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vendredi 21 février 2020

Proposition 159


Revenir vers vous,  
Proposer une nouvelle œuvre à votre inspiration,  
Espérer que l’oubli n’a pas réussi à vous faire déserter les pages de l’Herbier…  



Voilà les espoirs que je formule, car vos écrits me manquent. 




Je vous propose donc, pour vendredi prochain, cette œuvre d’un peintre ami, dont j’apprécie beaucoup les œuvres picturales, et aussi la poésie. 

Je vous invite à visiter son blog :


et à visiter sa galerie : 

AMi GALERIE sur facebook


Jean Cabane - Encre, brou de noix, acrylique sur toile libre (31x31)





Avec l'espoir de vous retrouver
sur la page de vendredi prochain. 

mardi 11 février 2020

La petite chose d'Orlando Boffil



ORLANDO BOFFIL HERNANDEZ
Si vous êtes sur facebook, visitez sa page, 
il vient de mettre en ligne une superbe photo d'une acrylique.
J'aime ses têtes rondes.


C'était en février 2017, oui le temps passe vite. C'était hier et c'était déjà demain.
Je suis allée pêcher dans les commentaires celui-ci, qui m'a fait sourire (et que vous retrouverez dans la page) :

marine D2 mars 2017 à 11:48Vite fait pas le temps mais l'idée me plait !


Me voici me voilou
J'ai la bobine ronde
Des yeux couleur rubis
Des pieds en pâquerettes
Bouche fermée à clé
Sur mes secrets craquants
La bulle de mes idées
S'envole et je reste coit
Avec une aile qui palpite
Petits pois, petits pois
Jaunes comme yellow
Bons pour les petits princes
Créature bofilisée
A mon épaule s'incrustent
Des poissons bien au chaud
Bien au doux, bien partout
Je me trouve très beau
Je suis le seigneur des poissons


Aujourd'hui, je vous propose un nouveau texte de Jeanne Fadosi ainsi qu'un nouveau de ma part (je vous devais bien ça !)

Avec sa bouille ronde 
de poêle à frire
elle n'ose pas le dire

Et elle pleure

Ses larmes d'argent
sont des poissons
de toutes couleurs

Et elle rit

Sa face ahurie
quel muet secret ?
Que n'ose-t-elle dire ?

Et elle se tait

Voyez braves gens
ce disque noir :
l'ombre de la lune

Et elle veille

sur la rivière lente
quelques poissons
attendent les loups.

©Jeanne Fadosi, lundi 10 février 2020
sur l'image de l'Herbier de poésie de la page 68




Le secret du silence

Venu tout droit du fond des Océans, ou peut-être encore de l’espace, il est arrivé là, portant quelques poissons sur son épaule. A-t-il marché sur les eaux pour arriver jusqu’à nous ?

Deux petits yeux ronds
et un air dubitatif-
l’espace frémit

Miro n’est pas loin, dans la forme, mais aussi dans le fond. Il y a là de l’étonnement, une vie qui interpelle, et se raconte en couleurs.

Sont-ce des larmes
ou des gouttes de pluie-
derrière sa tête ?

A son cou la nuit s’éclaire. Trois soleils jaunes dansent au-dessus des eaux, trois points, le triangle des bâtisseurs,  un collier de symboles.

Un petit culbuto
sur un poisson rouge
parle à son oreille

J’aimerais entrer dans la toile pour surprendre ses paroles, débusquer le mystère et partager l’étonnement qui se lit dans les petits yeux oranges de cette pleine lune noire.

Mais rien ne se dit
pas de secret révélé
juste le silence.

         Adamante Donsimoni

Et puis, allez savoir pourquoi, j'ai cherché sur youtube, et j'ai trouvé cette chanson que j'avais oubliée, qui m'a touchée particulièrement ce soir tant la douceur peut témoigner de l'horreur. Ce secret, dont je parle dans mon haïbun, ne serait-ce pas celui de cette légende ? Je sais Jeanne, tu vas être particulièrement touchée toi aussi. Ne pas oublier...



Et la page d'alors, la page 68, elle est ICI


J'écrivais alors :

Il y a toujours plus de brins pour la page, 
douze ce vendredi, 
un arc en ciel de poésies en couleur. 
Et toujours bien entendu les éventuels retardataires... 
à suivre donc. 
 

