Jeanne Fadosi
En fait j'ai deux textes, le premier mêlant mes mots et ceux déposés en commentaires ici :
24 heures photo 2024 - 01 : mes vœux de lumière - jeannefadosi (overblog.com)
C'est à la suite de ces commentaires que, déposé début février, j'avais trouvé
celui-ci :
Françoise la V.M 04/02/2024 10:52
"Je n'ai jamais vu des akènes de clématite. C'est beau !
Ta photo pourrait être proposée aux plumes de l'Herbier ..... Non ?"
Le deuxième, un premier jet (copieusement raturé et modifié depuis) avant d'avoir cette envie de tresser mes mots et ceux des commentaires.
Le Premier :
C'était le dimanche du dernier jour de l'année. J'étais allée à pied chercher le pain, profitant du soleil, surprise par le vent glacé, ravie par les couleurs du paysage que la lumière oblique d'hiver sublimait même à midi.
Panne d'inspiration ...
Que serait l'année nouvelle ?
Quels voeux formuler ?
Je venais de trouver l'image qui accompagnerait et peut-être porterait des mots réconfort que je peinais à convoquer entre un adieu à une année horribilis et un salut craintif à la nouvelle pleine de nuages sombres.
Des mots pansements
hors des guerres et des conflits ?
Des voeux de lumière ?
La vie est précieuse,
ne l'abîmons pas,
ni la nôtre, ni celle des autres.
Et tous ces mots déposés
doux comme un duvet d'akènes
"Oui Jeanne, si précieuse, qu'importe cette vie, humaine, faune, flore...." (Jill)
"La vie est précieuse et courte. Nous ferions mieux de tous le comprendre plutôt que de nous déchirer pour un oui ou pour un non! Laissons place à la douceur" (Marie-Paule)
"Petits moulins blancs
tournez, tournez
saisons et années
sans abîmer
Terre, mer et continents !" (ABC)
"... ces "fleurs" toutes en douceur, légèreté, mouvement qui vont si bien ici" (Patricia)
"La Nature n'a que que faire de nos disputes et guerres. Il n'y a qu'à la regarder, c'est la simplicité même mais aussi d'une grande complexité comme ces clématites pleines de douceur." (Annie54)
"Une tendresse particulière pour ces fruits de la clématite. Même sur le balcon, notre clématite horticole, fait aussi ce genre de touffes. Et dans la forêt le long du Rhin, la clématite fait de véritables lianes." (Yannn)
"Je pense hélas, Jeanne
que tu prêches des converties !
La nature n'a que faire
des guerres et des conflits,
elle poursuit son bonhomme de chemin.
Que j'aime ces akènes de clématite..." (Cathyrose)
Le deuxième
Porté par le vent
depuis le bois par le champ
l'akène a germé
a fait souche, lançant sa liane
à l'assaut de la lumière
au midi d'hiver
filaments aux mille éclats
étoiles en offrande.
D'akènes aux bourgeons
de tiges en fleurs, en fruits, en graines
des germes aux akènes ...
Par quoi ou qui, clématite,
es-tu mue en cycles de vie ?
©Jeanne Fadosi, vendredi 23 février 2024
Les clématites fanées
Un coup de balai
À ces danseuses de ballet qui ondulent dans le vent,
Non, la Clémence s'en garde bien
Tout est poésie dans les saisons
La vie, la mort aussi.
Elles ont l'air de momies,
Plus l'air de rien, du reste.
Et cet oeil noir corbeau
Qui défie le chat.
Non, la Clémence s'en garde bien
Elle ne porte que des regards bienveillants
Jamais la main, grand dieu.
Et ce ballet danse
Ondule, en tutu de plumes
Grillage en toile de fond
Sans public, jardin impeuplé.
La Clémence est morte, paix à son âme,
Sur sa tombe j'ai déposé
Un bouquet de clématites éteintes
Celles de son jardin chéri.
Semence à semer
en souvenir de Clémence
Etoiles noires
Manège :
Les enfants joueurs soufflent sur le treillis. Chaque fleur balance leurs mèches blanches qui tourbillonnent, manège enchanteur. Métamorphose, comme autant de petits moulins dans le vent. Cris de joie, éclats de rire, les yeux s’écarquillent, les mains se tendent, les bras ondulent, les pieds s’agitent en ronde joyeuse. Le bonheur à portée de cœur résonne au jardin.
Clématites sauvages
se décoiffent
au souffle de l’enfance
son mur floral tournoie
ronde laineuse en cheveux blancs
Balade océane
C'est une matinée de septembre où le soleil éclabousse toute la région d’une multitude de gouttes d'or. Ces dernières s’entremêlent merveilleusement à celles iodées de l'eau de mer.
Nous sommes dans un maison forestière nichée au cœur de deux hectares de pinède, à une soixante de mètres de la plage du Bassin d'Arcachon. Il est tôt. Sa Majesté Phébus n'a pas encore vaporisé la rosée de la nuit. Les notes parfumées des arbres, du varech, de l'humus, des fleurs sauvages viennent s'enrouler autour de moi, me soufflant: " Viens... viens..."
Près du portillon, accroché au grillage, un pied de clématite frémit de toutes ces petites graines plumeuses. Mots inaudibles qui viennent soutenir l'invitation sylvestre. Il n'en faut pas plus pour m'entraîner sur le tapis épais des aiguilles de pins.
Entre les jeux de l'ombre et de la lumière apparaissent et disparaissent tour à tour, l'éclat fuchsia des bruyères, le vert acide des fougères derniers nées. Majoritaires, leurs ainées montrent les signes avant coureur de l'automne. Ici, son pinceau combine un jaune vif à un vert profond. Là, elle panache orange et roux. Ailleurs, elle s'emballe saupoudrant toutes les frondes de bruns profonds.
Plus je m'enfonce dans la forêt, plus les odeurs me capturent, m'envoûtent. Celle des champignons rivalise avec les fragrances fraîches des mousses que ma flânerie écrase. La montée de la chaleur anime le sous-bois. Les sifflets et vocalises répondent aux Kraaa! Kraaaa! de trois corneilles résidentes à l'année. De nombreux butineurs s'entrecroisent autour de petites fleurs blanches inconnues; aux lèvres jaune pâle des tubes d'un groupe d'anonymes; près des chapeaux meurtris des russules, cèpes de pins et autre champions divers.
À foison, des arbousiers offrent généreusement clochettes affriolantes et fruits gorgés de sucre à une foule d'amateurs :bourdons, abeilles, mouches, oiseaux... Quelques ronciers ici et là protègent leurs baies noires d'une armée d'épines acérées. Un peu plus loin de profonds boutis* trahissent la quête insatiable des sangliers friands de vers et autres larves. Soudain, un écureuil m'apostrophe, tout fouettant l'air de son superbe panache. D'accord. Je dérange. Il est temps de faire demi-tour.
Appel de la sylve-
Mouettes, merles, mésanges...
La joie pour compagne
* boutis : le sanglier retourne le sol avec ses défenses et le boutoir (la partie supérieure de son groin). Il peut labourer ce dernier jusqu'à 60 cm de profondeur. Son super odorat le guide vers "d'excellents repas".
Son défi à l'hiver
" Elle court, elle court .... " la liane insolente, invasive et prospère, se nourrissant d'un rien.
D'un bourgeon dans l'enfance, elle devient vite adulte, exubérante et libre, en recherche de bras où
attacher ses liens.
En juin, elle fleurira, parfumant nos étés de ses fleurs délicates.
la clématite
ou vigne de Salomon
symbole de désir
Passent les heures d' août qui semblent l'embellir, elle court la polissonne, taquine les jardiniers
voulant la retenir.
En secret elle prépare ses heures automnales car sa coquetterie refuse à tout prix de se laisser mourir.
Au début de l'hiver, elle reste un mystère, coiffée ou décoiffée, elle attire les regards.
ses fleurs en plumes
naturel ébouriffé
défi à l'hiver
la vie est blottie là
le sommeil du silence
En route pour la promenade
En route pour la promenade en ce jour d'hiver ensoleillé. Nous allons prendre le chemin qui conduit aux berges du Rhône . Et nous profiterons encore de la beauté offerte par la vigne blanche sauvage qui abandonne ses akènes à la moindre brise des Dames . L'herbe aux gueux est splendide en cette saison .......
Tu frétilles et te tortilles sous le poil ébouriffé de ta toison blanche. Je te crois à droite, mais tu es déjà à gauche.
Virevoltante
Regard d'anis étoilé
Toute en tendresse
Je me souviens de ces jeux d'enfance : nous nous déguisions, mes frère et sœurs, nos petits amis voisins, avec ces grandes lianes fleuries que nous arrachions aux fourrés. Pour quelques heures, rois et princesses de nos livres de contes.
Tout à coup, sans crier gare tu fonces après je ne sais quel copain de rêve.
Ma petite fleur
Saleté de grillage
Colère inouïe
Grillage assassin
Petit bout de langue rose
Coeur en flaque d'eau
Françoise 1er Mars 2024.
Avec une bouche de baies rouges
Avec des yeux d'étoiles noires
Je bois ces paroles de clématites
Ces créatures échevelées
Arabesques de fin d'été
Nids de grâce au vent d'ouest
Fruits secs et cerises confites
Je vois la vie passée et à venir
Je sais bien sûr qu'elles slament
Pour dire aux êtres de fruits mûrs
Qui trop vite ont vu fuir leur jeunesse
Vivez, vivez, accrochez vous
Aux grilles, au sol, aux murs, aux arbres
A la queue des gros nuages
A tout ce qui vous tient debout
A vos amours quand ils vous donnent
A vos amis quand ils partagent
A ce soutien, cette force, cet appui.
Tout s'efface et tout se pardonne
Portez la tendresse comme un étendard
Le boléro des clématites
Rentrant de promenade, alors que le soir se faufilait sur la campagne nostalgique, je m’étais oubliée à rêver sur un banc, non loin d’un grillage qui me séparait du pré voisin.
Au travers, je pouvais à présent apercevoir l’horizon. Le rideau vert du feuillage s’était retiré, et quelques graines de clématites, ornées de leurs pompons blancs, s’y accrochaient encore. Ces volutes cotonneuses exprimaient la légèreté. Elles semblaient attendre le vent, moi peut-être leur envol. Puis, sans que j’y prenne garde, ma conscience avait dérivé sur la blancheur de cette voie lactée, révélée par ces plumetis soulignés de quelques baies rouges. J’étais en apesanteur, totalement libre de corps et de pensée.
Mon esprit avait largué les amarres, il s’était transporté dans des dimensions insoupçonnables à tout observateur étranger. Ce dernier aurait pu me penser assoupie. Comment aurait-il pu ne serait-ce que supposer les mouvements hypnotiques dans lesquels m’avait entraînée cette danse des spirales ?
Si mon corps paraissait immobile, tout à l’intérieur de lui était en effervescence. Je vivais un bonheur minéral. La vibration chantait son boléro extatique et sa musique m’emportait bien plus loin que les apparences trompeuses que je donnais à voir.
au regard du cœur
se révèle le caché-
autre dimension
voyager les yeux fermés
savoir chevaucher le vent
26 février 2023
Bonsoir Adamante et toutes, c'est ce qui s'appelle savoir regarder, même de petites choses, comme ce végétal duveteux.... merci Jeanne, et à vous les brins de l'Herbier, félicitations encore une fois.... amitiés, jill
RépondreSupprimerŒil de Brin vaut œil de lynx en la circonstance, quelles riches visions !
SupprimerC’est avec mon 3e œil que je lis cette page. Fvm.
RépondreSupprimerBonjour Adamante,
RépondreSupprimerUne nouvelle page de l'Herbier que j'ai pris plaisir à lire. Diversité et talents conjugués sous la merveilleuse photo de Jeanne.
Merci à toutes
:)
Jeanne nous a proposé une très belle photo, à partir de là les brins ont brodé leurs images pleines de sens et de poésie ! Merci !
RépondreSupprimerObserver la nature à l'aune des jours , au souffle des idées et à l'envol de son esprit.
RépondreSupprimerIl y a tant de choses à décrypter... Merci à Jeanne pour l'image et à chacune pour l'offrande de son interprétation !
@ Jeanne : en prime, une belle vidéo où il est intéressant, je n'y pensais pas à priori, de voir et entendre comment l'on se souhaite une Bonne Année aux quatre coins de notre monde ..... merci .
RépondreSupprimerCes fleurs de clématite des haies ont arrêté nos pas et délié nos plumes.
RépondreSupprimerMerci à tous les brins pour ces séduisantes participations.
Merci à toutes pour le grand plaisir de lecture qu'offre cette nouvelle page de l'Herbier
RépondreSupprimerJ'ai souvent tenter de photographier ces akènes de clématites mais sans le réussir à obtenir cette grâce vaporeuse !