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dimanche 4 décembre 2022

La page 210 - la récolte

Poèmes sur une œuvre de Jason BOWYER  DR

La coupe des roseaux, hiver - © Copyright 2010-2022 Jason Bowyer NEAC RP PS

https://www.jasonbowyer.com/landscapes.asp 

 




Les faucheurs



Les roseaux il faut couper

Hommes à la faux

Avec le geste du faucheur

Comme le semeur sème

Il est grand temps, à présent

Au bord de l'hiver


Va tomber la nuit

et le jour de s'éteindre

Faucheurs épuisés


Il faut couper les roseaux

Hommes à la faux

Une terre hérissée laissant

Couleur hérisson

Dans la roselière

Et un chemin de fortune


Avec l'un d'eux

berger a fait une flûte

Opinel en poche



jill bill





 





Le pinceau du peintre a figé la vieille cabane des marais. L'entrée n'a pas de porte, ses murs n'ont pas de fenêtre. La journée a été froide mais belle et lumineuse. Combien d'âmes vivent en ce logis dont on ne devine pas le sol en terre battue ? Dans la fin du jour, deux silhouettes sombres s'activent à couper les roseaux.


Au soir de décembre

quand les roseaux sont bien secs

il faut les couper


Au bord de la roselière

de l'isba traditionnelle.


Les gerbes bien drues seront collectées par leur seigneur. C'est ainsi depuis des siècles. Leur en donnera-t-il ce qu'il leur faudrait pour raccommoder le toit qui fuit ? Savent-ils que les temps ont changé ? Ici le tsar a aboli le servage. Quoique. Là-bas l'empereur a interdit les toits de chaume, trop inflammables alors. Dans un siècle ou deux peut-être les chaumières des grands bourgeois domineront de leurs hauteurs le marais Vernier ou leur taïga.


Des gestes ancestraux

aux coupeuses mécaniques

les coupeurs de joncs :


un savoir traditionnel

effacé par les années.


©Jeanne Fadosi, mardi 29 novembre 2022

Fadosi continue





La coupe du roseau - Parc naturel régional de Brière - Une autre vie s'invente ici (parc-naturel-briere.com)


Isba — Wikipédia (wikipedia.org)

Chaumière — Wikipédia (wikipedia.org)





 



 


Des roseaux et des hommes



Les roseaux blonds crissent sous la faux des coupeurs, la Camargue si vivante d'oiseaux et de grouillants mammifères, poissonneuse, mystérieuse, dans la paix des troupeaux, fait silence...



Durs à l'ouvrage
ils coupent les roseaux
la lumière descend

Le soir bleu
lentement revêt sa cape
recouvrant les marais

Le temps presse
personne ne le retient
c'est un grand maître


À l'origine était le néant, vous me dites que nous sommes issus de rien, et que nous sommes peu de chose..
J'aimerais pourtant comprendre pourquoi l'homme a tant besoin de l'invisible, malgré toutes ses inconséquences, il veut réinventer son présent, lui donner un sens, nier ce qu'il ne comprend pas, se transcender...


Ne bouge plus
Le temps est impalpable
quand le ciel s'ouvre
compte chaque minute
pour la savourer à fond.
           
J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait jamais qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles.
Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde.
Christian Bobin

                                       marine Dussarrat







 


Héritage :

 

La chaumière au bord de la lande fut le berceau de son enfance. Chaque vacances à courir, explorer, découvrir auprès de grands-parents vivant à l’année longue dans ce nid chaleureux construit par l’arrière-grand-père.

 

Au souffle des quatre vents

entre rosières et bruyères

ses courses folles

 

Son grand-père répétait les gestes ancestraux pour entretenir le cachet de son chez lui. Il avait tant appris de son propre père…

 

Riche transmission

en sauvegarde du patrimoine

l’affection en prime

 

Lui, écoutait d’une oreille distraite les conseils de son aïeul. Il aimait passionnément cet espace de loisirs et de grand air. Attiré depuis tout petit par le dessin, il préférait pourtant partir pour de belles escapades, carnet de croquis et crayons de couleurs en son sac à dos. De retour chez lui, il composait quelques tableaux qu’il donnait à la famille en remerciement pour ces moments de bonheur loin de son quotidien de citadin.

