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mercredi 5 juin 2019

Pour vous



Une petite création, pour vous.


Voici une petite création pour me faire pardonner mon absence, si c'est encore possible.

Vous pouvez la mettre en mots si cela vous tente. J'essaie d'atterrir mais cette fin d'année scolaire est très très très chargée. Vivement les vacances !!!
Amitiés à vous tous.
Adamante 




vendredi 24 mai 2019

Page 144

Une pensée particulière à notre amie Jill Bill, actuellement hospitalisée. 
Un gros bouquet de marguerites pour toi JB. Et nos meilleures pensées. 
                    Reviens-nous vite en pleine forme.


Photo Marine D



Cache-cache boutons d’or
au jardin des herbes folles –
vague à cœurs ouverts

Folies printanières au pré : tandis que minaudent mesdemoiselles marguerites sous la tendre caresse du vent, quelques jeunes boutons d’or profitent de la récréation.

Sortir du lot
sur la pointe de sa tige -
amour fou

L’une d’elle dresse la tête. Pourquoi n’être pas née reine, parmi cette cour de jeunes courtisanes ? Elle rêve d’un cœur immaculé et de pétales jaunes pour éblouir le doux Zéphyr, voyageur solitaire, qui, pour le plaisir de voir valser les champs, les câline de sa brise légère.

Être née Marguerite
au pays des près fleuris -
ego bâillonné









MILLE MARGUERITES (à Nilda Fernandez)



Enfant, je te montrerai les mille marguerites qui dansent au pré voisin, elles abritent des fourmis, des grillons, l'écureuil qui fouine, l'abeille courageuse, 
les futurs nids et les nouveaux, le bouton d'or et le trèfle odorant...


Nous verrons le lièvre
bondir entre les herbes
dans la rosée


Nous monterons sur la butte nous asseoir sur le vieux banc bien caché sous le cerisier et la glycine, à l'abri des regards,
 il abritera tes rires et le chat siamois, nous rejoindra



Se lèvera
un vent venu de l'ouest
frisant tes boucles
léger comme une plume
au parfum d'acacia



Il ne reste que des images de la vie, de l'avant, des tendresses et des jeux, le temps a subi les tempêtes,
les musiques restent, il y aura de nouveaux printemps, d'autres marguerites, il le faudra, d'autres enfants, d'autres vies...



Enfant souviens-toi
que la fleur de l'amour
repousse toujours
  


                                                               marine Dussarrat
                                                           


Nilda Fernandez Comprends-tu




Le temps des marguerites


Vous en ai-je déjà fait la confidence ? Mon père était casanier à un point que vous n'imaginez pas. L'hiver, il avait tant roulé sur de mauvaises routes par tous les temps et quelquefois en pleine nuit pour aller réparer les lignes électriques. Et dès la fin du printemps les jardins méritaient toute son attention. C'était l'époque des récoltes, des mises en bocaux à stériliser et des confitures. Alors quand il se décidait, c'était souvent impromptu et il fallait être prêt à partir dans l'heure.
Seulement voilà, c'était une belle journée de mai du début des années 1960, le moment des plus belles marguerites. Et j'étais introuvable.
C'était aussi un jour de fin du monde annoncé, relayé pendant les jours précédents à la radio, l'une de ces dates qui devaient correspondre à une prédiction de Nostradamus. C'est du moins ce que j'entendais de plus audible du discours de la TSF, bien plus discrète sur les risques atomiques, sur fond de guerre froide et d'essais nucléaires atmosphériques dans les déserts du Nevada et du Sahara ou les steppes de l'Asie centrale.
Je n'étais pas encore sortie de l'enfance et les nuances entre allégorie, parabole et simple métaphore étaient hors de ma compréhension.
Autant pour échapper à des discussions philosophiques aussi déprimantes que passionnantes que pour tromper mon angoisse existentielle, j'avais marché  jusqu'au calvaire des Gaillons à la quête d'une réponse improbable. L'heure fatidique de 13h13 n'avait conduit à aucun événement dans un ciel limpide et j'avais cueilli une pleine brassée de fleurs de talus sur le chemin du retour.
Je vous fait grâce du sermon de mon père et des reproches inquiets de ma mère. Inutile aussi de préciser que j'avais tu le mobile de mon absence, cette superstition ridicule, et ma honte d'y avoir cru.
L'après-midi nous laissait le temps de mettre le projet d'escapade à exécution et ce fut finalement une merveilleuse fin de semaine, à peine gâchée par les interminables bouchons du retour, nos routes de traverse faisant alors office d'itinéraires bis pour ceux qui regagnaient la grand' ville.








