Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Tout d'abord je tiens à vous souhaiter un merveilleux Noël, plein d'étoiles et de lumières au fond des yeux.
Nul ne va sans son contraire, sans son complémentaire.
L'ombre est la face complémentaire de la lumière, par elle, on peut y accéder.
Aimer, accepter l'ombre, accepter nos ombres, c'est au travers de soi aimer la lumière, c'est accepter le chemin, de joies en peines, c'est ressentir de la gratitude pour les obstacles rencontrés, qui nous aident à grandir vers notre vérité profonde : nous sommes tous des Êtres de lumière venus expérimenter la Terre.
Et qu’à celles-ci, nous obéissons sans le savoir ».
Tu vibrais, Vincent, avec les étoiles que tu peignais,
Mais qu’aurions-nous du attendre d’autre, du génie ?
N’est ce point toi qui m’écrivis un soir :
« Je vis une clarté effrayante
Au cours des moments où la nature est si belle.
Je ne suis plus conscient de moi-même
Et les images m’arrivent comme dans un rêve. »
Oh Vincent mon frère, oh Vincent mon ami !
Il est de doctes savants qui s’étonnent,
Eh oui, mon frère,
Qui s’étonnent, eh oui mon ami !
Que tu n’aies su atteindre au mystère,
Qu’aux pires heures du chemin …
Aux pires moments, de ta vie :
Au seul cœur des plus sombres de tes échappées,
Au plus noir du pays de ta mélancolie ?
Oublient-ils ce que quelque jour tu nous prédis ?
« Il faut pouvoir vivre d’un morceau de pain,
Tout en travaillant toute la journée,
Et en ayant encore la force de fumer,
Et de boire son verre,
Il faut ça dans ces conditions.
Et sentir néanmoins les étoiles
Et l’infini en haut clairement.
Alors la vie est tout de même presque enchantée ».
Tu vibrais ces jours-là,
Jours de gloire et jours maudits,
Au diapason de ces constellations,
Où ton œil comme le nôtre,
N’était jamais encore allé ?
Bien sûr Vincent, bien sûr mon ami !
L’âme humaine est un microcosme
Où se reflètent tous les infinis ?
Les alchimistes le disaient déjà,
Et qui donc oserait, après toi, en douter ?
Et quoi, ? Que semblable connaissance ait pu
Te faire dépasser nos ordinaires prudences ?
Ne nous as-tu pas dit un jour :
« La normalité est une route pavée :
On y marche aisément,
Mais les fleurs n’y poussent pas. »
D’autres tout semblablement doctes s’étonnent
Que le mystère des galaxies ait pu t’échapper,
Lorsque tu choisissais d’être plus simplement,
Plus heureusement des nôtres.
Tu restais pourtant artiste, mon Vincent,
Tu ne faisais alors qu’œuvre plus humaine :
Et tu nous confiais, alors, en quelques mots
Ton amour maladroit, ton amour d’ homme :
« Dans un tableau, je voudrais dire
Quelque chose de consolant comme une musique (…)
Il n'y a rien de plus réellement artistique
Que d'aimer les gens.”
Et te rends-tu compte Vincent,
Tu voyais juste encore, mon ami , mon frère !
Toi qui m’envoyas un jour ce message prophétique :
« La science – le raisonnement scientifique –
Me parait être un instrument
Qui ira bien loin dans la suite. (…)
Des générations futures, il est probable,
Nous éclairciront à ce sujet si intéressant ;
Et alors la Science elle-même pourrait –
Ne lui déplaise – arriver à des conclusions
Plus ou moins parallèles aux dictions du Christ
Relatives à l’autre moitié de l’existence. »
Te voici parti mon frère, rejoindre tes étoiles,
Définitivement entré dans ta nuit.
Faut-il que je m’en étonne ?
Toi qui n’a jamais été que sur le départ,
Hasardeusement posé parmi nous : « Cela m’intéresse infiniment, Mais une chose complète, Une perfection nous rend l’infini tangible ; Et jouir d’une telle chose, C’est comme le coït, le moment de l’infini. (…) »« On commence à saisir alors que la vie N’est qu'une espèce de période de fumage, Et que la récolte n'est pas de ce monde. » Dans la vie du peintre peut-être la mortN’est-elle pas ce qu’il y aurait de plus difficile.Moi je déclare ne pas en savoir quoi que ce soit, Mais toujours la vue des étoiles me fait rêver Aussi simplement que me donnent à rêver Les points noirs représentant Sur la carte géographique villes et villages. »
Adieu Vincent, adieu mon frère, adieu mon ami,
Serge De La TorreA Vincent Van Gogh Par la voix de Théo, son frère et meilleur ami…
Et une arrivée tardive de Martine Madeleine Richard ICI
Et, une fois n'est pas coutume, un texte de votre servante, qui n'est pas de l'herbier ICI
Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, huile sur toile, 73 x 92 cm, Museum of Modern Art, New York
Le ciel de Vincent
Vincent
a posé son chevalet dans la nuit étoilée. Ses admirateurs, plus tard, pensèrent
que son talent visionnaire s'exprimait dans des délires sous substances. Bien
au contraire les paradis artificiels consumaient son génie et il lui fallait
être à jeun, la tête essorée par le vent d'autan pour atteindre
l'hypersensorialité,
Son esprit lavé
de toute pensée parasite
guidant le pinceau.
L'acte
de peindre était sa méditation, comme le prosateur la prose ou le bipède la
marche réflexe. Méditer, c'était peindre. Devant son chevalet disparaissait le
fardeau de la fuite. Lui qui, pasteur des âmes, s'était brûlé à l'impuissance à
soulager les âmes et les corps des ouvriers flamands, broyés par le machinisme
en essor.
Il avait senti
du capital la misère
fruit de ses entrailles
La
voûte étoilée avait dessiné pour les anciens La Grande Ourse et Cassiopée, tout
un bestiaire merveilleux des dieux de l'Olympe, le compas et le sextant, la
lyre et le peintre. Le ciel ne pouvait être vide et la Terre seule habitée. Son
oeil exercé au-delà des apparences projetait sur la toile des mondes encore
invisibles. Les savants de peuples antérieurs à Galilée avaient calculé un
cosmos précis et bâti des temples ou des horloges au zénith.
Sous ses brosses, l’espace tourbillonne, c’est
la danse des bleus criblés d’éclats d’or. Le ciel est en révolution.
Turbulences d’un peintre relié à l’univers, vertige de l’infini.
Vincent, un génie
l’œil et l’oreille du cœur
sur les étoiles
Messager du cosmos, il a peint sur la toile, une
folie de vibrations et de couleurs, la vie de mondes distants de millions
d’années. La démesure d’un regard
trop prégnant vous met à l’index de la société.
Ce fou de lumière
un clairvoyant sans doute
un homme blessé
La peinture fut pour lui un pont vers le
bonheur. Combien faut-il d’étoiles pour apaiser, ne serait-ce qu’un instant,
les cris d’une âme déchirée, la douleur d’un enfant mal aimé ?
Au
milieu de mes rêves, j’ai croisé un drôle d’artiste, ce n’était ni lui, ni
l’autre. Juste un funambule, jongleur de couleurs au pays de la lune.
Planètes
en palettes
en
son cirque noctambule
visiteur
des songes
Mon
sommeil m’aurait-il trompé ? Serais-je en présence d’un allumeur de
réverbères ? Petit Prince où es-tu ? Pourrais-tu éclairer ma
lanterne ?
Ni
d’ici ni d’ailleurs
voyageur
de mémoire
almanach
des rêves
À
l’aube, lentement, il s’éclipse, le soleil darde ses premiers rayons. Ma
pendule intérieure ordonne ses souvenirs. Seule la nuit permet de brouiller les
cartes de nos coups de cœur artistiques.
Je pense aux hommes volants de Folon : début de la vidéo
Le Petit Prince a pris de l'âge avec le
temps le voici quittant sa planète, prenant son chapeau et son manteau un peu
démodé il est parti voir ce qu'il se passait ici
Prince désabusé
ses cheveux d'or devenus gris
les roses ont fanées
Adieu les étoiles, les roses, les renards, il revient sur la planète bleue, il
revient sur celle qu'un jour il a appelé Terre des Hommes afin de constater
comment vous vous conduisez.
