L'Herbier de Poésies
Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
mardi 20 juin 2023
Quelques pivoines
dimanche 16 avril 2023
LA PAGE 226
Toile de ARNAUD BOUCHET
Bleu nuit :
Elle a tant lu les contes et légendes du moyen-âge, les aventures de cap et d’épée qu’à son adolescence, à l’heure des premiers émois, ses rêves nocturnes se coloraient de bleu :
Elle, Princesse d’exception, du château dans lequel se languissaient, sur les travaux d’aiguilles, les damoiselles de son âge, n’ayant d’yeux que pour le plus courageux, généreux et ténébreux chevalier de tous les temps, complice d’un palefrenier lui décochant des œillades qu’elle ignorait crânement, s’échappait sur un blanc destrier volé aux écuries De collines en valons, elle chevauchait, chaque soir, à la rencontre d’un prince légendaire.
Bleu-nuit étoilé
en ses rêveries d’enfance
l’amour est galant
Les années ont passé. Sur les rayons de sa bibliothèque, les contes et légendes du moyen-âge, les aventures de cap et d’épée sont toujours sagement alignés.
Célibataire endurcie, elle tricote à la veillée, son chat blotti sur les genoux. Avouerait-elle que ses songes bleu-nuit la font encore frissonner ?
Qu’en ses escapades nocturnes elle galope inlassablement rejoindre son chevalier imaginaire ?
Son prince charmant
a manqué ses rendez-vous -
ses rêves toujours bleus
ABC
http://jardin-des-mots.eklablog.com/
Sur le chemin de la reine Jeanne
Sur le chemin de la reine Jeanne, passent chevaux et attelages, postiers, montures de guerre ou de tournoi, blanches haquenées, charrettes d'utilités, allant des Pyrénées au Pays d'Albret pour des séjours d'agrément en temps de paix
Crinière flottante
galope jument d'amour
pour ta belle amazone
… «Sur le chemin de Culassou, la chevauchée de l'automne a laissé la trace de fulgurants passages, sous la hampe des fougères, l'éclat de nos rires demeurent flamboyants»...
Sur la Haute lande
à travers sentes et bois
vers votre fief gascon
Ce sont des routes qui existent encore, des portions en tout cas, sur les crêtes, les vallons et les vignes, qui ont enchanté nos marcheurs, vététistes et cavaliers, chaque découverte nous envoyaient «au septième ciel»!
Pays convoité
de fêtes et de batailles
le duché d'Albret
Explication :
En quelque sorte cela fait suite au haïbun précédent de la Fontaine de Fleurette car la rencontre que nous organisions à l'époque, le premier dimanche d'octobre 'La chevauchée des Vendanges », se déroulait sur le Chemin de la Reine Jeanne, qui se trouvait entre Pau et le pays d'Albret, il réunissait de nombreux amateurs de ce coin du Vic-bilh (le vieux pays).
Marine Dussarrat
https://emprises-de-brises.over-blog.com
Dame Blanche
La cavalière
Son père a insisté pour que la jeune demoiselle les accompagne à la chasse. Non qu'elle apprécie ces traques sanguinaires. Son père non plus mais il est le peintre officiel du domaine. Une charge qui leur assure gite et subsistance. Elle a déjà un coup d'œil et de pinceau étonnant pour son âge et les suivre est une occasion inespérée pour observer les animaux "sur le vif".
On l'a apprêtée,
jupe longue, poitrine fière,
amazone moderne.
Tantôt, demain, de son fusain elle noircira ses carnets pendant que ces instants sont encore frais dans sa mémoire. Surtout pas ceux de l'hallali et de la curée. L'avouera-t-elle à son père ? Au milieu de la prairie libre, elle a laissé la chasse courir à l'exécution programmée, invitée par ces trois arbres. Elle a fixé la longe de son cheval à la plus basse branche et y a grimpé, déchirant sa robe du dimanche.
Depuis sa vigie,
elle croque un survivant
fuyant vers les bois.
Comme elle aimerait se débarrasser de sa selle pour rattraper à califourchon la meute et les chasseurs qui déjà s'éloignent avec leur trophée. Comme elle a détesté le langage aussi mondain qu'allusif sur sa taille fine et sa poitrine généreuse ! l'expérience lui laissera une sensation mêlée d'émerveillement et d'effroi. Il lui faut faire illusion jusqu'au bout
Et tenir son rang.
Majesté des animaux,
cruauté des hommes.
Au loin, ses amis les arbres
la suivent sur son chemin.
©Jeanne Fadosi, vendredi 14 avril 2023
pour la page 226 de l'Herbier de poésies
En pensant à Rosa Bonheur, au père de qui j'ai inventé cet emploi crédible.
