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mardi 24 mars 2020

pour la p 161 le premier volet

 Coucou les Brins,


Tout d'abord voici une image

Jardin André Van Beek



Depuis hier, où cette idée fulgurante et enthousiasmante m'a traversé l'esprit, je bidouille avec mon arsenal audio pour réussir à vous concocter un enregistrement, à la fois relaxation (la première partie qui prépare à la suite) et voyage dans l'imaginaire vers le jardin (la seconde partie), 

"Je m'en vois, peuchère !"
les réglages me résistent
le son trop faible
le son trop fort
le mode d'emploi à lire
(je déteste lire les modes d'emploi)
et... étrange à force de dire puis de m'écouter
loin d'être excédée
hier au soir 
le casque sur les oreilles
j'ai failli m'endormir sur ma propre voix.
Parce que avec un casque, le son est nickel ! 
Mais sans...

Alors... sentant que je me rapproche du but, aujourd'hui "re belote et ce sera le dix de der" je le sais. (Ne pariez pas SVP)

Consciente que mes précédents tripotages aventuriers de la technique numérique avaient totalement bouleversé mon super appareil pour pro, afin de pallier toute éventualité de résistance -quel flair !- dans le même temps, afin de ne pas perturber les amoureux de l'image qui s'offre à se dévoiler à vos sens artistiques, j'ai demandé au peintre André Van Beek s'il serait d'accord pour nous prêter une image, et sa réponse ce matin est  :

Avec plaisir. 

Je vous pose donc l'image ici. Mais attention, en bon capricorne, le sabot bien planté en Terre, je résiste, vous aurez le mp3.

Je vous le dis : 

"Ceci n'est que le premier volet de l'aventure !"

 Je vous adresserai donc par e-mail ce merveilleux enregistrement en mp3* afin que vous preniez vingt minutes pour vous relaxer.

Un temps pour soi, c'est tentant non ?

Nulle obligation toutefois, nous sommes en France, et ce n'est pas la Belgique qui viendra me contredire ! Un pays capable d'enfanter Jacques Brel et Stromae a une racine solide dans l'affirmation de soi.



Vous découvrirez ainsi ma voix, celle qui s'exprime lorsque je pilote et participe dans le même temps à un voyage dans l'imaginaire.


Alors à tout bientôt ! ?

DJ Brin d'Herbier



Juste pour le plaisir, 
sans correspondance avec mon bla bla

et là c'est du pur spectacle ! Bravo les artistes !



*ici je ne sais toujours pas faire -j'ai bien tenté de lire un mode d'emploi mais...  (ici la voix chevrote).





samedi 6 octobre 2018

Proposition 121


Coucou les Brins !

En retard, encore ! 
Pour vendredi prochain à moins que vous ne préfériez le vendremardi qui me conviendrait peut-être mieux, question d'emploi du temps. Mais bon... vu ce que je demande, il serait peut être préférable de voir pour vendredi.
À vos plumes, à vos claviers, à vos délires, voici une photo de Marine. Elle m'a plu, fait rêver. Vers quels cieux guidera-t-elle les pas de votre inspiration ? 
Allez, on écrit sans filet, vers une sur-réalité sans frein (j'en connais au moins une qui déjà jubile) mais, (il en faut bien un, non ?) en haïbun (boum badaboum) ou en faisant une chanson, un tube, de l'été pour se vautrer dans l'herbe en gazouillant par exemple, bref un tube avec refrain et tout le toutim, en hommage au grand Charles Aznavour. Pour les rimes, (ben voui c't'une chanson, un tube) ainsi qu'il le conseillait, ne prenez que le dictionnaire des synonymes. Profitez-en bien, car la semaine suivante les rimes rentrent à l'écurie, plus question de les voir.
Et pour les courageux, les courageuses, les inspirés, les mordus de rhétorique, pourquoi pas un haïbun et une chanson ?

