Bonjour les Brins,
Voici une page inspirée. Haîkus, Tankas, Haïbuns et même Renga. La page d'explications a développé un tel désir d'écrire que j'en suis ravie, j'en ai le rose aux joues, comme une enfant à qui l'on a offert le plus beau des cadeaux. Un immense merci.
Il faut du temps pour digérer toutes ces poésies, on ne peut les assimiler à la suite. Il faut s'en pénétrer, s'y arrêter, y revenir... Mais n'avons-nous pas tout le temps ? Car le temps n'est jamais que l'attention que l'on porte à quelque chose.
Et pourquoi courir lorsque l'on peut flâner avec un tel bonheur ?
Bonne lecture.
Adamante
P.S. Je ne passerai chez vous que plus tard, je prépare ma lecture à l'Agora qui se tiendra mardi 6 février. Mon texte, né de cette image, sera lu en ouverture par un ami poète, Serge Mairet, car il correspond parfaitement à mon long poème : "Les cheveux de la Terre".
1ère proposition :
Funambule
- Je regardais l'image. Bien déterminée à créer un tanka ou bien un haïku final pour magnifier mon haiboun
- ...............
- Comment ça c'est du chinois pour toi ? Tu n'as pas lu la consigne Chez Adamante ? C'est comme ça chez elle. Tu veux partager des textes poétiques ? Tu Chinoises ...
Je continue et ne m'interromp plus !
- et m'est venu à l'esprit un "truc" sans nom. Métrique de haïku, 17 pieds, où tu peux mettre chacun des quatorze mots à n'importe quelle place. De nombreux sens pour une seule phrase qui se rumine et pourtant s'évanouit :
"petit bonhomme vert, tout au long du fil noir, fuit ; la vie pour lui."
Tout au long du fil
noir pour lui vers la vie fuit
petit bonhomme
@@@@@@@@@@@@@
2e proposition
La fleur de taraxacum
Ouaips ! Elle eût dû me parler de dent-de-lion ou de pissenlit. J'aurais compris. Madame est savante ! Vieille et savante. Mais il fait chaud sur tout un chacun aujourd'hui et la puanteur de la ville remonte par ses bouches d'égouts. Soudain son regard s'étonne et s'attarde. Une faille à la jointure du béton et du goudron.
Un malentendu
C'est la lutte pour vivre
Nos ciels obscurcit
Françoise La Vieille Marmotte, 31 janvier 2024.
Petite fleur
Retour de printemps
Une fissure pour berceau
Graine de peu, graine de rien
Fleur sans nom
Qui mendie juste un regard
Au pied d'un vieux mur
Passant pressé, propulsant son ombre
Sans la voir
Chien pressé, iconoclaste,
Pauvre fleur jaune citron
Dessine-moi une fleur
Demanda un petit prince
Le mouton a mangé la mienne
Etre captive
Naître, vivre, mourir, là
La main du Destin
jill bill
Fleur jaune
Je longe la dune, les oyats tremblottent sous la brise de mer, le sable est doux et crisse un peu sous mes
pieds nus, au loin sur l'océan une petite voile se balance comme un papillon ivre.
Une fleur jaune
image de solitude
un petit fanion
Je vais rejoindre mon jardin quotidien, il est berceau et bien être. Le mimosa fleurit, il fait 16° les saisons se bousculent. Notre vieux cerisier s'épuise, il n'offre plus ses fruits minuscules qu'aux oiseaux.
Je songe à le remplacer par un figuier de barbarie ou un palmier.
Un accenteur mouchet
picore dans la pelouse
aux aguets
Entre mer et terre, pour l'heure un monde terrifiant s'éloigne, dans la petite maison d'à côté une clarinette module et enroule des vaguelettes vers le ciel moutonneux, trois petites fées vêtues de rose font valser leurs jupes de tulle, elles me réjouissent, l'univers est un théâtre, il suffit de le vouloir beau!
Un ! Deux ! Trois ! Printemps !
1 Martine
Au coin du trottoir
Il se la coule douce
veinard de lézard
Courir, et courir encore
à en perdre ses rêves...
2 Marine
Il prend le soleil
sa peau absorbe enfin
les premiers rayons
Lové sur la terrasse
à quelques pas du printemps
3 Martine
Premier pissenlit
Deux mouches vrombissent, aïe !
Trop près du lézard
La vie est si peu de chose
Ce soir: toi,moi et l'amour
4 Marine
Un baiser de toi
colore en pourpre mon ciel
j'oublie les tourments
une ritournelle m'emporte
à la vue d'une violette
5 Martine
Festival vernal-
bleuet, lin scille, pervenche
moins bleus que tes yeux
sur ton océan changeant
voyager d'îles en îles
6 Marine
Le prunus fleurit
même sous les averses
il brûle les étapes
la patience n'est pas son fort
il décide de faire le show
7 Martine
Brutal coup de vent
il a la boule à zéro
le prunus précoce
mon jupon s'envole aussi
sous tes mains polissonnes
8 Marine
Le mistral fripon
emporte les chapeaux
il ose trousser
sur le Pont des Arts
les dessous chics
9 Martine
Un!Deux!Trois! Printemps
on joue à guichets fermés
«le caprice nu»
Deux coqs pour une pintade
se font pigeonner
10 Marine
Inlassablement
la pluie frappe sur le toit
elle résonne et cascade
j'attends une éclaircie
mon arrosoir est rempli
11 Martine
Entre les gouttes
celles d'un parfum fleuri
sur mes joues
A trop écouter le merle
j'en oublie mon plat au four
12 Marine
Vols impatients
pépiements dans les branches
enfin l'éclaircie
ils font des plans de nichées
les petits architectes
13 Martine
Au grand soleil
sur les bourgeons du rosier
pucerons en liesse
que de fourmis parmi eux
las, pas de coccinelles
14 Marine
La petite fleurette
exhale ses fragrances
malgré les averses
- je n'ai pas entendu passer
les grues du mois de mars
© Martine Madeleine Richard et Marine Dussarrat
Au plaisir d’écrire
avec son empreinte livresque -
l’image inspire
***
À l’attaque
des fureurs climatiques
l’enfant feuille
pourfendant la grisaille
repeint son environnement
***
Tistou les pouces verts
chevalier climatique -
tant d’arbres à planter
***
Au mépris de l’orange
Petit Vert sillonne la terre
sans modération
demain le feu sera rouge -
le désert n’a plus de larmes
***
De planète en planète, il a atterri sur la terre. Curieux du monde et des autres, il aspire à tout comprendre. L’enfant aux mille et une questions, harcelé par sa rose, a soif de compagnie et de reconnaissance. L’amitié, un cadeau précieux « On est seul aussi chez les hommes » …
Petit Prince émeraude
en perdition sur notre terre -
là-haut son étoile
courir à grandes enjambées
à la recherche d’un ami
Depuis des semaines sans pluie, on se demandait comment il avait fait pour se frayer un chemin parmi le bitume, ce petit pissenlit qui crânait dans le caniveau sec. La riveraine respectueuse de ce symbole de vie l'avait laissé prospérer à sa mesure.
Plein d'obstination
il a forcé des barrages
vers sa liberté
Soudain le ciel était devenu noir et menaçant, l'air immobile et chaud sentant le grillé. Il avait crevé comme un ballon de baudruche, déversant à grands seaux toute l'eau du déluge, essorant de son torrent tout ce qui pouvait la laisser s'écouler telle des torrents éphémères.
La petite fleur jaune
en était toute éreintée
résistant bravache
L'automne a alterné semaines arides et déluges de pluie et la terre, presque aussi dure que le diamant, peinait à absorber l'eau tant attendue. Le ruisseau atteignait le trottoir, débordait en larges flaques bouillonnantes sur la chaussée.
Noyée dans la boue
fleur s'est mise à dépérir
racines pourries
La saison a débordé sur l'hiver, l'eau s'est étalée dans les champs, détrempant maintenant les champs d'endives et de pommes de terre, arrivant enfin à se faufiler en partie dans les failles du sol vers son territoire millénaire.
Il faisait trop doux
les plantes éprises de vie
éclataient leurs bourgeons
L'hiver s'est invité en janvier, gelant le sol sans givrer l'air sec. Quand enfin il s'est gorgé d'humidité, c'est en flocons cotonneux qu'il s'est invité dans le paysage, tenant bien, sublimant les champs dans la brume, le soleil et la neige.
Quand elle a fondu
dans les fentes du trottoir
Une pousse d'adventice
a fêté à sa manière
la ronde des temps de la vie.
©Jeanne Fadosi, samedi 27 janvier 2024
Que sera ton demain ?
La voilà,
prisonnière du bitume, du bruit, des odeurs nauséabondes, de l'indifférence, pourtant en toute simplicité, elle s' offre
aux passants, interpellant notre regard.
Un peu de jaune au coeur dans ses bras chlorophylle, quelques gouttes de soleil déversées sur l'asphalte pour les
rêveurs flâneurs.
La nature bienveillante, notre fée bienfaitrice veille inlassablement, accorde quelques sourires dans ces espaces béton.
D'une petite graine
envolée par les vents
la vie à tout prix
Il a suffi d'une fissure, d'une pincée de terre sans renfort de terreau pour que la magie opère.
Un jour, une heure
petite pousse fragile
que sera ton demain ?
Voilà où se nichent nos espoirs, leur résistance, notre foi en l'humain pour un monde plus respectueux, plus
serein où chaque minuscule chante sa joie de vivre tout en ouvrant le chemin coloré de la beauté, de
la perfection !
La petite fleur d’or
Comme il me semblait gris, le temps, ce matin-là, en cette période de basculement du monde.
L’humain, dépassé par ses découvertes, s’était insensiblement séparé de lui-même. Craintif de perdre son intelligence face à l’inéluctable disparition qui le menaçait, il avait cherché comment la conserver de façon artificielle.
Grisé de ses succès, émerveillé de ses résultats, il avait fini par ériger une prison algorithmique aux murs transparents où il pouvait visionner les images de son conservatoire de la vie.
On pouvait désormais voir une foule de smartphones dressés vers le ciel pour capturer les images d’un feu d’artifice que personne ne regardait plus qu’au travers de l’objectif. Le monde était devenu glaucomateux, il avançait comme ces chevaux de labour, toujours présents dans la grande bibliothèque des datas centers, avec des œillères.
Ce matin-là, comme vaincue par tant d’inanité, je me sentais anéantie.
Pourtant, sans que je le cherche, cette lumière illusoire de l’espace extérieur que dévorait le monde m’avait ramenée en moi-même. Je m’étais laissée glisser dans les ombres où se cachait ma propre nitescence ; j’avais débouché dans un espace où enfin je pouvais me détendre, me laisser bercer en confiance, sans plus penser à rien, comme un enfant encore relié à la source des sources.
C’est à ce moment que j’avais vu l’image, une petite fleur aussi dorée que le soleil. Elle s’était inscrite sur mon écran et, de cet espace où je me tenais, je l’avais regardée avec les yeux du cœur. Là, j’avais compris que rien, absolument rien, ne pourrait jamais contraindre la lumière.
un petit soleil
enchâssé dans le béton-
éclat invincible.
31 janvier 2024
Avant d'aller commenter chacune d'entre vous demain, je voulais juste ce soir déposer ici mon admiration devant cette page.
RépondreSupprimerMerci, ABC, de t'arrêter ici pour laisser un mot et d'aller ensuite saluer chacune sur son blog. C'est bon de voir vivre ainsi une mini communauté.
SupprimerBonsoir Adamante et tous, une petite fleur mais une grande page du jour... que d'inspiration ! Bravo les brins... amitiés, jill
RépondreSupprimerTu as raison, du petit naît le grand d'ailleurs ne le contient-il pas ? Amitiés
SupprimerJe vais lire tout cela à tête reposée, merci Adamante, un grand merci !
RépondreSupprimerJ'y reviendrai aussi. Merci de ta visite.
SupprimerÀ toutes : Impressionnant. J'ai lu cette Page comme si j'entendais un morceau de musique débutant doucement, terre à terre et enflant crescendo jusqu'à des hauteurs sublimes. Comme l'Agnus Dei de Samuel Barber si nostalgique, par exemple .
RépondreSupprimerDevant tant de beauté je
reste interdite
Et chante avec le poète "Que c'est beau la vie" .(Jean Ferrat.)
Sans chinoiser
Commenterai
Un gros bravo
vous méritez ! (Un clin d'oeuil à François Cheng que j'admire tant et qui nous a laissé un si beau recueil de quatrains.)
François Cheng, un amour partagé (sans aucune chinoiserie). ;)
Supprimer:) - FVM
SupprimerEn lisant cette belle page de l'herbier - qui porte ici bien son nom - la clarinette de Louis Armstrong module cette petite fleur...
RépondreSupprimerJ'avais pensé mettre la musique, il se peut que je le fasse sur une autre page en attendant la prochaine.
SupprimerCette toute petite et simple fleur oubliée sur un coin de trottoir a fait naître une si belle page aux accents printaniers si poétiques !
RépondreSupprimerMerci à toutes.
Mon bonjour à tous les brins,
RépondreSupprimerLe livre de l'herbier s'enrichit d'une nouvelle page merveilleuse.
Trop prise par plein de choses, je n'avais pas la tête à écrire. Mais , surprise, c'était sans compter sur la mémoire de Marine. Ce Renga est un excellent souvenir d'un duo d'écriture.Une expérience nouvelle pour moi et très amusante.
Bravo à tous les brins! J'irai commenter vos pages demain matin.
Bien amicalement
Une simple petite fleur et nous oublions un instant ce monde artificiel qui dévore notre vie, tel un monstre affamé...
RépondreSupprimerUne belle page Adamante, merci
De la part de Jeanne
RépondreSupprimerhttps://fadosicontinue.blogspot.com/search/label/l%27herbier%20de%20po%C3%A9sie.
lundi j'ai survolé, mardi j'ai recommencé à lire, mercredi j'ai dégusté tout doucement, jeudi je n'ai pas eu le temps, vendredi matin j'ai à nouveau tout lu, j'ai dégusté, j'ai commenté.
Sauf la page car pour blogger une"erreur technique" qui dure qui dure ....
Une petite fleur de béton qui a produit un bien émouvant chant choral.
Je viens de réécouter Petite fleur de Sydney Bechet, indémodable, à la fois triste et réconfortant.
Et je pense à son grand oeuvre méconnu que j'ai tant écouté que j'en ai usé le disque : La nuit est une sorcière.
En voici le final : Sidney Bechet : La nuit est une sorcière (Le somnambule danse/ Final) 1952 (youtube.com)
(.../...)
Amicalement
J'ai mis en ligne, merci pour cet agréable commentaire.
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