Photo du lac Daumesnil -Adamante- |
Illusions
Larmes d’en-haut
repeignant la chaussée
d’un miroir magique
En vue aérienne
des ailes d’un oiseau
évitant la glissade
sur un étang d’illusions
Le ciel ouvre les yeux
clin d’œil météo
sur son œuvre du jour
Un soir
Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En proie
Aux idées sombres
Vague à l'âme
Le regard flou dans l'eau
Envie de sombrer
Dans le néant,
Plouf et adieu...
Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En mal de coeur
A corps perdu
Qui divague
Le regard trouble dans la Seine
Envie de me saborder,
Plouf et à dieu...
Tel un mathurin
qu'une sirène attire
Et disparaître
Un soir, du haut d'un pont
Un soir de grand cafard
En proie
Aux idées sombres
Pleine de remous
Grisée de chagrin
Le regard trouble sur l'onde,
Pas d'âme qui vive
Pour me repêcher...
Trouer l'eau d'argent
un soir au clair de lune
Et faire des bulles
©jill bill
Les Moires
Il est des matins étranges où les idées se confondent
La Dame du lac
en sa robe de moire
- Aurore*
Le promeneur attiré par l’eau se repose
Face au miroir du ciel il s'admire
Sur la rive
Narcisse face à son destin*
hésite
Le soir approche
Près de l'eau pousse une plante aux baies attirantes
Dans la clairière
le sombre et profond regard
de la belladone*
(*Clotho, Lachésis, Atropos)
Eau trouble
Elle a voulu parler
Elle a murmuré, clapoté
L'eau mouvante du port
Elle a psalmodié
Sur un air de Bossa Nova
Les dessus, les dessous
Soyeux et irisés
Sur son flot, sous sa robe
Soûlée de ses balancements
Habitée par une multitude grouillante
Ces poissons que l'on ne voit jamais
Elle renferme le secret des pirates
Enfouis dans les galions échoués
Faut-il le dire ?
Aujourd'hui
Elle brasse le mazout et les plastiques.
Elle raconte à ceux qui veulent l'entendre
La vie des marins, des plongeurs
Les routes vers des peuples lointains
Savez-vous qu'elle peut un jour gronder et s'enfler
Et engloutir en quelques minutes
Comme une bête fauve
Tant et tant de vies !
©Marine Dussarrat
Une page où flottent des lettres
noires bleues blanches
les mots ne sont pas loin
hasard
l'onde écrit ses variations
musique des mots
musique de l'eau
blizzard
apportés par le souffle
une gigue une pavane
une ode une cantate
en vers et contre no
tard
au théâtre de la vie
la phrase est reine
les mots effacent les maux
étendard
la phrase flotte
la phrase nage
sur la page elle libère
Regard
apportées par le souffle
une gigue une pavane
une ode une cantate
en vers et conte no
buvard
© jamadrou
L'eau raconte … Narcisse
L'eau raconte une autre légende de Narcisse
Narcisse contemplait l'eau noirâtre où ne respiraient même plus
les bulles d'air des poissons éclatant à la surface. Il songeait à toute cette
vie racontée par son grand-père, déjà moins par son père. Il cherchait,
cherchait dans ses rides le reflet des cimes aux neige éternelles et des grands
chênes à l'assaut des flancs. On lui avait dit qu'autrefois l'eau était si pure
qu'on pouvait y apercevoir son propre visage dans l'écrin d'un paysage inversé.
Narcisse cherchait quelle image associer au mot paysage.
Comment croire en cette beauté idéalisée ? Même les miroirs
étaient brisés.
Narcisse cherchait quelle image associer au mot visage.
Il s'entêtait, scrutait jusqu'à s'abîmer les yeux. La rumeur
d'une foule s'insinuait :
"C'est la faute à Cassandre, la faute à
Cassandre ..."
Une foule incontrôlée, incontrôlable. Une pierre, dix pierres
...
"Et toi, papa dis, tu as lancé des pierres ?
- Non. Enfin, je ne crois pas. Je n'aime pas me souvenir.
- Mais tu n'as rien empêché ?
- ..."
Narcisse quêtait l'ombre d'un regret sur la mémoire du visage du
père. Juste l'imaginer. Mais non. Même son imaginaire se dérobait.
Il n'a rien fait. Ils n'ont rien empêché.
Là-bas, au milieu des serpents d'écume, n'était-ce pas les yeux
noirs de la Terre-Colère ?
La rive est vide. Des cercles dans l'eau un instant troublée
viennent s'échouer sur le sol nu.
C'est la faute à Cassandre,
la faute à Cassandre,
à Cassandre.
bonus musical
Henri Des, L'eau c'est de l'or
Un cheval s’est noyé
Sous le ciel déprimé d’un
printemps trop frileux, un lac convulse entre ombre et soleil. Bouche béante,
en un dernier cri torturé de silence, un cheval s’est noyé, comme se noie l’espoir
des cœurs fermés.
Un hennissement
ultime sursaut de vie
-voracité humide
Des branches esseulées ondoient
entre deux eaux. Le souvenir de l’ether lutte contre le poids, mais demain sera
vase. À peine quelques bulles crevant à la surface l’instant d’avant l’oubli.
Abandon de l’air
des plumes aux nageoires
l’ultime porte
chemin de transformation
la forme est illusoire.
Tout en bas de la page
Bonsoir l'Herbier, toujours aussi riche de ses brins, bravo la compagnie, je sors un peu de ma pause, qui le reste sur mon blog, mais ici, la plume délaissée, me démange quelque peu… ,-) Merci Adamante, ah internet et ses soucis, comme dans la vie… @+ JB
RépondreSupprimerce lac bien sombre a la couleur du ciel ce matin !
RépondreSupprimerMerci pour cette page 143
Très belle page... merci pour tout.
RépondreSupprimeroui un lac sombre, et des mots d'encre qui se tricotent entre eux pour tresser une belle gerbe
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