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mardi 9 octobre 2018

P 121 Hélianthe

photo  Marine

Tristes tournesols, automne incertain ?
 Le soleil boit à la santé d'l'été en fleurs...
Je vous remercie de vos participations. 

Adamante




Tristes tournesols,
Tu pendouilles, assoiffé,
Sous un ciel souillé !

Chevelure ébouriffée
Dans une aube délavée,
Trois de tes fleurs pointent ;

Feuilles lustrées vertes
Sur fond de buissons ternes,
Tu guettes l’ondée. 




  

La chanson de Charles...


Une deux trois abeilles mexicaines
Descendues d'leur car
Au Jardin Extraordinaire
Commandent trois Margarita
Dans un verre jaune tournesol
Assises sur vert tabouret...

A la santé d'l'été en fleurs
Hic hic hic
Ses ors qui nous tournent la tête
Ivresse à ciel ouvert
Dans ce coin de douce France,
Qu'il fait bon « Trenet » ici...

Bouquet de soleils
fait de l'oeil aux butineurs
- Tu montes chéri -

Un deux trois bourdons américains
Descendus d'leur car
S'installent bruyamment au vert...
Joue chérubin en pierre, joue sur ton luth
Au bar des insectes
La chanson de Charles...













Plus haut toujours plus haut, leurs rêves les transportent dans des conversations interminables, qu'elles échafaudent de connivence, lors d'escapades nimbées de mystère.
Secrètes
Elles « conciliabulent »
escapades blondes
élancées sur leur tige
Je les soucoupes volantes

Jusqu'au jour où, enfin, il leur semble décoller. En dignes filles d'Icare, elles s'envolent, dans un heureux tourbillon : rêve, réalité ou transport d’allégresse ?

Adieu nos sœurs
le voyage s'ouvre à nous
en lévitation

En-dessous d'elles, le jardin en extase les regarde tourbillonner. D'une saison à l'autre, l'été ouvrant la porte à l'automne, les topinambours s’interrogent. Combien de jours leur restent-t-ils pour s’illusionner avant les premières gelées ?

Dernière valse
avant leur grand sommeil

de leurs nuages
Hiver les décrochera

©ABC







Il est temps d’oublier
Soleil brûlant, mer, maillot
Dans le jardin, les soleils jaunes se font géants pour toucher le ciel

Fleurs jaunes s’étirent
En torticolis du soir
La brume est au sol

Octobre est là, le soir tombe si vite que le temps manque pour cueillir  les dernières pommes du verger.
Des pommes pommes pommes
Tarte gourmande et sur la table
Bouquet rudbeckia

Le vent agite les hautes tiges, la pluie mouille de soulagement les grandes pousses dressées vers le soleil levant dans un ultime effort pour toucher le ciel
Les arbres pleurent leurs feuilles détachées du réel
Feuilles qui volent et dansent sur les notes de la musique du vent

Tout me rappelle que l’automne s’installe confortablement.





  


Quand j'ouvre la porte le petit chat Neoù trouve refuge sous l'hélianthe qui dresse ses grandes fleurs et sous la sauge odorante, il y vit mille aventures, on perd sa trace pour un bon moment, je l’appelle, il fait le sourd, il se joue de moi...
Il est si petit, je ne peux m'empêcher de craindre qu'un prédateur vorace à l'affut n'en fasse qu'une bouchée...

Ce matin d'octobre
les fleurs jaunes ploient leur tiges
toutes en souplesse


Une averse soudaine agite le massif, vite, vite mon chaton, viens te réfugier sur tes coussins et t'accrocher aux rideaux !

 Marine DUSSARRAT           

















Hélios Anthos, Hélianthus

Dans le soir finissant, alors que la lumière irradie l’océan, je marche sur le chemin de grève. Le parfum de quelques épineux m’éveille.
Quel bonheur de vivre !

Un rien qui s’offre
avec le vent complice
et tout est parfait.

