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vendredi 25 janvier 2019

Page 133 dans les étoiles


L'homme des étoiles - Adamante -



Artiste peintre
mi Van Gogh, mi Chagall
rencontre nocturne

Au milieu de mes rêves, j’ai croisé un drôle d’artiste, ce n’était ni lui, ni l’autre. Juste un funambule, jongleur de couleurs au pays de la lune.

Planètes en palettes
en son cirque noctambule
visiteur des songes

Mon sommeil m’aurait-il trompé ? Serais-je en présence d’un allumeur de réverbères ? Petit Prince où es-tu ? Pourrais-tu éclairer ma lanterne ?

Ni d’ici ni d’ailleurs
voyageur de mémoire
almanach des rêves

À l’aube, lentement, il s’éclipse, le soleil darde ses premiers rayons. Ma pendule intérieure ordonne ses souvenirs. Seule la nuit permet de brouiller les cartes de nos coups de cœur artistiques.









Monsieur Siméon


L'homme des étoiles
Fabriquait les stars
Le gratin des comédiens
A son plus ancien des cours
Le cours Siméon
Au 14 de la rue Vacherie
Non loin du Père-Lefauteuil...

On y travaille les classiques
De Radicelle à Lacerf
Les techniques théâtrales
La réflexion
Sur la vocation et le talent,
Comment faire
Un bon professionnel, ou non...

École privée
se privent certains parents
Devenir un Rich

Chapeauté et cravaté
Dans son imper inconditionnel
Silhouette à la Brasseur
On parle encore en coulisses
De Monsieur Siméon
Le faiseur d'étoiles
Resté vivant au 14 de cette rue...

Être comédien
en vivre toute une vie
Fruits de la passion



















Il a l’air serein mais fatigué  
Paisible le vieux dort
Le vieux à l’air malade
Le vieux est-il mort?

Il a mis son beau costume
Sa cravate son beau chapeau
Et puis il s’est assis dans son fauteuil usé

Et il a attendu
Le noir du soir 
La nuit étoilée


Il a vu des ballons couleur automne
Il a vu des étoiles brillantes et légères 
Il savait que le moment était arrivé
Lâcher prise avec la vie
Se donner le droit et le plaisir d’être libéré

Comme un papillon 
Léger il s’est envolé
Il savait où se poser


Il va aller sur la grosse bille  ambrée il sait que c’est là  qu’Agathe l’attend depuis si longtemps. 


Je pense aux hommes volants de Folon :  début de la vidéo 













Le Petit Prince a pris de l'âge avec le temps le voici quittant sa planète, prenant son chapeau et son manteau un peu démodé il est parti voir ce qu'il se passait ici
Prince désabusé
ses cheveux d'or devenus gris
 les roses ont fanées

Adieu les étoiles, les roses, les renards, il revient sur la planète bleue, il revient sur celle qu'un jour il a appelé Terre des Hommes afin de constater comment vous vous conduisez.
 Avez vous encore la valeur de l'amitié, votre vie a-t-elle un sens ou bien est - elle vaine de valeurs ?

 La terre tourne
au rythme de l'univers
sans se soucier









Naguère vous l'auriez rencontré dans les allées des baraques d'une foire ou à la sortie de Mirapolis, faisant chanter son orgue de barbarie ou proposant pour quelques sous un ballon de baudruche, ou encore près d'un cirque itinérant, promenant les gosses sur le dos d'un poney ou d'un lama fatigué.

L'homme au chapeau mou
déambule dans les rues tristes
passant invisible.

Hier peut-être, à la foire du Trône ou sur un marché de Noël, vous  auriez acheté pour votre petite fille une énorme barbe à papa ou une pomme d'amour chatoyante. Mais les gosses le frôlent sans le voir, écouteurs vissés aux oreilles, doigts experts dansant sur leur clavier virtuel.

L'homme au regard flou
traverse les bulles de lumière
l'âme dans les étoiles.




illustration musicale











Homme de la nuit
Poète, solitaire
Quêteur d’étoiles !

Il marche dans la vie, comme irait un somnambule. Cherchant à la lumière des astres le sens qu’il pourrait donner à ses personnels désastres, tandis que les lumières de la ville lui font des bulles de pensées. Il avance :  le chapeau melon mou, la cravate en nœud  serré comme la corde d'un gibet  et le regard triste.

Mains serrées en poche
Mal rasé et front plissé
Chaque balle, un monde.

Chaque pensée est une planète  où il s'égare, la nuit est devenue son habituel enfer. Elles vont  les sphères, colorées ou transparentes, et lui dans leur ballet ne trouve plus ni sens, ni envie de rien faire. Il va, perdu, épouvantail  immobile dans un tourbillon qui le fatigue et l’indiffère.