On dirait pour mardi le haïbun et pour vendredi la chanson. Veillez toutefois à m'envoyer la matière le plus vite possible, pour hier par exemple ! ;)))
Bon voyage ! 
AD 








vendredi 13 juillet 2018

Page 116



Amertume
Brouille en brouillard
Le soleil boude

Les vagues ondulent
Et de son âme malade
Le roc couvert d’algues
Laisse couler
Au bord de sa mémoire
Le sillon bleu
D’une larme de mer

Silhouette
Dans la brume
Jardinier des côtes
Statue des vents
suppliant Triton
De dompter
L’insouciance humaine
Et la colère marine

Au loin se perd
Le son plaintif
D’une corne de brume








Le conte du soleil perdu


Le soleil pleure et la lune rit
Mon petit doigt sait bien tout ça
Le soir s'assombrit sur la terre
L'indigo mange le blanc
Le gris sous son masque sourit
Le conte que tu me racontes
N'a pas de tête, n'a pas de sens
Dans sa chaumière le vieux se meurt
Personne ne veut écouter son mal
Sa solitude amère
Sur les mers des jeunes se noient
La vague les enfouit dans le sable
Les portes se ferment
Le soleil a été inventé pour éclairer
Quand mes yeux se ferment
Le noir l'emporte
Je n'y peux rien
Et toi non plus
C'est le conte du soleil perdu.





 

Le jardinier pleure
son jardin essoré de vent
ses salades grêlées 

Il ne devrait pas gémir
l'avenir toujours fuyant

Après les inondations de janvier, la neige de février, la morsure du gel de mars, il plonge loin dans ses pensées, se rappelle ses cours d'histoire.

L'humble jardinier
songe à la pensée sauvage*
cueillant sans piller

ne chassant que pour nourrir
une tribu affamée

Le soleil précoce d'avril, la pluie et le froid de mai, avant les orages ont fait place à la sécheresse, à la chaleur harassante.

Une planche de carottes
s'ébroue et se rafraîchit
aux gouttes d'arrosoir

les petits pois rabougris
ont séché sur les tuteurs

Le locataire des lieux renoue avec les sagesses millénaires, acteur de sa vie certes, à sa juste mesure, dans l'immensité des mondes. 

©Jeanne Fadosi 
 
* allusion à une citation de Prévert
« Le vrai jardinier se découvre devant la pensée sauvage. »
  Jacques Prévert, Fatras, 1966,
  Adonides, 1972,1975


 

Les larmes du jardinier

Un matin, il y a de ça fort longtemps, un jardinier avait brûlé les herbes de son vieux jardin, il avait décidé de le refaire, plus beau, plus harmonieux, afin d’y finir ses jours.  Il ne restait plus que de la cendre sur la terre.
Satisfait de son travail, il s’était mis à réfléchir devant cette étendue vierge et prometteuse.
Quel aspect aurait donc le nouveau jardin qu’il allait planter là ? Il ferma les yeux et se mit à rêver.
Il échafauda des plans, modifiant à l’envi dans son rêve, le parcours d’une allée, l’emplacement d’une tonnelle où goûter l’ombre l’été, celui d’un bassin où nageraient des poissons plus merveilleux les uns que les autres et où viendraient boire les oiseaux…
Il souriait, s’imaginant se promener dans ce parc enchanteur et changeant sans cesse la disposition des plans pour atteindre la perfection.

Mais pendant qu’il rêvait, pendant qu’il faisait et défaisait ses plans, les ronces, toujours promptes à envahir les espaces abandonnés, proliférèrent tant et tant qu’on ne vit plus un seul espace de terre vierge.

Un jour, en sortant de son rêve, car il faut bien que les rêves aient une fin, le jardinier découvrit son jardin mangé par les ronces et les mauvaises herbes.
Éploré devant un tel malheur, il se mit à gémir, il avait fait tout ce travail pour rien, pour avoir pire qu’avant. Il avait détruit un beau jardin et l’avait offert en cadeau aux ronces.
Alors il se mit à le regretter son vieux jardin imparfait. S’il n’avait pas été pris de cette folie de détruire, il aurait pu maintenant se reposer à l’ombre des forsythias, il aurait pu écouter chanter les oiseaux dans un décor enchanteur et profiter de ce lieu pour y reposer sa vieillesse… Car il avait beaucoup vieilli. Les rêves, ça prend du temps si l’on n’y prend garde.
Ses larmes se mirent à couler, à couler et plus elles coulaient, plus son vieux jardin lui paraissait plus beau et plus il en avait de regret. Il fut pris de désespoir devant tant de beautés perdues, ses larmes nourrissaient ses larmes, elles étaient intarissables. Elles ruisselaient sur la terre et plus elles ruisselaient plus le roncier assoiffé proliférait. L’espace qu’il occupait devint impraticable, c’était une forêt plus impénétrable que celle qui entourait le château de la Belle au bois dormant. 
De ruisseau, ses larmes devinrent un fleuve, le fleuve à son tour devint une mer, une mer salée comme les larmes et le jardinier désespéré, affaibli, un soir de pleine lune, fut emporté par une vague.
Jamais personne ne le revit, il s’était sans doute noyé dans son chagrin. 

