La vie, l'amour, la vie. Surtout la vie face à l'ombre et ses menaces. C'est selon...
Une photo de Susi S |
Puisque l’horizon se bouche d’une
noire prophétie, je m’arrête en chemin. Je regarde les volutes d’un feu qui
s’éteint. Sous l’ombre des arbres, je déchiffre le langage de fumée. L’eau se
trouble. Je reste calme, à l’abri d’aujourd’hui, sans penser à demain. Le
miroir du ciel agite ses ondes. Les heures passent lentement. J’attends le
soir, le noir, puis j’attendrais le jour, le réveil du soleil. Il reviendra
avant que je ne me lasse de décrypter le langage naturel de la vie qui s’écoule…
Selon que vous
soyez...
Au-dessus du lac
Tel un troupeau
En transhumance
Passent les nuages
Au ras de l'onde
Et les arbres
Comme des filets
Se font pêcheurs
Pêcheurs de nues
Pour le poète...
Meringues
Ou îles flottantes
Pour le bête
mangeur...
L'indifférent passant
Presse le pas lui,
L'orage menace
Peu lui importe
La poésie ou la
cuisine des cieux...
À la tombée du soir mangé de
nuages, quelques ombres tremblantes se noient dans l’étang. Des branches
fantomatiques semblent surgir de ses eaux bouillonnantes et glacées qui phagocytent
les dernières lueurs du jour. Des monstres sommeillent dans leur lit d’algues
et de vase. Dès la nuit, ils s’éveillent et, revêtus de brume, disposent leurs
filets d’angoisse et de terreurs dans la profondeur des eaux troubles. Sous la
clarté lunaire, on voit les berges se couvrir de linceuls, un frisson d’épouvante
court sur les herbes. Ici une autre vie, sans chaleur et sans pulsation, est à
l’affût. On prend la fuite, il n’est pas l’heure, on s’empresse de retrouver lumières
artificielles et bruits qui rassurent. On tire le voile, on parle haut,
tellement heureux d’être encore vivant.
Cette carte postale, je l’ai
reçue ce matin.
Au dos, elle avait écrit :
« Croire que la vie est un rêve
est tromperie.
La vie n’est que le reflet de
Ton rêve où chaque nuage se transforme en friselis et où l’arbre est ton cadre
de vie.
Continue à les aimer ces arbres
dans la solitude de ton île-forêt.
Moi, je pars seule, j’aime trop
le mouvement de la vie. »
Premières lueurs sur l'étang
le pêcheur vient pour ce moment.
Les canes à pêche et l'épuisette
Pour le sport ou en alibi.
L'air est saturé des bruits
que l'homme des villes
n'entend plus :
chants d'oiseaux
bourdonnements d'insectes,
risée du vent.
Dernières lueurs sur l'étang.
toute une journée protégé
de l'effervescence du monde.
Les canes et l'épuisette sont
rangées.
Le pêcheur fait réserve
de ces derniers instants de vie
Quand le jour fait silence
avant les murmures du soir.
Au
seuil du jour
Ricochant
sur le lac
Les
notes du rossignol
.
Chuut
Juste
le bruit de l'eau
Et
ton cœur près du mien
Le Matou
Elle
contemplait l'orage
menaçait Elle se
leva frissonna ramena son châle sur ses frêles
épaules
Encor un peu dit-elle
à haute voix elle se rassit
pour
contempler encore
Il était bien
caché le minet
Cherche cherchez et vous me trouverez
La narguait-il
?
Il est
toujours là où je ne l'attends pas
le bonheur
se dit-elle
Vu !
l'avez- vous
vu le minou ?
en haut, tout
en haut sacré filou !
à nouveau elle se leva
comme je serai
bien à l'abri à regarder tomber la pluie
se dit-elle
Le coin des retardataires
Crépuscule en
noir et blanc,
Noir, comme le
lieu où toutes les couleurs se résorbent, blanc comme le lieu où chacune
s’origine. Entre les deux, volutes de gris, comme une queue de paon en parade.
Le jour a
flambé, ses dernières lueurs s’effraient.
La nuit
installe sa traîne encore incertaine, comme une mariée le fait de son voile
d’innocence.
De lointains
nuages font, aux lueurs mourantes, comme un dard.
Le scorpion du
temps instille au crépuscule son poison de ténèbres
Et lui destine
des germes d’orages.
