Petit à petit j'ai
quitté mes oripeaux
La robe blanche de
communiante et de mariée
La robe rouge quand
on s'est aimé
La robe grise de monotonie et de mélancolie
Petit à petit j'ai
quitté mes oripeaux
Je laisse sur le fil
mon fantôme se dessécher
C'est dépouillée
l'âme mise à nue
Que je veux m'envoler
là-bas dans l'azur
Chemises au vent
Suspendues -
sa vie en rouge
Dire ce qu’elle est,
en étant ce qu’elle dit. Silencieusement ses habits la décrivent
Couleurs chaudes
sous la bise légère
elle s’enflamme
Son sourire rouge à
lèvres réchauffe le quotidien. Elle l’ensoleille.
Joies, peines, ciel
bleu ou grisaille, chacun de ses jours est un oui à la vie.
De l’ocre au rouge
au fil du temps
fleurit
son jardin secret
Liquettes
Sur un fil, des liquettes flottent
Dans mon jardin de Roussillon
Bordé de falaises ocrées
Qui font mille chapeaux de sable
Où les soirs de fêtes estivales
Les baladines se parent de voiles
Qu'elles laissent au mistral taquin
Quand au matin elles s'esquivent
Dans leur plus simple appareil
Sur un fil des liquettes flottent
Couleur rose et coquelicot
Dans mon jardin de Roussillon
La
lessive
J'aime
cette image colorée sentant bon la lessive du quotidien quand elle peut sécher
au grand air. C'était le temps des vacances. Le point d'ancrage familial parmi
d'autres escapades.
Quand
de retour de camping rustique, nous faisions une grande lessive.
Quand
l'un ou l'une avertissait des premières gouttes, quelques mains se hâtaient de
décrocher le linge humide jusqu'à la prochaine éclaircie.
Temps
heureux où les voisins ne s'offusquaient pas de ces étendages et qui faisaient
le charme des villes du sud même sur les cartes postales.
En
regardant cette image plus attentivement, j'imagine d'autres campeurs, qui
n'ont pas choisi, faisant sécher leurs vêtements sur des branches faute d'un habitat
moins précaire, et qui, coûte que coûte, préservent leur dignité dans ce souci
de propreté.
Et
cette image en appelle d'autres, faîtes de joyeuses randonnées sur les sentiers
du monde, ou d'errances résolues et terrifiées sur les chemins de l'exode.
Et
soudain j'ai envie d'écouter Exodus de Bob Marlay.
©Jeanne
Fadosi, jeudi 31 mai 2018
pour
l'herbier de poésies 113
Fantômes en cotonnades
Les
beaux jours font sortir de nos armoires des costumes empesés de couleurs et
d’oublis.
Spectres
vides épris de vent et de soleil
Ils se balancent
Fantômes en rang,
perdus
Sous les verts
ombrages.
Ils
volent comme de vaillants soldats à l’assaut d’un été qui hésite à se montrer
Prudent
Ils avancent
Chevaliers de vent
portés
Vers de vains combats
Vaincus
par les moulins du temps, l’usure des longues trottes et des lessives vigoureuses
, ils ne seront rendus à la paix de leur huit-clos sombre que par l’hiver
revenu : les armoires
enfin refermées.
©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr
Jour de lessive au soleil
La lessive se balance au vent, sous le soleil, dans
cette campagne où les grillons oublient trop souvent de chanter depuis quelques
temps.
Caresse
du vent
sur
les herbes esseulées
mon
voisin chante
Comme
ils sont gais ces vêtements aux couleurs d’un coucher de soleil, séchant sous
le pommier. Ils me parlent de l’été, du voyage, de la lenteur, de la langueur.
Ma
pensée chemine
mon
regard se retire
un
volet claque
Ici,
il fut un temps où les vacances bourdonnaient d’abeilles, de chant d’oiseaux.
Et l’incessante stridulation des élytres tentait de couvrir la voix de ma mère
me criant de mettre mon chapeau.
J’ai
toujours sept ans
dans
mon cœur de soleil
le
vent me nargue
Dansez
pour moi habits colorés de juillet, ravissez mes yeux de vos élans retenus par
les cintres. Il y a en vous une envie d’envol et en moi le désir de vous
suivre, sans but, comme on suit un parfum sur une aile de papillon.