Voici une belle moisson autour du portrait réalisé par
Arnaud.
Chaque texte nous touche et dévoile un regard singulier, et plus
j’avance dans le temps de l’Herbier, plus je suis heureuse de vous lire. C’est
vraiment un grand bonheur.
Goûtez, dégustez, prenez le temps et revenez-y, d’autant
qu’il y a toujours des retardataires.
Aujourd’hui, je ne résisterai pas au plaisir de vous livrer
ici les impressions de Serge autour de notre petite communauté. Elles feront,
j’imagine, fourmiller de plaisir tous les brins qui la composent, n’est-ce
pas ?
Mais tout d’abord, car il faut toujours que l’humour
accompagne les choses les plus sérieuses, voici ces quelques mots de Mémée, à
l’aise dans ses sabots et philosophe à ses heures :
(Je vous l’aurais bien enregistré si je savais intégrer
un MP3 sans passer par youtube).
« C’est-y Dieu possible qu’on aime à c’te point là qu’on nous dise qu’on nous
aime !
Mais
dis-y voir toi, pourquoi faudrait-y qu’ça soye la honte que d’ rosir un p’tit
peu quand c’te chose là arrive ?
C’t’un
peu comme dans la pub qu’on voit à la télé où c’qu’un drôle barbouillé
d’chocolat, avec son air d’angelot tombé du paradis, nous dit comme ça :
« C’est bon la honte ! »
« Un
peu qu’cest bon ! Où c’qui s’rait don l’plaisir si qu’on
s’l’interdisait ? »
J'adore, cette hebdomadaire sollicitation de l'herbier de poésie :comme un exercice périodique pratiqué dans un Dojo.Une occasion,un rappel du nécessaire essentiel.Des mots, bien sûr...Ce ne sont simplement que des mots,mais qui conduisent au cœur,qui défrichent à chaque fois ces chemins de l' infime cathédraled'où naissent tous les arts .Serge De La Torre
Merci,
Serge.
Ma Joconde...
C'est ma Joconde
À moi monsieur
Même si
Le Louvre
Lui sourit au nez...
C'est ma Mona Lisa
Ma gitane
Mon feu
Dans sa robe à
volants
Qu'elle fait
tournoyer
Au son des grattes...
C'est ma Joconde
A moi monsieur
Même si
Un de Vinci ne deviendrai,
On peut vivre
Sans richesse ni
gloire
Allant fort aise
De cieux en cieux,
L'essieu grinçant
Comme une musique
A notre roulotte
accrochée...
Elle te fixe, la belle, altière !
Et te sollicite,
Avec cette force du destin
nécessaire,
D’une décisive quémande.
Dans le gris du jour,
Vois, vois ! Les couleurs …
Elles lui sont un bouclier
d’exotisme,
Un vif et éclatant triomphe.
Et le mouvement boit,
En galopantes rafales,
Ce regard aveuglé,
Ce visage d’ombres,
D’intraduisible lumière :
Il s’offre, en un grain linéaire,
À la lecture des doigts.
Noble, guerrière ou femme drapée,
Le temps, comme le vent, glisse,
Sur sa tunique fauve :
Tu es le tendre ricochet
Sur l’eau d’un miroir.
D’autres peuvent bien passer,
Cueillant les fils de plus
sombres alentours,
Le blanc pur des chimères crie,
Comme un rappel :
La vie se souvient :
À cet instant,
Il n’y aura jamais eu qu’elle.
Regards de femmes
Intriguée
Pas intrigante
Étonnée
Pas étonnante
Sourcils froncés
Ombrelles du regard
Je sens pourtant un
léger souffle
L’étonnement l’a fait
ciller des yeux
Elle existe dans le
cœur du peintre
Et elle existe dans
le regard que je lui porte
Elle, elle semble
porter un regard simple sur le monde
Il ne m’est pas
nécessaire de l’entendre
Puisque je peux lui
donner la possibilité de vivre
juste en la regardant
Nos deux regards se
croisent
Je la crois seule et
perdue
Triste et désabusée
Ou peut-être révoltée
Elle s’approche de
mon oreille
Je retiens mon
souffle
« La douleur de mon
regard raconte ma révolte »
Je la quitte des yeux
Je tourne mon regard
Lui donner vie m’a
ramenée à la réalité du monde
Pour beaucoup la vie
est combat.
Comme un baiser
Déposé
Sur ton front, petite fille
Tu en redemandais des
Bisou-Papillon !
Inquiétude et doute
l'inconciliable se conjugue
en portrait de femme
Est-ce seulement possible ?
Elle a du mal à y croire
Son bouclier coloré
ne supprime
ni son appréhension
ni sa perplexité
Quelque chose la dépasse
sans un mot
son visage dévoile
l'incrédulité
Que peut donc lui renvoyer
le miroir de la vie ?
Tourné vers la vie
Tourné vers l'amour
Ton visage est gravé
Au plus profond de
moi
Côté lumière et côté
mystère
Les couleurs du temps
l'ont marqué
Encore plus précieux
qu'au premier jour
Face à la ville qui
valse et gronde
Face au monde qui
nous broie
Face au soleil quand
il est là
Face au besoin vital
De laisser sa trace
Elle dévore des yeux
le camp qui part en fumée
parmi les débris
Elle dévore des yeux
les soubresauts de la terre
Secouer ruines sur ruines
Elle dévore des yeux
l'Amazonie éventrée
de champs de soja
Elle dévore des yeux
le blanchiment des coraux
dans l'eau du lagon
Elle dévore des yeux
les mille millions de carcasses
d'espèces vertébrées
Elle dévore des yeux
les milliers de corps humains
Sur les fonds marins
Les yeux dévorent le visage
épuisé par l'impuissance.
Avec en citation :
"Yes, 'n' how many times
can a man turn his head,
Pretending he just doesn't see
?"
Bob Dylan, Blowin in the
wind,1962
(Oui, et combien de fois un
homme peut-il tourner la tête
En prétendant qu'il ne voit rien
?)
Regard d'ombre
Elle a posé son regard d'ombre
perdu
sous les ors du chemin.
En quête de paroles
paupières closes
sur le voile des souvenirs
elle avance lentement
vers l'amour.
Et l'on garde de sa présence
une lente traversée du
brouillard
ce reflet timide du sourire
messager d'une respiration de
joie.
Étonnée elle s'est retournée
Inquiète
Ce bruit des pneus qui glissent
sur les feuilles mouillées
Un choc
Puis l'horreur d'un corps gisant
sur la chaussée
Ses bras se croisent fortement
enserrant son enfant sur sa poitrine
Rien jamais ne pourra lui arriver
Portrait miroir, regard de sphinx
Vertige d’un regard porteur de
vérité où le monde s’anéantit, où la pureté de l’être, la fraîcheur de l’enfant
gardien du temple annihile tous les désespoirs, gomme tous les refus, désamorce
toutes les guerres.
La colombe n’est plus qu’une
tache blanche sur la toile, éclat de lumière libéré de la forme.
Le geste d’une pensée s’envole et
nous rejoint, questionnant. Peut-on lire un reproche dans la symbolique des
formes du tracé d’un regard ou, plissant les yeux, une immense tendresse ?
Dans son immobilité apparente, la vie bouillonne d’un monde où
tous les devenirs sont possibles. C’est à nous, spectateur, voyeur,
inquisiteur, mais surtout impétrant de le traduire par la voix juste, de créer
en toute responsabilité ce qui nous doit advenir. Portrait miroir, regard du
sphinx, celui qui doute chavire. Il chancelle, disparaît. Pour avancer, il nous
faut repousser la terreur au bout de la nuit, nous affermir dans la pureté de
l’âme telle une goutte d’eau enceinte du soleil.
« Passe, tu es
pur ! » *
S’élèvera-t-elle cette voix des
« Formes d’Éternité ?*»
Ouvrira-t-elle la voie au « lumineux d’aujourd’hui enfanté par
hier ?*» S’il passe, il acquiert le pouvoir de donner la vie, la
possibilité de poursuivre son chemin vers une autre porte pour déboucher
un jour, fondu dans les formes divines, dans les champs de l’infini indéfini.
Le chemin des initiés se lit dans
un regard d’enfant.
*En référence au merveilleux livre désormais
introuvable : « La toute puissance de l’adepte » de J.Ch.
Mardrus, traduction et exégèses des hauts textes initiatiques de l’Égypte
ancienne.
Ah mais oui oui oui oui oui ! Où c’qui s’rait don l’plaisir si qu’on s’l’interdisait ?
RépondreSupprimerEt ça fourmille, ça fourmille de plaisir ! nul doute !
Plus ça plaisante, et plus c'est sérieux, nul doute !
Bonne fin de semaine !
Petit clin d'œil à Gaston Couté et sa verve paysanne. J'adore.
SupprimerEt comme tu le dis, ça fourmille de mots et de plaisir. Une ambiance créatrice et captivante.
Un atelier d'écriture avec des pépites Adamante, chose rare, bon comme un grand vin, alors bravo à tous encore une fois et au plaisir de se retrouver chez toi, merci...
RépondreSupprimerUne bien belle gerbe de regards qui se répondent l'un l'autre où se relayent sur la ligne d'horizon de la vie. Ce rendez-vous m'enchante. Merci
RépondreSupprimerC'est terrible cette peur de la honte quand on éprouve du plaisir !
RépondreSupprimerle plaisir est aussi dans le partage et la lecture... que de beaux moments dans l'Herbier !
Tu as raison, mais "la Mémée" créé ici pour la (bonne) cause, la honte elle assume, comme le petit garçon de la pub.
SupprimerOui le plaisir est tout entier dans le partage et la réflexion en partage. J'aime vraiment cet Herbier et ses participants. Merci à toi d'y participer.
Belle soirée.
Tu nous a offert une merveilleuse page, où chacun et chacune a mis sont sentiment avec talent. je pense au tien à celui de Serge de la Torre , à Jamadrou (le lien n'est pas bon, est-ce normal ?) Merci Adamante, je vais relire tous ces textes .
RépondreSupprimerAmitié
Merci pour le merveilleux portrait d'Arnaud. Tu le remercieras de ma part. En ce qui concerne le site de Jamadrou, il semble que l'accès en soit bloqué. Je ne sais pas ce qu'il en est, accès bloqué de façon temporaire ?
SupprimerJe voulais te mettre un petit mot chez toi, mais je n'ai pas trouvé l'article. Pourrais-tu me redonner ton lien pour l'avenir ? Je te souhaite une belle soirée, Marine.
Chaque semaine le plaisir se renouvelle, chaque fois différent, toujours riche d'un partage qui rebondit de texte en texte, comme un écho de vie en soif poétique...
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait ça "un écho de vie en soif poétique". Belle formulation. Merci, Annick.
SupprimerMille bravo pour cet atelier.
RépondreSupprimer@mitié
Merci Bernard, au plaisir de vous lire ici aussi et sur l'herbier de poésie google que je vous invite à rejoindre.
Supprimerhttps://plus.google.com/communities/113267058372825198955
J'ai pris du plaisir à visiter votre blog, je reviendrai plus longuement.
Une ruche remplie d'émotion et de créativité. Avec retard, bravo à toutes et merci du partage.
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