Rosa Bonheur — Wikipédia (wikipedia.org)
Un cerf de Rosa Bonheur (1822-1899) | Galerie nationale d’Irlande (nationalgallery.ie)
(le texte qui accompagne cette dernière page vaut d'être lu) :
"Parce que les robes étaient restrictives, Bonheur a réussi à obtenir un permis de police pour porter des vêtements pour hommes pendant qu’elle travaillait."
Il est temps !
J' ai vu des forêts sombres et des collines bleues
des arbres endeuillés, des sentiers de poussière
ni herbe, ni fleurs sauvages sur des terres stériles,
pas un chant, pas un cri, pas de paroles humaines,
l'implacable silence qui mord sous le soleil.
Le temps presse aujourd'hui de trouver la lumière
de chaque possible rêve.
J'ai vu le cheval blanc et sa jeune cavalière
qui inlassablement parcourt tous les chemins
à l'appel de la terre.
Nous sommes allés trop loin à piller ses richesses
Quel avenir demain pour tous nos descendants ?
La jeune fille en blanc n'est pas une guerrière
mais une messagère des amis de notre planète.
Balaline 15/04/2023
" C 'est dans les utopies d'aujourd'hui que sont les solutions de demain ."
Pierre Rabhi
Chevauchée en camaïeu de bleu
Par une journée enchanteresse, elle chevauche allègrement les steppes avec son fougue coutumière, malgré la chape de nuages bleu acier au-dessus de sa tête.
les grands horizons
invitation au voyage-
la chevauchée zen
Son amour des chevaux et des grands espaces qui l'anime l'illumine. Il est sa raison de vivre et même la nuit, elle s'imagine en cavalcades extraordinaires.
rêverie en bleu
d'écume, mélancolie-
le blues des espaces
Deux arbustes ornés de grappes de fleurs en épis bleus violacé lui font une douce escorte! Elle entend le hennissement de son cheval qui galope joyeusement, allant l'ambre en harmonie avec elle, elle parcourt monts et vallées.
l'espace lui appartient
une conquérante, une battante-
son coeur bat la chamade
Elle sait qu'au bout du chemin, son amoureux l'attend et cette chevauchée solitaire la galvanise. Au loin, trois merveilleux pommiers printaniers sont déjà de la fête. Ils lui insufflent une formidable énergie.
le chemin de l'amour
son être est à son écoute-
elle se joue du temps
Claudie Caratini (sans blog, message à déposer sur l’Herbier)
Le 15/04/2023
Fusion-croix
Une cavalière nue* avance, fière sur son cheval. Une aura de légende rayonne de cette armure féminine qu’est la peau veloutée d’une pêche gorgée de soleil.
Bondissant au-delà des obstacles, l’écuyère et sa monture franchissent les impossibles dont le chemin des femmes est pavé.
La Dame n’est pas en quête de liberté, elle en est le symbole.
Je la regarde. Je contemple ce feu nourrit du désespoir et de l’espoir mêlés, annulés dans cette fusion réduisant toute rive.
Il n’est qu’un seul lieu où puisse fleurir la liberté, au juste milieu de tout antagonismes, au centre même de ce point de jonction où se lèvent et rayonnent, libres, les souffles de la vie.
tout au fond de soi
quand la peur s’en est allée
la paix est victoire
le symbole d’une croix
interpelle le quêteur.
Adamante Donsimoni - 16 avril 2023 (©Musicstart -sacem-)
https://le-champ-du-souffle.blogspot.com/
* Cette cavalière d'Arnaud Bouchet, m'a fait penser à lady Godivat, belle épouse de Léofric (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry qui devînt une légende cent ans après sa mort.
Cette héroïne a traversé, nue sur son cheval, la ville de Coventry pour obtenir de son époux de baisser les impôts du peuple.
Plus de détails sur la légende et pour admirer le tableau de John Collier (1898)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Godiva
Un autre tableau que je vous partage ici :
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Lady GODIVA Par Jules Lefebvre — [1][2], Domaine public https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1659836 |
mardi 11 avril 2023
Pour la page 226
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Toile de ARNAUD BOUCHET |
Je n'en dis pas plus au sujet de cette image pour ne pas vous influencer, et laisser ainsi à votre imagination la liberté la plus totale.
En haïbun, il va de soi. AD
Je vous invite à visiter la page 225 pour découvrir le haïbun de Martine qui n'a pu être présente lors de sa parution. Vous n'y manquerez pas et je vous en remercie.
dimanche 9 avril 2023
La page 225
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La petite fontaine. Photo Martine MR |
La petite fontaine oubliée
Perrette, statufiée,
Rêve à tout jamais
Au pied de la petite fontaine
Vieille d'un siècle d'autrefois
Au marché elle allait vendre
Son lait
En espérait cent oeufs
Et triple couvées, donnant poulets
De quoi acheter cochon
Puis vache et son veau
A en devenir cheptel
La suite de l'histoire est connue
À trop sauter en chemin...
