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jeudi 7 juin 2018

P 113 Tagore, les fleurs d’antan







" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?

Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.

Ouvre tes portes et regarde au loin.

Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.

Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." 

Rabindranath Tagore



Voilà les réponses, M. Tagore, quelques lettres rien que pour vous, et la joie de les avoir écrites.
Merci, les brins, pour ces textes magnifiques!


Jamadrou



Je ne sais qui je suis, chaque jour je deviens ce que les évènements impriment de caresses ou de blessures.
Aujourd'hui, dans mon jardin sans fleurs, les pivoines dégarnies alourdissent leur fruit, le fuchsia feuille à feuille renaît des morsures du froid de l'hiver et la lavande en bouton attend la fin des orages. Mais au bord de la rue, les pensées de l'automne font toujours la fête.
Sais-tu brahmane d'un autre temps qu'il y a quelques jours, sans connaître tes vers, je contemplais le doux tapis de pétales roses en les reliant à celles des fleurs fanées depuis si longtemps dans la ronde du temps.
Pouvais-tu deviner qu'en un geste, un fragment de seconde, je pourrais en capturer l'image sans avoir à les calligraphier soigneusement de longs moments ?
Que sa vision sur un écran de téléphone provoquerait le sourire malgré notre peine de nous retrouver en un lieu joyeux où la dernière fois nous étions une de plus ?
Qui suis-je ?
Et Toi, poète qui interpelle le lecteur de l'avenir, désignais tu l'humain  et l'humaine lisant ? Imaginais-tu une lectrice ? Savais-tu deviner l'immuable et les métamorphoses du monde ?
J'ai beau ouvrir en grand la porte de mon coeur, je peine à imaginer le devenir de ces mots que je trace en écho, tous ces mots envoyés sur la Toile planétaire, les fleurs des pivoines sans le chant des oiseaux.

©Jeanne Fadosi, jeudi 31  mai 2018
pour l'herbier de poésies 113










Rabindranath Tagore
J'ai écouté ta voix
Avec respect
Admiré cette rose de printemps
Ourlée de lune
J'ai accueilli son parfum subtil
Le temps qui passe ne l'a pas ternie
Au bord du bassin où roucoulent trois oiseaux
L'eau claire source de vie
En notes cristallines
Dit sans cesse son joli chant d'amour
Dans le clair-obscur de nos émotions
Avec ces fulgurances de joie
Toujours vivantes
Qu'il faut à tout prix choyer
Pour les offrir sans partage








 

Parfum du jour :

Cent ans c’était hier
à la page du printemps
mon jardin fleurit

Les fleurs d’aujourd’hui ont perdu le parfum des ans en gardant la beauté des vers qui les chantaient. Le printemps d’hier embrasse celui d’aujourd’hui, les vers se retrouvent, se contemplent, s’étonnent. Les mots sont les mêmes, les rythmes différents.

Un pétale s’ouvre
des vers embaument le jour
sa poésie sans rides

Mon cœur joyeux découvre, au delà des siècles, la joie vivante du poète épousant la renaissance printanière, et son tendre bouquet de fleurs, qui malgré les ans, resplendissent encore du rayonnement d’une plume immortelle.

Jardinier d’amour
nos chemins se croisent
j’hume ton printemps







                                       113 porte-t-il bonheur?




" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?

Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.

Ouvre tes portes et regarde au loin.

Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.

Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années."



Rabindranath Tagore


Qui es-tu lecteur, "liseur" de mes tableaux?
Je ne peux t'envoyer ni le parfum de mes fleurs, ni l'esprit du vent qui souffle dans ma jachère fleurie? Pourtant tu reviens et à chaque fois tu laisses trace de ton passage.
Viendras-tu dans cent ans lire ce qui aujourd'hui remplit ma vie et m'emplit moi, d'allégresse?
Peux-tu dès aujourd'hui cueillir le parfum de mes roses et la triste absence  de mes autres fleurs?
Sais-tu combien mon bonheur ne tient qu'au fil de mes pensées, ces petites fleurs pleines de souvenirs, vivaces mais annuelles, cycliques et vivantes parce que traversées par la pluie le vent et le soleil?
Sais-tu tout cela lecteur , le perçois-tu, l'entends-tu à travers mes mots et mes coups de crayon ? 

Puisses-tu ressentir dans ta joie d'être en vie, mon envie à moi de vivre mes émotions au centuple à travers mes écrits.
Puisses-tu ressentir combien est belle la lumière qui précède et qui suit le petit grain qui arrose mes fleurs. Cette luminosité qui donne aux choses la clarté du jamais vu . Cette lueur dans mon regard qui devient neuf et capable de saisir cet instant fugace comme instant magique.

Oui lecteur j'aimerais tant que ce partage ait le sens plein de ce mot magnifique qui veut dire "répartition équitable d'un Tout".
Oui puisses-tu un jour lire mes mots, regarder mes traits et comprendre qui je suis, qui j'étais.