Une belle richesse que cet herbier, encore merci à toutes à tous. Belle semaine et si vous êtes tentés, n'hésitez pas. Avec les vacances, je souffle un peu.

jeudi 6 février 2020

Nouvelles





Bonjour à vous tous,


     Vous avez constaté mon silence, regrettable j'en suis consciente, mais trop de choses à faire, à suivre, à préparer... J'avoue que ces derniers temps les journées ne sont pas assez longues pour gérer ma vie quotidienne. 

     Je n'ai pas eu le temps de chercher une image à proposer, Serge m'en a proposé une très intéressante et j'attends l'accord de son autrice (j'ai choisi autrice plutôt qu'auteure, me fiant aux lumière de France Culture et suivant la déclinaison : acteur - actrice). 



     Les vacances scolaires arrivent, j'aurai sans doute (je l'espère) un peu plus de temps à consacrer à l'Herbier, qui doit être contrarié par mon abandon momentané.  Mais je ne peux rien promettre, j'en suis désolée.


    Je vous invite à revisiter une page ancienne, celle en bas de page par exemple,

Dans ce premier cas, il vous suffira de m'envoyer le texte avec le lien le lien sur votre blog.

Et si, dans les nombreuses pages de l'herbier, une vous inspire de nouveau (second cas) ne vous retenez pas. 
Dans ce second cas, vous rajouterez en plus du lien sur votre blog,  le lien sur la page qui vous a inspirée, je mettrai en ligne au fur et à mesure.  
Pas de jour imposé donc, au gré de votre inspiration. 
Cela vous conviendrait-il ? Ainsi l'Herbier vivra encore, en dehors des parutions du vendredi. 



Merci de votre compréhension et de votre attachement à l'Herbier.
Faites un heureux jour.

Adamante

vendredi 17 janvier 2020

Tout ce qu'il faut savoir (P158)



Voici, selon Artips, tout ce qu'il faut savoir sur l'œuvre  de Francis Bacon
(beaucoup de parutions intéressantes qui ne sont pas toutes dans l'Herbier)

et

"la rencontre d'un artiste 
  qui ne fait jamais le ménage".



1991, Londres. Le peintre britannique Francis Bacon achève ce qui sera son dernier tableau, Étude de taureau.

L’œuvre est ambiguë : difficile de distinguer si le taureau entre, ou au contraire, sort de l’arène. La faute à cette étrange poussière, qui floute les pattes de la bête…

Une poussière qui n’est pas peinte, mais bien réelle ! Bacon l’a intégrée à sa peinture. Comme dans une vraie corrida, elle donne l’impression que le taureau vient de frapper furieusement le sol terreux.

Et cette poussière, le peintre n’est pas allé la chercher très loin : 
son studio londonien est un véritable capharnaüm, qui n’a pas vu un balai depuis des années !

Détail de l'œuvre © The Estate of Francis Bacon / All rights reserved / ADAGP, Paris and DACS, London 2019

Dans cette petite pièce s’entassent papiers, journaux, photos, esquisses et matériel de peinture dans un désordre indescriptible.

Loin de le déranger, ce grand bazar est pour Francis Bacon une inépuisable source d’inspiration : "Je me sens comme chez moi dans ce chaos, parce que le chaos me suggère des images."


Car Bacon est un personnage atypique : il est connu pour ses peintures torturées, sombres et parfois effrayantes.
Désormais octogénaire, alcoolique et asthmatique de longue date, il est également atteint d’une pneumonie qu’il refuse de faire soigner.


Francis Bacon dans son atelier à Londres, 1974, photo : © Private Collection / Christie's Images / Bridgeman Images



Lorsqu’il peint son Étude de taureau, Bacon a-t-il conscience de vivre ses derniers instants ? Difficile de le savoir, car il n’a jamais commenté ce tableau.


L’œuvre a été retrouvée plus de vingt ans après sa création chez un collectionneur. Mais selon l’historien qui a redécouvert ce tableau, Bacon avait pour habitude de dire : 

"La poussière est éternelle. Un jour nous allons tous mourir, et redevenir poussière."




Francis Bacon le jour de ses 80 ans, 1989, photo : © Neil Libbert / Bridgeman Images







la page 158


Francis Bacon, Étude de taureau, 1991, huile, peinture en aérosol et poussière sur toile, 198 x 147 cm, collection particulière © The Estate of Francis Bacon / All rights reserved / ADAGP, Paris and DACS, London 2019




Gladiateur noir, bête des arènes


Théâtre pour une mort annoncée,
À l'homme les lauriers
Et toi de mordre la poussière...


Tu sens venir le vent

Hésitant à rentrer sur scène 

Acteur sans le vouloir d'une tragédie...


Tes coups de corne

Les esquiver tout un art

Du lutteur
En habit de lumière
Agitant cape rubis
T'invitant à recommencer l'assaut...


Et tu t'échines taureau d'ébène

À revenir à la charge

Sabot frappant le sol 
Tête baissée, naseau fumant 
Bave à la gueule, encore et encore...


Bête de combat

un combat perdu d'avance

sous les olé


Dans les gradins

La curiosité malsaine 

A payé son billet 
Pour voir couler le sang
Ce sang, rouge rubis comme la cape
Qui dissimule si bien le glaive...

  
Épuisé dans le courage 

Par l'adversaire en cravate de soie

Sous l'estocade portée 
La bête batailleuse s'écroule sous les ovations, 
Dernier mot à l'épée
Transperçant du condamné le crâne...


Nobles arènes

abattoir à ciel ouvert

sous les bravos. 








Derrière la porte
l’arène de sa dernière chance -
un ange passe

Ce sera bientôt son tour, il piaffe d’impatience. Dès le signal il foncera vers demain. En entrant dans l’arène, il ouvrira toutes les vannes des possibles. Il doit attendre. Le gong n’a pas encore retenti.

Minuit sonnera
sa première seconde
l’an s’impatiente

Jamais le temps ne prendra le temps de s’arrêter. Pour toujours le tempo est enregistré. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».











L’accident.

Il voulait à tout
Prix faire entrer la statue
Dans le coffret blanc

Il en avait décidé ainsi, et il la rentrerait. Quitte à lui briser les cornes. 
Cornes brisées. Il le voulait. Et c’est ainsi qu’il lui brisa
Le cœur.

C’était un adieu
Que trop tard elle comprit
Papier kraft ôté

L’animal apparut, pauvre, petit, chétif, tremblant, sur ses pattes encore malhabile, tout habillé de noir, les cornes retournées 
En dedans.

Mal au cœur.    En pleurs
Son univers chavira
Non pas ça crie-t-elle

Son cri se heurta au vide de l’espace. 
Son ami ne sculpterait plus. Elle le comprit soudain
et mit plus de trente ans pour enfin l’accepter.












Hier sur les gradins
Mon cœur de battre refusait
Les yeux j’ai fermés

A peine revenue

De la frontière du cauchemar

Je voulais vous offrir en urgence
Ce souvenir dans sa brume
Une trace de son appréhension
L’ondoiement de son ombre
Le flou de ses yeux ensorcelants
L’énergie de ses naseaux
L’indompté de ses cornes.

Le sténopé de ma mémoire
Vous offre aujourd’hui sa force et sa beauté
Brouillées par mes larmes
Ma mémoire a essayé d’enregistrer
L’hésitation de la bête en mouvement
Mon souvenir s’efforce à garder
Ce que l’affolement a imprimé
Comme distorsion à son corps
Plutôt que la vélocité de cette bête en furie.

Rapidité tourbillon fuite
Mort dans l’âme
Tout va s’estomper comme un pastel
Dans un nuage de poussière
Je voulais avant qu’il ne soit trop tard
Prendre mes distances
Avec cette force indomptée
Et ne pas m’effondrer


Hier dans l’arène
Fier il a rendu l’âme
Le taureau est mort.












L'air immobile et poisseux pèse de tout son poids sur la prairie somnolente. Au loin, un tracteur poussif halète de fatigue.  Sous l'ombre chiche du grand pin quelques vaches ruminent paisiblement.

Soleil crépitant-
A l'heure de la sieste
Fourmis au travail

Son museau tendu vers le ciel, un petit veau suit des yeux avec envie le ballet joyeux des martinets.  Il s'ennuie et rêve de courses , de bruit, de vie trépidante.

Feu solaire-
Rodéo des mouches
Celui d'un petit veau

Il a laissé traîner ses oreilles et surpris les confidences de sa grand-mère un soir où elle le croyait endormi. Elle racontait les exploits d'un sien cousin, taureau de combat. Une vedette en son temps triomphant dans les grandes arènes d'Espagne. Ah comme ce devait être excitant toute cette gloire! Dommage qu'il se soit endormi avant la fin de l'histoire.