Perrette, statufiée
Rêve à tout jamais
Au pied de la petite fontaine
Vieille d'un siècle d'autrefois
Combien de Jean
passent encore la saluer
Cascade moussue
Puiser de son eau
à l’ombre de la fontaine –
le fil de la vie
***
L’eau se colore
sous le poids du passé
- teinte du temps
***
À la claire fontaine
sa dernière corvée d’eau
servante statufiée
un mince filet coule
clepsydre des ans
***
D’une fontaine à l’autre
la candeur des angelots -
jeu de cache-cache
peu importe le siècle
l’enfant s’amuse
La fontaine de Fleurette
La petite demoiselle de la fontaine
N'a pas de temps à perdre
Elle doit livrer son pot de lait
A une dame du palais
Elle aime se promener
Du côté de la fontaine
La tendre et si belle Fleurette
Quand viennent les mois d'été
Elle voit bien les regards en coin
Emplis de flamme et de désir
Quand passe un beau mousquetaire
L'épée au flanc, le chapeau en bataille
Le verbe haut à l'accent de Gascogne
Mais c'est à Henri qu'elle pense
Quelle a vu au château de Nérac
Jeune et sémillant trousseur de jupons
Galopeur de landes, de chemins et de combes
Il lui a conté fleurette,
Elle ne pense qu'à lui, depuis...
Ils se donnent des rendez-vous galants
Auprès de la fontaine
L'idylle se prolonge
L'amour emplit tout son être
Mais le futur Henri IV
a plus d'un coursier à fouetter
une couronne l'attend à Paris
C'est dans la fontaine
que Fleurette noiera ses larmes
et ses regrets
Une explication
Au château de Nérac, la Fontaine de Fleurette porte le nom de la fille du jardinier du roi. À 17 ans, elle s’était éprise d’Henri de Navarre (futur Henri IV) alors âgé de 19 ans.À la veille d’épouser Marguerite de Valois, Henri avait fixé rendez-vous à Fleurette dans le parc de La Garenne. Malheureusement le futur roi pour une raison inconnue ne vint pas. On dit que ce soir là, folle de désespoir, la jeune fille alla se noyer... Selon la légende, de cette histoire seraient nés les termes “Conter Fleurette” et “Fleureter” (flirter). Au XIXème siècle, le sculpteur Daniel Campagne a réalisé une statue en marbre blanc de Fleurette noyée pour orner le bassin de la fontaine éponyme. Marguerite de Valois qui aimait particulièrement se promener dans le parc le fit, à partir de ce point d’eau, prolonger de 3000 pas, aujourd’hui il s’étend sur deux kilomètres.
Ici des fontaines
aujourd'hui à l'abandon
apaisait la soif
des passants et voyageurs
vacanciers et va-nu-pieds
Fillette de la fontaine
as-tu longtemps à marcher
pour chercher ton eau ?
Chez nous elle coul' d'évidence,
à bonne température.
Une source, un puits :
Se construit tout un village,
et fait société.
Ainsi la Terre s'est peuplée,
et de toute éternité.
Une source tarie
c'est tous les gens du hameau
manquant d'essentiel.
Les enfants iront nu pied
loin jusqu'au point d'eau public.
©Jeanne Fadosi, jeudi 6 avril 2023
La Dame de l'eau
C'est un matin tout printanier où la fontaine du village glougloute toujours de son chant mélodieux. Notre proche voisine, Louise nous a quittés depuis peu. Louise, que nous appelions tendrement " la Dame de l'eau " , allait chaque matin, selon un rite immuable, rafraîchir ses mains et son visage sous le limpide filet d'eau.
" C'est ma fontaine de jouvence, allez-y les enfants, mouillez vos joues chaque matin et votre jour sera serein ! "
La source chante
L'hirondelle la frôle
Son image me sourit
L'été se fait plus sec et le débit recule mais nous buvons encore ses paroles très sages qui préservaient la vie.
" Surtout ne la gaspillez pas, usez d'elle avec parcimonie, avec respect pour notre terre " et nous l'écoutions bouche bée, toujours très attentifs.
Ma Dame de l'eau, je pense à vous aujourd'hui où la terre s'appauvrit, que les hommes persécutent et que demain sonnera le glas pour les plus démunis.
Une ombre passe
Tourne la roue de la vie
Que sera l'après ?
