Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Voici que ce qui aurait dû être une page se transforme en une proposition. J'ai cherché à mettre en page une musique mais je n'ai pas réussi à trouver le lien. Alors je vous propose ce dessin, un peu spécial c'est vrai, pour lundi prochain si vous le voulez bien. N'hésitez pas à me faire des proposition picturales de votre cru (libre de droit donc), il n'est pas évident toujours de trouver.
Non, je rebondis juste sur un mail de Françoise, eh oui, parce qu'encore une fois je n'ai pas proposé avant de photo pour ce lundi, mais c'est une idée "excellentisssssiiime" (dis-je en roulant une pointe de... euh... ma moustache -) .
Un
matin, il y a de ça fort longtemps, un jardinier avait brûlé les herbes de son
vieux jardin, il avait décidé de le refaire, plus beau, plus harmonieux, afin
d’y finir ses jours.Il ne restait
plus que de la cendre sur la terre.
Satisfait
de son travail, il s’était mis à réfléchir devant cette étendue vierge et
prometteuse.
Quel
aspect aurait donc le nouveau jardin qu’il allait planter là ? Il ferma les
yeux et se mit à rêver.
Il
échafauda des plans, modifiant à l’envi dans son rêve, le parcours d’une allée,
l’emplacement d’une tonnelle où goûter l’ombre l’été, celui d’un bassin où
nageraient des poissons plus merveilleux les uns que les autres et où
viendraient boire les oiseaux…
Il
souriait, s’imaginant se promener dans ce parc enchanteur et changeant sans
cesse la disposition des plans pour atteindre la perfection.
Mais
pendant qu’il rêvait, pendant qu’il faisait et défaisait ses plans, les ronces,
toujours promptes à envahir les espaces abandonnés, proliférèrent tant et tant
qu’on ne vit plus un seul espace de terre vierge.
Un
jour, en sortant de son rêve, car il faut bien que les rêves aient une fin, le
jardinier découvrit son jardin mangé par les ronces et les mauvaises herbes.
Éploré
devant un tel malheur, il se mit à gémir, il avait fait tout ce travail pour
rien, pour avoir pire qu’avant. Il avait détruit un beau jardin et l’avait offert
en cadeau aux ronces.
Alors
il se mit à le regretter son vieux jardin imparfait. S’il n’avait pas été pris
de cette folie de détruire, il aurait pu maintenant se reposer à l’ombre des
forsythias, il aurait pu écouter chanter les oiseaux dans un décor enchanteur
et profiter de ce lieu pour y reposer sa vieillesse… Car il avait beaucoup
vieilli. Les rêves, ça prend du temps si l’on n’y prend garde.
Ses
larmes se mirent à couler, à couler et plus elles coulaient, plus son vieux
jardin lui paraissait plus beau et plus il en avait de regret. Il fut pris de
désespoir devant tant de beautés perdues, ses larmes nourrissaient ses larmes,
elles étaient intarissables. Elles ruisselaient sur la terre et plus elles
ruisselaient plus le roncier assoiffé proliférait. L’espace qu’il occupait
devint impraticable, c’était une forêt plus impénétrable que celle qui
entourait le château de la Belle au bois dormant.
De
ruisseau, ses larmes devinrent un fleuve, le fleuve à son tour devint une mer,
une mer salée comme les larmes et le jardinier désespéré, affaibli, un soir de
pleine lune, fut emporté par une vague.
Jamais
personne ne le revit, il s’était sans doute noyé dans son chagrin.
Voilà
pourquoi, quand on raconte son histoire, comme je vous la raconte maintenant, à
la veillée, à l’heure où les ombres dansent menaçantes sur les murs, on
conseille à ceux qui écoutent et qui rêvent de toujours garder un œil ouvert.
Le jardin des fées, n'en doutons pas : celui de l'Herbier.
Quelle chance tout de même de vous avoir comme brins dans ce grand livre un peu foufou, un peu à l'Ouest -surtout lorsqu'il n'y a rien de nouveau- et que dans les commentaires poussent des herbes sauvages qui se glissent dans l'instant sans rien attendre d'autre que de pousser et de partager leur parfum.
Aujourd'hui, n'en déplaise à sa modestie, je vous livre les pétales d'ABC et sur une autre page, un dessin de mon cru pour le livrer à la voracité de vos mots.
Les herbes soient avec vous cet été, pour des propositions fofolles et sans réel calendrier.
Oups !
J'ai tellement de projets dans la têtes que je ne fais plus qu'une avec l'ordinateur, mais je garde un doigt sur l'herbier, j'y tiens.
Allez, je vous raconterai bientôt, d'autres voiles se lèveront.
Mon jardin fou d'herbes folles
Les herbes poussent au rythme des saisons
l'été les ralentit
la poésie s'exalte des parfums du jour
le bien-être s’accommode des circonstances
Paris est loin, Paris est proche
apprivoisée par un nid de verdure
Paris m'est devenu un îlot de passage
Inspiration, expiration, respiration
tous sens ouverts sur la vie
m'abreuvant petit à petit
des dons de la nature
enrichissant les cadeaux culturels
que Paris a pu m'offrir
Modeste brin d'herbier
je goutte au fil des semaines
au plaisir du partage poétique
quand et comme il se présente
Attrapées par distraction, la voix de Guillaume
Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal"*,
celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre
de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses
autotamponneuses"
Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à
ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes
aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice.
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre
heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de
bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses
bals du Trocadéro, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la
grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années
1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures
romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon
père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien
tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses
cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...
Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand
livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Pour "sauver le temps, le mien, celui des
autres" (Annie Ernaux dans l'entretien en lien à l'INA)
Oh la! la! Ce qu’il fait chaud!
Où est-il passé? Je meurs de soif! Il en avait soi-disant pour une grosse
minute… gros soupir… Tiens, elle est là celle-là? Vraiment, on accepte
n’importe qui dans ce bal.
«Oh, bonjour Mlle Germaine, je ne
vous avais pas vue. (tu parles!) Il faut dire qu’avec tout ce monde n’est-ce pas…
Vous êtes très en beauté ce soir (on dirait un gros sac rose et vert. Beurk!).
Vous êtes venue avec votre frère? (qui est bête à manger du foin soit dit en
passant) très bien, très bien. Moi? Oh non, je ne suis pas seule. Jean-Charles
de Méricourt est mon cavalier. Il est allé chercher de quoi nous rafraîchir.
Oui, merci. Très aimable. Bonne soirée à vous également… »
Ouf! Bon débarras. Quel pot de
colle! … gros soupir exaspéré… Cette chaleur va me liquéfier. Je n’en peux
plus. Mais où est-il donc passé? Et ces gants qui n’arrangent rien. C’est
peut-être le signe que l’on est une dame de qualité mais question confort, tu
repasseras. Voilà l ’orchestre qui joue notre valse à présent. C’est
insupportable à la fin! Ai-je une tête à tenir la chandelle? Ah, il va
m'entendre. Doux Jésus, le vicomte de Trinqueville. Pourvu qu’il ne me voit
pas… Aïe! aïe, il va se retourner... .
« Chérie, navrée pour le retard
mais il y avait foule au buffet. Voici votre limonade bien fraîche. Vous ne
m’en voulez pas trop?»
« Mais pas du tout
Jean-Charles. On ne s’ennuie pas une seconde. ( grrrrr) Ce bal est fort
divertissant. ( mis à part les parvenus et autres vieux fossiles)»
« Vous êtes un amour ma très
tendre. Venez, je crois que c’est notre valse…»
Des roses blanches pour un regard noir et l'éventail déplie les songes Tristesse ou mélancolie les fragments solitaires se noient dans la musique du bal
Voici la page 66,
poésies et méditations philosophiques, de quoi nourrir et questionner. Une page
profonde. Merci pour tous ces mots posés sur mon dessin.
Pardon si je ne passe pas
systématiquement vous rendre visite à chaque parution, je tente de le faire,
même en étant très (très) en retard.
Encore merci de
votre fidélité.Adamante
Une autre communauté que j'aime beaucoup, vous connaissez
sans doute
Tous ces reflets de femmes, au regard
d’infini, regard perdu sur l’impermanence, sont le reflet de la Déesse mère, le
grand reflet primordial, yin absolu. Le vide noir, prolifique qui contient et
exprime les mystères en formes rouge sang pour que soit le mouvement ascendant,
la vie.
Regards insondables sur la vanité des
sociétés humaines. Pas de larmes, ni de cris, juste la certitude qu’au final le
monde retourne à la grand matrice, à la puissance de cette force que l’on ne
peut toucher que par le lâcher prise et l’ouverture du cœur.
Les femmes, qu’elles soient femmes fleurs,
papillons de jour, quand on les emprisonne en cages dorées, réservées aux
choses savantes de l’amour par des dignitaires raffinés, des mille et une nuits
ou des pavillons chinois ;
Qu’elles soient égéries parfaites des gammes
de parfum, des gemmes de la pub ou reines dans le secteur cuisine ou couches-culottes ;
Qu’elles soient femmes papillons de nuit, noircies
de voiles impudiques pour museler la joie et l’harmonie des formes et que l’on
croise depuis peu, cachées dès l’âge nubile, au hasard des grandes surfaces; au bout du chemin la mort par la
négation de la Déesse, négation de la capacité d’être. La mort infligée par la
honte, la culpabilité et le bannissement des libertés, femmes, interdites.
P.S. Selon certaines études menées
sur le placenta, il semblerait que ce soit l’homme qui soit né avec quelque chose en moins…« Ô ! vade retro satanas ! »
Le coin des retardataires :
De chrysalide
elle est devenue papillon
elle est si belle
jeune
radieuse
Elles sont là, tout autour
curieuses
pas envieuses
elles savent qu’un jour
ce sera leur tour
elles ont envie de lui crier
fais attention
car elles ont vu l’ogre
celui qui guette dans l’ombre
toute fille fleur
pour la dévorer
pourtant
quand à leur tour
elles seront devenues filles fleurs
elles auront tout oublié
elles aussi se laisseront piéger
peut-être dévorer