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mardi 12 avril 2016

L'herbier de poésies, page 41


  En suivant le chemin de plates-bandes gourmandes, 
une p’tite cousette, 
jolie comme un bouton de nacre 
ramasse des morceaux de vie, 
des p’tites cassures de temps, 
qu’elle colle sur un batik de Selva Veeriah. 

 Mais une odeur de café, flotte dans l’air du printemps...

"Tuit, tweete" ! Chante le merle. 

Alors elle abandonne son ouvrage 
pour une tartine de beurre. 




                                                                              Bonne lecture et belle semaine.

 






Pétales oiseaux
Petits moulins
Tournent et volent
Au vent fripon
Fleurs de pommiers
Matin d'avril
Respire à fond
Je te le dis
La vie est belle


 
 
De chemin bleu en chemin bleu, Madame Croquandise déposait, tous les matins, quelques savoureux délices pour garnir ses plates-bandes gourmandes, les fleurissant de berlingots, de sucettes, de caramels, de pistaches et autres friandises.
Chaque oiseau de passage, voletait dans ce labyrinthe exquis, vers son biscuit du jour… Sur le chemin de l’école, les enfants dévoraient la vitrine des yeux…
Le salon de thé de la pâtisserie vivait toute l’année au rythme sucré de ses confiseries.







La robe...

Au marchand d'étoffes
Jambes à son cou
P'tite cousette de vingt ans
S'en court telle une Perrette
Des rêves plein l'ciboulot
À singer à la Singer,
Corsages neufs
Dans les vitrines du Printemps
Et autre magazine Mod'elles...
Des fleurs, des oiseaux
Du rose, du bleu
Des boutons de nacre,
Les filles sont jolies
À la belle saison dit une chanson...

Drelin drelin
Et s'ouvre la porte
Du marchand d'étoffes Ali,
C'est comme une caverne
Elle en reste baba
Impressionnée
Au milieu des tissus
De toutes impressions...

Son index a choisi, sans hésiter,
Un batik Selva Veeriah
Pour une robe, pas si sage,
À faire se retourner un saint...









Dans la cour du Lycée français, les élèves tweetaient furieusement durant la pause. Seul dans son coin, assis par terre, un crayon entre les dents, son carton à dessin sur les genoux, Marco rêvassait. Ils allaient devoir tout réaliser, de A à Z ..... de la création du tissu à l'objet fini.

- Tui ... tui, tuiT ..

- Twweet tweet !

-TUIIIIIT

-Tui, tui, tui TUITUITUIT ! ....

_ ..........

- TUIiT ?

-Tuituituitui Tweete ! ..............................


Traduction :

- Salut ... tu l'as vue ...

- Je lui ai même causé !

- NON TU EXAGÈRES

- C'est MA Fleur. Ma fleur TU ENTENDS ! ....

- (Un Silence) ..... .....

- Tu m'as bien compris ?

- ..... ça va ça va cause lui tout seul à ta fleur ................

Elle se promenait dans ses plus beaux atours ! Elle était fière de son nouveau sari. La douceur des beiges et des marrons qu'atténuaient encore les vieux rose et les gris bleutés, mettait parfaitement en valeur son teint mât. Elle le savait. Encore une fois son artiste d'ami avait réussi un imprimé qui ferait fureur à l'automne.

- Ma Fleur ... il n'y a que moi qui ai le droit de lui causer !







 


Écoutez l'histoire d'arbres en automne
qui cachent des morceaux de vie en rose et en bris.
Bris, brisures ou cassures?
Vitrail du temps sur nos soucis
Transparence du verre
Éclats de rire éclats de verre
Du vert, il n'y en a pas!
Le printemps est encore loin de là.
Pourtant des oiseaux tournent,
ils sont messagers de Joie
Des oiseaux sifflent autour des branches
merles chanteurs
merlin l'enchanteur
Ils enchantent la vie des couleurs de leur mélodie
ils sont merles en mon cœur.








NAISSANCE DU "JE"


Dans ce rêve céleste traversant des profondeurs obscures sourient des Espaces de liberté qui sentent bon le vent printanier.

Partout explosent les couleurs de la vie au cœur d'une douce et chaude lumière frémissante d'amour.

Étrange transe végétale !

Efflorescences de rameaux aux formes variées, glissements fuyants de feuilles bleues au gré du vent, solitudes graciles de tulipes en rangs serrés en déroutantes balises sur un chemin tronqué...

Et comme un prétentieux langage, de curieuses marguerites qu'une main impulsive invisible aurait jetées à la volée sur ce fond végétal au dernier moment...

Sur l'une de ces marguerites est tombé comme le rire d'une grâce divine, heureuse et fraîche élue auréolée d'ivresse, née d'un souffle qui l'élève et l'émerveille...

Dans la lumière de son cœur... le "JE" se créé ! le "JE" qui fascine, comme un mystère qui domine... le "JE" comme une graine qui aurait pourrie en terre, qui aurait germée et s'épanouit enfin !

Un "JE" qui a encore besoin de l'Humilité de la Terre, si frêle en apparence, mais qui crie déjà très fort son bonheur à l'Appel qu'il n'entend pas encore...

L'élue, en sa brillante parure, entend les gémissements de ses pâles sœurs aux yeux clos encore sur leurs rêves obscurs.

Son cœur bondit de tendresse pour sa familière fratrie, et le "JE" frémissant de sa pétulante jeunesse s'inquiète soudain....

"Elles me ressemblent tant ! qui suis-je parmi elles, qui sont elles ? qui est l'autre ?"

Dans le doux refuge de sa verticalité, l'élue voudrait avoir des ailes, tant elle a besoin de ce qui est éternel afin d'exister...

La lumière lui vient alors des quatre points cardinaux en voletants petits oiseaux lumineux qui lui murmurent tout bas :

"Ne crains pas Je suis là !" dit l'un

"Ne crains ni les épaisses nuées, ni les orages violents, ni les tempêtes sournoises... ni la vastitude de la solitude..." chuchote l'autre

Ne crains pas d'y perdre tous tes repères... Car Moi, Je suis là ! "Va pas à pas ! " affirme le 3ème


Et quand ton pas sera affermi, toi, tu affirmeras le pas de tes sœurs, car de tes sœurs tu es solidaire ! Ai-je répondu à ton attente ?" lui confie le 4ème....









L’éclosion des marguerites

À l’horizon
au soleil du matin
derrière les fleurs
une porte s’ouvre
parfum de café
de tartine
de beurre
un rideau frémit
à peine une onde
la main d’une Pénélope peut-être
lasse de son ouvrage
au jardin
un oiseau appelle
juste une note de printemps
un désir de nid
la paix dans un rai de lumière
mais soudain
une Cléopâtre des champs
le front ceint d’un diadème
sourcil feuille
lèvres bleues
apparaît
la reine du printemps préside
à l’éclosion des marguerites.






Le coin des retardataires




Une page de vie étalée au soleil
odeur de fleurs séchées
des printemps envolés.
Déjà,
une ombre brune se dessine
brodant tous les regrets:
pétales fins des frissons printaniers,
légers, légers à accrocher les rêves
lignes sinueuses des amours cabossés
couleur sépia de l'étoffe du temps
mille fois déchirée,mille fois reprisée
quelques rides encore pour offrir un sourire
un nouveau chant d'automne sur le pré défleuri.


Balaline




Et puis, une fois n'est pas coutume, il y a des rimes,  une comptine qui m'a ravie :








Ma très âgée voisine bretonne
dans une veille robe en cretonne
par grand souci
d'économie
elle a cousu
au point de Jésus
un tablier fleuri
pour ce printemps qui en rit
tellement de bon cœur
que s'en est tout un bonheur...


 
Yeodi       

mardi 1 mars 2016

L'herbier page 35


Installez-vous confortablement, prenez le temps de lire et de vous laisser emporter dans des rêves de pluie. 








La pluie...