L'enfance naïve
Joue aux papillons
O temps suspend ton vol











La bête puissante a compris. 
L'odeur de la peur et de la mort mêlées imprègne tant les murs du toril qu'elle se transmet de bête à bête, par delà le temps, sans qu'elles se soient connues dans un autre lieu. 
Élevée pour ces uniques instants de liesse. 
Elle y est tellement résignée que les picadors, tout à l'heure, devront la titiller avec acharnement pour la faire sortir de sa léthargie.
A quoi bon faire semblant ? 
c'est la "tarde de toros"
Le soir de l'offrande au jeu terrible de la mise à mort. Si le taureau n'entre pas dans le jeu, qui canalisera la foule avide de spectacle ? 
La bête résignée
convoque Cybèle et Mithra
et la déraison. 
©Jeanne Fadosi, lundi 6 janvier 2020


Les belles étrangères, Jean Ferrat








El toro y la muerte


Taureau furieux,
Ombre fantôme
Qui jadis hanta l’arène !

Certains jours de grande chaleur, dans le flottement liquoreux d’un air instable, apparaissent tes cornes - : en transparence sur le blanc des portes du toril…

Taureau écumant
Qui bouillonne de rage
Quand à la mort, il fit face !

Ils te narguent les picadors sur leurs chevaux en caparaçon, les matadors en habit de sinistre lumière.
Capote, piques et banderilles toutes t’excitent de leur mouvement hiératique, de leur traîtrise blessante, jusque-là même : au cœur de la fournaise : à la racine même de ta sourde colère.

Ils te voient - les fous ! -
Comme simple bête,
Quand c’est un Dieu qui fait face !

Tu t’avances vers l’infini ! Par cette porte d’honneur où ta mort n’est qu’un passage. C’est leur nuit qu’ils ignorent quand ils te disent porté par le feu, la tempête et quelque violence.

Tu n’es que nature
Face au torero
Il jabote le fol, mais te craint ! 

Tu renvoies dos à dos à leur peu de courage, à leur violence, ou leur soif de carnage, les toristas*, les toreristas*, ou les curieux et obscurs turistas*.
Toi, tu avances - fier, fort, et la corne haute- vers la muta qui flotte – sordide traîtresse au bras qui porte la passe, et qui cache l’épée au baiser mortel. Tu sors de l’ombre et va vers ta lumière.

Du si vil boucher,
De la bête qu’il tue,
Qui donc a le plus d’honneur !


*Torista : Spectateur essentiellement attiré par le spectacle du taureau
*Torerista : Spectateur essentiellement attiré par le spectacle du toréador
*Turista : public de corrida occasionnel ou étranger
* Passe : action d'appeler le taureau sur un leurre, capote ou muleta, de le faire courir et passer le long de son corps
* toril : stalle, local où le taureau est confiné avant qu’il n’entre dans l’arène




Serge De La Torre








Une ombre en devenir


Dans le cercle de l’arène, derrière une palissade, la solitude poisse la terre qui accompagne les entrées et fuse au-delà de l’ombre.

Deux cornes pointues
le taureau se prépare-
une ombre en devenir

Tout ici semble vouloir l’effacer. À peine une esquisse de vie, apparition sur un écran d’au-delà.

Pas de surprise
une issue bien définie
et c’est la mort

Fascination du sang non encore déversé, et dont la foule crie sa soif.  Extase des voix glorifiant la torture.

la bête humaine
exhale son odeur
c’est à vomir

Bientôt, genoux en terre, les flancs gluants de rouge, les nasaux écumants, plus noble que jamais, il s’inclinera, vaincu par la bêtise.

Somptueux taureau
quand ton regard s’éteint
à quoi penses-tu ?



jeudi 9 janvier 2020

Page 158 reportée





Coucou les Brins, 

Si vous l'acceptez, je souhaite reporter la publication de la page au vendredi 17 janvier. 
Je n'ai pas eu le temps de m'y consacrer cette semaine. 
Veuillez m'en excuser. 

Adamante

vendredi 3 janvier 2020

pour la 158 première de 2020

Conseil de l'Herbier :
Veuillez ne pas oublier de copier les légendes des photos pour vos blogs
Droits Réservés


Je vous raconterai l'histoire (prise sur Artips) très bientôt, afin de ne pas influencer vos écrits. En haïbun ? comme toujours ?

Pour la page du vendredi 10 janvier 2020

Francis Bacon, Étude de taureau, 1991, huile, peinture en aérosol et poussière sur toile, 198 x 147 cm, collection particulière © The Estate of Francis Bacon / All rights reserved / ADAGP, Paris and DACS, London 2019