Un jour j'ai vu les roses
j'ai pensé à mes autres fleurs
pivoines
coquelicots
anémones
j'ai dessiné alors
le parfum du jour.






 

Qui es-tu, lecteur ou lectrice de passage ?
Ami. e du passé, esprit du présent, ou de toujours !

Lecteur.trice du matin, lecteur.trice de demain ?
Oh ! Ami.e d’ailleurs ? Compagnon.e de lettres,
 Es-tu libre ? Es-tu plus libre que ne le fut le sage Tagore ?

Sinon trouve ta voie, je te prie !

Bien que nul, comme hier, ne puisse, aujourd’hui, libérer son prochain,
   Ni femme, ni homme, ni amant, ni ami.e - …..
Bien que nul, même, ne puisse vraiment totalement se conduire à lui-même, 
   Bien que tu ne puisses que t’y abandonner…

Je veux te dire, au moins, qu’il existe, le sentier de lumière.
Et y porter tes pas, assurément, tu le peux !

Et parler ce jour, du chemin de poésie nous est un devoir, peut-être.
T’indiquer que là, possiblement se trouve l’un des sentiers, vers un être plus libre !
Te dire d’y courir, sans doute le faut-il !

Alors, quel est-il ce chemin ?

Celui du moindre brin d’herbe, de la moindre rose en bouton.
Celui de la vie qui éclot jusqu’au bout, et qui grandit jusqu’à son terme …
Celui de la mort qui vient un jour, au terme de l’orbe vitale,
Celui de son non-refus, autant qu’il est possible ...

En a-t-on jamais vu, au jardin, des plantes qui secouent le joug de leur devoir,
Le déterminisme de leur essence ?

En a-t-on jamais vu des vivants autres que les humains,
Qui s’interdisent leur croissance, qui nient leur destin ?
L’esprit de l’homme, l’esprit de la femme
Ont parfois ce pouvoir - ou cette possible illusion - :
De tenir loin d’eux, ce qui advient quoi qu’ils fassent.

Devenez aujourd’hui ces fleurs libres qui ravirent le poète il y a cent ans,
Devenez ces brins d’herbe où vous invite la Vie, ce matin.
Devenez donc ces glorieux brins d’herbe où Rivet voit mourir des soleils.

©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr



 
 
Bonjour, poète,

Le parfum de vos fleurs a traversé l’espace et le temps. Qui sait ce qui nous sépare, vous dans votre passé et moi dans mon présent ? Vos mots sont venus jusqu’ici pour embaumer le lieu où je lis.  Au travers de vos phrases, je perçois ce printemps, pas totalement oublié, qui vous fit penser qu’un jour, si éloignés de vous alors, d’autres liraient vos vers. Je suis au rendez-vous, je respire votre joie, je la fais mienne, et mes mots à leur tour coulent vers l’inconnu.
Quelques lettres, quelques phrases avalées par l’espace qu’il recrachera peut-être, qui sait, un jour plus qu’incertain, au regard d’un hypothétique lecteur. Qu’importe ! Les mots se donnent sans but, tant mieux si quelqu’un les lit, tant pis si ce n’est pas le cas, car tout cela n’est que passage. L’oubli, le vide sont au bout de ce chemin où tout converge et se retrouve.
Nous voilà compagnons de route, poète, sur le sentier des pages qui se tournent et nous emportent loin, là où le temps s’efface pour laisser place au sentiment, à la couleur, à la pensée furtive, glissant sur un rayon de soleil ou s’envolant sur un parfum. Tout est à la fois fugace et intemporel.
Vous êtes-là et ce n’est pas une illusion, certes un souffle nous sépare, mais, je n’en doute pas, ce même souffle nous unit.
Vous êtes si proche dans l’invisible, poète, quand je vous lis à haute voix ces mots qui vous sont destinés, offerts en remerciement de cette cueillette parfumée.
Vos fleurs, sachez-le, ne faneront jamais.

Adamante Donsimoni
En réponse à un poème de Rabindranath Tagore


Tagore - Image BNF

" Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce lointain nuage.
Ouvre tes portes et regarde au loin.
Dans ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.
Puisses-tu sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." Rabindranath Tagore




 Un clin d'œil à Jamadrou, texte retrouvé dans la Page 56 de l'herbier (sur un tableau de Françoise)


« Je me rappelle qu’un jour dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau. C’était par une journée humide de juillet ; j’étais seul et heureux de mon jeu.

Je faisais flotter mon petit bateau en papier sur le ruisseau.

Subitement de gros nuages d’orage s’amoncelèrent, le vent vint en tourbillons et la pluie tomba à torrents.

Des flots d’eau vaseuse submergèrent le ruisseau et coulèrent mon petit bateau.

Amèrement  je crus que l’orage était venu tout exprès pour gâter ma joie ; et qu’il me voulait du mal.



La journée nuageuse de juillet est longue aujourd’hui et je pense à ces jeux de la vie où j’ai toujours été le perdant.

J’allais blâmer ma destinée pour tous les tours qu’elle m’a joués, quand soudain, je me rappelais le petit bateau en papier qui sombra dans le ruisseau. »  Rabindranath Tagore




 


9 commentaires:

  1. [...]
    Non, il n'est pas en ton pouvoir de faire éclore le bouton.
    Secoue-le, frappe-le :
    tu n'auras pas la puissance de l'ouvrir.
    Tes mains l'abîment ;
    tu en déchires les pétales et les jettes dans la poussière.
    Mais aucune couleur n'apparaît, et aucun parfum.
    Ah ! il ne t'appartient pas de la faire fleurir.

    Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement.
    Il y jette un regard, et la sève de vie coule dans ses veines.
    A son haleine, la fleur déploie ses ailes
    et se balance au gré du vent.
    Comme un désir du cœur,
    sa couleur éclate, et son parfum trahit un doux secret.

    Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement. [...]

    Le parfum du bouton s’écria : « Le jour s’enfuit, ah, le jour heureux du printemps, et je suis le prisonnier des pétales ! »
    - Ne perds point courage, humble petite chose !
    Tes liens éclateront, le bouton s’épanouira en fleur, et quand tu te faneras en pleine vie, le printemps, même alors, t’aura survécu.

    Le parfum palpite et s’inquiète dans le bouton, criant : « Ah, les heures passent, et je ne sais pas encore où je vais ni ce que je cherche ! »
    - Ne perds pas courage, humble petite chose !
    La brise printanière a devancé ton désir, et le jour ne finira point que tu n’aies accompli ta destinée.

    L’avenir semble obscur au parfum et il s’écrie : « Ah, si ma vie n’a point de sens, à qui la faute ?
    Qui peut me dire pourquoi j’existe ? »
    - Ne perds pas courage, humble petite chose.
    L’aube parfaite est proche, où tu mêleras ta vie à la Vie éternelle, et où tu connaîtras enfin le pourquoi de ton existence…

    [...] L’âme du poète danse et plane, sur les vagues de la vie parmi les voix des marées et des vents.

    Maintenant que le soleil s’est couché et que le ciel obscurci s’abaisse sur la mer comme de longs cils sur des yeux fatigués, c’est l’heure où le poète, posant sa plume, laisse ses pensées s’enfuir vers les insondables profondeurs du silence éternel et secret…


    Tagore
    (La corbeille de fruits)

    ..... Et il est en mon pouvoir - (ou pas) - d'être, à tour de rôle, celui qui .... Merci Monsieur TAGORE de me le rappeler.
    Françoise Isabel La Vieille M.

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    1. Ô ! merci, pour ce poème. Merveilleux poèmes de Tagore qui parle de la profondeur des choses simples.

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  2. " Ouvre tes portes et regarde au loin."
    Nous avons ouvert les portes, regardé derrière et devant nous.
    Le jardin est bien là.
    Qui peut dire son âge, s'il est d'hier ou de demain.
    Les fleurs sont périssables mais leur beauté intemporelle.
    Le temps passe, le présent seul nous tient lieu d'infini.
    L'ici du réel est notre seul lieu de bataille
    Le passé du souvenir nous oppresse de significations.
    Le futur nous inquiète de sa promesse de finitude
    L'instant seul nous rassemble et tient lieu d'éternité.

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    1. J'aime beaucoup la fin "L'instant seul nous rassemble et tient lieu d'éternité". La paix nous accompagne. Merci, Serge

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  3. J'ai lu déjà quelques participations chez leur auteur... C'était une bonne idée que ce partage du poème de Tagore.
    Merci à tous.
    Passe une douce journée.

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    1. Oui, je propose parfois des images en mots et celles de Tagore sont tellement inspirantes. Merci, Quichottine

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  4. émotion de la lecture de cette page qui a dessiné des ponts sur le trajet du temps avec ces mots ... Une certaine intuition que l'instant peut aussi abolir la durée ou du moins le rendre léger à parcourir en tous sens.

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  5. Respirer les parfums, si différents mais au mélange si subtil, de toutes les Herbes et Roses de l'Herbier est si bienfaisant! Véritable cure d'aromathérapie!

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  6. Il me semblait avoir déposé un commentaire mais je passe de page en page et oublie alors de revenir au point de départ. Souvent aussi en dégustant des yeux les mots de l'herbier sans même commenter. Ce poète qui interpelle par dessus les siècles ne pouvait que provoquer des rebonds et des interpellations. J'ai comme toujours beaucoup aimé

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante