Suite aux écrits parus sur la
splendide photo de Noushka, ce mouflon à regard humain, Jamadrou a pris son
pinceau et, clin d’œil à Cocteau, nous a offert l’image de ces mouflons à tête
d’homme.
Ainsi, de fil en aiguille, l’image de Noushka a accouché de mots qui
ont donné naissance à une image puis encore à des mots… D'où le titre de la page (rien de plus).
Collier de mots, collier d’images,
nous pourrions à l’envi continuer cette création et moissonner encore longtemps
les brins de nos rêveries.
En tout cas, un immense merci, à vous qui nous offrez des images, à vous qui consacrez du temps et affutez votre talent pour participer, à vous qui venez lire ici les participations des autres sur ce blog dédié uniquement à l'Herbier de poésies, à vous qui visitez les liens et laissez quelques mots ici ou là, lorsque le temps vous le permet.
Tout simplement, merci.
Adamante
Quand il ne reste...
Homme ou femme
Dos tourné
À l'avenir
Le fuir par peur
De ce qu'il sera
Se réfugier dans hier
Vécu, vaincu
Petite colline,
Demain
Le voir tel une
montagne,
N'est pas mouflon
Qui veut...
Le courage manque
Parfois
Dans l'incurable
Voir se lever un
autre soleil
Est une souffrance
Dame la mort
Comme un poison
Qui délivre
Est apostrophée
Quand il ne reste
Que le gris, le noir
De la vie...
Et, progressivement, d'une chose
à l'autre, elle cousait,
puis, cuisinait, tissait,
brodait,
elle allaitait,
jardinait, moissonnait,
lessivait, repassait .......
et, de l'aube au coucher
ne cessait de veiller au bon
fonctionnement de sa maisonnée
Elle causait, écoutait, soignait,
guérissait
cassait, raccommodait, langeait,
guettait, attendait
riait, pleurait, jouait,
chantait, peignait, repeignait .... rangeait et dérangeait
Et puis, progressivement, d'une
chose à l'autre
elle s'en est allée
visiter l'autre côté du miroir
De fil en aiguille, les
conversations allèrent bon train
On dit qu'elle yoyotait de la
touffe, perdait le Nord ou les pédales
On la dit folle, un peu, beaucoup
fêlée
Quelle misère !
Allez savoir .....
©La Vieille Marmotte, 18
Avril 2017
Transhumance
Nostalgie des nuits
de transhumance
regards perdus sous
les étoiles
odeurs d'herbe et de
suint
coulant dans le soir
doux
Un chapelet laineux
comme leste couleuvre
se glisse vers
l'alpage
La nuit s'étire en
heures mystérieuses
eau vive enveloppée
de chaud
quand la bélière
souffle sur le silence
Seule cette
ondulation de vie
sans paroles et sans
cris
ouvre la voie de
l'insaisissable
Photogénie d’une course à
l’échalote vue par un colleur d’affiches
Regards incisifs, lignes
aquilines et lèvres en esquisses,
Si semblables ;
jusqu’à devenir presque parallèles,
Binettes arrachées à quelques
palettes de couleurs ordonnées
A une pauvre ribambelle de
papiers kraft ou canson gommés,
Posées - au choix – en un
illusoire et triste nuancier.
Où domine une femme, aux traits
si sévères, au nez trop parfait,
Suivi de prétendants désinvoltes,
de visages informels, d’ombres portées :
Profils glabres ou traits
burinés, ricochets de têtes, plus ou moins déformées.
Humanité de couleurs, peuple de
cartes et de parchemins roulés :
Vous croyez vivre et n’êtes que
des nombres floués.
Escargots illusoires, fous des
reines, bouffons des rois :
« Secouez vos peines,
rejetez vos jougs, courrez et fuyez !
Sortez des tapisseries, échappez
aux murs où l’on vous cloue! »
Quel insensé de son choix mortel,
oserait vous couronner ?
©Serge De La Torre le 18/04/2017
De fil en aiguille...
Le mouflon se fige
transmettant sa
force vitale
à la tapisserie rouge
et or.