Un temps chagrin
Déverse sur la ville
Son humeur chagrine
Il pleut comme pleurent 
Des pleureuses 
Veillant un macchabée... 
Il pleut 
Comme vache qui pisse 
Il pleut des cordes, des hallebardes... 
Il pleut, dans ma maison, 
Ploc, ploc, ploc, note monocorde 
Fait la pluie au seau 
Ploc, ploc, ploc, même ton, 
Ploc, ploc, ploc... 
Par la lucarne du grenier 
Je guette l'éclaircie bleue... 
Ploc... ploc... ploc... et puis plus rien, 
La pluie lugubre se tait 
L'oiseau chante, tchip, tchip, tchip 
Et moi je siffle... 







<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret >> Paul Eluard.



<< Une femme ....

Elsa, la quarantaine, chausse ses lunettes. Elle est vêtue de son tailleur grenat en laine. Nous sommes au coeur de l'hiver ; la nuit va être froide. Soigneusement maquillée, ses cheveux châtain clair retenus sur la nuque par une large barrette d'écaille brune. Elsa saisit son répertoire téléphonique : sa mémoire lui fait parfois défaut. Il faudra que je mette ce numéro parmi mes privilégiés, se dit-elle, je gagnerai du temps en n'appuyant que sur une seule touche ! A la lueur de la lampe qui éclaire doucement sa modeste pièce de séjour, ses yeux d'un gris-bleu intense parcourent les numéros à la lettre C ... Voilà. Ses doigts experts composent 04 78 69? 58 57 ..... La voix qui coule dans son oreille amène sur ses lèvres un sourire de satisfaction. Elle enfile son manteau, se coiffe de son chapeau de feutre noir "kangoo", et s'emmitoufle dans son châle aux motifs fleuris. Elle enfile ses gants ....

<< Une femme chaque nuit .....

Elle jette un coup d'oeil à la pendule. Non, elle ne sera pas en retard. On ne l'attendra pas trop longtemps. Elle va pouvoir sauter dans le bus de 21h10, comme chaque soir Elsa se prépare à la rencontre quotidienne. Préparer son coeur se dit-elle, être attentive, complètement, oublier la journée et ses tracas. Les flocons de neige qui commencent à virevolter rafraichissent son visage, ses joues rosies par la chaleur intérieure.

<< Une femme chaque nuit voyage .....

L'autobus de 21h10, précis, s'arrête à la station Séverine. Il y a peu de monde à cette heure, et par cette saison. Elsa choisit toujours la même place. A l'avant. Près de la vitre gauche. Derrière le conducteur. Prêter toute son attention aux lumières de la ville lui permet de faire le vide dans sa tête et de mieux se préparer à la rencontre de chaque nuit. Parfois, quelque scène comique se déroule sur le trottoir que longe le véhicule. Un sourire amusé illumine alors ses traits fins. Bientôt, elle sera rendue à destination : la maison cossue, en banlieue. La grille en fer forgé quelle va pousser. Le jardin qu'elle va traverser. La porte éclairée qu'elle va ouvrir après deux coups brefs sur la sonnette, à droite.

<< Une femme chaque nuit voyage en grand secret ...

Personne, dans l'entourage d'Elsa ne connaît ce qu'Elsa va faire dans cette banlieue lointaine et déserte à cette heure. Elle ne souhaite pas en parler. C'est son jardin secret ..... Soudain elle se hâte. Quelques mètres à peine la séparent de l'arrêt où elle est descendue à la maison cossue Son coeur commence à vibrer du plaisir qu'elle éprouve à chaque rencontre. Même au coeur de cette nuit d'hiver rien n'a bougé. Au fil de chacun de ses voyages, seule la nature amène quelques changements qui rythment les déplacements d'Elsa : Il fait plus chaud, les arbres retrouvent leurs feuilles, les fleurs du jardin embaument ..... Elsa va tout à l'heure poser un baiser sur le front de la vieille dame qui l'attend, assise dans son fauteuil, sa couverture à carreaux rouges et verts couvrant ses jambes désormais inutiles. Elsa va lui raconter, par le menu, avec mille détails, la vie du dehors. Ce sera la valse des mots ... Les phrases entrecoupées de longs silences ... Rien ne bouge ...

Ce soir encore, Une femme chaque nuit voyage en grand secret. 

La vieille marmotte










Bleu nuit. 
Il y a des jours, il y a des nuits où la fenêtre de notre cœur pleure. Gouttelettes transparentes qui tracent dans le bleu nuit, des sillons vers le noir. Rides du temps qui plissent et mouillent le bleu ciel. Pastels tendres qui se diluent dans la poussière du temps. Et puis, il y a des jours il y a des nuits où l’horizon s’éclaircit, une lumière si douce si calme attire gouttelettes de pluie et fumées obscures pour lentement, un à un, effacer les barreaux de notre fenêtre, fenêtre qui s’ouvre alors, sur un monde éclairé et serein. 
Jamadrou








La fenêtre est bleue
comme le rideau bleu
je suis au chaud
je vois des bleus
le dehors et le dedans
en fondus enchaînés
la pluie ruisselle au carreau
mon spleen s'en mêle
bleue la chambre
gris le temps
nuances subtiles
combien sont-elles ?

Le peintre a touché les couleurs
et j'admire celui qui oublie
le dehors et le dedans
pour créer une image
d'un gris qu'il cherche
qui n'est qu'en lui
clair dans sa tête
gris de Payne


et aussi : 





Sur la vitre la pluie a tracé
des crapauds griffus
au regard aveugle
derrière les barreaux veillent
des pieuvres flottantes
des vigiles masqués
armés de pieux
harnachés de lames
qui guettent leur proie
dans l'ombre bleutée de l'épouvante



Ciel haché de bleu
- si bien derrière la vitre
quand tu es là.

Josette


Quelques pleurs
sur ses dernières cigarettes -
dehors l'éclaircie

ses cendres fument encore
et se dispersent les ombres
des larmes du désir

laisser derrière soi
le mal qui ronge -
la brume se dissipe

ABC










Seul miroir de sa geôle 
là-bas, dans les douves 
pâle reflet de son ombre, 
les noirs barreaux de malheur 
et ses larmes










Métamorphoses
Il pleut. Dans l’air froid et triste, le quotidien paraît sans saveur. Le regard, indifférent comme fixé au-dedans, retiré dans les profondeurs, accompagne les gouttes qui suivent sagement la loi de la pesanteur, se coller et glisser par la voie la plus rapide. Mais parfois, est-ce à cause du flot qui ralentit la course, une goutte hésite, dévie pour suivre un chemin parallèle, ouvrir une autre voie, explorer l’inconnu. Elle quitte le rail.

Mais déjà, dans l’univers limbique, le ballet hypnotique imprime ses images. Derrière le regard inconscient la vigilance est en éveil. Elle interprète, crée, s’abstrait de la routine, enfante la magie. Alors sur le carreau perlé de pluie, des chevaux d’écume pénètrent le champ visuel. Ce tsunami hippique exprime la métamorphose. Rêve d’une petite couseuse attendant son époux que quelques sirènes informes, à peine esquissées, retiennent par la voix dans l’univers épique d’un mythe. 

Là, la faim se cache, non « dans un champ pierreux » où grincer des mâchoires, mais dans un tourment d’ondes vomissant des démons prêts à dévorer le héros assoupi.

Le char des légendes Ovidiennes surgit, éclaboussant le matin. Il s’effacera au premier rayon du soleil. 
Dans la chambre aveugle « Ulysse » poursuit son rêve, il dort. Il est trop tôt.
Dans la cuisine « Pénélope » attend, tout engluée de nuit. Devant son premier café, elle tente de s’extraire de ses limbes.
 Adamante 





Un commentaire de "la vieille marmotte" que je signale, un lien à ne pas manquer si vous aimez Chopin et Georges Sand :

"À la lecture de cette riche page, à l'écoute de cette chanson de Roger Caussimon (j'aime) je me souviens des "Gouttes de pluie" de Chopin. Permettez-moi de partager un de mes articles rédigé en Juillet 2013. Belle la musique de Chopin. Intéressante la version de George Sand !"