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vendredi 17 janvier 2020

la page 158


Francis Bacon, Étude de taureau, 1991, huile, peinture en aérosol et poussière sur toile, 198 x 147 cm, collection particulière © The Estate of Francis Bacon / All rights reserved / ADAGP, Paris and DACS, London 2019




Gladiateur noir, bête des arènes


Théâtre pour une mort annoncée,
À l'homme les lauriers
Et toi de mordre la poussière...


Tu sens venir le vent

Hésitant à rentrer sur scène 

Acteur sans le vouloir d'une tragédie...


Tes coups de corne

Les esquiver tout un art

Du lutteur
En habit de lumière
Agitant cape rubis
T'invitant à recommencer l'assaut...


Et tu t'échines taureau d'ébène

À revenir à la charge

Sabot frappant le sol 
Tête baissée, naseau fumant 
Bave à la gueule, encore et encore...


Bête de combat

un combat perdu d'avance

sous les olé


Dans les gradins

La curiosité malsaine 

A payé son billet 
Pour voir couler le sang
Ce sang, rouge rubis comme la cape
Qui dissimule si bien le glaive...

  
Épuisé dans le courage 

Par l'adversaire en cravate de soie

Sous l'estocade portée 
La bête batailleuse s'écroule sous les ovations, 
Dernier mot à l'épée
Transperçant du condamné le crâne...


Nobles arènes

abattoir à ciel ouvert

sous les bravos. 








Derrière la porte
l’arène de sa dernière chance -
un ange passe

Ce sera bientôt son tour, il piaffe d’impatience. Dès le signal il foncera vers demain. En entrant dans l’arène, il ouvrira toutes les vannes des possibles. Il doit attendre. Le gong n’a pas encore retenti.

Minuit sonnera
sa première seconde
l’an s’impatiente

Jamais le temps ne prendra le temps de s’arrêter. Pour toujours le tempo est enregistré. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».











L’accident.

Il voulait à tout
Prix faire entrer la statue
Dans le coffret blanc

Il en avait décidé ainsi, et il la rentrerait. Quitte à lui briser les cornes. 
Cornes brisées. Il le voulait. Et c’est ainsi qu’il lui brisa
Le cœur.

C’était un adieu
Que trop tard elle comprit
Papier kraft ôté

L’animal apparut, pauvre, petit, chétif, tremblant, sur ses pattes encore malhabile, tout habillé de noir, les cornes retournées 
En dedans.

Mal au cœur.    En pleurs
Son univers chavira
Non pas ça crie-t-elle

Son cri se heurta au vide de l’espace. 
Son ami ne sculpterait plus. Elle le comprit soudain
et mit plus de trente ans pour enfin l’accepter.












Hier sur les gradins
Mon cœur de battre refusait
Les yeux j’ai fermés

A peine revenue

De la frontière du cauchemar

Je voulais vous offrir en urgence
Ce souvenir dans sa brume
Une trace de son appréhension
L’ondoiement de son ombre
Le flou de ses yeux ensorcelants
L’énergie de ses naseaux
L’indompté de ses cornes.

Le sténopé de ma mémoire
Vous offre aujourd’hui sa force et sa beauté
Brouillées par mes larmes
Ma mémoire a essayé d’enregistrer
L’hésitation de la bête en mouvement
Mon souvenir s’efforce à garder
Ce que l’affolement a imprimé
Comme distorsion à son corps
Plutôt que la vélocité de cette bête en furie.

Rapidité tourbillon fuite
Mort dans l’âme
Tout va s’estomper comme un pastel
Dans un nuage de poussière
Je voulais avant qu’il ne soit trop tard
Prendre mes distances
Avec cette force indomptée
Et ne pas m’effondrer


Hier dans l’arène
Fier il a rendu l’âme
Le taureau est mort.












L'air immobile et poisseux pèse de tout son poids sur la prairie somnolente. Au loin, un tracteur poussif halète de fatigue.  Sous l'ombre chiche du grand pin quelques vaches ruminent paisiblement.

Soleil crépitant-
A l'heure de la sieste
Fourmis au travail

Son museau tendu vers le ciel, un petit veau suit des yeux avec envie le ballet joyeux des martinets.  Il s'ennuie et rêve de courses , de bruit, de vie trépidante.

Feu solaire-
Rodéo des mouches
Celui d'un petit veau

Il a laissé traîner ses oreilles et surpris les confidences de sa grand-mère un soir où elle le croyait endormi. Elle racontait les exploits d'un sien cousin, taureau de combat. Une vedette en son temps triomphant dans les grandes arènes d'Espagne. Ah comme ce devait être excitant toute cette gloire! Dommage qu'il se soit endormi avant la fin de l'histoire.

