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dimanche 4 février 2024

La page 228

 

Bonjour les Brins,

    Voici une page inspirée. Haîkus, Tankas, Haïbuns et même Renga. La page d'explications a développé un tel désir d'écrire que j'en suis ravie, j'en ai le rose aux joues, comme une enfant à qui l'on a offert le plus beau des cadeaux. Un immense merci. 

    Il faut du temps pour digérer toutes ces poésies, on ne peut les assimiler à la suite. Il faut s'en pénétrer, s'y arrêter, y revenir... Mais n'avons-nous pas tout le temps ? Car le temps n'est jamais que l'attention que l'on porte à quelque chose. 

    Et pourquoi courir lorsque l'on peut flâner avec un tel bonheur ?

    Bonne lecture.

Adamante

P.S. Je ne passerai chez vous que plus tard, je prépare ma lecture à l'Agora qui se tiendra mardi 6 février. Mon texte, né de cette image, sera lu en ouverture par un ami poète, Serge Mairet, car il correspond parfaitement à mon long poème : "Les cheveux de la Terre".

  



Dessin Françoise Isabel




1ère proposition :

Funambule 



- Je regardais l'image. Bien déterminée à créer un tanka ou bien un haïku final pour magnifier mon haiboun 


- ...............

- Comment ça c'est du chinois pour toi ? Tu n'as pas lu la consigne Chez Adamante ?  C'est comme ça chez elle. Tu veux partager des textes poétiques ? Tu Chinoises ... 

Je continue et ne m'interromp plus !

- et m'est venu à l'esprit un "truc" sans nom. Métrique de haïku, 17 pieds, où tu peux mettre chacun des quatorze mots à n'importe quelle place. De nombreux sens pour une seule phrase qui se rumine et pourtant s'évanouit : 

 "petit bonhomme vert, tout au long du fil noir, fuit ;  la vie pour lui."

Tout au long du fil  

noir  pour lui vers la vie fuit  

petit bonhomme 


 

@@@@@@@@@@@@@


 

2e proposition 

 

La fleur de taraxacum 

 

Ouaips ! Elle eût dû me parler de dent-de-lion ou de pissenlit. J'aurais compris. Madame est savante ! Vieille et savante. Mais il fait chaud sur tout un chacun aujourd'hui et la puanteur de la ville remonte par ses bouches d'égouts. Soudain son regard s'étonne et s'attarde. Une faille à la jointure du béton et du goudron.

 

Un malentendu 

C'est la lutte pour vivre 

Nos ciels obscurcit 


Françoise La Vieille Marmotte, 31 janvier 2024.



 




Petite fleur



Retour de printemps


Une fissure pour berceau

Graine de peu, graine de rien

Fleur sans nom

Qui mendie juste un regard

Au pied d'un vieux mur


Passant pressé, propulsant son ombre


Sans la voir

Chien pressé, iconoclaste,

Pauvre fleur jaune citron


Dessine-moi une fleur


Demanda un petit prince

Le mouton a mangé la mienne



Etre captive


Naître, vivre, mourir, là

La main du Destin


jill bill



 






Fleur jaune

 

Je longe la dune, les oyats tremblottent sous la brise de mer, le sable est doux et crisse un peu sous mes

pieds nus, au loin sur l'océan une petite voile se balance comme un papillon ivre.


Une fleur jaune

image de solitude

un petit fanion


Je vais rejoindre mon jardin quotidien, il est berceau et bien être. Le mimosa fleurit, il fait 16° les saisons se bousculent. Notre vieux cerisier s'épuise, il n'offre plus ses fruits minuscules qu'aux oiseaux.

Je songe à le remplacer par un figuier de barbarie ou un palmier.


Un accenteur mouchet

picore dans la pelouse

aux aguets


Entre mer et terre, pour l'heure un monde terrifiant s'éloigne, dans la petite maison d'à côté une clarinette module et enroule des vaguelettes vers le ciel moutonneux, trois petites fées vêtues de rose font valser leurs jupes de tulle, elles me réjouissent, l'univers est un théâtre, il suffit de le vouloir beau!


Marine Dussarrat


 

 

Et voici un Renga entre Martine et Marine


 

Un ! Deux ! Trois ! Printemps !

 


1 Martine


Au coin du trottoir

Il se la coule douce

veinard de lézard

Courir, et courir encore

à en perdre ses rêves...

 

2 Marine


Il prend le soleil


sa peau absorbe enfin

les premiers rayons

Lové sur la terrasse

à quelques pas du printemps


3 Martine


Premier pissenlit

Deux mouches vrombissent, aïe !

Trop près du lézard

La vie est si peu de chose

Ce soir: toi,moi et l'amour

 

4 Marine


Un baiser de toi

colore en pourpre mon ciel

j'oublie les tourments

une ritournelle m'emporte

à la vue d'une violette

 

5 Martine


Festival vernal-

bleuet, lin scille, pervenche

moins bleus que tes yeux

sur ton océan changeant

voyager d'îles en îles

 

6 Marine


Le prunus fleurit


même sous les averses

il brûle les étapes

la patience n'est pas son fort

il décide de faire le show



7 Martine


Brutal coup de vent

il a la boule à zéro

le prunus précoce

mon jupon s'envole aussi

sous tes mains polissonnes

 

8 Marine


Le mistral fripon

emporte les chapeaux

il ose trousser

sur le Pont des Arts

les dessous chics

 

9 Martine


Un!Deux!Trois! Printemps

on joue à guichets fermés

«le caprice nu»

Deux coqs pour une pintade

se font pigeonner

 

10 Marine


Inlassablement

la pluie frappe sur le toit

elle résonne et cascade

j'attends une éclaircie

mon arrosoir est rempli

 

11 Martine


Entre les gouttes

celles d'un parfum fleuri

sur mes joues

A trop écouter le merle

j'en oublie mon plat au four

 

12 Marine


Vols impatients

pépiements dans les branches

enfin l'éclaircie

ils font des plans de nichées

les petits architectes

 

13 Martine


Au grand soleil

sur les bourgeons du rosier

pucerons en liesse

que de fourmis parmi eux

las, pas de coccinelles


 

14 Marine


La petite fleurette


exhale ses fragrances

malgré les averses

- je n'ai pas entendu passer

les grues du mois de mars

 


© Martine Madeleine Richard et Marine Dussarrat







 



Au plaisir d’écrire

avec son empreinte livresque -

l’image inspire

 

 

***

 

À l’attaque

des fureurs climatiques

l’enfant feuille

 

pourfendant la grisaille

repeint son environnement

 

 

***

 

Tistou les pouces verts

chevalier climatique -

tant d’arbres à planter

 

 

***


Au mépris de l’orange

Petit Vert sillonne la terre

sans modération

 

demain le feu sera rouge -

le désert n’a plus de larmes



***

 

De planète en planète, il a atterri sur la terre. Curieux du monde et des autres, il aspire à tout comprendre. L’enfant aux mille et une questions, harcelé par sa rose, a soif de compagnie et de reconnaissance. L’amitié, un cadeau précieux « On est seul aussi chez les hommes » …


Petit Prince émeraude

en perdition sur notre terre -

là-haut son étoile

 

courir à grandes enjambées

à la recherche d’un ami

 

ABC

 



 






Depuis des semaines sans pluie, on se demandait  comment il avait fait pour se frayer un chemin parmi le bitume, ce petit pissenlit qui crânait dans le caniveau sec. La riveraine respectueuse de ce symbole de vie l'avait laissé prospérer à sa mesure.


Plein d'obstination

il a forcé des barrages

vers sa liberté


Soudain le ciel était devenu noir et menaçant, l'air immobile et chaud sentant le grillé. Il avait crevé comme un ballon de baudruche, déversant à grands seaux toute l'eau du déluge, essorant de son torrent tout ce qui pouvait la laisser s'écouler telle des torrents éphémères.


La petite fleur jaune

en était toute éreintée

résistant bravache


L'automne a alterné semaines arides et déluges de pluie et la terre, presque aussi dure que le diamant, peinait à absorber l'eau tant attendue. Le ruisseau atteignait le trottoir, débordait en larges flaques bouillonnantes sur la chaussée.


Noyée dans la boue

fleur s'est mise à dépérir

racines pourries


La saison a débordé sur l'hiver, l'eau s'est étalée dans les champs, détrempant maintenant les champs d'endives et de pommes de terre, arrivant enfin à se faufiler en partie dans les failles du sol vers son territoire millénaire.


Il faisait trop doux

les plantes éprises de vie

éclataient leurs bourgeons


L'hiver s'est invité en janvier, gelant le sol sans givrer l'air sec. Quand enfin il s'est gorgé d'humidité, c'est en flocons cotonneux qu'il s'est invité dans le paysage, tenant bien, sublimant les champs dans la brume, le soleil et la neige.


Quand elle a fondu

dans les fentes du trottoir

Une pousse d'adventice


a fêté à sa manière

la ronde des temps de la vie.

 

©Jeanne Fadosi, samedi 27 janvier 2024











Que sera ton demain ?



La voilà,

prisonnière du bitume, du bruit, des odeurs nauséabondes, de l'indifférence, pourtant en toute simplicité, elle s' offre

aux passants, interpellant notre regard.

Un peu de jaune au coeur dans ses bras chlorophylle, quelques gouttes de soleil déversées sur l'asphalte pour les 

rêveurs flâneurs.

La nature bienveillante, notre fée bienfaitrice veille inlassablement, accorde quelques sourires dans ces espaces béton.


D'une petite graine

envolée par les vents

la vie à tout prix


Il a suffi d'une fissure, d'une pincée de terre sans renfort de terreau pour que la magie opère.


Un jour, une heure

petite pousse fragile

que sera ton demain ?


Voilà où se nichent nos espoirs, leur résistance, notre foi en l'humain pour un monde plus respectueux, plus

serein où chaque minuscule chante sa joie de vivre tout en ouvrant le chemin coloré de la beauté, de 

la perfection !


Balaline  02/02/2024









La petite fleur d’or



Comme il me semblait gris, le temps, ce matin-là, en cette période de basculement du monde. 

L’humain, dépassé par ses découvertes, s’était insensiblement séparé de lui-même. Craintif de perdre son intelligence face à l’inéluctable disparition qui le menaçait, il avait cherché comment la conserver de façon artificielle. 

Grisé de ses succès, émerveillé de ses résultats, il avait fini par ériger une prison algorithmique aux murs transparents où il pouvait visionner les images de son conservatoire de la vie. 

On pouvait désormais voir une foule de smartphones dressés vers le ciel pour capturer les images d’un feu d’artifice que personne ne regardait plus qu’au travers de l’objectif. Le monde était devenu glaucomateux, il avançait comme ces chevaux de labour, toujours présents dans la grande bibliothèque des datas centers, avec des œillères. 

Ce matin-là, comme vaincue par tant d’inanité, je me sentais anéantie. 

Pourtant, sans que je le cherche, cette lumière illusoire de l’espace extérieur que dévorait le monde m’avait ramenée en moi-même. Je m’étais laissée glisser dans les ombres où se cachait ma propre nitescence ; j’avais débouché dans un espace où enfin je pouvais me détendre, me laisser bercer en confiance, sans plus penser à rien, comme un enfant encore relié à la source des sources. 

C’est à ce moment que j’avais vu l’image, une petite fleur aussi dorée que le soleil. Elle s’était inscrite sur mon écran et, de cet espace où je me tenais, je l’avais regardée avec les yeux du cœur. Là, j’avais compris que rien, absolument rien, ne pourrait jamais contraindre la lumière.


un petit soleil

enchâssé dans le béton-

éclat invincible.



©Adamante Donsimoni

31 janvier 2024