Des branchages
encadrent la vue de l’observateur, l’horizon fini de terre
S’ouvre au
ciel sur un infini possible.
Mais
l’immédiat est un masque,
Il donne au
visible une trop forte apparence.
Le lointain,
lui, suggère sa forme comme une mémoire sans substance.
Dans ses
incertitudes se tapit, reflet sourd, l’angoisse.
Sous l’eau
règnent plus encore qu’au dehors,
Mille formes
ignorées,
Corps sans
corps, formes inconscientes.
Le baigneur se
risquerait, à la fin,
À la rencontre
qui lui fait peur :
Rencontre
vitale ?
Rencontre
mortelle ?
Qu’importe !
Là-bas, en
face, entre réel illusoire et mémoire lointaine,
Une île dresse
ses fûts, élévations rectilignes.
Comme des
humains, ils empruntent à l’eau et à la terre
Et baignent
leurs cimes dans des cieux où la différence ne veut plus rien dire d’autre,
Qu’être et se
tenir.
Le spectateur,
« invisible moi » qui s’oublie dans la vastitude des choses,
Éprouve enfin
son insignifiance.
C’est en elle
qu’il trouve son repos.
C’est en elle
qu’il trouve quelque sagesse :
Prémisse des
douceurs et des trop rares bontés.
Dans cet « à
quoi bon !» qui, enfin, lui dit
Que la vie
d’un homme est, si fort, sans signifiance,
Qu’il est bien
absurde de haïr.
Regarder est
une audace,
Où voir est
une folie.
L’homme est-il
fait pour vivre ?
Est-il fait
pour la force si magnifique du monde ?
Au-dessus du
lac
Serpente un
ciel ivoire
Ses reflets
dans l'eau sombre
En traînées
scintillantes
Font route
vers l'ailleurs
Où la nuit
enveloppe
Toutes les
angoisses
Toutes les
peines
Où les rêves
vibrent
Comme
feuilles en automne
et
Le soir
descend aux rives secrètes
De l'étang
qui accueille les esprits
Seuls les
nuages veillent encore
Sous la lueur
masquée de la lune
Bonjour Adamante,
RépondreSupprimerQuelle jolie page. Un vrai plaisir à chaque fois que de la découvrir.
Bravo à tout le monde
;)
Et merci à toi. Des retrouvailles réussies. Belle journée.
SupprimerSuperbe Herbier de Poésie encore... merci Adamante, et bravo à tous ! Amicalement, JB
RépondreSupprimerDe page en page, un livre qui s'écrit avec l'encre du web, visible par tous et pourtant si secret. Merci à toi, Jill, belle journée.
SupprimerLe soir descend aux rives secrètes
RépondreSupprimerDu lac qui accueille les esprits
Oiseaux et arbres font silence
Seuls les nuages veillent encore
Sous la lueur ivoire de la lune...
J'ai reçu quelques textes ce matin. Je vois à les mettre dans la page rapidement. J'espère que tu as le moral. Bises, Marine, un grand sourire.
SupprimerEntre poésie et nostalgie de belles participations !
RépondreSupprimerOui, c'est toujours un plaisir de se trouver réunis autour d'une image. La veillée du web en quelque sorte. Fais un heureux jour, Annick.
SupprimerEncore une bien belle gerbe avec en commun les couleurs d'un calme provisoire, même si le ciel est menaçant.
RépondreSupprimermerci aussi pour François Morel
Le calme n'est-il pas toujours provisoire ? Comme tout, comme nous, à nous de l'accueillir avec nos mots, nos émotions. Merci, Jeanne, de tes participation. Agréable journée.
SupprimerIl m'a plu;, Jeanne, de faire se joindre l'image de Susi S, les Paroles de François Morel, et le calme facétieux de la vieille dame sur le ban
SupprimerUn vrai plaisir que de voir et lire les participations.
RépondreSupprimerMerci pour cette nouvelle page.
Passe une douce journée.
Sous la lueur masquée de la lune (ivoire était répété sur l'autre texte écrit auparavant!), mais ce n'est pas très important.
RépondreSupprimerMerci Adamante, bises
Un jol bouquet en noir et blanc où les couleurs de chacun sont lumière
RépondreSupprimerUn bonjour à tous les artistes qui ont concocté de telles merveilles ! suis éblouie, vraiment...
RépondreSupprimerDu grand art !
Merci et bisous