L'enfance naïve
Joue aux papillons
O temps suspend ton vol











La bête puissante a compris. 
L'odeur de la peur et de la mort mêlées imprègne tant les murs du toril qu'elle se transmet de bête à bête, par delà le temps, sans qu'elles se soient connues dans un autre lieu. 
Élevée pour ces uniques instants de liesse. 
Elle y est tellement résignée que les picadors, tout à l'heure, devront la titiller avec acharnement pour la faire sortir de sa léthargie.
A quoi bon faire semblant ? 
c'est la "tarde de toros"
Le soir de l'offrande au jeu terrible de la mise à mort. Si le taureau n'entre pas dans le jeu, qui canalisera la foule avide de spectacle ? 
La bête résignée
convoque Cybèle et Mithra
et la déraison. 
©Jeanne Fadosi, lundi 6 janvier 2020


Les belles étrangères, Jean Ferrat








El toro y la muerte


Taureau furieux,
Ombre fantôme
Qui jadis hanta l’arène !

Certains jours de grande chaleur, dans le flottement liquoreux d’un air instable, apparaissent tes cornes - : en transparence sur le blanc des portes du toril…

Taureau écumant
Qui bouillonne de rage
Quand à la mort, il fit face !

Ils te narguent les picadors sur leurs chevaux en caparaçon, les matadors en habit de sinistre lumière.
Capote, piques et banderilles toutes t’excitent de leur mouvement hiératique, de leur traîtrise blessante, jusque-là même : au cœur de la fournaise : à la racine même de ta sourde colère.

Ils te voient - les fous ! -
Comme simple bête,
Quand c’est un Dieu qui fait face !

Tu t’avances vers l’infini ! Par cette porte d’honneur où ta mort n’est qu’un passage. C’est leur nuit qu’ils ignorent quand ils te disent porté par le feu, la tempête et quelque violence.

Tu n’es que nature
Face au torero
Il jabote le fol, mais te craint ! 

Tu renvoies dos à dos à leur peu de courage, à leur violence, ou leur soif de carnage, les toristas*, les toreristas*, ou les curieux et obscurs turistas*.
Toi, tu avances - fier, fort, et la corne haute- vers la muta qui flotte – sordide traîtresse au bras qui porte la passe, et qui cache l’épée au baiser mortel. Tu sors de l’ombre et va vers ta lumière.

Du si vil boucher,
De la bête qu’il tue,
Qui donc a le plus d’honneur !


*Torista : Spectateur essentiellement attiré par le spectacle du taureau
*Torerista : Spectateur essentiellement attiré par le spectacle du toréador
*Turista : public de corrida occasionnel ou étranger
* Passe : action d'appeler le taureau sur un leurre, capote ou muleta, de le faire courir et passer le long de son corps
* toril : stalle, local où le taureau est confiné avant qu’il n’entre dans l’arène




Serge De La Torre








Une ombre en devenir


Dans le cercle de l’arène, derrière une palissade, la solitude poisse la terre qui accompagne les entrées et fuse au-delà de l’ombre.

Deux cornes pointues
le taureau se prépare-
une ombre en devenir

Tout ici semble vouloir l’effacer. À peine une esquisse de vie, apparition sur un écran d’au-delà.

Pas de surprise
une issue bien définie
et c’est la mort

Fascination du sang non encore déversé, et dont la foule crie sa soif.  Extase des voix glorifiant la torture.

la bête humaine
exhale son odeur
c’est à vomir

Bientôt, genoux en terre, les flancs gluants de rouge, les nasaux écumants, plus noble que jamais, il s’inclinera, vaincu par la bêtise.

Somptueux taureau
quand ton regard s’éteint
à quoi penses-tu ?



vendredi 3 janvier 2020

pour la 158 première de 2020

Conseil de l'Herbier :
Veuillez ne pas oublier de copier les légendes des photos pour vos blogs
Droits Réservés


Je vous raconterai l'histoire (prise sur Artips) très bientôt, afin de ne pas influencer vos écrits. En haïbun ? comme toujours ?

Pour la page du vendredi 10 janvier 2020

Francis Bacon, Étude de taureau, 1991, huile, peinture en aérosol et poussière sur toile, 198 x 147 cm, collection particulière © The Estate of Francis Bacon / All rights reserved / ADAGP, Paris and DACS, London 2019