Avez vous encore la valeur de l'amitié,
votre vie a-t-elle un sens ou bien est - elle vaine de valeurs ?
Naguère
vous l'auriez rencontré dans les allées des baraques d'une foire ou à la sortie
de Mirapolis, faisant chanter son orgue de barbarie ou proposant pour quelques
sous un ballon de baudruche, ou encore près d'un cirque itinérant, promenant
les gosses sur le dos d'un poney ou d'un lama fatigué.
L'homme
au chapeau mou
déambule
dans les rues tristes
passant
invisible.
Hier
peut-être, à la foire du Trône ou sur un marché de Noël, vous auriez acheté pour votre petite fille
une énorme barbe à papa ou une pomme d'amour chatoyante. Mais les gosses le
frôlent sans le voir, écouteurs vissés aux oreilles, doigts experts dansant sur
leur clavier virtuel.
Il marche dans la vie, comme irait un somnambule. Cherchant
à la lumière des astres le sens qu’il pourrait donner à ses personnels
désastres, tandis que les lumières de la ville lui font des bulles de pensées.
Il avance : le chapeau melon
mou, la cravate en nœud serré
comme la corde d'un gibet et le
regard triste.
Mains serrées en poche
Mal rasé et front plissé
Chaque balle, un monde.
Chaque pensée est une planète où il s'égare, la nuit est devenue son habituel enfer. Elles
vont les sphères, colorées ou
transparentes, et lui dans leur ballet ne trouve plus ni sens, ni envie de rien
faire. Il va, perdu, épouvantail
immobile dans un tourbillon qui le fatigue et l’indiffère.
« Poète des sphères
Quêteur de mots, viens donc
Chez moi, prendre un verre ! »
L'homme a levé
le nez, souri un instant, il m'a fait un signe : de ceux que l'on
fait à son ami. Puis ses épaules sont tombées. Il poursuit sa route, traite ses
pas vers le Pont aux illusions :
où coulent noires les eaux lisses et calmes qui l'attirent. Bel endroit
pour les noyer. Je l'ai vu hésiter un moment sans rien savoir faire.
Témoin d'une mort
Je demeurai immobile,
Fol, l'esprit glacé
Chacun put entendre le baiser mouillé de l'eau du fleuve,
quand sur le malheureux il referma ses bras comme on le fait de ses lèvres. Un
seul aurait pu sauver l'homme au melon mou, victime
de ses pensées suicidaires. D'un
seul geste, d'un mot, j'eus pu le gagner à la vie. Je l'ai gâché le seul pas
décent que j'aurais dû faire. Je
déambule, depuis, chaque nuit par la ville, entouré de mystérieux halos
circulaires : appelé, appelé
bruyamment par la paix des rivières.
Je
rentrais tard ce soir-là, mains dans les poches, je marchais vite pour me
réchauffer tout en pensant au parfum de la soupe qui m’attendait. Soudain, en
levant les yeux, je l’aperçus.
Marchant
dans le ciel
comme
une ombre entre les astres
il
m’observait
J’oubliais
le froid, la soupe. Le nez en l’air, je restais là, subjuguée comme un chien de
chasse à l’arrêt. Qui pouvait être cet inconnu des nuages ? Le petit
gardien d’étoiles du livre qui berça mon enfance ?
Tout
ridé, barbu
comme
il paraissait vieux
-l’enfance
est loin
Le
temps de penser au temps, l’homme des étoiles avait disparu. Elles me l’avaient
repris.
Dans la rue froide, les lumières factices éblouissent l'homme fatigué, il erre en cherchant son petit compagnon...
Il n'y a personne pour le rassurer, l'aider, l'univers tourne là-haut et dans son cœur, à grande vitesse, comme une toupie, il en est étourdi, il songe avec tristesse qu'il y a bien longtemps il était beau et plaisait tant !