Ainsi sera, car je le rêve


Mille éclats de blanc criblent le gris du ciel des dérives humaines. L’amnésie des racines fait la folie du monde. Les racines… Entend-tu leurs murmures ?

Elles sont là, en vert
fleurs offertes au printemps
poudrées de pollens

La courbe d’une herbe, l’épi qui balance son rêve d’or vers le sol, dans un bourdonnement d’abeilles, me troublent jusqu’à me faire oublier tout ce qui n’est pas vert. Et je perçois le vent qui caresse ce trouble et me ramène aux origines.

Plus rien n’existe
ma vie est en osmose
avec l’oubli

Plus de radeau de la méduse, plus de chairs décomposées, plus de damnés en devenir, juste un carré de liberté là, devant moi, sous le soleil. Simplicité de l’accueil de ce qui s’offre sans rien attendre, et me comble.

Du blanc, du jaune, de l’or
l’amour des herbes folles
dissout l’angoisse

demain sera rayonnant
c’est ainsi, car je le veux. 





mardi 21 mai 2019

pour la page 144


Une image dont nous avons besoin pour rêver un peu. Merci, Marine.
On rêve ne haïbun, en prose, en liberté.


Marine D

Souvenir 3 et un peu plus


J'ai tardé à mettre cette page en ligne,
J'ai tardé à proposer une image,
J'ai tardé
Tardé
Je tarde
Pourtant je ne vous oublie pas. 
Nous avons tissé des liens très forts
pour preuve ces mots de Jeanne Fadosi
Ils m'ont touchée
 Ils proposent un voyage souvenir sur la douceur des pleurs nées de l'amour.
Voici donc cette page ouverte sur le grand livre du cœur 
et celui de l'Herbier.



"Les mots me manquent pour accompagner mon texte. Ma page 141 avait été rédigée et envoyée la veille d'un terrible coup de fil m'apprenant la mort subite d'une petite nièce qui venait tout juste d'avoir 33 ans. Quand vendredi matin je suis retournée sur mon écran d'ordinateur pour m'aérer un peu l'esprit, j'y ai trouvé la page Souvenirs, souvenirs et la page 140 bis avec ta proposition.
L'occasion pour moi de visiter les images du tout début. 
J'ai fait un arrêt sur image dès la troisième.
Et les mots sont venus, pêle-mêle, j'ai réarrangé, épuré, cherché le mot audible.
Alors je demande indulgence si mes écrits du moments sont pesants. Il me faudra un peu de temps pour leur redonner du sourire."
Amicalement"

ps Je pense la publier dans la journée parce que il y a deux semaines tout juste, sa maman et sa famille et nous, l'accompagnions dans ce pays inconnu qu'on appelle la mort
pour rappel lien vers mon blog (je crois l'avoir oublié dans le document)
https://fadosicontinue.blogspot.com/




©DUC



Un aller simple
pour une éternité floue
c'est de son âge
  
Un aller simple 
d'un corps à tête chenue 
Même si c'est dommage
  
Pour un dernier voyage 
faut-il être sage ? 

Un aller simple 
au tiers-temps d'une vie 
c'est cruel
  
Un aller simple 
abandonnée à la détresse 
indicible

Pour un voyage prématuré
Crier, pleurer, insoumise 
à l'injustice.
  
©Jeanne Fadosi, vendredi 26 avril 2019
Pour Maëlis, 33 ans







vendredi 10 mai 2019

Page 143 communiqué



Des difficultés avec l'opérateur free font que certains e-mails n'arrivent pas ou très en retard. 
La page 143 qui vient de paraître comporte de nouveaux textes, je vous invite à les découvrir.


La page 143



Photo du lac Daumesnil -Adamante-




Illusions

Larmes d’en-haut
repeignant la chaussée
d’un miroir magique

En vue aérienne
des ailes d’un oiseau
évitant la glissade
sur un étang d’illusions

Le ciel ouvre les yeux
clin d’œil météo
sur son œuvre du jour







Un soir


Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En proie
Aux idées sombres
Vague à l'âme
Le regard flou dans l'eau
Envie de sombrer
Dans le néant,
Plouf et adieu...
  
Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En mal de coeur
A corps perdu
Qui divague
Le regard trouble dans la Seine
Envie de me saborder,
Plouf et à dieu...

Tel un mathurin
qu'une sirène attire
Et disparaître

Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En proie
Aux idées sombres
Pleine de remous
Grisée de chagrin
Le regard trouble sur l'onde,
Pas d'âme qui vive
Pour me repêcher...

Trouer l'eau d'argent
un soir au clair de lune
Et faire des bulles


 ©jill bill









Les Moires

Il est des matins étranges où les idées se confondent

La Dame du lac
en sa robe de moire
- Aurore*

Le promeneur attiré par l’eau se repose
 Face au miroir du ciel il s'admire

Sur la rive
Narcisse face à son destin*
hésite

Le soir approche
Près de l'eau pousse une plante aux baies attirantes

Dans la clairière
le sombre et profond regard 
de la belladone*

                                                                                                (*Clotho, Lachésis, Atropos)








Eau trouble


Elle a voulu parler
Elle a murmuré, clapoté
L'eau mouvante du port
Elle a psalmodié
Sur un air de Bossa Nova
Les dessus, les dessous
Soyeux et irisés
Sur son flot, sous sa robe
Soûlée de ses balancements
Habitée par une multitude grouillante
Ces poissons que l'on ne voit jamais
Elle renferme le secret des pirates
Enfouis dans les galions échoués
Faut-il le dire ?
Aujourd'hui
Elle brasse le mazout et les plastiques.

Elle raconte à ceux qui veulent l'entendre
La vie des marins, des plongeurs
Les routes vers des peuples lointains
Savez-vous qu'elle peut un jour gronder et s'enfler
Et engloutir en quelques minutes
Comme une bête fauve
Tant et tant de vies !


©Marine Dussarrat








Une page où flottent des lettres
noires bleues blanches
les mots ne sont pas loin
hasard
l'onde écrit ses variations
musique des mots
musique de l'eau
blizzard
apportés par le souffle
une gigue une pavane
une ode une cantate
en vers et contre no
tard
au théâtre de la vie
la phrase est reine
les mots effacent les maux
étendard
la phrase flotte
la phrase nage
sur la page elle libère
Regard

apportées par le souffle
une gigue une pavane
une ode une cantate
en vers et conte no
buvard

© jamadrou







L'eau raconte … Narcisse

L'eau raconte une autre légende de Narcisse

Narcisse contemplait l'eau noirâtre où ne respiraient même plus les bulles d'air des poissons éclatant à la surface. Il songeait à toute cette vie racontée par son grand-père, déjà moins par son père. Il cherchait, cherchait dans ses rides le reflet des cimes aux neige éternelles et des grands chênes à l'assaut des flancs. On lui avait dit qu'autrefois l'eau était si pure qu'on pouvait y apercevoir son propre visage dans l'écrin d'un paysage inversé.

Narcisse cherchait quelle image associer au mot paysage.

Comment croire en cette beauté idéalisée ? Même les miroirs étaient brisés.

Narcisse cherchait quelle image associer au mot visage.
Il s'entêtait, scrutait jusqu'à s'abîmer les yeux. La rumeur d'une foule s'insinuait :

"C'est la faute à Cassandre, la faute à Cassandre ..."

Une foule incontrôlée, incontrôlable. Une pierre, dix pierres ...

"Et toi, papa dis, tu as lancé des pierres ?
- Non. Enfin, je ne crois pas. Je n'aime pas me souvenir.
- Mais tu n'as rien empêché ?
- ..."

Narcisse quêtait l'ombre d'un regret sur la mémoire du visage du père. Juste l'imaginer. Mais non. Même son imaginaire se dérobait.

