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vendredi 24 mai 2019

Page 144

Une pensée particulière à notre amie Jill Bill, actuellement hospitalisée. 
Un gros bouquet de marguerites pour toi JB. Et nos meilleures pensées. 
                    Reviens-nous vite en pleine forme.


Photo Marine D



Cache-cache boutons d’or
au jardin des herbes folles –
vague à cœurs ouverts

Folies printanières au pré : tandis que minaudent mesdemoiselles marguerites sous la tendre caresse du vent, quelques jeunes boutons d’or profitent de la récréation.

Sortir du lot
sur la pointe de sa tige -
amour fou

L’une d’elle dresse la tête. Pourquoi n’être pas née reine, parmi cette cour de jeunes courtisanes ? Elle rêve d’un cœur immaculé et de pétales jaunes pour éblouir le doux Zéphyr, voyageur solitaire, qui, pour le plaisir de voir valser les champs, les câline de sa brise légère.

Être née Marguerite
au pays des près fleuris -
ego bâillonné









MILLE MARGUERITES (à Nilda Fernandez)



Enfant, je te montrerai les mille marguerites qui dansent au pré voisin, elles abritent des fourmis, des grillons, l'écureuil qui fouine, l'abeille courageuse, 
les futurs nids et les nouveaux, le bouton d'or et le trèfle odorant...


Nous verrons le lièvre
bondir entre les herbes
dans la rosée


Nous monterons sur la butte nous asseoir sur le vieux banc bien caché sous le cerisier et la glycine, à l'abri des regards,
 il abritera tes rires et le chat siamois, nous rejoindra



Se lèvera
un vent venu de l'ouest
frisant tes boucles
léger comme une plume
au parfum d'acacia



Il ne reste que des images de la vie, de l'avant, des tendresses et des jeux, le temps a subi les tempêtes,
les musiques restent, il y aura de nouveaux printemps, d'autres marguerites, il le faudra, d'autres enfants, d'autres vies...



Enfant souviens-toi
que la fleur de l'amour
repousse toujours
  


                                                               marine Dussarrat
                                                           


Nilda Fernandez Comprends-tu




Le temps des marguerites


Vous en ai-je déjà fait la confidence ? Mon père était casanier à un point que vous n'imaginez pas. L'hiver, il avait tant roulé sur de mauvaises routes par tous les temps et quelquefois en pleine nuit pour aller réparer les lignes électriques. Et dès la fin du printemps les jardins méritaient toute son attention. C'était l'époque des récoltes, des mises en bocaux à stériliser et des confitures. Alors quand il se décidait, c'était souvent impromptu et il fallait être prêt à partir dans l'heure.
Seulement voilà, c'était une belle journée de mai du début des années 1960, le moment des plus belles marguerites. Et j'étais introuvable.
C'était aussi un jour de fin du monde annoncé, relayé pendant les jours précédents à la radio, l'une de ces dates qui devaient correspondre à une prédiction de Nostradamus. C'est du moins ce que j'entendais de plus audible du discours de la TSF, bien plus discrète sur les risques atomiques, sur fond de guerre froide et d'essais nucléaires atmosphériques dans les déserts du Nevada et du Sahara ou les steppes de l'Asie centrale.
Je n'étais pas encore sortie de l'enfance et les nuances entre allégorie, parabole et simple métaphore étaient hors de ma compréhension.
Autant pour échapper à des discussions philosophiques aussi déprimantes que passionnantes que pour tromper mon angoisse existentielle, j'avais marché  jusqu'au calvaire des Gaillons à la quête d'une réponse improbable. L'heure fatidique de 13h13 n'avait conduit à aucun événement dans un ciel limpide et j'avais cueilli une pleine brassée de fleurs de talus sur le chemin du retour.
Je vous fait grâce du sermon de mon père et des reproches inquiets de ma mère. Inutile aussi de préciser que j'avais tu le mobile de mon absence, cette superstition ridicule, et ma honte d'y avoir cru.
L'après-midi nous laissait le temps de mettre le projet d'escapade à exécution et ce fut finalement une merveilleuse fin de semaine, à peine gâchée par les interminables bouchons du retour, nos routes de traverse faisant alors office d'itinéraires bis pour ceux qui regagnaient la grand' ville.








Ainsi sera, car je le rêve


Mille éclats de blanc criblent le gris du ciel des dérives humaines. L’amnésie des racines fait la folie du monde. Les racines… Entend-tu leurs murmures ?

Elles sont là, en vert
fleurs offertes au printemps
poudrées de pollens

La courbe d’une herbe, l’épi qui balance son rêve d’or vers le sol, dans un bourdonnement d’abeilles, me troublent jusqu’à me faire oublier tout ce qui n’est pas vert. Et je perçois le vent qui caresse ce trouble et me ramène aux origines.

Plus rien n’existe
ma vie est en osmose
avec l’oubli

Plus de radeau de la méduse, plus de chairs décomposées, plus de damnés en devenir, juste un carré de liberté là, devant moi, sous le soleil. Simplicité de l’accueil de ce qui s’offre sans rien attendre, et me comble.

Du blanc, du jaune, de l’or
l’amour des herbes folles
dissout l’angoisse

demain sera rayonnant
c’est ainsi, car je le veux. 





4 commentaires:

  1. Un souffle printanier qui nous berce de la beauté simple et pure des fleurs champêtres.

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  2. Merci à toi Adamante et merci à toutes (et tous peut-être) qui ont écrit sur ma photo, bonne journée

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  3. Ce n'est pas souvent mais aujourd'hui chez pu lire chez chacune avant de lire ici.
    Pensées pour jill...
    Bises et douce journée. Bravo encore à toutes pour ces très beaux textes proposés.

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  4. merci les brins pour cette page printanière et oui Jill tous mes vœux de bon rétablissement

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante