Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
il vient de mettre en ligne une superbe photo d'une acrylique.
J'aime ses têtes rondes.
C'était en février 2017, oui le temps passe vite. C'était hier et c'était déjà demain.
Je suis allée pêcher dans les commentaires celui-ci, qui m'a fait sourire (et que vous retrouverez dans la page) :
Me voici me voilou J'ai la bobine ronde Des yeux couleur rubis Des pieds en pâquerettes Bouche fermée à clé Sur mes secrets craquants La bulle de mes idées S'envole et je reste coit Avec une aile qui palpite Petits pois, petits pois Jaunes comme yellow Bons pour les petits princes Créature bofilisée A mon épaule s'incrustent Des poissons bien au chaud Bien au doux, bien partout Je me trouve très beau Je suis le seigneur des poissons
Aujourd'hui, je vous propose un nouveau texte de Jeanne Fadosi ainsi qu'un nouveau de ma part (je vous devais bien ça !)
Venu
tout droit du fond des Océans, ou peut-être encore de l’espace, il est arrivé
là, portant quelques poissons sur son épaule. A-t-il marché sur les eaux pour
arriver jusqu’à nous ?
Deux
petits yeux ronds
et
un air dubitatif-
l’espace
frémit
Miro
n’est pas loin, dans la forme, mais aussi dans le fond. Il y a là de
l’étonnement, une vie qui interpelle, et se raconte en couleurs.
Sont-ce
des larmes
ou
des gouttes de pluie-
derrière
sa tête ?
A
son cou la nuit s’éclaire. Trois soleils jaunes dansent au-dessus des eaux,
trois points, le triangle des bâtisseurs,
un collier de symboles.
Un
petit culbuto
sur
un poisson rouge
parle
à son oreille
J’aimerais
entrer dans la toile pour surprendre ses paroles, débusquer le mystère et
partager l’étonnement qui se lit dans les petits yeux oranges de cette pleine
lune noire.
Mais
rien ne se dit
pas
de secret révélé
juste
le silence.
Adamante Donsimoni
Et puis, allez savoir pourquoi, j'ai cherché sur youtube, et j'ai trouvé cette chanson que j'avais oubliée, qui m'a touchée particulièrement ce soir tant la douceur peut témoigner de l'horreur. Ce secret, dont je parle dans mon haïbun, ne serait-ce pas celui de cette légende ? Je sais Jeanne, tu vas être particulièrement touchée toi aussi. Ne pas oublier...
Et toujours bien entendu les éventuels retardataires...
à suivre donc.
Une belle richesse que cet herbier, encore merci à toutes à tous. Belle semaine et si vous êtes tentés, n'hésitez pas. Avec les vacances, je souffle un peu.
Vous avez constaté mon silence, regrettable j'en suis consciente, mais trop de choses à faire, à suivre, à préparer... J'avoue que ces derniers temps les journées ne sont pas assez longues pour gérer ma vie quotidienne.
Je n'ai pas eu le temps de chercher une image à proposer, Serge m'en a proposé une très intéressante et j'attends l'accord de son autrice (j'ai choisi autrice plutôt qu'auteure, me fiant aux lumière de France Culture et suivant la déclinaison : acteur - actrice).
Les vacances scolaires arrivent, j'aurai sans doute (je l'espère) un peu plus de temps à consacrer à l'Herbier, qui doit être contrarié par mon abandon momentané. Mais je ne peux rien promettre, j'en suis désolée.
Je vous invite à revisiter une page ancienne, celle en bas de page par exemple,
Dans ce premier cas, il vous suffira de m'envoyer le texte avec le lien le lien sur votre blog.
Et si, dans les nombreuses pages de l'herbier, une vous inspire de nouveau (second cas) ne vous retenez pas.
Dans ce second cas, vous rajouterez en plus du lien sur votre blog, le liensur la page qui vous a inspirée, je mettrai en ligne au fur et à mesure.
Pas de jour imposé donc, au gré de votre inspiration.
Cela vous conviendrait-il ? Ainsi l'Herbier vivra encore, en dehors des parutions du vendredi.
Voici, selon Artips, tout ce qu'il faut savoir sur l'œuvre de Francis Bacon (beaucoup de parutions intéressantes qui ne sont pas toutes dans l'Herbier)
et
"la rencontre d'un artiste
qui ne fait jamais le ménage".
1991, Londres. Le peintre britannique Francis Bacon achève ce qui sera son dernier tableau, Étude de taureau.
L’œuvre est ambiguë : difficile de distinguer si le taureau entre, ou au contraire, sort de l’arène. La faute à cette étrange poussière, qui floute les pattes de la bête…
Une poussière qui n’est pas peinte, mais bien réelle ! Bacon l’a intégrée à sa peinture. Comme dans une vraie corrida, elle donne l’impression que le taureau vient de frapper furieusement le sol terreux.
Et cette poussière, le peintre n’est pas allé la chercher très loin :
son studio londonien est un véritable capharnaüm, qui n’a pas vu un balai depuis des années !
Dans cette petite pièce s’entassent papiers, journaux, photos, esquisses et matériel de peinture dans un désordre indescriptible.
Loin de le déranger, ce grand bazar est pour Francis Bacon une inépuisable source d’inspiration : "Je me sens comme chez moi dans ce chaos, parce que le chaos me suggère des images."
Car Bacon est un personnage atypique : il est connu pour ses peintures torturées, sombres et parfois effrayantes.