Balaline 08/04/2023
La Fontaine des quatre dauphins
Ce poème-conte m'a été inspiré par une balade nocturne en écriture autour des fontaines d'Aix-en-Provence organisée par un guide, il y a plus de 15 ans, l'eau coulait encore en abondance dans les fontaines. Une autre façon de voir les fontaines, la nuit...
Quatre dauphins rivés à une colonne
Figés et sans paroles
Se lamentaient du soir au matin
leurs nageoires caudales sculptées
à jamais à la pierre...
Ils pleuraient leur liberté
Entravée pour l'éternité
Par l'imaginaire fantasque
D'un sculpteur déshumanisé...
Quand, une nuit divine
La colonne à la triste mine
Se disloqua dans un fracas.
Qu'advint-il de nos quatre dauphins
heureux d'un si gracieux destin?
L'on raconte
Que des grenouilles
Sises sur des nénuphars
Se virent tapies
Comme des couffins
Au pied des dauphins
Ravis de ce miracle
Véritable défi à l'infini!
À fontaine merveilleuse, histoire fabuleuse!
Depuis lors, la fontaine glougloute avec délices!
Ci-dessous, pour illustrer le glou-glou, la photo d'une fontaine de la Drôme, du village de Montbrun Les Bains.
babil de la fontaine
jeux d'eau chantant dans la vasque
jaillissements graciles-
c'est la chanson de "l'eau vive"
au fil de "l'écume des jours"
"l'eau vive", chanson de Guy Béart
"l'écume des jours", roman de Boris Vian
Claudie Caratini (Commentaires sur ce blog. Merci)
Le 08/04/2023
Ophélie
J’ai marché, quittant la ville et son présent pour le parc tant aimé.
J’ai traversé des horizons ensorcelés jaillissant d’une sculpture de pierre, arrivant en un lieu où le temps, l’âge et l’espace furent soudain abolis.
Il a suffi d’un rayon de soleil, d’un sourire du printemps chevauchant le souffle d’une algue verte balancée de vent, pour que mon âme s’abandonne et que je fasse le voyage.
Une vasque m’a accueillie, rayonnante devant son rideau de lierre. Le doux chant d’Ophélie, se baignant avec les oiseaux, m’arrivait comme une cascade, en éclats lumineux de fraîcheur. Sa longue chevelure entraînée par les eaux vertes débordant de la vasque tissait un écran irréel derrière lequel une statue drapée de mousse, figée d’éternité, semblait attendre un improbable miracle
elle était si jeune
la petite porteuse d’eau –
Ophélie dormait
le chemin se joue du temps
la romance est éternelle
Adamante Donsimoni 8 avril 2023 ©musicstart (sacem)
Une fois n'est pas coutume, j’ai invité Rimbaud sur la page
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
— C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ;
C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d’étranges bruits ;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits
C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
— Et l’infini terrible effara ton œil bleu !
— Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
15 mai 1870
Arthur RIMBAUD 1854-1891
LE COIN DES RETARDATAIRES
La fontaine
Il est une source claire, évadée d’un trou bien caché. Elle bondit libre et si légère à la lumière de Phébus attendri. C’est qu’elle se languissait cette eau au cœur du ventre ténébreux de la Terre. Seule la musique monotone d’un goutte à goutte lui tenait compagnie. Parfois un courant d’air intermittent animait à peine son miroir. Ou encore, plus brutal et soudain, l’éclat d’une roche chutait provoquant des vagues concentriques. Et c’était tout! Quel ennui!
Temps fossilisé-
Geyser sans fin de spleen pour
L’eau cavernicole
Mais voici qu’un jour, ou plutôt une nuit pour cet esprit aquatique, un grondement monta des profondeurs; se propagea de strates en strates, pour envahir, assourdissant, sa prison granitique. Fracas! Éboulement! Émoi! Puis, stupéfaction! Éblouissement! Bonheur! Une clarté fabuleuse venait de gommer l’opacité éternelle. Ce petit tremblement de terre avait créé une fissure par laquelle le flot enfin libéré pouvait s’enfuir.
Au soleil-
Trilles sur trilles, le merle
D’écho en écho, la source
L’eau glougloute de contentement en émergeant entre deux mottes d’herbes. Tout lui paraît extraordinaire: l’azur infini, la végétation, les insectes et animaux s’abreuvant à sa liqueur de vie… Joyeuse, elle va de découvertes en découvertes. Ru limpide, la voici filant, insouciante, au cœur du vallon alpin. En chemin, sa beauté pure est capturée pour ennoblir une ravissante fontaine. Parée de mousse émeraude celle-ci sert d’abreuvoir et de piscine aux oiseaux de la forêt toute proche. Cascadant aux lèvres de ses vasques, l’onde, nullement bridée, poursuit sa route vers l’inconnu à explorer.
Azur scintillant-
Piste jalonnée d’arbres
Celle du ruisseau