Voici
une belle récolte qui mêle au mieux la prose et le haïku, ou le tanka.
Mais
que seront juillet et août avec les congés ? Cela va sans doute avoir une
incidence sur les parutions, moins de participations, des lieux plus ou moins
connectés...
Bon,
c'est décidé on ne décide de rien, on déclare l'aventure ouverte et les
parutions incertaines.
Qu'en
pensez-vous ?
En
tout état de cause, profitez des vacances, n'hésitez pas à vous perdre dans les
pages de l'herbier,
Là pas de risque de coup de soleil, mais peut-être la
chance d'en sortir illuminé. AD
Rembrandt (Rembrandt van Rijn) (Pays-Bas, Leiden 1606-1669 Amsterdam) |
Au bord du chemin
à sa porte et sous son toit
à l’abri du temps
C’était
presque hier, au cœur de la France entre montagnes, forêts et vallées, une
silhouette à sa fenêtre. Rêve, illusion ou réalité, toute de noire vêtue,
était-elle femme ? Était-elle sorcière ?
Un sourire édenté
quelques phrases en patois
toutes barrières tombent
Des
mots à déchiffrer, une cruche, l’eau tirée de la fontaine, nous voilà attablés.
Sa solitude s’éclaire de notre émerveillement, des multiples questions de vie,
joie de nos fils !
Eau de la fontaine
emplie la cruche du partage -
quelques poules picorent
Servante
des châtelains n’ayant point quitté son nid, eux sont partis vivre ailleurs
l’aventure urbaine et les progrès du monde. Elle se souvient, elle raconte,
elle a tant aimé, tant donné. Ces racines sont ici, elle y est née, elle y
mourra, pas vraiment abandonnée.
Loin du rêve
point de sorcière une femme
- une vraie rencontre
Sagesse
des bois et forêts
« Ô
le bel exil
Que
d’exister en forêt
De
cueillir la vie
Comme
fruit du paradis
Comme
fleur ou lumière ! »
Pour s’endormir en sagesse, le vieillard se chuchotait
ces quelques vers apportés jadis par un oiseau merveilleux pendant le premier
jour de construction de sa maison si éloignée de l’humanité.
« Ô
le bel exil
Que
de respirer sans fin.
Bonheur
est maison. »
http://suzame-ecriplume.eklablog.com/
La
rencontre
Après
un long voyage à travers la campagne, en ce temps reculé inscrit dans nos
mémoires, un voyageur fait une halte. Appuyé sur son bâton, il s’arrête, embrasse
du regard la chaumière où un vieillard accoudé à la porte l’observe.
Ses pauvres pieds meurtris
implorent un peu de repos
un si long chemin…
Mais
à cet instant, rien ne presse. Le
monde paysan a ses rituels. On s’observe, on se jauge. L’arrivant le sait, il
laisse au vieillard le temps de se faire une idée.
Il
sait qu’en échange des nouvelles des pays voisins, le vieux lui offrira le gîte
pour la nuit, dans la paille de l’appentis qui jouxte la pauvre demeure et,
pourquoi pas, un bout de pain, peut-être même une tranche de lard.
Un geste de salut
un raclement de gorge
un pas vers l’autre
En
attendant, deux mondes se rencontrent.
À
l’étranger de prouver sa bonne foi, ne pas brusquer le contact, tisser une
relation de confiance sans hâte ni précipitation.
Le dos fatigué
peut attendre la paille
si convoitée
L’essentiel
se joue dans une sorte d’étirement du temps, comme un bâillement de détente.
Si
la rencontre a lieu, le sédentaire accueillera le vagabond. Il fera ce soir
moisson de nouvelles qui le maintiendront éveillé durant ses longues soirées de
solitude, bien longtemps après que le voyageur aura disparu, avalé par le
silence de la forêt.
Dans
le jardin sur l’île il y a une maison. Dans la maison il y a une vieille vie.
Triste personnage
A la porte de sa cabane
Bougie à la main.
Accablante
est l’attente alors le personnage regarde au loin. Il voit deux oiseaux
bien serrés l’un contre l’autre là sur le tronc couché face à la maison.
Triste solitude
D’une vie qui s’en va
Vouloir être oiseau.
La
bougie s’éteindra, la vieille vie aussi, alors l’âme, tel un oiseau
libre, s’envolera.
Le
chalet sur la montagne
Sur
les bancs de l'école, au temps de l'insouciance et des grandes espérances, ils
avaient fait un pacte.
Ils l'avaient rêvé
leur cabane du bout du monde
pendant tant d'années.
Au
temps des fenaisons, ils allaient aider aux foins, main d'oeuvre docile
oubliant l'école et ses leçons. A flanc de montagne ils partaient en escapade
pendant que les grands se reposaient.
Ils l'avaient trouvé
disparaissant sous les herbes
désarticulée.
Au
fil des étés, elle a abrité leur amour candide d'enfants, leurs émois
adolescents, pendant que les grands négociaient des alliances.
Ils l'ont rebâtie,
clou après clou, planche à planche
pour y habiter.
Les
anciens se moquaient d'eux. On disait "les amoureux". Ils
protégeaient leur secret. Longtemps ils ont hésité au nom à lui donner,
"Paradis" ou "Ça m'suffit"
Ils l'ont enrichi
de dentelles de papier,
des rires des enfants,
Des arpents à cultiver
leur entente indestructible.
J'ai trouvé cette version du vieux chalet, Jeanne, elle me semble intéressante. AD
À
l'orée de l'été
Nacrée
de rose sous la touffeur moite des pins, l'ombre rousse enveloppe le silence.
Trop
de tout en cet après-midi d'été. Trop de jaune, trop de bleu, trop de lumière.
L'océan,
plus loin, appelle de sa cadence.
Rêve de solitude
à deux pas des flots bleus
Le temps s'étire
Elle
vit là depuis très longtemps, le corps poudré d'embruns, d'iode et de
poussière.
Mille
instants passés, serrés dans la lumière et dans l'obscurité, des joies qui
courent
au
matin et s'éteignent au soir.
Un champ de sable et d'eau
pour une vie entière
Quelques flaques de bonheur
Parfois,
elle laisse s'échapper des envolées d'enfants, des rires sous la pinède, des
cigales en amour,
des
parfums de la terre.
Toujours
debout, bienveillante et rouillée,un peu sensible aux vents, mais tant aimée,
choyée,
bercée,
élue depuis cinq générations.
Le vieil ermite...
En vieil ermite à l'entrée d'un bois
il a charpenté un chalet,
sans charme aucun, pareil à lui-même,
en bois brut...
À l'orée du bois
il est un vieux bûcheron
Écorce craquelée
De femme on ne lui connaît,
tous le surnomment barbe bleu
parbleu !
Il braconne le garenne, le lièvre, la
perdrix,
use et abuse de son alambic de
derrière les fagots...
Hiver comme été
pas d'eau de pluie au tonneau
Vin de chaudière
Salut le père Rembrandt, besoin de
quelque chose ?
Il baragouine un nenni entre ses
dents,
le garde-champêtre poursuit son
chemin,
marmonne à son tour, sacrée vieille
branche !
Bonjour tout l'monde... que des dames au rendez-vous du cottage, bravo à toutes... en haïbun maîtrisé... Merci Adamante, va pour continuer l'aventure même en été, pour ceux et celles qui le souhaitent... ,-) bon mois de juillet, jill
RépondreSupprimerbonjour à toi Jill !
Supprimer"Durant les vacances on déclare l'aventure ouverte et les parutions incertaines"?
RépondreSupprimerj'adhère à cette déclaration Adamante et te dis merci.
Quant à cette page 82 elle fait de ce cottage un havre de paix pour une envolée de mots oiseaux épris de calme et de liberté.
une même cabane et tant d'histoires différentes et émouvantes. Oui pour cet été on fera comme on pourra mais on continue. Du moins si tu le peux aussi. Merci pour ce pot pourri de chants de cette chorale sympathique et talentueuse.
RépondreSupprimerPremier écho : Ma cabane au Canada. Puis, très vite me sont revenues ces notes du Vieux Chalet tant chanté en famille du temps de l'enfance et de la jeunesse. L'interprétation que propose Adamante est fort intéressante : Une belle chorale que j'aime réécouter, et un pot-pourri original et créatif !
RépondreSupprimerEt puis cette affirmation m'est revenue aussi : "Il l'a réussi car il ne savait pas qu'il pouvait le faire", enfin, ma citation est approximative, mais l'idée est là ! Bravo pour l'enchantement que me procurent les mots de chacune !
une page qui me touche et que je savoure particulièrement, je la trouve très belle, merci à toutes.
RépondreSupprimerQuand on peut, quand on veut toute l'année cela me va très bien... Merci Adamante !
Une page sensible et poétique pour cette oubliée d'un petit coin de bois.Merci à toutes pour ce beau partage.
RépondreSupprimerBonjour Adamante,
RépondreSupprimerMagnifique page. J'admire car ce n'est pas évident d'écrire un haïbun. Ils m'ont tous touchée.
Bravo à tout le monde
Bon été à tout le monde ( le mien sera épisodique sur la blogo)
;)
J'ai beaucoup aimé ces participations...
RépondreSupprimerUne diversité et une richesse d'inspiration qui me laissent admirative.
Merci à toutes.
Je suis en pointillé au moins jusqu'à la naissance de ma prochaine petite-fille... mais je lirai, autant que possible.
Ces pages me ravissent.
Passe une douce soirée. Amitiés.