 

Cadeaux souvenirs

d’instants de plénitude

son p’tit paradis

 

Mais voilà que les grands-parents ne sont plus là. La chaumière lui reste en héritage. Le vent, la pluie, les coups de chaud, les coups de froid ont mis à rude épreuve sa toiture naturelle, sa coiffure en brosse, comme il s’en amusait bambin. Les gestes de jadis se sont perdus.

Quelques-uns de ses tableaux aideront, bon an mal an, à se remémorer la récolte des roseaux. La technique manquera faute de pratique. De toute son ardeur il développera l’énergie nécessaire pour que ce petit bijou de jeunesse garde sa beauté au bord de la lande comme au fond de son cœur.

 

Une page se tourne

à l’ombre de ses regrets

soigner l’héritage

 

ABC



 

 






Au coeur de la manade


Le bleu délivré de sa nuit

est né à la pointe du jour

quand bruissent les roselières

des premiers chants d'oiseaux

des impatiences du vent

Ils s'en viennent au matin

les coupeurs de roseaux

tandis que le ciel souffle

ses parts d'eau de lumière

là où la terre offre ses marais assoupis

Paillotes et chaumières

se couvriront bientôt de javelles de sagnes

ciselées avec soin

par les derniers chaumiers

ces cabanes de gardians

dans la plaine de Camargue

où galopent leurs chevaux

ivres de liberté

 

Balaline

01/12/22



 



 


Les roseaux



    La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge  


lac Titicaca

le monde étrange des eaux-

impression d’ailleurs


    Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables


avant le soleil 

l’aîné attrape les rames 

la journée commence


à la tombée de la nuit

le soir les ramènera


    Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins  


en aller-retour

cadence du mouvement-

que la terre est basse 



Adamante Donsimoni

26 novembre 2022




https://www.jasonbowyer.com/default.asp






mardi 2 février 2016

L'herbier de poésie page 32



Voici  une très belle moisson de brins, autour de l'étrange.

Merci à toutes de votre participation et à Susi S pour cette image qui a su éveiller ce florilège poétique. AD















Il est des nuits...



Tels des flambeaux éteints

S'embrasant au feu
D'un soleil couchant,
Ku Klux Klan nocturne
Cérémonie macabre
Sous la noirceur des cieux...

Il est des nuits
Où le hibou
Reste au creux de l'arbre
La grenouille
Au fond de la mare
Le mulot
Sous terre
Le fantôme
Au château
La bigote
Au fond du lit...

Il est des nuits
Qui lèvent 
Des armées de roseaux ;
Il est de nuits
Dans les marais
Où l'oeil du diable
Ordonne on ne sait quoi...





Baudelaire, en son spleen, abandonna son ciel bas et lourd, sur un champ de roseaux. Au miroir d’un étang, les ombres de leurs épis trouvèrent un rayon de lumière, laissant jaillir, dans le noir, les forces de la vie…
©ABC



Le dernier soleil
s'est piqué à la quenouille
pour dormir cent ans









Ils avancent sans peur, se hâtent.
Les premiers ont trouvé le chemin vers la lumière.
Il ne faudrait pas que la nuit se referme avant qu'ils aient eux aussi franchi le pas. 


©Quichottine





Dans le fond opaque du marais
Quand le ciel s'obscurcit
Les sentinelles du soir
Gardent l'encre des vies aquatiques
Se livrant au dictat du couchant
Qui, l'espace d'un instant 
Coiffe son auréole incendiaire
Tandis que le ciel violine
Brulé de ses derniers rayons
Abandonne la lutte
Il laisse la place aux sorcières
Pour une nuit de sabbat... 



Les roseaux près du ponton


L’armée des roseaux monte la garde près du ponton. 

Qui s’en vient ou s’en va par la porte du ciel ? Que cache cette lumière aveuglante entourée de ténèbres ? Aspire-t-elle la vie sidérée et muette, le flot interrompu des eaux de la rivière ? Crache-t-elle des révélations à ce peuple subjugué dressé vers le passage ? Rite ou curiosité de l’ailleurs ? À moins que ce ne soit la même chose, le désir de savoir.


Un grand prêtre officie, consumé d’absolu. On croirait une icône récipiendaire d’un secret inscrit sur les pierres d’un édifice en ruine marquant la limite entre deux Univers.

Le bois des planches humides a la couleur des nuages, un gris de cendres refroidies rompant avec l’or des roseaux. Décor griffé de joncs et de branches dénudées. Il se joue là une scène à la fois grandiose et banale. Captivante perception du monde des métamorphoses. Un visage apparaît au travers de la fumée céleste, il chapeaute les ruines, observe la troupe des fidèles avec ce manque d’aménité propre aux dieux de l’Olympe. Derrière ce masque, l’imaginaire déchaîne sa crainte, son effroi. Cette vérité inscrite au plus profond de tout ce qui est animé du souffle ne trouve aucun mot pour s’exprimer. Un frisson l’accompagne, le froid, la mort.

Il n’est pas une herbe, pas une goutte qui ne s’incline devant cette magie ruisselant de l’œil du ciel.


©Adamante 





Face au Levant
Tête nue filetée d'or
Le roseau se dresse
Lui
Et ses frères
Foule oscillante
Emergeant des rêves épars
Des traquenards bleus
Abandonnés par la Sorgue.
Salut au soleil
A sa chaleur
A la vie... 






J’ai traversé le temps, j’ai traversé les terres. 
J’ai vu les hommes noirs debout dans les bayous, cherchant au loin la lumière pâle qui guidera leurs pas vers la liberté.
J’ai traversé les marécages la peur au ventre.
Je n’ai pas saisi le bruit des clapotis dans le noir du soir.
Le bruit sourds des pas dans les massettes à larges feuilles.
J’ai traversé le temps, j’ai traversé les terres, j’ai cru entendre le sifflement des machettes.
Oui, j’avais la peur au ventre.


©Jamadrou





L'Attente.
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Lances-étoupe et bâtons, prêtes à flamboyer
Le choeur lourd des esclaves est encor en éveil,
Un seul geste devant
Vers un ciel entr'ouvert .....






Dans cette nuit lunaire
Que rien ne trouble
On entend la lente mélopée d'une geisha
qui s'accompagne au shamisen;
En fermant les yeux,
Elle rêve à l'Amour
Et qu’à son bras droit,
Elle se laisse entrainer au rythme d'une danse
Au pas nonchalant et sensuel...


©Tootsie



Pareille au vent, une longue mélopée dans les noires ténèbres, un appel, une secrète connivence entre les fiers guerriers ... qui persévèrent dans l'attente.

Trajectoire d'une complicité toute en filigrane aux résonnances insondables, reflets et moires, que le temps sans cesse rassemble ! 
Interminable attente !

Sagesse, respiration de tout un peuple, le chant s'élève et chemine dans le Cœur collectif.

Parfois le doute s'installe. Ils ne luttent plus avec le même enthousiasme. Tout paraît vain ...

Imperturbables, ils se reposent et reprennent force, puis l'Harmonie se recompose, animée par une mystérieuse entente contre la Conspiration des Ténèbres. 

Durs efforts sur eux-mêmes !

Magie des sons minutieusement réfléchies agencés, répercutés vers un impalpable Infini, pour échapper aux griffes de la Mort...

Il y eut un Avant : Espérance d'un Après ?!
Celui qui se révèle dans leurs rêves... Etrange télépathie entre les guerriers : hypothèse d'une autre Vie - mot de passe de l'évasion ? Ils cherchent la Voie ! Dressent leurs antennes et sondent le ciel. Ils veulent croire à l'immense Force de leur rêve collectif.

Sans amertume, ils donnent le meilleur d'eux-mêmes... Leur mélopée vibre de leur courage. Leur volonté couvrait le monde.....

Et soudain, une clameur immense ! Dans les ténèbres qui les submergeaient, une explosion de joie ! 
De l'onde croupie jaillissait une fantastique gerbe de Vie, puis une Porte de Lumière qui flamboyait dans la nuit... 

Qui a dit que la Vie était un Songe ? Était-ce un rêve de papillon ?

Le rêve des guerriers les poussa en avant, peu importe les difficultés du chemin et l'étroitesse de la Porte... 

Les guerriers jubilaient ! Il y a des moments où il faut agir, revêtir l'amure indestructible de l'Espérance et s'en aller comme une eau qui coule vers son Lieu sacré... 

©Luciole 




À titre exceptionnel ce mardi et bien que la communauté ne les accepte pas, 
j'ai dégagé un petit coin pour les rimes :




Dans le tunnel 

Elles attendaient

Soudain réveillées

En rang serré

Les ombres avançaient

Vers la clarté
Mais du soleil
Ce n'était que le reflet
Elles se précipitaient
Et se sont retrouvées
Au fond de la grotte
Sans comprendre
Qu'il ne se passait
Qu'un voyage
Au bout de leur nuit