Il n'a rien fait. Ils n'ont rien empêché.

Là-bas, au milieu des serpents d'écume, n'était-ce pas les yeux noirs de la Terre-Colère ?

La rive est vide. Des cercles dans l'eau un instant troublée viennent s'échouer sur le sol nu.

C'est la faute à Cassandre,
la faute à Cassandre,
à Cassandre.



bonus musical
Henri Des, L'eau c'est de l'or






















Un cheval s’est noyé


Sous le ciel déprimé d’un printemps trop frileux, un lac convulse entre ombre et soleil. Bouche béante, en un dernier cri torturé de silence, un cheval s’est noyé, comme se noie l’espoir des cœurs fermés.

Un hennissement
ultime sursaut de vie
-voracité humide

Des branches esseulées ondoient entre deux eaux. Le souvenir de l’ether lutte contre le poids, mais demain sera vase. À peine quelques bulles crevant à la surface l’instant d’avant l’oubli.

Abandon de l’air
des plumes aux nageoires
l’ultime porte

chemin de transformation
la forme est illusoire.





Tout en bas de la page





mardi 7 mai 2019

Souvenir, souvenir 2



Image Adamante



"Le visiteur du soir"


Le visiteur du soir a frappé à ma porte.
Tout encapuchonné, et, sous sa barbe noire
un sourire étonné.
Il m'a tendu la lanterne qu'il portait très haut...

"Tiens ! Tu dois me remplacer, car je n'ai plus la force !

- La force ?

Mais que dois-je faire ?"

Avais-je murmuré ou crié ?
Je ne sais.
La lumière vacillait et le visiteur avait disparu dans la brume qui montait.
J'ai mis la houppelande qu'il avait oubliée, caché un peu de mon visage dans une grande écharpe noire et je suis sortie dans la rue.
J'étais une ombre parmi d'autres, mais, très haut, le plus haut que je pouvais, je brandissais ce qu'il restait de lumière.

Il faisait froid, très froid...
Je me suis réveillée.






À la lanterne de son silence
Elle marche seule
Dans la nuit noire
De ses désespérances
Allumons la lumière

ABC




À la nuit, à la nuit
Lorsque tout dort dans les chaumières
Que les chats grimpent aux gouttières
Poil hirsute, œil de chasseur.

À la nuit, à la nuit
Lorsque nos rêves se déguisent
Que les heures coulent sans courage
Masques blafards, hantises amères.

À la nuit, à la nuit
Spectre éploré cherche Dame Blanche
Lumière confuse à sa lanterne
Phantasme bleu, sourire granit.

À la nuit, à la nuit
Les mots se désagrègent
Sur les chemins abandonnés
Confettis hâves, fumet terreux...






Toute grimée...
le regard s'habitue, et me voici
dans une imagination débordante, transformée
en un couple venant d'ailleurs.
La petite, en femme grillagée
marchant derrière son imam barbu...

Jeanne Parisel 
(le lien google+ n'est plus valable, si vous en connaissez un autre n'hésitez pas à me le transmettre. Merci)






Image Marine D







Sur le lac du temps immobile
le regard flotte,
vide de pensées,
cœur lourd
d'une attente en territoire inconnu
entre ici et ailleurs
ici et nulle part.

Entre espoir et abandon,
au bord du désespoir.

Sur le lac du temps immobile,
la vie suspendue
à l'inattendu.






Sur le lac d'argent
La nuit
                       approche
Flottent et s'étiolent
Les angoisses
                       les envies

La complainte
                          d'un violon
Clame l'amour perdu
L'absence

Indifférente
                           la vie passe
Tout se tait à la fin


Toujours tu me manqueras
Toujours je t'attendrai
Mon petit farfadet





Elle

ELLE semble si docile
Apaisée
Attentive
à la plaine argentée étendue à ses pieds.
Son échine est offerte
aux caresses des nuages
au bruissement des vents
aux regards envieux grimpant jusqu'à ses cimes.
Et nous marchons encore
dans ce silence blanc
aux vastes solitudes
l'esprit nu et fiévreux
à la conquête de la grâce.