Voilà pourquoi, quand on raconte son histoire, comme je vous la raconte maintenant, à la veillée, à l’heure où les ombres dansent menaçantes sur les murs, on conseille à ceux qui écoutent et qui rêvent de toujours garder un œil ouvert.

Que ce conte vous fasse un heureux jour.
©Adamante Donsimoni

Là-bas c'est avec les illustrations


            Tiré de  "Comment fut guéri le soleil et autres contes"
             (sacem/sacd)

dimanche 8 juillet 2018

Paris, l'Herbier, îlots de passage

Le jardin des fées, n'en doutons pas : celui de l'Herbier.

Quelle chance tout de même de vous avoir comme brins dans ce grand livre un peu foufou, un peu à l'Ouest -surtout lorsqu'il n'y a rien de nouveau- et que dans les commentaires poussent des herbes sauvages qui se glissent dans l'instant sans rien attendre d'autre que de pousser et de partager leur parfum. 
Aujourd'hui, n'en déplaise à sa modestie, je vous livre les pétales d'ABC et sur une autre page, un dessin de mon cru pour le livrer à la voracité de vos mots.

Les herbes soient avec vous cet été, pour des propositions fofolles et sans réel calendrier.


Oups !





J'ai tellement de projets dans la têtes que je ne fais plus qu'une avec l'ordinateur, mais je garde un doigt sur l'herbier, j'y tiens.

Allez, je vous raconterai bientôt, d'autres voiles se lèveront. 







Mon jardin fou d'herbes folles


Les herbes poussent au rythme des saisons
l'été les ralentit
la poésie s'exalte des parfums du jour
le bien-être s’accommode des circonstances

Paris est loin, Paris est proche
apprivoisée par un nid de verdure
Paris m'est devenu un îlot de passage

Inspiration, expiration, respiration
tous sens ouverts sur la vie
m'abreuvant petit à petit
des dons de la nature
enrichissant les cadeaux culturels
que Paris a pu m'offrir

Modeste brin d'herbier
je goutte au fil des semaines
au plaisir du partage poétique
quand et comme il se présente

ABC






jeudi 7 juin 2018

P 113 Tagore, les fleurs d’antan







" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?

Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.

Ouvre tes portes et regarde au loin.

Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.

Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." 

Rabindranath Tagore



Voilà les réponses, M. Tagore, quelques lettres rien que pour vous, et la joie de les avoir écrites.
Merci, les brins, pour ces textes magnifiques!


Jamadrou



Je ne sais qui je suis, chaque jour je deviens ce que les évènements impriment de caresses ou de blessures.
Aujourd'hui, dans mon jardin sans fleurs, les pivoines dégarnies alourdissent leur fruit, le fuchsia feuille à feuille renaît des morsures du froid de l'hiver et la lavande en bouton attend la fin des orages. Mais au bord de la rue, les pensées de l'automne font toujours la fête.
Sais-tu brahmane d'un autre temps qu'il y a quelques jours, sans connaître tes vers, je contemplais le doux tapis de pétales roses en les reliant à celles des fleurs fanées depuis si longtemps dans la ronde du temps.
Pouvais-tu deviner qu'en un geste, un fragment de seconde, je pourrais en capturer l'image sans avoir à les calligraphier soigneusement de longs moments ?
Que sa vision sur un écran de téléphone provoquerait le sourire malgré notre peine de nous retrouver en un lieu joyeux où la dernière fois nous étions une de plus ?
Qui suis-je ?
Et Toi, poète qui interpelle le lecteur de l'avenir, désignais tu l'humain  et l'humaine lisant ? Imaginais-tu une lectrice ? Savais-tu deviner l'immuable et les métamorphoses du monde ?
J'ai beau ouvrir en grand la porte de mon coeur, je peine à imaginer le devenir de ces mots que je trace en écho, tous ces mots envoyés sur la Toile planétaire, les fleurs des pivoines sans le chant des oiseaux.

©Jeanne Fadosi, jeudi 31  mai 2018
pour l'herbier de poésies 113










Rabindranath Tagore
J'ai écouté ta voix
Avec respect
Admiré cette rose de printemps
Ourlée de lune
J'ai accueilli son parfum subtil
Le temps qui passe ne l'a pas ternie
Au bord du bassin où roucoulent trois oiseaux
L'eau claire source de vie
En notes cristallines
Dit sans cesse son joli chant d'amour
Dans le clair-obscur de nos émotions
Avec ces fulgurances de joie
Toujours vivantes
Qu'il faut à tout prix choyer
Pour les offrir sans partage








 

Parfum du jour :

Cent ans c’était hier
à la page du printemps
mon jardin fleurit

Les fleurs d’aujourd’hui ont perdu le parfum des ans en gardant la beauté des vers qui les chantaient. Le printemps d’hier embrasse celui d’aujourd’hui, les vers se retrouvent, se contemplent, s’étonnent. Les mots sont les mêmes, les rythmes différents.

Un pétale s’ouvre
des vers embaument le jour
sa poésie sans rides

Mon cœur joyeux découvre, au delà des siècles, la joie vivante du poète épousant la renaissance printanière, et son tendre bouquet de fleurs, qui malgré les ans, resplendissent encore du rayonnement d’une plume immortelle.

Jardinier d’amour
nos chemins se croisent
j’hume ton printemps







                                       113 porte-t-il bonheur?




" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?

Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.

Ouvre tes portes et regarde au loin.

Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.

Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années."



Rabindranath Tagore


Qui es-tu lecteur, "liseur" de mes tableaux?
Je ne peux t'envoyer ni le parfum de mes fleurs, ni l'esprit du vent qui souffle dans ma jachère fleurie? Pourtant tu reviens et à chaque fois tu laisses trace de ton passage.
Viendras-tu dans cent ans lire ce qui aujourd'hui remplit ma vie et m'emplit moi, d'allégresse?
Peux-tu dès aujourd'hui cueillir le parfum de mes roses et la triste absence  de mes autres fleurs?
Sais-tu combien mon bonheur ne tient qu'au fil de mes pensées, ces petites fleurs pleines de souvenirs, vivaces mais annuelles, cycliques et vivantes parce que traversées par la pluie le vent et le soleil?
Sais-tu tout cela lecteur , le perçois-tu, l'entends-tu à travers mes mots et mes coups de crayon ? 

Puisses-tu ressentir dans ta joie d'être en vie, mon envie à moi de vivre mes émotions au centuple à travers mes écrits.
Puisses-tu ressentir combien est belle la lumière qui précède et qui suit le petit grain qui arrose mes fleurs. Cette luminosité qui donne aux choses la clarté du jamais vu . Cette lueur dans mon regard qui devient neuf et capable de saisir cet instant fugace comme instant magique.

Oui lecteur j'aimerais tant que ce partage ait le sens plein de ce mot magnifique qui veut dire "répartition équitable d'un Tout".
Oui puisses-tu un jour lire mes mots, regarder mes traits et comprendre qui je suis, qui j'étais.

Un jour j'ai vu les roses
j'ai pensé à mes autres fleurs
pivoines
coquelicots
anémones
j'ai dessiné alors
le parfum du jour.






 

Qui es-tu, lecteur ou lectrice de passage ?
Ami. e du passé, esprit du présent, ou de toujours !

Lecteur.trice du matin, lecteur.trice de demain ?
Oh ! Ami.e d’ailleurs ? Compagnon.e de lettres,
 Es-tu libre ? Es-tu plus libre que ne le fut le sage Tagore ?

Sinon trouve ta voie, je te prie !

Bien que nul, comme hier, ne puisse, aujourd’hui, libérer son prochain,
   Ni femme, ni homme, ni amant, ni ami.e - …..
Bien que nul, même, ne puisse vraiment totalement se conduire à lui-même, 
   Bien que tu ne puisses que t’y abandonner…

Je veux te dire, au moins, qu’il existe, le sentier de lumière.
Et y porter tes pas, assurément, tu le peux !

Et parler ce jour, du chemin de poésie nous est un devoir, peut-être.
T’indiquer que là, possiblement se trouve l’un des sentiers, vers un être plus libre !
Te dire d’y courir, sans doute le faut-il !

Alors, quel est-il ce chemin ?

Celui du moindre brin d’herbe, de la moindre rose en bouton.
Celui de la vie qui éclot jusqu’au bout, et qui grandit jusqu’à son terme …
Celui de la mort qui vient un jour, au terme de l’orbe vitale,
Celui de son non-refus, autant qu’il est possible ...

En a-t-on jamais vu, au jardin, des plantes qui secouent le joug de leur devoir,
Le déterminisme de leur essence ?

En a-t-on jamais vu des vivants autres que les humains,
Qui s’interdisent leur croissance, qui nient leur destin ?
L’esprit de l’homme, l’esprit de la femme
Ont parfois ce pouvoir - ou cette possible illusion - :
De tenir loin d’eux, ce qui advient quoi qu’ils fassent.

Devenez aujourd’hui ces fleurs libres qui ravirent le poète il y a cent ans,
Devenez ces brins d’herbe où vous invite la Vie, ce matin.
Devenez donc ces glorieux brins d’herbe où Rivet voit mourir des soleils.

©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr



 
 
Bonjour, poète,

Le parfum de vos fleurs a traversé l’espace et le temps. Qui sait ce qui nous sépare, vous dans votre passé et moi dans mon présent ? Vos mots sont venus jusqu’ici pour embaumer le lieu où je lis.  Au travers de vos phrases, je perçois ce printemps, pas totalement oublié, qui vous fit penser qu’un jour, si éloignés de vous alors, d’autres liraient vos vers. Je suis au rendez-vous, je respire votre joie, je la fais mienne, et mes mots à leur tour coulent vers l’inconnu.
Quelques lettres, quelques phrases avalées par l’espace qu’il recrachera peut-être, qui sait, un jour plus qu’incertain, au regard d’un hypothétique lecteur. Qu’importe ! Les mots se donnent sans but, tant mieux si quelqu’un les lit, tant pis si ce n’est pas le cas, car tout cela n’est que passage. L’oubli, le vide sont au bout de ce chemin où tout converge et se retrouve.
Nous voilà compagnons de route, poète, sur le sentier des pages qui se tournent et nous emportent loin, là où le temps s’efface pour laisser place au sentiment, à la couleur, à la pensée furtive, glissant sur un rayon de soleil ou s’envolant sur un parfum. Tout est à la fois fugace et intemporel.
Vous êtes-là et ce n’est pas une illusion, certes un souffle nous sépare, mais, je n’en doute pas, ce même souffle nous unit.
Vous êtes si proche dans l’invisible, poète, quand je vous lis à haute voix ces mots qui vous sont destinés, offerts en remerciement de cette cueillette parfumée.
Vos fleurs, sachez-le, ne faneront jamais.

Adamante Donsimoni
En réponse à un poème de Rabindranath Tagore


Tagore - Image BNF

" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.
Ouvre tes portes et regarde au loin.
Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.
Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." Rabindranath Tagore




 Un clin d'œil à Jamadrou, texte retrouvé dans la Page 56 de l'herbier (sur un tableau de Françoise)


« Je me rappelle qu’un jour dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau. C’était par une journée humide de juillet ; j’étais seul et heureux de mon jeu.

Je faisais flotter mon petit bateau en papier sur le ruisseau.

Subitement de gros nuages d’orage s’amoncelèrent, le vent vint en tourbillons et la pluie tomba à torrents.

Des flots d’eau vaseuse submergèrent le ruisseau et coulèrent mon petit bateau.

Amèrement  je crus que l’orage était venu tout exprès pour gâter ma joie ; et qu’il me voulait du mal.



La journée nuageuse de juillet est longue aujourd’hui et je pense à ces jeux de la vie où j’ai toujours été le perdant.

J’allais blâmer ma destinée pour tous les tours qu’elle m’a joués, quand soudain, je me rappelais le petit bateau en papier qui sombra dans le ruisseau. »  Rabindranath Tagore




 


mardi 10 octobre 2017

Les pages autour des herbes - 87ème édition

Par Adamante



 


Le journal des herbes

Sept jours de septembre 2017 à les contempler.

photo AD




Vendredi
Des perles de lumière sur les herbes.

En cette fin d’été parfumée d’automne, la pluie a maquillé les herbes. L’instant est unique, je suis sous le charme. Tout s’efface qui n’est pas lumière. Je voyage dans une pantoufle de verre* aux pays magique du strass. Je n’attends aucun prince. Et j’ai tout, absolument tout ce dont je peux rêver. Dans cette dimension, les richesses matérielles n’ont aucun sens.
Le diamant, conçu aux feux de la terre, masque sa lumière, le sage ne se répand pas.
Mais les herbes, par leurs racines, connaissent le grand dessous des choses, elles en témoignent. Je découvre la richesse de l’instant qui se donne dans cette symphonie du prisme que le vent balaie emportant avec lui une part de cet éclat d’éternité. J’ai déjà prélevé ma part. À l’éternité du diamant convoité par les Hommes, je préfère ce moment d’éblouissement fugace offert par quelques gouttes de pluie. Il vit désormais aux tréfonds de mes espaces intérieurs.
La Terre connaît trop bien la convoitise humaine. Qui porte la lumière doit la protéger des regards avides.
Voici l’enseignement des herbes ce matin et rien ne m’est plus précieux.

*et non pas vair, par choix délibéré.



Samedi

Regard

Pas de pluie à mon lever, juste la grisaille du ciel qui réduit les pensées, étrique les mouvements et pousse à la désespérance.
La sagesse serait de puiser à la source de lumière intérieure pour éviter l’écueil d’une journée maussade. De toute évidence je ne suis pas sage ce matin. Je m’assieds sur la marche du perron, regard vague et soupire.
L’herbe croît, plus verte que jamais. Je maugrée. Cet été qui n’en fut pas un, plombe mes pensées. Je pleure sur le froid qui perdure. Il manque au paysage cette touche de couleur chaude qui pourrait rasséréner le cœur le plus effondré. Blasée, j’observe. Et soudain, je vois. Je vois la diversité des formes et des verts. Mon regard éveillé brutalement par je ne sais quelle influence occulte, ne traduit plus une masse, mais une variété phénoménale de l’expression végétale que l’on qualifie d’herbe. Dire que je marche dessus à chaque instant, ignorante des formes et des noms sous le vocable générique d’herbe. Vocable réducteur, témoin du survol de la vie quand on porte des œillères. 
Les herbes ! les femmes ! les jeunes ! les étrangers ! les autres !
L’ensemble est à maudire, taillé comme un jardin français, il réduit à la masse ce que l’on croise. Qu’il soit érigé en critère esthétique ou social, il soumet, dompte, réduit, classifie, refuse, rejette.
La nature se plaît à varier les formes, l’humanité à les réduire. Peur de la différence sans doute !
Encore un enseignement des herbes, la liberté ne s’acquiert que par l’expression libre des formes. La variété est richesse, elle se tisse comme une tapisserie opposant ainsi l’art au bloc.



Dimanche

Le juste milieu

Une matinée ensoleillée ; s’élancer vers la lumière semble être le mot d’ordre du matin. Tout pointe qui se trouve au centre, mais à la périphérie on s’incline gracieusement vers la terre nourricière. Il apparaît que les plantes, et dans ce cas précis, le chiendent considéré comme une mauvaise herbe, dans leur inconscience apparente et leur mutisme, appréhendent mieux que l’Homme la notion de reconnaissance. Sur une même pousse, le centre salue le Soleil et la périphérie la Terre pour croître harmonieusement. La vie a des règles lorsqu’il s’agit de trouver l’équilibre.
Je me dis que pour progresser sur la voie de la modestie et de la compréhension de notre monde, nous avons beaucoup à apprendre du moindre brin d’herbe. À condition de se poser un instant et de se laisser glisser vers une attention sans but, toutes les sagesses nous sont enseignées, sans mot.
Cela remplit l’esprit, ouvre le cœur, apaise.
Il n’est rien de plus simple et de plus délicat à trouver que l’harmonie.


Lundi

Flash

Temps couvert, une sorte d’attentisme dense et silencieux recouvre la campagne. Sous le couvercle du ciel, l’heure est à la méditation. Les hautes herbes s’alanguissent, mélange de couleurs vert et paille, aux pieds des rosiers. Leurs flèches maternelles ont déjà rendu leurs semences et la terre a rouvert ses greniers, partout la récolte.
La pente involutive est amorcée, voici que sonne l’appel des terriers, le grand retour à la matrice. Doucement le sang s’alourdit et le mouvement s’apaise. Comme elle est douce cette contemplation des herbes ce matin.
Pendant ce temps, le monde tremble, la Corée du Nord vient d’expérimenter la bombe H… L’humanité, électron libre de la nature… Une erreur.
Une tourterelle, révélée par le bruit métallique de ses ailes, se pose non loin de moi, au pied du tilleul. On se regarde, elle n’a pas peur. Dans sa robe pastel teintée de lilas, elle incarne la douceur, la fragilité. N’est-elle pas une sorte de colombe ? Un symbole roucoulant de la paix ?

Quelques plocs se font entendre. Des oiseaux se baignent aux pierres de mesure en granit remplies d’eau. Dans ce lieu, ce fouillis, plein de vie, tout est sérénité. Ici, rien n’est à l’équerre, la vie s’exprime sans fard, sans faux-semblants.
Non ! je ne cèderai ni à la désespérance, ni à la mélancolie. Soudain un flash m’illumine, je sais, comme on sait une évidence, demain appartiendra à ceux qui auront conservé cette part de nature sauvage au plus profond de leur être.
Concours de circonstance ? Le soleil, absent depuis le lever du jour, fait brusquement son apparition. Je remercie les herbes, ma racine d’éternité vient de s’indurer encore plus profondément dans l’espoir.
Tout est clair, le temps est venu pour moi de récolter ma vie pour le partage.




Mardi

L’histoire sauvage

J’ai lu dans les empreintes des pattes d’un oiseau, là, sur le monticule de terre d’une cheminée de taupe, tout l’impossible des herbes, l’histoire sauvage. Une racine, quelques tiges, l’attachement à l’essentiel. Fragilité qui s’accroche à la source de vie, têtue et confiante.
Herbes, langues d’oiseau, porte-parole de l’amour en eau et lumière, en sève, en stigmates et pistils, en pollens-brouillard diffusant leurs gamètes en vibrations fertiles.
La vie est son, porté par le silence. Rythme lourd de la matrice accordé aux tambours des chamans.
Voilà l’enseignement des herbes révélé par une patte d’oiseau sur le sol aujourd’hui.



Mercredi

Après la pluie


Après toute cette pluie, la pomme pourrit sur l’arbre et l’herbe verdit.

L’océan végétal  s’incline en vagues harmonieuses. La chevelure de la terre pousse drue, libre, sensuelle. L’œil bercé par ce flot est aux anges, l’esprit se relâche dans la contemplation. Un paradis chatoyant de verts est descendu dans mon jardin où quelques pissenlits explosent leur dentelle, tandis que leurs cœurs palpitants espèrent en secret l’élixir du soleil.
-Silence ! l’entends-tu cette voix des mondes qui se conjuguent, s’unissent, se tissent dans l’abolition des frontières ?
-J’entends ! Je suis herbe et je danse !
-C’est toi ! l’herbe qui chante les herbes, comme une abeille chante la fleur au printemps.

Après toute cette pluie, la pomme tombée nourrit le merle et l’herbe me nourrit.



Jeudi

Danser sur les plates-bandes

Quelques touffes d’herbes s’enchevêtrent dans les premiers frimas. S’unir pour résister, chez les herbes aussi il semble que ce soit la loi. Voilà ! l’Homme découvre enfin que l’entraide et la communication font aussi partie du règne végétal*. Lui, qui dansait sur les plates-bandes sa grande gigue de la suffisance, en croyant tout savoir se trompait !
À chaque jour sa vérité en somme ! Cela nous laisserait-il quelque espoir ?

Merci les herbes de tant d’enseignements. Voilà qu’au bout de sept jours, je vous observe avec un regard neuf. N’est-il pas temps de se reposer un peu pour assimiler votre enseignement ?
À bientôt vous revoir, Mesdames, que l’hiver qui s’annonce vous soit clément.


* voir "la vie secrète des arbres, ce qu'il ressentent, comment ils communiquent" Peter Wohlleben
  Ed. Les Arènes

photo AD