisée », tout au
moins le temps de ma propre durée, car il n’est aucune photo pouvant
immortaliser sa prise.
Bien après qu’elle eut disparu,
en regardant son image parmi la moisson de l’été, j’ai senti vibrer en moi
l’écho de sa courte vie. Elle me parlait encore, elle vivait là, quelque part
en moi. Alors, répondant à son appel, je me suis emparée de ses formes, de ses
couleurs, j’ai tenté, avec mes modestes moyens, mais avec toute la force de mon
âme, de satisfaire son attente : elle rêvait d’un métier où glisseraient,
entre les fils de trame, les mains expertes d’un lissier.
J’en ai fait une image à la façon
des cartonniers* et son rêve est devenu mon rêve.
Qui sait, un jour, un lissier* la
regardant lui offrira un ultime hommage, une place entre les fils de trame de
son métier où glisseront ses mains expertes.
*termes utilisés à Aubusson,
capitale mondiale de la tapisserie où j’ai appris à dessiner.
Coup de tonnerre
Coup de sang
Coup de foudre
Coup de cœur
Un éclat de
vie !
Le personnage-machine et la rose de papier
Aléatoires roses de papier
Sur papier gaufré !
Cœur de sang,
Parmi les éclairs de façades aux blancs nuancés.
Ombres végétales floutées, illusoires ou signées,
Saisies en perspectives transparentes ou en modules
compressés.
La géométrie de l’apparence est construite,
Elle imite et suggère,
Comme l’original des contes
Qui se lit dans les ogres de jardins.
Origami ! Montage composite :
Personnage-machine d’un grand pas enlevé.
La roumaine...
Rouge à lèvres
Appuyé
Ne voir que lui
Sur ce visage,
Œillade
Aux oiseaux de nuit,
Elle racole, muette
Sur la voie,
Plus une oie blanche
La femme
Du trottoir
Chignon en bataille
Elle te fait l'amour
Pour dix balles...
Rouge à lèvres
Appuyé,
Rose de Noël
Qu'on la nomme
La belle plante
Vendeuse de ses
soleils
À minuit...
Une rose troublée
Incluse dans le magma
Dans les ruines, dans
les pierres
Saccagée
Sa robe écarlate
Tâchée, repeinte
À l'unisson de ces
êtres déchirés
Bombes meurtrières
Secousses et
tremblements
La terre a dit non
Plus forte que les
hommes
Reciselée
Diamants tranchants
Pas de pause
Dans l'horreur
Pas de quartier
Pas de paix
La Barbarie avait encore
frappé aujourd'hui. Il fallait à tout prix qu'elle l'extirpe du tréfonds
d'elle-même.
Elle saisit ses ciseaux,
papiers, colle. Les formes sont aiguës. Sur ses lèvres affleurent les sons en
un seul souffle d'Onitsura
"Mon âme plonge dans l'eau
Et ressort
Avec le cormoran"
Les formes aiguës s'ordonnent jusqu'à l'esquisse du
grand oiseau .....
"L'homme est un rat pour l'homme"
disait ce matin l'artisan de l'abolition de la peine
de mort
"Le rat, seul prédateur qui tue pour le plaisir
de tuer."
"Mon âme plonge dans l'eau
Et ressort
Avec le cormoran"
Tu es responsable à jamais
de ce que tu as apprivoisé. Et coupe et colle et taillent les ciseaux. Les
formes se superposent.
Point final
: la tâche rouge sang.
Nota - mon illustration sonore peut être "Le
dormeur du val", poème de Rimbaud, chanté par Sapho
ou bien "Comme un p'tit coqu'licot" par
Mouloudji
Onitsura : poète Japonnais
Et la danseuse danse danse
et son cœur chante chante
L'été autour du feu de joie
A l'automne dans sa roulotte
Son cœur est toujours gros
comme ça.
Dans l'hiver elle fera le gros
dos
En attendant le retour du
printemps.
Un texte qui s'est perdu dans le flux et que je n'avais pas reçu comme je l'aurais dû, le commentaire semble être encore la meilleure solution, à moins que je ne trouve une solution pour vous communiquer mon e-mail, le voici avec un peu de retard, désolée, Jamadrou :
Ce lundi matin, il avait oublié de te dire combien il t'aimait.
Alors il a dessiné sur le grand miroir un coeur rouge.
Le lacet de son soulier était cassé
Doucement il s'est baissé
La terre s'est mise à trembler
Le miroir s'est brisé et tout d'un coup dans le silence du matin
Le plafond s'est effondré
Sa tête fut dévastée
Il a entendu ta voix qui l'appelait
Il a touché son coeur où étaient entrés les éclats de miroir de ton beau rire étoilé.
jamadrou le 16 octobre