Apparaît alors
le profil égyptien du
dieu Amon
et celui de Knoum le
procréateur.
Le fil se torsade en
spirale et les cornes deviennent d'abondance.
Dans ce
violent tumulte
l'Homme partira
à la recherche de la Toison d'or.
De fil en aiguille
la tapisserie se
tisse.
Le bélier avance sans
défaillance prêt à défoncer les murailles
droit devant sur de
sa puissance.
Quand je vois un œil prendre le
pouvoir d'une image, un réflexe d'enfant active instantanément quelques
neurones de mémoire qui me murmurent silencieusement
"l'oeil était dans la tombe
et regardait Caïn"*
Et instantanément s'active une
pensée qui interroge.
Quand ? pourquoi ? pour quoi ?
Ici l'œil quadruple n'est ni
bien veillant ni mal veillant.
L'un veille. L'autre s'étonne et
l'étonnement prévaut.
Le troisième doute un brin
d'herbe suspendu à ses mots.
Le quatrième. Ah le quatrième !
Il a tiré la courte paille, un
sommeil d'éternité semble déjà l'endormir.
*Dernier vers du poème de Victor
Hugo, La conscience, évoquant dans la bible Caïn le premier fils d'Adam et Eve,
chassé après qu'il ait tué son frère Abel.
Et une deuxième participation (j'avais
oublié le titre donné à la page et cela a sans doute son importance)
De fil en aiguille
de Caïn à la conscience,
de l'homme à l'image de Dieu
à "tu aimeras ton prochain
comme toi même".
Paradoxales injonctions qui
poussent à se détester soi-même.
de Caïn à Narcisse.
des Livres à Freud
de L'œil de la tombe avec
Victor Hugo
aux yeux des paons dans les
fossés du château d'Angers.
Ne dit-on pas être fier comme un
paon ?
Du château d'Angers à sa célèbre
tenture.
De la genèse à l'apocalypse.
Du début à la fin.
Finir
Fa Do Si*
De la fin à un autre début.
*Fa Do Si, je l'ai appris bien
après avoir inventé ce titre pour mon blog, signifie finir en langage solrésol,
un autre langage à ambition universelle appelé encore du nom de son inventeur
le langage de Sudre.
Tiré par les
cheveux...
Entre un fer à friser
et un fer à repasser
Enroules enroules mon
ami
Coiffé de volutes
Et de circonvolutes
Tu arbores un curieux
portrait
L'image que tu donnes
Me laisse perplexe
Il me faut choisir
Bel ami
Entre Isis et Osiris
En tout cas
Tu m'as fait rêver
Et voyager...
La paille du destin
Quand l’image enfante les mots, quand les mots
enfantent à leur tour l’image,
on peut se dire que le cycle des transformations est
un cercle parfait, une roue qui brasse les atomes de vie comme une tricoteuse
assemble ses mailles, avec patience, l’une après l’autre, pour créer son ouvrage.
Que de temps passé à tisser l’éphémère ! Que d’heures offertes à la
poussière du temps. Que de vanité dans ce parcours de vie que l’on voudrait
éternel.
Ici, l’histoire semble vouloir se transformer. Cléopâtre
unie à Antoine chante sous le casque d’or des vainqueurs sur fond de drapeaux, arabesques
et traits aquilins. Aucun Octave dans ce chant, à peine un bémol, un rien pour contrarier
l’impossible.
À leurs pieds, quelques profils se cherchent, le
désir s’exprime par la quête d’un baiser. Mais derrière eux, ceux du destin,
une paille dans leur bouche obverse, insufflent en silence le souffle de la tragédie.
Est-il possible d’échapper à son destin ? Peut-il être des amours heureux
qui ne soient pas sans attache ? L’histoire nous dira que non, à condition
de connaître l’histoire et je me demande d’où vient cette faculté d’oubli qui pousse
l’humanité à reproduire sans cesse les mêmes erreurs au travers de ce chapelet
génétique qui forme les vagues générationnelles de l’incarnation.
Un mouflon à visage humain exprimerait-il ici le
regard du sphinx ?