Quelques fleurs s’empourprent en cette arrière-saison. Filles naturelles du Dieu flamboyant, enfants de la Terre où elles accrochent leurs racines jusque dans les sols les plus rudes, elles tirent leurs langues d’or au ciel.

Soleils et fleurs
petits astres délicats
magnificence.


©Adamante Donsimoni
http://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/







samedi 6 octobre 2018

Proposition 121


Coucou les Brins !

En retard, encore ! 
Pour vendredi prochain à moins que vous ne préfériez le vendremardi qui me conviendrait peut-être mieux, question d'emploi du temps. Mais bon... vu ce que je demande, il serait peut être préférable de voir pour vendredi.
À vos plumes, à vos claviers, à vos délires, voici une photo de Marine. Elle m'a plu, fait rêver. Vers quels cieux guidera-t-elle les pas de votre inspiration ? 
Allez, on écrit sans filet, vers une sur-réalité sans frein (j'en connais au moins une qui déjà jubile) mais, (il en faut bien un, non ?) en haïbun (boum badaboum) ou en faisant une chanson, un tube, de l'été pour se vautrer dans l'herbe en gazouillant par exemple, bref un tube avec refrain et tout le toutim, en hommage au grand Charles Aznavour. Pour les rimes, (ben voui c't'une chanson, un tube) ainsi qu'il le conseillait, ne prenez que le dictionnaire des synonymes. Profitez-en bien, car la semaine suivante les rimes rentrent à l'écurie, plus question de les voir.
Et pour les courageux, les courageuses, les inspirés, les mordus de rhétorique, pourquoi pas un haïbun et une chanson ?

On dirait pour mardi le haïbun et pour vendredi la chanson. Veillez toutefois à m'envoyer la matière le plus vite possible, pour hier par exemple ! ;)))
Bon voyage ! 
AD 








mardi 25 septembre 2018

Pour la page 120 Non violence !




Carl Fredrik Reuterswärd, Non-Violence, 1980, bronze, Malmö © ADAGP, Paris, 2018, photo : François Polito


"New York, le 8 décembre 1980 : le chanteur John Lennon, ex-membre du mythique groupe The Beatles, vient d'être assassiné. L'arme du crime ? Un revolver.

Alors que le monde pleure la disparition de l'icône, c'est cette même arme à feu que l'artiste suédois Reuterswärd immortalise sous la forme d’une grande statue de bronze. N’est-ce pas un peu déplacé, comme hommage ?

L’artiste, qui était un grand ami de Lennon, sait très bien ce qu’il fait. Sa sculpture représente un revolver tenant en équilibre sur sa crosse.
Pourtant, l’arme ne risque pas de faire beaucoup de mal : son canon est noué. Il n’est vraiment pas conseillé d’appuyer sur la détente ! Pour conjurer l'assassinat par balle de son ami, Reuterswärd imagine une arme qui ne peut tuer...
L’artiste partage les convictions pacifistes du chanteur disparu. C’est pourquoi sa sculpture dépasse le simple hommage personnel : il l’imagine comme un message universel de paix.

Avec ce nœud qui ne la rend dangereuse que pour celui qui l'utilise, elle appelle à la non-violence (c’est d’ailleurs son titre) et au désarmement.   Aujourd'hui, de nombreux exemplaires de l’œuvre sont exposés à travers le monde. L'un d'entre eux se trouve justement devant une institution chargée du maintien de la paix : l'Organisation des Nations Unies, à New York.

En faisant d'une arme à feu un symbole pacifiste universel, Reuterswärd offre le plus beau des hommages à celui qui chantait : "Imagine tous les gens vivant leur vie en paix"."       Artips



John Lennon et Yoko Ono, 1980, photo : Jack Mitchell
Carl Fredrik Reuterswärd, 1964, photo : Erling Mandelmann    
 






vendredi 21 septembre 2018

page 119 ça brûle !



Claude Monet, Meules, 1891, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection privée









Derniers feux

les rayons ultimes
dans un éclat de lumière
incendient les foins

Et bientôt le crépuscule
lancera ses derniers feux

©Jeanne Fadosi








Soleil incendiaire


Soleil incendiaire
Sur les meules de foin,
Le jour est cuisant

A les roussir tels du bricheton

Servi avec la soupe du soir...
La terre rase a des allures de ruisseau,
Avec ses reflets bleutés,
L'arbre d'épouvantail plaintif
Qui penche vers un peu d'ombre...

Fournaise de juillet
La Brousse en prend les couleurs
Chapeau de paille

Soleil incendiaire
Sur les huttes de foin
Avec ses airs d'Afrique,
Si chaude, trop chaude,
Pas âme qui vive,
D'oiseau dans le ciel...
Au loin une bâtisse discrète
Se devine à peine,
Toile tirée aux fenêtres, sans doute...






  

Comme un vent lourd, il vous souffle, l’éclat de la lumière.

Il est mouvement,  
Force illuminante,
Et puis énergie qui sauve.

Quel peintre saurait le rendre sur l’espace d’une toile,
Fusse par ses couleurs, par des touches épaisses ou serrées, et même par tout le détour de son art ?
Quel peintre saura donner la parfaite sensation vécue, sous une semblable flamboyance ?
Mille ont osé, tenté ; certains, bien plus rares ont fait merveille. 
Et pourtant toujours à nouveau, ils y reviennent : Il est des chemins qu’il n’est possible de prendre que seul. 
Et bien au-delà de soi, toujours !
Des quêtes qui valent par l’effort que l’on fait, autant au moins que par le point où l’on arrive

Lumière jaillie d’un invisible foyer,
Et qui au ciel silencieux explose,
La meule comme une pyramide,
Alignée à ses voisines, te fait mur de sa paille sèche.
Et offre un semblant d’ombre
Où l’on s’abrite, voit et se repose.

Comme un vent, éclat de la lumière
Tu vas brisant les limites d’un objet qui finit
Dans celles où l’autre prend son essence,
Opposant simplement, à l’immobile, l’allant.

Dans l’œil qui vieillit la fusion s’opère.
L‘éclat importe plus que ce qu’il éclaire.
Soudain le regard transperce
Jusqu’aux frontières devenues floues de la matière.

L’été brûle, les jours flamboient ;
Rien n’est plus dans ses propres limites.
Tout va un cours, invisible et fuyant,
Où l’empreinte de l’homme est plus grande
Que n’est, visiblement, sa présence.










Sous le pinceau de Monet
les meules ont les couleurs
de la félicité
le piano d'à côté récite
la féerie de l'automne







Le chant du cygne


Ombres tournées vers la lumière par désir insensé de brûlure.  C’est le soir. Le feu, maître et roi, despote sublime et vénéré, grand ordonnateur de la consomption sacrée du végétal offert à la dessiccation, assure son règne sans partage.

Les moissons finies
les meules s’alanguissent
souvenir des grains


Jaunes, oranges et rouges s’élancent du couchant pour incendier une ultime fois la paille dressée vers le ciel par la main de l’homme. La nuit qui s’annonce recouvrira bientôt les artères  surchauffées de la Terre, mais en attendant le flamboiement des lumières bouleverse la réalité habituelle des choses. La chaleur est partout, partout le feu.

Pourpres en fusion
les couleurs crépitent
le chant du cygne.

              ©Adamante
 


et pour terminer une petite moisson avec Marie Laforêt


 


 et puis en savoir plus...

Nadar1. Portrait de Claude Monet, 1899

  1. Nadar un immense photographe à découvrir ici
 
Fin août 1890, à Giverny. Près de chez lui, dans un champ, l’artiste Monet peint de grandes meules de foin. Il s’agite soudain, hurlant des indications à sa belle-fille Blanche :
"Une autre ! Une autre !" Mais que réclame-t-il avec tant d’insistance ?  Une nouvelle toile, tout simplement. Le peintre s’est engagé dans une entreprise ambitieuse : immortaliser toutes les variations de la lumière sur les meules.

Liens vers les autres peintures des meules

  https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=ae1beec696&e=ab5acea499 
  https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=9068b2ab42&e=ab5acea499
https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=356bffe3ad&e=ab5acea499

 Merci Artips !

vendredi 7 septembre 2018

Pour la page 118 - Les étourneaux de Noushka



La danse des étourneaux - Noushka





Je vais être très occupée cette année, mais, grâce à vous, 
je tiens énormément à l'herbier, 
alors je vous propose -pour le moment-
de publier la page le vendredi soir.

Ne tardez pas, adressez-moi les textes, le plus tôt possible.


Un grand merci à vous tous
et à Noushka pour cette merveilleuse photo. AD








 

dimanche 2 septembre 2018

Page 117 avec le peintre Foujita




Un long, un si long silence...

En France, malgré les promesses de qui nous savons et tairons le nom, il est encore des lieux dits "blancs" avec internet façon Shadoks :


 
La pauvre bête (vous voyez de qui je parle ?) a décidé de ne pas pomper et de se mettre au vert entre végétaux et qi gong.


"A existait plus pour le web"


(là un petit clin d'œil à Jean Tardieu, mais si le propos reste obscur, facile : y a qu'à d'mander)


Enfin, pour ceux qui conservent une racine bien endurée dans l'Herbier de poésies et qui n'ont rien à redire d'un Shadok, voici une œuvre du peintre japonais Léonard Tsuguharu Foujita, (ci-dessous).

Et pour célébrer un peintre Japonais, que faut-il donc ?  

Un ou plusieurs : Haïku, tanka, haïbun






Léonard Tsuguharu Foujita, Femme allongée, Youki, 1923, huile sur toile, 50 x 61cm, collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018




"Années 1930. Les toiles du peintre japonais Foujita rencontrent un franc succès.

Ce sont surtout ses grands nus féminins qui fascinent et impressionnent : leur blancheur un peu laiteuse est proche de la nacre…
Comment l'artiste obtient-il ce blanc si particulier ? C’est top secret !
Foujita n’est pourtant pas chimiste. Déjà tout petit, au Japon, il rêve de devenir peintre. Et pas n’importe où : en France ! Un souhait exaucé dès 1913, alors que le jeune Japonais pose ses valises à Paris.
Entre son talent et son allure de dandy identifiable entre tous, Foujita ne tarde pas à se faire un nom.  Et ce nom est immédiatement associé à sa curieuse coupe au bol, à ses délicats dessins, et à ses fameux fonds blancs…
Malgré les questions du public et de la critique, Foujita se garde bien de divulguer la recette de son mystérieux blanc. Au point de l’emporter dans la tombe, en 1968."



Jean Agélou, Foujita dans son atelier, 1917


Mais...


"Après moult analyses scientifiques, les spécialistes sont enfin en mesure d’en révéler le secret. Celui-ci repose sur un ingrédient mystère : du talc, tout simplement !
L’artiste en mélangeait à de la peinture très diluée, qu’il superposait en de multiples couches pour obtenir ce rendu à la fois transparent et nacré.
Comme quoi, un ingrédient ordinaire suffit pour changer la vie d’un artiste et pimenter celle d’un restaurateur !"

Léonard Tsuguharu Foujita, Autoportrait au chat, 1928, huile et gouache sur toile, 35 x 27 cm, Centre Pompidou-Musée national d’art moderne, Paris © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018



Alors, à vendredi prochain ?




jeudi 24 mai 2018

la Page 112 vogue sur les mots



 
Dessin (non signé ), proposé par Jamadrou,  couverture du livret de présentation de la  21 ème édition du festival de la correspondance de Grignan juillet 2016 ( lettres d’exils)




À la rame
Parfois à la ramasse
Les mots glissent
Les mots s’enfuient
Rebelles
Sur l’onde du papier
Ils m’échappent
Je tends ma voile
J’implore le vent
Voyelles et consonnes
Se jettent à l’eau
Une de trop
Une de moins
Faute ou étourderie
Mauvais hasard
Quelques dents grincent
Des sourcils se plissent
Je verse une larme
L’orthographe résiste
Luttant sans arme
Je m’entête
Ma plume m’impose
Ses imperfections

Au gré du courant
À la rame
Comme à la ramasse      
Sans compassion
Blessures et doutes
Solidement ancrés
Au cœur de soi






En barque.

Affaler les voiles
Se laisser flotter paisiblement sur  mer d’écume
Seules les vaguelettes de mots  donnent le tempo
Naviguer où les flots de mots portent
Dériver mais pas sombrer
La vie n’est qu’embarquement d’aventures mot à mot.

Jama le 19 mai, à fleur d’image.





 

Archives

Patiente et passionnée elle vit émerger des dossiers poussiéreux
des matelots          confirmés ou de pacotille
Conduisant vaille que vaille ou vaillamment
Leur barque jusqu'au port
La vie en elle en témoignait
                          chaque jour

23 mai 2018
Françoise la Vieille Marmotte















Sur l'océan des mots

L'esquif a affalé sa grand voile.
Sur l'océan infini des mots
le sillage impassible trace son empreinte.
Le clapotis les fait danser doucement
et le regard s'apaise à les regarder indistincts.
Juste la beauté de l'image.
S'éviter de comprendre,
se préserver de leurs sens.
Inlassablement, au vent ou sous le vent,
ils poussent la barque vers l'horizon qui se dérobe.
et tout le reste ne serait que conjecture.

©Jeanne Fadosi, mercredi 23 mai 2018
pour l'herbier de poésies 112



suggestion d'écoute : 
Une barque sur l'océan, de Maurice Ravel (Miroirs III)


suggestion de lecture (sans mots)
le roman graphique de Sergio Lzarro et Luca Ferrara Mediterraneo
https://www.arte.tv/fr/videos/082993-000-A/mediterraneo-le-drame-des-refugies-en-bd/
 
 











Le bateau et l'horizon aveugle
Elle va sans voile et sans vent,
Dans les limbes vivants de l’instant insondable.
Qui dira, aux filets de ma pêche,
Quels poissons seront retenus ?
Qui dira demain,
Ce qu’il m’eut fallu faire, ce matin ?
Tout est-il vain ?
Que reste-t-il au sortir de l’ivresse,
Que reste-t-il Li Taï Pé,
Au lever des brumes, du plaisir et du vin ?
J’ai espéré quelque destin
Quand le devenir m’entrainait de formules ternes,
En calligrammes ou en dessins gris.
J’ai voulu endiguer le flot des mots
Or, derrière moi, intacts, ils s’effacent.
Et mon sillage, lui-même,
Indifférent, retourne à l’étal.
Li-po croyait mener sa barque
Et la barque le mène,
Nous pensions, tout à sa façon, fendre les vagues du temps
Et le temps, écran si blanc, nous malmène.
Je hante, aveuglé, l’antichambre floue d’un avenir sans certitude .
Poète, il n’y a nul capitaine ! Poète, sache-le bien !
Il y a mille marins libres, attelés à la barre,
Ficelés aux voiles, à batailler dans les vents contraires
Qu’un seul cap, l’inconnu de toi-même, et la mort, enfin,
Mais surtout, nul capitaine !

https://plus.google.com/+SergeDeLaTorre





 

Sur une mer de mots, le poète 

Sur une mer de mots, une vie de recherche
chemin d’humanité, d’errances, de découvertes
de rencontres,
Bonheur des escales partagées entre amis
quand on lève son verre pour saluer la lune
gommer, d’une lampée, les soucis, les tracas,
et parler
Parler, de ces riens qui rassurent en glissant sur les vagues
en oubliant la terre, la propriété, les contraintes
uni à l’horizon qui absorbe le temps et vous libère l’âme

Liberté des tempêtes qui donnent brusquement sa valeur à la vie
et parler aux sirènes depuis le bastingage
lorsque le temps se fait serein et que le vin vous grise
S’endormir enfin, se laisser dériver,
aller où le vent porte
voguer ainsi sans but et accomplir sa quête
aller là où soi-même on ne s’attend pas
pour se trouver et redevenir
infime étincelle d’espace.





 



D’abord une citation, un extrait qui concerne Li Po qui pourrait être mort sur l’eau, éventuellement un peu ivre, en accord avec notre thème hebdomadaire (Serge de la Torre)

La lune, cette nuit-là, brillait comme en plein jour ;
« Li-taï-pé (Li Po) soupait sur le fleuve, lorsque tout à coup, au sein des airs, retentit un concert de voix harmonieuses qui peu à peu s’approchèrent du bateau.
 Il s’éleva aussitôt un grand tourbillon au milieu des eaux : c’était des baleines qui se dressaient, en agitant leurs nageoires ; et deux jeunes immortels, portant à la main des étendards pour indiquer la route, arrivèrent en face de Li-taï-pé.
Ils venaient, de la part du Maître des cieux, l’inviter à retourner prendre sa place dans les régions supérieures.
Les gens de l’équipage virent le poète s’éloigner assis sur le dos d’une baleine ; les voix harmonieuses guidaient le cortège... bientôt tout disparut à la fois dans les nues »
Contes et Nouvelles traduction. Th. Pavie


Où l’on voit que la légende, communiquée par Serge, prend racine dans un des derniers poèmes de Li Po.
Li Po l’immortel banni, « buvant seul sous la lune » Ed. Moundarren


De Chin Ling, Li Po remonte le Long Fleuve jusqu’à Tang tu. À la fin de l’hiver 761, il se rend à Tsai chi, les Récifs de couleur, au bord du Long Fleuve, chez Li Yang ping, gouverneur de Tang tu, un de ses cousins éloignés. Li Yang ping écrit :


« … Li Po est affaibli. Ses manuscrits sont éparpillés en dix mille rouleaux, ils n’ont pas encore été rassemblés. Allongé, il me les tend et me charge d’écrire une préface… »
C’est à Tsai chi que Li Po compose ses derniers poèmes.

Pensée d’une nuit calme

Devant le lit le clair de lune
comme du givre sur le sol
je lève la tête, contemple la lune sur la montagne
je baisse la tête, songe au pays natal.


Nous sommes en l’an 762,
une nuit de printemps, au bord du Long Fleuve,
dans la crique de l’Îlot du Buffle, près des récifs de couleur
la lune est claire, extraordinairement claire
Li Po, seul sur une barque,
ivre se penche pour boire la lune dans l’eau
il tombe et disparaît dans le Long Fleuve
le miroir des eaux, un instant troublé, redevient calme
juste au-dessus du fleuve, sous la voûte nocturne étoilée,
scintille Tai po, l’étoile blanche.

Son corps est alors inhumé à Tang tu. Quelques années plus tard (…/…) la dépouille de Li Po est transportée sur la Montagne verte où on l’ensevelit conformément à son vœu. Sa tombe s’y trouve encore aujourd’hui.

Peu de temps avant d’apprendre la mort de Li Po, Tu Fu*, son cher ami, lui a dédié un dernier poème où il écrit :

« son pinceau se pose, provoque vent et pluie
son poème achevé, dieux et diables pleurent. »
Tu Fu (un autre grand poète chinois)




Voici le texte de Marine, un peu en retard, mais tout de même fidèle au rendez-vous.

UN PETIT BATEAU BLANC

Il a suivi sa route
Le frêle bateau blanc

Il a marqué la vague

De folles intentions
Je suis sa trace
Je suis le vent

Je sens la vie qui nous bouscule
Comme une mer sans fin
Nous le voyons voguer
Sur les crêtes mousseuses
Lorsque la terre s'effondrera
Sous un ciel d'opale
Il nous conduira
Vaille que vaille
Vers ces contrées lointaines
Où le soleil ne se couche jamais

marine D
http://emprises-de-brises.over-blog.com/