Désormais octogénaire, alcoolique et asthmatique de longue date, il est également atteint d’une pneumonie qu’il refuse de faire soigner.
Lorsqu’il peint son Étude de taureau, Bacon a-t-il conscience de vivre ses derniers instants ? Difficile de le savoir, car il n’a jamais commenté ce tableau.
L’œuvre a été retrouvée plus de vingt ans après sa création chez un collectionneur. Mais selon l’historien qui a redécouvert ce tableau, Bacon avait pour habitude de dire :
"La poussière est éternelle. Un jour nous allons tous mourir, et redevenir poussière."
Ce sera bientôt son tour,
il piaffe d’impatience. Dès le signal il foncera vers demain. En entrant dans
l’arène, il ouvrira toutes les vannes des possibles. Il doit attendre. Le gong
n’a pas encore retenti.
Minuit sonnera
sa première seconde
l’an s’impatiente
Jamais le temps ne prendra
le temps de s’arrêter. Pour toujours le tempo est enregistré. « Rien ne
sert de courir, il faut partir à point ».
L'air immobile et
poisseux pèse de tout son poids sur la prairie somnolente. Au loin, un tracteur
poussif halète de fatigue. Sous l'ombre chiche du grand pin quelques
vaches ruminent paisiblement.
Soleil crépitant-
A l'heure de la sieste
Fourmis au travail
Son museau tendu vers le
ciel, un petit veau suit des yeux avec envie le ballet joyeux des
martinets. Il s'ennuie et rêve de courses , de bruit, de vie trépidante.
Feu solaire-
Rodéo des mouches
Celui d'un petit veau
Il a laissé traîner ses
oreilles et surpris les confidences de sa grand-mère un soir où elle le croyait
endormi. Elle racontait les exploits d'un sien cousin, taureau de combat. Une
vedette en son temps triomphant dans les grandes arènes d'Espagne. Ah comme ce
devait être excitant toute cette gloire! Dommage qu'il se soit endormi avant la
fin de l'histoire.
L'odeur de la peur et de la mort mêlées imprègne tant les murs du toril qu'elle se transmet de bête à bête, par delà le temps, sans qu'elles se soient connues dans un autre lieu.
Élevée pour ces uniques instants de liesse.
Elle y est tellement résignée que les picadors, tout à l'heure, devront la titiller avec acharnement pour la faire sortir de sa léthargie.
A quoi bon faire semblant ?
c'est la "tarde de toros"
Le soir de l'offrande au jeu terrible de la mise à mort. Si le taureau n'entre pas dans le jeu, qui canalisera la foule avide de spectacle ?
La bête résignée
convoque Cybèle et Mithra
et la déraison.
Certains
jours de grande chaleur, dans le flottement liquoreux d’un air instable,
apparaissent tes cornes - : en transparence sur le blanc des portes du
toril…
Taureau
écumant
Qui
bouillonne de rage
Quand
à la mort, il fit face !
Ils
te narguent les picadors sur leurs chevaux en caparaçon, les matadors en habit
de sinistre lumière.
Capote,
piques et banderilles toutes t’excitent de leur mouvement hiératique, de leur
traîtrise blessante, jusque-là même : au cœur de la fournaise : à la
racine même de ta sourde colère.
Ils
te voient - les fous ! -
Comme
simple bête,
Quand
c’est un Dieu qui fait face !
Tu
t’avances vers l’infini ! Par cette porte d’honneur où ta mort n’est qu’un
passage. C’est leur nuit qu’ils ignorent quand ils te disent porté par le feu,
la tempête et quelque violence.
Tu
n’es que nature
Face
au torero
Il
jabote le fol, mais te craint !
Tu renvoies dos à dos à leur peu de courage, à leur
violence, ou leur soif de carnage, les toristas*, les toreristas*, ou les
curieux et obscurs turistas*.
Toi, tu avances - fier, fort, et la corne haute- vers la muta
qui flotte – sordide traîtresse au bras qui porte la passe, et qui cache l’épée
au baiser mortel. Tu sors de l’ombre et va vers ta lumière.
Du si vil boucher,
De la bête qu’il tue,
Qui donc a le plus d’honneur !
*Torista : Spectateur
essentiellement attiré par le spectacle du taureau
*Torerista :
Spectateur essentiellement attiré par le spectacle du toréador
*Turista :
public de corrida occasionnel ou étranger
* Passe :
action d'appeler le taureau sur un leurre, capote ou muleta, de le faire courir
et passer le long de son corps
* toril :
stalle, local où le taureau est confiné avant qu’il n’entre dans l’arène
Serge De La Torre
Une
ombre en devenir
Dans
le cercle de l’arène, derrière une palissade, la solitude poisse la terre qui
accompagne les entrées et fuse au-delà de l’ombre.
Deux
cornes pointues
le
taureau se prépare-
une
ombre en devenir
Tout
ici semble vouloir l’effacer. À peine une esquisse de vie, apparition sur un écran
d’au-delà.
Pas
de surprise
une
issue bien définie
et
c’est la mort
Fascination
du sang non encore déversé, et dont la foule crie sa soif. Extase des voix glorifiant la torture.
la
bête humaine
exhale
son odeur
c’est
à vomir
Bientôt,
genoux en terre, les flancs gluants de rouge, les nasaux écumants, plus noble
que jamais, il s’inclinera, vaincu par la bêtise.