Photo F.X.C |
Narcisse
Comme un homme de veille
Une sentinelle, un guetteur, une vigie
La branche pour mât
L'oiseau s'est posé, reposé.
Il balance des lorgnades
A droite, à gauche
Sans un bruit, muet, questionneur.
Terre en vue, une île,
Les Iles Canaries.
Une compagne, pour le printemps nouveau,
Des épousailles,
Un nid, une couvaison,
Vaguement rêveur, au dessus des eaux.
Comme un homme de veille
Une sentinelle, un guetteur, une vigie...
Pour l'heure il épouse son reflet,
Je l'ai baptisé Narcisse.
Menu vagabond
en quête d'une conquête
Le coeur affamé
Le petit oiseau
Ce jour là, ce n'était pas le petit oiseau de toutes les couleurs , chanté par Gilbert Bécaud *, que j'observais. Non, celui-ci était beaucoup plus discret. La gorge et le ventre beige clair, le dessus de la tête brun sombre, le bec très fin et marron, l’œil rond et noir.
Il s'était posé sur une branche grêle à demi immergée dans l'eau de la rivière. Une zone calme, un beau miroir, où le reflet de son image partageait la même curiosité. Qu'y avait-il à droite pour le captiver ainsi? Il m’intriguait. De part sa position de face, ne pouvant discerner le reste de son corps, il m'était impossible d'affirmer qu'il s'agissait du cincle plongeur. Un habile pêcheur. Je lâchais donc la bride à mon imagination. Et si, comme dans la chanson de Juliette Gréco * *, "Un petit poisson, un petit oiseau", ce minuscule volatile était amoureux d'une damoiselle à écailles ?
.
Après-midi clair-
Entre le ciel et l'eau vive
Intrigue à plumes
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* La chanson de Gilbert Bécaud: ICI
** La chanson de Juliette Gréco: ICI
Ici un lac éphémère a inondé la vallée, couvrant les nids, tourmentant les oiseaux. Un lac intranquille qui a envahi les prairies et noyé les caves, quelques logis et les nids. Le passereau en est éberlué, sauvé par ses ailes. La cour et la basse-cour de la ferme n'ont pas eu sa chance. Que pourra-t-il en faire, sinon reconstruire une autre vie ?
Là-bas, pas si loin, à quelques centaines de kilomètres, un autre lac, né d'un barrage des hommes, laisse réapparaître un village englouti il y a presque un siècle. Habitants déplacés pour la fée électricité.
De l'autre côté de la terre, près d'autres lacs en disparition, la terre dure d'années sans pluie offre au ciel ses dessins crevassés et ses cimetières de bateaux.
Sur le rameau nu
L'orphelin équilibriste
en quête de sens
©Jeanne Fadosi, mercredi 14 février 2024
Fadosi continue
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Paparazzo
Les portes de la nature s’ouvrent toutes grandes pour ceux qui l’aime. Cela ne s’invente pas, cela se vit.
Dans la fraicheur matinale du marais, en paparazzo, respectueux di uccelli, il épie. Il observe. Il étudie. Il s’émerveille. Clics en rafale, il éternise. Camouflage et affût, tous sens tendus en contemplation d’une gente ailée et chantante. Moments de grâce !
La beauté s’admire en silence. « Oh temps, suspends ton vol ! ». Dans un monde qui accélère, sa passion n’a pas de montre.
Oiseau, branche et lui
au jeu du reflet/miroir
l’instant magnifié
Tout frémit au bord du ruisseau, les herbes et les premiers perce-neige défroissent leurs habits tout neufs, Monsieur Hiver semble très pressé de se débarrasser de son armure.
Un vif pépiement m'alerte, empêtré dans les branchages que la rivière a détachés, j’aperçois un charmant volatile ballotté par le courant
Au ras de 'eau
un petit oiseau posé
en équilibre
en double son petit ventre
se reflète et m’émeut
C'est une bergeronnette des ruisseaux, à bien y regarder elle semble très à son aise, mieux que je ne pourrais l'être à sa place, toutes proportions gardées... Panse ronde, petit bec affûté, elle hoche de la queue telle un funambule, sûre d'elle et pas même effarouchée.
Un bain de lumière m'enveloppe, on dirait qu'une fée, déguisée en ce petit être plein de grâce, m'a jeté un sort si bienveillant qu'une eau de fraîcheur et d'amour se déverse sur tout ce que je vois, surtout ce qui compte dans ma vie, et même sur ce qui devrait me rebuter. Le monde est une merveille, il suffit d'apprendre le langage des êtres bénéfiques.
Entre ombres et lumière
Il est des matins de silence juste égratignés par le froid de l'hiver, ses longs doigts de givre,
sa blancheur de craie sublimant la plaine, chaque être encore en sommeil.
La nuit tisseuse de blanc
émerveille notre regard ému
des secrets de la terre
Les pas crissent, l'air rosit les joues, comme venu d'un autre univers, plus pur, généreux, plus serein.
Des instants poudrés d'une joie renouvelée, si loin des turpitudes du monde.
Entre ombres et lumière
le rêve guette l'horizon
l'espoir en demain
Quelques pas sur le chemin en attente des premiers balbutiements, du premier chant d'oiseau, celui qui semble guetter l' aurore pour saluer le petit jour.
Ce chant venu du fond des âges, aussi clair que la source, module ses refrains de sa grâce pérenne.
Combien de temps encore, un oiseau sur la branche atteindra le printemps,
au rendez-vous des premiers émois, des couleurs au jardin et des pommiers en fleurs ?
Reviendra t-il bâtir son nid au plus près des villages tout comme les hirondelles qui " faisaient le printemps " ?
Il gazouille ce matin
juste réveillé de sa nuit
" son rêve était si beau "
nous conte sa mélodie
15/02/2024
" Pour les enfants des temps nouveaux
restera t-il un chant d'oiseau ? "
Jean Ferrat
Insolite.
Le Vent des Globes 2570.
Départ tôt ce matin. L'événement est réservé aux Oiseaux. Les flashes crépitent. Une, des quantités de photographies, seuls souvenirs peut-être, de celui-ci un brin pédant face à l'objectif : " Mon profil droit est-il mieux que mon profil gauche ? "
Frêle esquif qu'un bois flotté, branche déjà morte au fil de l'eau.
Départ magique
Et moment qui importe
Vie qui dépend de l'eau
Suivra la longue solitude et les combats contre les éléments déchaînés ; les bonheurs aussi ! c'est parti mon Piou-Piou .....
Coeur qui palpite
Étranger solitaire
Miroir inutile
Françoise Vieille Marmotte, 14 février 2024.
Virgule du temps
La pluie n’avait pas cessé de tomber, et le sol rendait son eau jusqu’à inonder les abords de la rivière. Quelques arbres s’étaient couchés. Sécheresses puis pluies avaient eu raison de leur résistance. Leurs racines offraient à présent le spectacle de leurs arabesques dansant au-dessus des eaux où elles se reflétaient.
Les végétaux transcendent le visage de la mort par la beauté. Un petit passereau était venu inscrire un instant son image dans cet entremêlement de racines échevelées. C’était la vie qui s’inscrivait là, offrant à mon regard le tableau dépouillé de l’acceptation, une œuvre d’art dramatiquement belle
instant de repos
avant le prochain envol -
virgule du temps
12 février 2024
que j'aime picorer les brins de l'herbier !
RépondreSupprimerJ'aime bien cette image de picorer. Merci Josette.
SupprimerTrès belle page que je découvre ce matin ! Je transmets au photographe. L'oiseau est un Pouillot Véloce pris dans les marais du parc de Miribel Jonage, près de Lyon.
RépondreSupprimerBonne semaine à toutes
Tu nous diras son ressenti à la lecture de tout ceci. Merci encore à lui, la photo est sublime.
SupprimerArabesques et virgules j'ai aimé tes mots Adamante, encore une réussite collective
RépondreSupprimerMerci à tous les brins !
Merci pour toutes les participantes, Marine.
SupprimerBien longtemps que je suis venue par ici, pas d'avis de parution.
RépondreSupprimerLa vie, la beauté, la mort.
Tout cela à cause d'un petit oiseau.
Toujours ce même regard affuté Madame.
Bon après-midi Adamante
Merci de ta visite sur le blog de notre petite communauté qui n'est pas le mien propre. N'aurais-tu pas envie de nous rejoindre ? Ce serait formidable.
SupprimerPlusieurs "plumes" pour un oiseau, il sera ravi le photographe ;-) amitiés, JB
RépondreSupprimerChouette image que "plusieurs plumes pour un oiseau", j'adore !
SupprimerUn beau partage d'écriture autour de ce fragile petit oiseau sur son miroir d'eau.
RépondreSupprimerMerci à toutes.
Des haïbuns succulents à déguster.
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