Merci,
merci, merci, les herbes n'ont pas séché,
l'herbier ronronne. Mais... il faudrait réviser les règles de transmission, l'usage du tambour est dépassé ainsi que les signaux de fumée pour communiquer, les liens par exemple ;-) .
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Léonard Tsuguharu Foujita, Femme allongée, Youki, 1923, huile sur toile, 50 x 61cm, collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018 |
Dans sa nudité
encore pâle la jeune accouchée
- Solitude
Ses yeux noirs grand ouverts
traduisent un déni de vie
Sieste
Ses heures d’attente, d’un profond sommeil,
qui l’envelopperait de plénitude, se tressent le long de sa nudité
Sa sieste se berce
des pensées translucides
d’un rêve éveillé
ses yeux fixés sur l’horizon
explorent l'infini
des pensées translucides
d’un rêve éveillé
ses yeux fixés sur l’horizon
explorent l'infini
Lentement, le temps s’écoule, elle s’abandonne…
Vénus, hors du
bain...
Sensuelle lascivité,
un soir ardent,
Pour la belle en
blanc de lait
Sur sa couche de
blanc satin
Sous la lune en Blanc
d'Espagne...
Mélange de blancheurs
sur fond Noir de Mars
limpide
Vénus, hors du bain
Comment poser des mots sur une image travaillée jusqu'à l'épure pour atteindre à l'universel ?
A
l'opposé de la légende des yeux noirs (1), je ne vois en ce visage nulle
passion, nulle colère. Une invitation à vivre.
Et
à se passer d'adjectifs.
Sous
la chevelure
de
grands yeux qui interpellent
curieux
et sereins
Nul
écran entre l'esprit et le regard éveillé, sérieux sans tension ni crainte. La
simplicité apparente du trait ne laisse place à aucune émotion et pourtant la
présence est intense.
Peau
blanche sur draps blancs
telle
reposant sur la neige
une
blanche Ophélie (2).
Non,
tout est douceur ici : elle est si vivante ! L'incarnation du rêve de
Baudelaire. Sans les larmes.
"Là
tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe,
calme et volupté." (3)
©Jeanne
Fadosi
(1) Les yeux noirs, légende et chant russe
(2) Ophélie, Arthur Rimbaud, 1870
(3) L'invitation au voyage, Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857
illustration sonore (facultatif, je crois qu'ici je préfère le silence)les yeux noirs par Django Reinhardt
La terre en partageJe ne voulais plus peindreJe ne voulais plus écrireJe voulais tisser mes émotionsJe suis allée au fond de mon jardin chercher l’inspirationEt j’y ai trouvé les couleurs de mes sentiments.Pour tisser ma vieDes émotions en couleurEt tant de fils blancsJ’ai pris la gaude pour teindre des fils en jauneJ’ai pris la garance pour teindre des fils en rougeJ’ai pris le pastel pour teindre des fils en bleu*J’ai, en diluant, en mélangeant ces colorants végétaux, pu obtenir tant de nouvelles couleurs aux nuances variées et subtiles qu’impatiente, sur mon métier, je me suis mis à tisser du matin jusqu’au soir.J’ai vu se poser sur mon métier, ma colère, ma désillusion, mon amour, mon espoir, ma lumière, ma noirceur, mon empathie, mes ombres, mon impuissance…Quand j’ai voulu tisser mes longs silences, mes absences, mes longs temps de méditation loin de tout loin de tous, le blanc m’a cruellement fait défaut !Je voulais un blanc absolu, je voulais cette blancheur qu’on dit laiteuse, proche de la nacre.Je voulais le blanc « Foujita »J’ai su alors que toutes les Herbes du Grand Herbier ne pourraient plus rien pour moi.C’est ainsi que je me suis tournée vers le minéral.Et seul **le talc facilement sécable et très mou, qui dans son éclat gras et nacré passe du translucide à l’opaque, m’offrit la poudre magique: le blanc de mes rêves.Eau de source et poudre blanche dans lesquelles j’ai mis mon fil de lin à tremper des jours et des jours avant de pouvoir réussir enfin à tisser mes silences.Terre offre en partageMinéral et végétalŒuvrons avec elle
Jamadrou
« Ciseler, polir ne vaut pas laisser agir la nature. » Tchouang-Tseu
*Renseignement trouvés dans un texte de Pierre Bouet et François Neveux (Université de Caen) à propos de la Tapisserie de Bayeux
** Trouvé sur Wikipédia
Caresser le mutisme de son pinceau
Comment dire sur ma toile l’essence où
baignent tes poses le matin, ce vide qui sépare nos âmes et qui de même les
lie? Comment crier en couleurs, la merveille de la Vie derrière l’ordinaire des
choses ? Comment hurler en aplat cette souffrance qui se vit et nous
embrasse, ma muse !
Comment rendre aussi ce vertige, lorsque
s’ouvrent enfin grandes les portes closes : la chute en figuration
qui s’amorce est autant ce qui me brûle, que ce qui me fera grandir.
Allons !
Hurle fort le blanc !
Tendresse pâle qui signe
Ce qui, nu, s’expose.
Comment peindre le lumineux lait de ta peau,
sur la soie écrue du drap froissé, sur le moelleux pâle de l’oreiller blessé ?
Comment souligner son regard de biche amoureuse, sous mon œil meurtrier
d’amant-chasseur ! Mon pinceau, beauté, te couche sur ma toile, t’aime
d’un trait, d’un contraste, et peine à rendre l’amour dont, entière, il
t’entoure et te couvre.
Allons…
Blanc ! Caresse-la!
Immaculée douceur,
Cette âme entière.
NEOU
Mon petit chat de
deux mois
Est couleur blanc et
lilas
J'ai cherché un petit
nom
A son image
Snow ou fumée
Flocon ou smooth
Doux comme lui
Alors ce sera Neù
Qui se prononce Néoù
Avec un accent
tonique
Comme une
plume-virgule
En occitan
Cela veut dire neige
Passé au talc comme
la belle dame
Alanguie, éthérée
Dans les rêves de
Foujita
Et sous son
pinceau...
Léonard Foujita
De la blancheur
laiteuse
faisait son miel
femmes et chats
sublimés
en poussières
d'étoiles
Dérive de blancDans son regard de ciel, dans cette immensité de temps sans début ni fin, une histoire à peine esquissée pour nous laisser le temps du rêve.Le retirementle profond des abyssesun cri d’absenceLa femme nuages, peut-être une chimère, nous livre par ses yeux la parole sans tain du silence. Impossible de s’exfiltrer, tout est poids dans cette légèreté.Une colombel’esprit insaisissabledérive dans le blanc
Je vous propose de finir la lecture par une écoute : un enregistrement plein d'humour de Marcel Amont.