« Poète des sphères
Quêteur de mots, viens donc
Chez moi, prendre un verre ! »

L'homme a levé  le nez, souri un instant, il m'a fait un signe : de ceux que l'on fait à son ami. Puis ses épaules sont tombées. Il poursuit sa route, traite ses pas vers le Pont aux illusions :  où coulent noires les eaux lisses et calmes qui l'attirent. Bel endroit pour les noyer. Je l'ai vu hésiter un moment sans rien savoir faire.

Témoin  d'une  mort
Je demeurai immobile,
Fol, l'esprit glacé

Chacun put entendre le baiser mouillé de l'eau du fleuve, quand sur le malheureux il referma ses bras comme on le fait de ses lèvres. Un seul  aurait  pu sauver l'homme au melon mou, victime de ses pensées suicidaires.  D'un seul geste, d'un mot, j'eus pu le gagner à la vie. Je l'ai gâché le seul pas décent que j'aurais dû faire.  Je déambule, depuis, chaque nuit par la ville, entouré de mystérieux halos circulaires :  appelé, appelé bruyamment par la paix des rivières.

Homme de la nuit
Poète solitaire
Quêteur d’étoiles !











L’homme des étoiles


Je rentrais tard ce soir-là, mains dans les poches, je marchais vite pour me réchauffer tout en pensant au parfum de la soupe qui m’attendait. Soudain, en levant les yeux, je l’aperçus.

Marchant dans le ciel
comme une ombre entre les astres
il m’observait

J’oubliais le froid, la soupe. Le nez en l’air, je restais là, subjuguée comme un chien de chasse à l’arrêt. Qui pouvait être cet inconnu des nuages ? Le petit gardien d’étoiles du livre qui berça mon enfance ?

Tout ridé, barbu
comme il paraissait vieux 
-l’enfance est loin

Le temps de penser au temps, l’homme des étoiles avait disparu. Elles me l’avaient repris.

Le froid revenu
je goûtais l’instant présent
quel bonheur de vivre !

Adamante Donsimoni (©sacem)





Le coin des retardataires :



LE PERE MICHEL

J'ai vu le père Michel
il a perdu son chien
il l'appelle à tue-tête
mais c'est un vrai gredin
qui ne lui répond pas

Dans la rue froide, les lumières factices éblouissent l'homme fatigué, il erre en cherchant son petit  compagnon...
Il n'y a personne pour le rassurer, l'aider, l'univers tourne là-haut et dans son cœur, à grande vitesse,  comme une toupie,  il en est étourdi,  il songe avec tristesse qu'il y a bien longtemps il était beau et plaisait tant !

Tournoient les astres
les jours et les nuits reviennent 
le temps s'enfuit












8 commentaires:

  1. Un flash comme on dit Adamante, vision éphémère sur le passé, comme un clin d'œil et on reprend son chemin, dans la nuit… un grand bravo à tous, j'ai tout aimé ! JB

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  2. Dis-moi bonhomme tes histoires ont-elles toutes une triste fin?

    Une page aux mots simples et beaux comme cet homme au chapeau.

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  3. L'homme des étoiles a perdu de sa prestance Adamante, et pourtant il t'a fait rêver...

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  4. J'ai retrouvé le bon blog, j'étais probablement dans la lune moi aussi !!!

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  5. A lire, lire .. et relire .... J'aime .... beaucoup

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  6. Cette oeuvre nous a conduit (limite des points d'accroches visuels, des éléments en présence ?), vers des rivages assez similaires ou proches, et pourtant rien n'est jamais pareil, ce qui fait la chanson n'est pas seulement l'air et ni les mots chantés, mais aussi le timbre de voix de chacun(e), la façon de se poser pour les dire...
    Bravo à chacune, l'Herbier s'est transformé cette fois en bouquet de ballons de baudruche .
    S.

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  7. Je suis tout à fait d'accord avec Serge De La torre sur les rivages et les similitudes, chacun avec sa façon singulière, dans la musique des mots comme dans les nuances de sens ... merci à tous et désolée de ne pouvoir déposer des commentaires chez ABC.
    Samedi, j'aurais ajouté aux ballons, les jolis moulins de toutes les couleurs, sur leur tige de rotin ... et peut-être mis un lien vers les moulins de mon coeur du grand Legrand.

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  8. C'est une magnifique page... j'avais lu certaines participations, mais pas toutes. J'ai adoré pourvoir les lire et relire ici.
    Merci pour tout, Adamante.
    Passe une douce journée.

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante