Au Parc de La Tête d’Or, Mon grand bel Hêtre, le beau Fayard n’est plus .... |
Je n’en crus pas mes yeux. Où
donc fut-il passé ?
J’ai cherché, et encor
Et encor et encore
Il n’avait pas bougé.
Tout d’abord j’ai pensé que je
m’étais trompée.
Mais non, c’était bien lui.
Il me faisait faux-bond.
- « Tu ne me reconnais pas ? »
- « Je ne te reconnais pas. Qui donc es-tu ? »
Il m’en fallut faire le tour.
Reconnaître le poupon tétant son pouce, pour en être bien sûre.
On me l’avait coupé
Et
sans me demander
Ma permission, encore !
Crime de lèse- majesté.
- « Tu ne me reconnais donc plus
? »
........
- Mais, qu’es-tu devenu ? »
- « Coléoptères ravageurs, les scolytes ont fait un carnage. Je
ne suis pas le seul .....
Mais foin des apparences,
Demeurent mes racines.
Si j’ai perdu ma riche
frondaison,
Qui se soucie de mon enracinement
?
Un bruit de scie
Un long frisson
Je suis toujours.
De la senteur de la sciure
S’échappent
Les mots des maux.
J’ai changé de nature.
Je vécus à l’air libre
Aujourd’hui je permets
Dans quelqu’air confiné
De prison de carcan ou d’un
problème inné
À quelque esprit fermé
De pouvoir s’envoler.
......... j’ai changé de Nature. »
Fin septembre 2019.
Hêtre un autre
Hêtre et ne plus l'être
Un « beau » matin d'été
Cet arbre majestueux
Comme un château, fort...
Je tutoyais l'azur de ma ville
Géant de ma race
Sur un îlot de pelouse
Lampion compagnon de lune...
Hêtre cet arbre
au parc de la Tête d'Or
Baptisé Fayard
Et puis et puis
Tel un Louis de l'Histoire
On m'a guillotiné,
Pourquoi moi, pourquoi moi
Droit comme un i
Encore vert, malgré mon âge
A ce jour j'ai un air de chapelle
Loué sois-tu l'artiste
Je suis devenu
Un petit gîte
Pour bouquins voyageurs
De passage comme les oiseaux...
Abri pour plume
ouvert à tous les livres
Hêtre un autre
Le
grand hêtre n'est plus. La hache qu'il craignait tant a fait son œuvre, rognant
les boursouflures des marques immémoriales du temps. du moins le bûcheron lui a
laissé ses racines. Il pourra encore un temps dialoguer en réseaux souterrains
et transmettre les secrets à lui confiés.
L'enfant
épuisé
qui
lui confiait ses chagrins
qu'est-il
devenu ?
Toutes
les larmes du monde ne suffisent plus à abreuver les grands arbres de sagesse.
Les jardiniers dit-on se sont résignés à trancher. Trop fragiles, trop exposés
... D'autres épicéas sont tombés sous l'attaque des parasites mortifères, pour
limiter la contagion.
Aurait-il
suffi
d'en
protéger les prédateurs
en
fragile équilibre ?
Les
frondaisons du fayard, pleines des chants d'oiseaux nicheurs se contentaient de
menacer, lors des dernières tempêtes, la proximité d'une galerie.
Un
toit de bardeaux
à
des livres voyageurs
fera
protection
L'enfant
recru de chagrin
en
trouvera-t-il les mots ?
illustration
musicale : Julien Clerc, Sous mon arbre
LE HETRE DE LA FONTAINE
Alangui
Sa ramure
Flottant au vent
Le vieux hêtre vénérable
Au bord de la fontaine
Bruisse du temps qui passe
Je l'entends
Dérouler sa musique de lumière
Dépouillée des ragots
Dont j'ai muré l'entrée
Je l'entends qui nous parle
De la sève qui se reposera
Dans la gangue de l'hiver
Mais remontera au printemps
Vers les rayons de vie
Il nous faut un ciel bienheureux
Des sourires pour renaître
La branche blessée repoussera
L'espoir est dans la terre
Une immense promesse
De sa substance naissent
Des notes
Des mots
Des lettres
Des contes
Il murmure et nous berce
Le vieil arbre de la fontaine
Il récite le cours des âges
Il sait mieux que personne
La force de nos amours
Son hêtre n’est plus
ses racines demeurent en terre
abri de ses contes
reliés feuille à feuille
en partage livresque
***
De l’arbre au papier
de ce papier aux livres
toute une histoire
Mise en boîte d’un géant
Nous agissons comme si tout était
éternel. Notre regard survole plus qu’il ne voit et nous ignorons ces petits
messages de la vie quotidienne, transmis par les êtres que nous croisons. Ils
font partie du paysage, cela va de soi. Mais non, cela ne va pas de soi, bien
au contraire. L’habitude qui nous éteint nous fait ignorer la magie qui nous
baigne, et puis un jour, sans prévenir, un habitué disparaît.
Hier, ici, un arbre
géant bercé d’espace
aujourd’hui, le vide
Notre paysage bouleversé révèle
une déchirure, une béance de l’espace-temps. Tout nous parle, nous percevons
encore la vibration du disparu, son manque est plus prégnant que sa présence ne
l’était.
Le vent murmure :
« où sont donc tes
feuilles ? »
à une boîte à livres
L’amour blessé frémit dans notre
poitrine, nous prenons conscience de l’éphémère. Demain un autre, ici, à notre
place, habitué à son environnement, à son tour regardera sans voir ce qui reste
de lui.
Rien d’éternel
pas même une boîte à livres
effet de mode.
Surprenante "fin" pour cet arbre, mais plutôt que n'hêtre plus rien, il est encore utile à la société humaine, j'ai aimé le tout ici… merci, jill
RépondreSupprimerPour être (hêtre) un peu plus raccord j'ai modifié le dernier paragraphe Adamante, merci
RépondreSupprimerUn bel article souvenir
RépondreSupprimerLe hêtre revit des mots
déposés en brins d'herbe poétiques
pour encore et toujours l'honorer.
Sa tête est tombée
sa mémoire reste au cœur du parc
suffirait-il de quelques livres
pour que les pages se tournent ?
Encore des branchées de mots qui se complètent, des herbes qui se muent en arbres et la surprise d'entendre du Bach à la mandoline !
RépondreSupprimerLe hêtre comme un aïeul que l'on croit éternel,
RépondreSupprimertout ce qui est vivant st mortel !
Il ne fait pas si bon vivre dans un parc. Personne ne lui a demandé s'il souffrait.
RépondreSupprimerCe qui a été coupé sera peut-être transformé en papier pour devenir livres et se retrouver à l'abri et à portée des mains et des yeux. Qui y pensera alors ?
Bonjour Adamante,
RépondreSupprimerJe n'ai pas eu le temps de me pencher sur ce pauvre hêtre tranché net. Tout de même. Il ne disparaît pas complètement. Son pied porte cette boite à livres. Combien de feuilles à l'intérieur, Beaucoup certainement. Des feuilles à lire pour rêver et voyager immobile.
Bravo à tous les brins. J'ai aimé vous lire
Cette boîte à livres a inspiré de bien jolis textes, j'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerMerci à tous.
Passe une douce journée.