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jeudi 31 janvier 2019

La page 134, à profusion

acrylique encre de chine pastel sur Canson 80/100cm- Jamadrou -



Propofusion...

Il faut de tout pour faire ce monde
Alors ce monde est fait de tout...

 Anne a enfin vu venir
Grâce à Alice,

Du gnome à bulles 
Des fantômes sans château,
En errance,
   De l'aigle qui fuse
 De la chenille poisson
De la chèvre ours aux bois
De la mousse vert citron
(Ne pas y presser le pas !)
Sur un tronc désenchanté
De l'alouette au chant
 De l'essaim d'abeilles
Au dessein de miel,
Un « bénitier » armé de dents...

Monde des merveilles, monde étrange
Aux mille et un aspects, tels les contes...

Blanche reste la neige
Bleue est la barbe
Verte est la souris
Les enfants sont couleur d'or
Rouge est le petit chaperon
Le nain est jaune
Et botté reste le chat...











Contraste sur l'écran blanc de neige qui éclaire la nuit de flocons. Vais-je m'endormir doucement en ces soirées douces-amères ? Où se protègent les mésanges bleues picorant dans l'herbe mouillée ces jours derniers ?
Tant d'effervescence
dans le silence de la nuit
anime les rêves
Les sons ont déserté la neige muette. Dans ma tête se bousculent tant de propos lus, et mes dix mille mots de douceur que je prononce en silence et en vain dans la certitude de ne pas être entendue.
Propos en fusion
dans l'ardente incandescence
de mon impuissance
Mon téléphone éteint, je n'ai pas vérifié les derniers sms. J'éteins la lumière et m'abandonne à Morphée. La radio en sourdine n'émet rien, enraillée sans doute par le froid, son ronron ne me bercera pas pour m'endormir. Mon esprit vide glisse doucement dans un autre monde.
Tout un peuple imaginaire
convoque la nuit des temps.



Illustration musicale en hommage à Michel Legrand qui en a écrit la musique et poussé Claude Nougaro à chanter lui-même.
Une archive que l'INA a mis en avant à l'annonce de la mort du musicien.










Poisson :

Que dire d’un poisson nageant au cœur de la vie,
Son aquarium accumulant reliques et souvenirs,
Comme une mémoire se déversant au bord d’une fontaine.

Voyages, rencontres, racines et bulles personnelles
En brasse coulée, planche et papillon, il trace sa route.
Comme fœtus avant de naître, il flotte entre deux eaux.

La flute donne le la, la lune s’emméduse, l’ourson boit la tasse.
Quand le merle chante, l’avion passe le mur du son.
Le panneau de Sonne-Pinson s’efface sous quelques giboulées.

Poisson, quand tombe le soir, contemple les années qui passent
Son bocal rempli des couleurs marines lui rappelle qu’un jour,
Au bord de la noyade, il ancra son navire sur une dune engloutie.














Borborythmes


Dans le sillage d'Atalante
On traversse des tentures indigo
Où des poissons-vibrato
Snobent des raies colorato
S'approche un petit gnome rubicond
Qui cherche sa baguette
On croise des clarinettes mille-pattes
Et d'astucieuses méduses qui vocalisent
Les beaux oiseaux de bel canto
Un supersonique qui laisse sa trâce
Hoquetant des arpèges...
Les balises Argos
Savent où l'on doit stationner
Pour reprendre son souffle
Avant d'entamer un concert
Aussi mirifique
Qu'impromptu









 Par Jamadrou, deux textes. Un qu'elle avait écrit avant la proposition et un à sa suite. 


 1.   

Il y a bien du rouge du vert et du bleu nuit, des couleurs qui coulent et des couleurs qui crient des couleurs qui toussent poussent moussent mouchent et une petite touche de jaune comme une lumière au loin.
Quand arrive la nuit sur la pelouse bleu nuit de mon syndrome bronchitique tic tac tic tac le temps s’étire il est interdit d’interdire pourtant une pancarte indique : «interdit de s’allonger» et moi qui aimerais tant dormir! Vous me croyez seule sur ma pelouse bleu nuit? Oh non je ne suis pas seule il y a bien:
-une locomotive qui me suit
-un vieux tacot qui a du mal à démarrer
-des pas sur des herbes en automne ça sonne sec et cassant
-un caillou lancé contre un paravent métallique
-un avion tournant et son bruit assommant
-un oiseau siffleur qui prend la relève
-au loin une vache meugle sa solitude
-j’entends aussi le grand vent du Nord
-un bébé qui pleure
-un ressort qui s’étire
-des portes qui grincent
-un feu qui fait claquer ses langues de flamme
-arrive alors un peu de calme avec juste des bavardages tamisés au loin qui brouillent les pistes
-runes runes runes
-c’est alors qu’un plancher se met à craquer et fait fuir le sommeil
-la pancarte rigole
-pas besoin de dresser de procès verbal le verbiage je connais j’ai compris
-il ne me reste plus qu’à m’asseoir dos au mur et à me faire mon cinéma de plein-air plein poumon pleine nature peinturlure. 















 2.   

Je regarde maintenant ce tableau, il est à jamais associé à mes maux
S’il arrivait qu’un jour il ait la cotte 
En grimpant cette côte j’aurais la vraie valeur de mon souffle époumoné  et la température véritable de mon corps. Le bronchitique deviendrait alors artiste trébuchant et quand des cliquetis pas trébuchants du tout circuleraient, tu entendras peut-être la sonate d’une réponse sur la valeur du tableau donc du peintre.











Derrière la vapeur des rideaux, l'enfant se laisse glisser sur le fil d'un rêve.
L'air, l'eau
Entre les deux
Son monde à lui
L'enfant ne sait pas, alors il s'invente un conte fabuleux. Celui où l'oiseau violine taquine Capucine à coups de rimes en ine.
Au soleil vanille
Le temps n'est plus
Que fantaisie
L'enfant joue et compose l'éternité bleue souriante et caressante. Un poisson rouge bulle son rire clair vers l'avion  réglisse.
De la  nuit chocolat
L'étoile fraise
Mouline des bras
L'enfant tresse ses mots naïfs à la queue arc en ciel d'un scoubidou.
A propofusion
Joujoux et roudoudous
Courtisent le songe













Sur le quai de la gare 
la lumineuse Dame au manteau bleu
une valise à la main
attend
Elle confie à l'oiseau ses secrets dans un murmure
Voyez comme les mots s’échappent de sa tête
puis se déposent sur le triste mur gris
Et l'oiseau siffle le mystère de la vie
Les flammes n'effraient pas la vache qui s'approche pour souffler dans le didgeridoo une musique incantatoire
Ces chants sauront-ils apaiser l'ourson égaré

  Mille petits fantômes affolé par un avion
s’éparpillent dans le ciel nocturne
 ne comprenant pas  pourquoi sur le panneau il est écrit
"interdit de s'allonger"





















Dessine-moi une rose


L’indéfini fait de nouveau se mêler le haut et le bas
Ciel et terre, embrassés, jouent de l’illusion
L’avion de Saint Ex. s’abîme au fond des eaux
Ainsi naissent les légendes
Le petit prince déboussolé s’incline vers un phoque :
- « Dis, dessine-moi une rose ! »
Le renard dépité, glougloutant, s’agrippe à un mur
Vestige d’une ville tentaculaire engloutie
Ne pas sombrer surtout, tenter de regagner la surface
Ne pas finir noyé d’eau et de chagrin
Comme cette pauvre Mélusine
Maudite une seconde fois
Vaincue par la pression des eaux primordiales
Trahie par les sources, les rivières…
Sous le regard compatissant de Nout,
Déesse du ciel apparue là sous sa forme de vache sacrée,
Elle glisse doucement vers le fond de la mer
Comme on s’abandonne aux bras de l’amour
Retour à la maison
Atlantes, Atlantide, Atlantis…
Flot hypnotique des mots qui tournent dans sa tête jusqu’à l’extinction
Le silence

Demain
Comme chaque matin
Le soleil, enfanté par Nout, renaîtra en fin de sa course nocturne
Râ, la bouche, porteur de la puissance deviendra Rê, le feu du verbe,
Vainqueur momentané d’Apophis, le serpent d’eau,
Un, enfin réunifié
Le monde resplendira de sa lumière

Demain
Comme chaque soir
Nout avalera Rê, 
Râ reprendra son combat contre les ténèbres

Demain
Tout sera oublié
Tout sera à recommencer.

Un jour efface l’autre
Course immuable de la roue des transformations
Sans cesse, le phénix meurt et renaît de ses cendres
Et tout est vanité qui ne se situe pas au centre
Où seule l’immobilité vibratoire est pérenne.




16 commentaires:

  1. De superbes brins sur le monde de jamadrou, un jour de peinture en liberté, bravo à chaque plume, et, au plaisir Adamante, JB

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    1. Eh bien, à vendredi prochain alors ! Bises JB

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    2. Et oui, il faut de tout pour faire ce monde et ce monde est fait de tout. Mais je continuerai chez toi.

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  2. Des textes aux magnifiques Propofusions et aux personnages foisonnants sortant de nulle part pour un ailleurs onirique légendaire enraciné dans notre imaginaire.

    Merci à vous brins de l’Herbier, vous avez, de si belle façon, magnifié ma peinture
    veuillez accepter ma gratitude.

    Oui, vraiment merci.

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    1. Une belle réalisation. Comment ne pas penser à Prévert quand le petit train accroche le regard ? Mais ... aurais-tu quelque ... Pro pension aux espèces sonnantes et trébuchantes ? ça peut servir quand il faut se soigner !!!

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    2. Nous en attendons d'autres, Jama. Un jour sans doute croquerons-nous la pomme de cette déesse qui a suscité déjà pas mal de discussion sur fb de l'herbier.

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  3. Bonjour Adamante,

    j'ai pris un très grand plaisir à découvrir les participations inspirées par cette toile pleine de fantaisie de Jamadrou
    je dois filer pour faire des courses. Je reviendrai plus tard sur les différentes pages des brins d'Herbier
    Encore bravo !
    :)

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    1. Merci de ta participation, Martine. Des roudoudous ! si tu nous prends par les sentiments nous allons être gâtés. Les rêves des enfants créent une réalité qui enchante celle des adultes, ou du moins le devrait-elle. Et là -pardon, je reprends une expression que j'utilise peu- ça le fait ! Encore merci.

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  4. Merci Adamante d'avoir choisi ce tableau de Jamadrou pour une page de l'herbier

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    1. Il aurait été dommage de ne pas le proposer tant la page est riche. Merci à toi pour cette Dame bleue, le chant de cet oiseau et cette musique du buch Australien.

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  5. Une très belle page à lire et relire juste pour le plaisir de se laisser bercer par nos imaginaires...

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    1. Amusant que tu voies une flûte donnant le La, là ou à priori, je vois un train !!!!

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    2. C'est le regard qui crée le Tableau, n'est-il pas ? Je vais finir par en être convaincue ! BRAVO !

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    3. Coucou Françoise et Annick, Moi, au lieu de cette flûte et de ce train, je vois un totem. Comme quoi, en effet, le regard fait le tableau, signe aussi que le tableau est réussi.

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  6. Je m'attendais à une très belle page... je ne suis pas déçue.
    Un grand merci à toutes et un merci particulier à toi pour avoir proposé ce sujet et en avoir réuni les participations.
    Passe une douce soirée.

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    1. Ah, Quichottine, ta visite est toujours un enchantement pour nous. C'est vrai que le tableau de Jamadrou a laissé fleurir une imagination sans limite, pour notre plus grande joie.

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante