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Dessin (non signé ), proposé par Jamadrou, couverture du livret de présentation de la 21 ème édition du festival de la correspondance de Grignan juillet 2016 ( lettres d’exils) |
À la rameParfois à la ramasseLes mots glissentLes mots s’enfuientRebellesSur l’onde du papierIls m’échappentJe tends ma voileJ’implore le ventVoyelles et consonnesSe jettent à l’eauUne de tropUne de moinsFaute ou étourderieMauvais hasardQuelques dents grincentDes sourcils se plissentJe verse une larmeL’orthographe résisteLuttant sans armeJe m’entêteMa plume m’imposeSes imperfectionsAu gré du courantÀ la rameComme à la ramasseSans compassionBlessures et doutesSolidement ancrésAu cœur de soiEn barque.Affaler les voilesSe laisser flotter paisiblement sur mer d’écumeSeules les vaguelettes de mots donnent le tempoNaviguer où les flots de mots portentDériver mais pas sombrerLa vie n’est qu’embarquement d’aventures mot à mot.Jama le 19 mai, à fleur d’image.
Archives
Patiente
et passionnée elle vit émerger des dossiers poussiéreux
des
matelots confirmés ou de
pacotille
Conduisant
vaille que vaille ou vaillamment
Leur
barque jusqu'au port
La
vie en elle en témoignait
chaque jour
23
mai 2018
Françoise la Vieille Marmotte

Sur
l'océan des mots
L'esquif
a affalé sa grand voile.
Sur
l'océan infini des mots
le
sillage impassible trace son empreinte.
Le
clapotis les fait danser doucement
et
le regard s'apaise à les regarder indistincts.
Juste
la beauté de l'image.
S'éviter
de comprendre,
se
préserver de leurs sens.
Inlassablement,
au vent ou sous le vent,
ils
poussent la barque vers l'horizon qui se dérobe.
et
tout le reste ne serait que conjecture.
©Jeanne
Fadosi, mercredi 23 mai 2018
pour
l'herbier de poésies 112
suggestion
d'écoute :
Une
barque sur l'océan, de Maurice Ravel (Miroirs III)
suggestion
de lecture (sans mots)
le
roman graphique de Sergio Lzarro et Luca Ferrara Mediterraneo
https://www.arte.tv/fr/videos/082993-000-A/mediterraneo-le-drame-des-refugies-en-bd/
Le bateau et l'horizon aveugle
Elle va sans voile et sans vent,
Dans les limbes vivants de l’instant insondable.
Qui dira, aux filets de ma pêche,
Quels poissons seront retenus ?
Qui dira demain,
Ce qu’il m’eut fallu faire, ce matin ?
Tout est-il vain ?
Que reste-t-il au sortir de l’ivresse,
Que reste-t-il Li Taï Pé,
Au lever des brumes, du plaisir et du
vin ?
J’ai espéré quelque destin
Quand le devenir m’entrainait de formules
ternes,
En calligrammes ou en dessins gris.
J’ai voulu endiguer le flot des mots
Or, derrière moi, intacts, ils s’effacent.
Et mon sillage, lui-même,
Indifférent, retourne à l’étal.
Li-po croyait mener sa barque
Et la barque le mène,
Nous pensions, tout à sa façon, fendre les
vagues du temps
Et le temps, écran si blanc, nous malmène.
Je hante, aveuglé, l’antichambre floue d’un
avenir sans certitude .
Poète, il n’y a nul capitaine ! Poète,
sache-le bien !
Il y a mille marins libres, attelés à la
barre,
Ficelés aux voiles, à batailler dans les
vents contraires
Qu’un seul cap, l’inconnu de toi-même, et la
mort, enfin,
Mais surtout, nul capitaine !
https://plus.google.com/+SergeDeLaTorre
Sur une mer de mots, le poèteSur une mer de mots, une vie de recherchechemin d’humanité, d’errances, de découvertesde rencontres,Bonheur des escales partagées entre amisquand on lève son verre pour saluer la lunegommer, d’une lampée, les soucis, les tracas,et parlerParler, de ces riens qui rassurent en glissant sur les vaguesen oubliant la terre, la propriété, les contraintesuni à l’horizon qui absorbe le temps et vous libère l’âmeLiberté des tempêtes qui donnent brusquement sa valeur à la vieet parler aux sirènes depuis le bastingagelorsque le temps se fait serein et que le vin vous griseS’endormir enfin, se laisser dériver,aller où le vent portevoguer ainsi sans but et accomplir sa quêtealler là où soi-même on ne s’attend paspour se trouver et redevenirinfime étincelle d’espace.
D’abord une citation, un extrait qui concerne Li Po qui pourrait être mort sur l’eau, éventuellement un peu ivre, en accord avec notre thème hebdomadaire (Serge de la Torre)La lune, cette nuit-là, brillait comme en plein jour ;« Li-taï-pé (Li Po) soupait sur le fleuve, lorsque tout à coup, au sein des airs, retentit un concert de voix harmonieuses qui peu à peu s’approchèrent du bateau.Il s’éleva aussitôt un grand tourbillon au milieu des eaux : c’était des baleines qui se dressaient, en agitant leurs nageoires ; et deux jeunes immortels, portant à la main des étendards pour indiquer la route, arrivèrent en face de Li-taï-pé.Ils venaient, de la part du Maître des cieux, l’inviter à retourner prendre sa place dans les régions supérieures.Les gens de l’équipage virent le poète s’éloigner assis sur le dos d’une baleine ; les voix harmonieuses guidaient le cortège... bientôt tout disparut à la fois dans les nues »Contes et Nouvelles traduction. Th. PavieOù l’on voit que la légende, communiquée par Serge, prend racine dans un des derniers poèmes de Li Po.Li Po l’immortel banni, « buvant seul sous la lune » Ed. MoundarrenDe Chin Ling, Li Po remonte le Long Fleuve jusqu’à Tang tu. À la fin de l’hiver 761, il se rend à Tsai chi, les Récifs de couleur, au bord du Long Fleuve, chez Li Yang ping, gouverneur de Tang tu, un de ses cousins éloignés. Li Yang ping écrit :« … Li Po est affaibli. Ses manuscrits sont éparpillés en dix mille rouleaux, ils n’ont pas encore été rassemblés. Allongé, il me les tend et me charge d’écrire une préface… »C’est à Tsai chi que Li Po compose ses derniers poèmes.
Pensée d’une nuit calmeDevant le lit le clair de lunecomme du givre sur le solje lève la tête, contemple la lune sur la montagneje baisse la tête, songe au pays natal.
Nous sommes en l’an 762,une nuit de printemps, au bord du Long Fleuve,dans la crique de l’Îlot du Buffle, près des récifs de couleurla lune est claire, extraordinairement claireLi Po, seul sur une barque,ivre se penche pour boire la lune dans l’eauil tombe et disparaît dans le Long Fleuvele miroir des eaux, un instant troublé, redevient calmejuste au-dessus du fleuve, sous la voûte nocturne étoilée,scintille Tai po, l’étoile blanche.Son corps est alors inhumé à Tang tu. Quelques années plus tard (…/…) la dépouille de Li Po est transportée sur la Montagne verte où on l’ensevelit conformément à son vœu. Sa tombe s’y trouve encore aujourd’hui.Peu de temps avant d’apprendre la mort de Li Po, Tu Fu*, son cher ami, lui a dédié un dernier poème où il écrit :« son pinceau se pose, provoque vent et pluieson poème achevé, dieux et diables pleurent. »
Tu Fu (un autre grand poète chinois)
Voici le texte de Marine, un peu en retard, mais tout de même fidèle au rendez-vous.
UN PETIT BATEAU BLANC
Il a suivi sa routeLe frêle bateau blancIl a marqué la vague
De folles intentionsJe suis sa traceJe suis le ventJe sens la vie qui nous bousculeComme une mer sans finNous le voyons voguerSur les crêtes mousseusesLorsque la terre s'effondreraSous un ciel d'opaleIl nous conduiraVaille que vailleVers ces contrées lointainesOù le soleil ne se couche jamaismarine Dhttp://emprises-de-brises.over-blog.com/
Autre poème aux mots "forts" que m'évoque ce même thème :
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/aDHu3r2VLv0
Le poème cité de LI PO : Pensée d'une nuit calme, me ramène quatre années en arrière dans mon approche de la poésie chinoise à travers mes essais et étude de la calligraphie chinoise. Des moments fameux ! J'essaierai d'en faire un album sur G+ .....
Je me suis laissée voguer
RépondreSupprimersur la vague de vos mots
à la rencontre de vos plumes
douceur d'un vent calme
apaisant l'ardeur quotidienne
de colères qui emportent
dans les remous de la discorde
j'ai bu à la surface de l'onde
à la source de l'amitié
loin des larmes
loin de la peur
j'ai empli mes poumons
du souffle lénifiant
des herbes poétiques
merci pour tous ces poèmes qui, pour moi qui habite au bord de la mer, ont en commun l'humilité ...
RépondreSupprimerPS : j'apprécie la "règle" "pas de rime" !
Dans le sillage de ce voilier les lettres s'agitent et se mêlent pour écrire une merveilleuse page dans l'Herbier
RépondreSupprimerj'ai pensé au conte de Marguerite Yourcenar "Comment Wang Fo fut sauvé" inspiré des contes chinois
C'était une belle image et la moisson pour l'herbier est magnifique.
RépondreSupprimerMerci, Adamante.
Passe une douce journée.
une page émouvante pour suivre ce sillage de mots dont on ne sait qui de l'onde ou de la barque mène l'autre si toutefois il y faut un meneur
RépondreSupprimerbravo et merci pour ces brins d'herbier trassant les lettres et les mots à notre fantaisie
Dans le silence d'après la houle:
RépondreSupprimerUne belle page, oui!
Oui,une belle page encore.
Note suspendue...
Chez moi, le mot vogue a le sens de fête foraine...
RépondreSupprimeralors vogue frêle esquif sur l'océan des mots de chacun en une fête joyeuse du partage dans le sens du vent qui est certainement plein de bon sens!
J'aime beaucoup cette page 112 où le poète sur la mer de mots cherche le sens de sa vie.
Une réponse à tous pour vous remercier de vos poèmes et de vos commentaires.
RépondreSupprimerOui comme le dit Serge, une belle page en fête, émouvante comme le dit Jeanne traçant les mots en fantaisie ; une page qui a fait penser Josette à Yourcenar, nous allons nous y croire dis donc Josette, il ne faut pas nous dire de telles choses. Un petit coucou à Quichottine qui ne manque jamais de nous faire plaisir en posant quelques mots. Merci à tous et surtout ne m'en veuillez pas de ne pas avoir le temps de vous visiter chez vous pour vous dire à quel point j'apprécie ce que vous faites.
J'ai oublié Tizef, un commentaire qui me touche beaucoup par le mot humilité, merci Tizef, de notre part à tous.
SupprimerVous allez dire que je fais exprès de revenir pour colmater mes oublis, (au piquet la linotte)reprends ton clavier!)
SupprimerComment ne pas goûter le poème d'ABC qui donne à nos mots la vertu de dépasser la discorde et la promesse de calligraphies chinoises (ou marmotéennes) de Françoise. Cette fois je crois avoir fait le tour sans oublier personne. Bonne nuit les brins, à bientôt !