photo Marine |
Qui, que, quoi...
Il y a toujours un quelque part
Qui vous amène à découvrir,
Une route, un sentier,
Un escalier en pierre
Pris dans le lierre et la végétation...
Vers quel temple
Quel dieu
Quel manoir en ruines
Quels restes de civilisation...
Quel il était une fois
Quelle sorcière
Quelle demeure de conte de fées...
Lieu mystérieux
céder à la curiosité
En avant marche
jill bill
Le vieil escalier
Que d’escaliers croisés dans ma vie. De toutes sortes. Petits, de deux ou trois marches. D’autres, immenses et très larges, dans des châteaux ou des théâtres. En colimaçons étroits et raides tels ceux des phares. Et puis parfois il en est un qui a le don de m’intriguer au plus haut point.
Entre terre et ciel-
Au pied du vieil escalier
Mon ombre, hardie
Un escalier de pierres envahi par mousses, feuilles et aiguilles de pins. Dont la moindre interstice a été colmatée au fil des vents et pluies orageuses. Il est si raide, si formidable. Une vraie falaise !
Soleil brûlant-
Une marche après l’autre
Mes questions plus encore
J’y vais? j’y vais pas? Allez! Je me lance. Lentement j’ascensionne cet Everest. De chaque côté, du lierre a déjà escaladé nullement rebuté par le défi. Devant moi un beau lézard des murailles me sert de guide.
Évaluation-
Mes mollets sont au supplice
Mon cœur, lui, joyeux
Quand soudain, tout là-haut, éclate un aboiement féroce. Ni une, ni deux, je dévale en quatrième vitesse la volée de marches si péniblement avalée. Le château des contes du jeudi? Un jardin extraordinaire? Je ne saurais jamais où mène ce chemin vertical.
Objectif à terre-
Mais rien n’empêche le rêve
De continuer
Martine
« Descendez l’escalier que je vous voie Juliette… »
Mais Juliette ne redescendra plus.
Elle est montée, jadis, marche après marche, jusqu’à la cour du château, puis jusqu’à la tour du donjon… N’ayant pas de sœur Anne, elle est montée, elle-même, scruter l’horizon…
« Descendez l’escalier que je vous voie Juliette, descendez l’escalier que je vous voie. »
- Arrête de t’égosiller, Roméo, Juliette ne descendra pas…
Personne ne sait ce qu’elle a vu de là-haut. Tout le monde ignore ce qu’elle a découvert dans la tour. Le mystère est entier, les troubadours en ont fait une légende.
La légende dit que Juliette, une nuit sans lune, a rejoint son petit coin de paradis. Elle y vit sereine, bien loin du chevalier qui l’emprisonnait d’un amour étouffant… Et que, malgré tout, chaque jour, son Roméo revient supplier au pied de l’escalier :
« Descendez l’escalier que je vous voie Juliette. Descendez l’escalier que je vous voie. Descendez l’escalier que je voie votre tête…* »
*
Oppède le vieux
Combien de marches à monter, de chemin escarpé à grimper se dit-elle, ce n'est pas si facile, il fait encore chaud, mais je veux y aller, je veux tout voir, admirer cette merveille du Luberon .
Le comte de Toulouse y édifia son château du XIIIème siècle, une forteresse, en ruines à présent qui domine le Vaucluse avec son église Notre Dame d'Alidon.
Les pierres disjointes
s'élèvent dans la colline
nimbée de soleil
Oppède le Vieux boit les rayons
d'un soleil inaltérable
Au cœur des Alpilles, la cité médiévale était à découvrir, autrement qu'en lectures, je l'avais rêvé ce superbe village où Consuelo de Saint-Exupéry originaire du Salvador, s'y réfugia pendant la guerre, en 1942, avec d'autres artistes résistants, elle fréquentait à Paris les peintres de l'époque, À son retour en France Antoine l'y rejoignit .
Perchée sur son piton
une cité en ruine
fière et imposante
Consuelo la découvrit
et s'en émerveilla
Elle fut si éblouie qu'elle promit à son mari Antoine de Saint Exupéry d'écrire un livre, ce qu'elle fit et Antoine de Saint-Exupéry a écrit la Préface. Je l'ai lu il y a très longtemps, d'où mon envie de découvrir ce lieu magnifique.
Ici il a aimé
Il vint le grand pilote
père du Petit prince
Chez Gallimard, Oppède de Consuelo de Saint-Exupéry
De Cesaria Evora Petit pays
De la terre au ciel
Les pierres du silence au passé tumultueux ont résisté au temps.L'histoire,
leur histoire les a pétrifiées là, au hasard d'une tour ou d'un chemin de ronde.
Oubliant les galops, les cris des assaillants, pierre à pierre, les siècles ont modelé leurs cicatrices.
Du marteau au burin
tant de mains asservies
taillaient scellaient bâtissaient
Sur les murs d'aujourd'hui où le vent mugit et court, le lierre tisse sa toile inexorable, effaçant l'empreinte d'un relief, les cendres d'une sanglante tragédie.
Seuls le ciel et la terre, témoins muets du temps ont assisté à la décadence de ces orgueilleuses forteresses.
Du donjon, la plaine à perte de vue
son calme apparent
ses sillons de poussière et d'oubli
C'est un lieu où les maux disparus ne laissent qu'une fascination pour ces
vestiges dressés vers le ciel, quelques frissons à la pensée de ceux qui y vécurent, tandis que se mêlent parfois au vent marin, douceur de l'amour courtois, chansons et poèmes des troubadours.
Balaline
10 février 2022
L'escalier
Il fallait grimper longtemps parmi les éboulis et les ajoncs. Il lui faisait enfin l'honneur jamais partagé de l'initier à ses territoires secrets.
Les jambes griffées,
essoufflée de tant d'efforts,
ses lèvres tremblaient.
Elle était aussi malingre qu'il était robuste, son teint aussi pâle qu'il était buriné par la vie au grand air. Il leur avait fallu du temps pour s'apprivoiser.
Deux gosses singuliers,
elle de la ville lui des landes,
rencontre improbable.
Le médecin de famille les avait envoyés là, impuissant de la voir s'étioler au désespoir de ses parents. Un lointain cousin n'en finissait pas de ne pas revenir de ses courses lointaines au delà des mers et il avait convaincu son épouse, qui n'avait plus le sou, de leur louer le pavillon des gardiens en espèces sonnantes et trébuchantes.
La vieille gouvernante,
le régisseur jardinier
avaient dû partir.
Les nouveaux venus dans son domaine avaient été des intrus pour le petit garçon solitaire. La mère faisait la cuisine et leur faisaient la leçon. La gamin découvrait le français en apprenant à déchiffrer les lettres et les mots. La fillette écrivait déjà des poèmes. Le père s'était proposé pour des travaux d'entretien.
Au fil des semaines
le jardin reprenait vie
jusqu'à l'abondance.
Au pied de l'escalier il lui avait fallu de longues minutes pour reprendre son souffle. Pierrick l'avait patiemment attendue sans avoir remarqué les marches démoussées et rejointoyées. Il restait quelques marches à gravir avant de découvrir, toujours recommencé, le spectacle dont il ne se lassait jamais. En haut de l'ancienne forteresse, s'offrirait au regard ébloui
la mer lisse et calme,
des colonies de pétrels,
toute son île intime.
De son sac en bandoulière
Louise lui tendit des jumelles.
©Jeanne Fadosi, vendredi 11 février 2022
Fadosi continue
Ah ! si les escaliers pouvaient parler ! Ils auraient à en raconter et nous aussi ! Monter ou descendre des escaliers de pierre ne laisse personne indifférents.
Des dalles pierreuses
le paradis ou l'enfer ?
Dédale s'y perdrait
je ne reste pas de marbre
devant l'escalier de pierre
Les escaliers de pierre sont un lieu de mémoire. Fouler leurs marches est inscrire un peu de soi-même, de son histoire.
En les gravissant
mes empreintes-souvenirs-
la fuite du temps
Une grande symbolique s'attache aux escaliers. L'escalier montant évoque l'ascension vers le ciel, et, sous-jacent, le rêve peut-être d'égaler les Dieux ou du moins, de parvenir à la connaissance des mystères divins.
Gravir l'escalier
une échelle pour l'Olympe-
le rêve d'Icare
Arrivé au sommet de l'escalier, une halte s'impose pour se remettre de ses émotions.
Monter les marches
une à une en soufflant-
Aïe, mon genou !
Le panorama qui se dévoile sous nos yeux est souvent un pur émerveillement !
Au faîte des escaliers
"que la montagne est belle" ! -
saveur d'infini
et l'imprévu est peut-être au rendez-vous.
Arrivée au bout
D'un escalier escarpé-
le destin est là!
Peut-être le bonheur d'une rencontre !
Des empreintes d'or
l'escalier éclaboussé
de rires en cascades
L'Amour est au rendez-vous
pour un septième ciel!
L'ascension réussie, heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.
L'homme accompli
ressent une grande ivresse-
celle des cimes
le bonheur pur de l'esprit
en symbiose avec le corps
Le 12/02/2022
Claudie Caratini
Pour Claudie, veuillez laisser un commentaire sur cette page.
En haut des marches
En haut il y a le soleil, c’est la logique du ciel, il semble que ce matin ce soit celle de l’escalier qui grimpe jusqu’à un mystère à découvrir.
les marches sont de pierre
invitation à monter
tout est si beau
Mais, patience ! Il est si bon de s’imaginer ce qui peut être, et que l’on ne voit pas. C’est comme une veille de fête, on se dit que ce sera merveilleux, tellement que le jour venu, c’est souvent la déception.
goûter le plaisir
de surseoir la découverte
merveilleux moment
J’entends les vieilles pierres murmurer : « Viens t’en, tu verras là-haut c’est encore plus beau, monte ! » Le pied sur la première marche j’hésite encore, et pourtant...
comme une folie
qui me prend et m’emporte
je me mets à courir
J’avale les marches deux à deux, je veux savoir, je dois savoir, il faut absolument que je sache ce qu’il y a là-haut, c’est impératif !
j’arrive au sommet
là, le soleil m’éblouit
je ne vois plus rien.
Adamante Donsimoni – 11 février 2022
Et bien cet escalier a fait parler de lui... bravo les brins de l'Herbier, toujours aussi performants, ici... amitiés JB
RépondreSupprimerBonjour Adamante ainsi qu'aux brins,
RépondreSupprimerCe bel escalier de Marine nous emmène vers de magnifiques lectures. Toutes m'ont séduite.
Claudie: Je reconnaîtrai ta patte n'importe où. Entre les références musicales( que la montagne est belle) ou littéraires ( Icare, Dédale, Ulysse..) et ton humour: quel régal à chaque fois.
Merci
Bravo à toutes
:)
Monter, descendre, admirer, être ébloui, renoncer au but et redescendre, histoires croisées, impressions, murmures des pierres ... une image fixe qui s'est animée en une gerbe de poésies.
RépondreSupprimerPour Claudie, oui c'est cela dans mon souvenir car je ne peux plus grimper si haut, la récompense de l'escalade, la beauté à admirer et faire un, plus clivé comme si souvent, physique et mental recollés. Des mots qui savent transcrire le ressenti
RépondreSupprimerEh bien oui, avec Claudie ça valait la peine de grimper ces marches, d'insister, de décider d'aller tout en haut et à la fin de se poser pour admirer sans réserve !
RépondreSupprimerMonter, descendre, l'escalier est inspirant et tous les textes riches de tant d'apports ! Encore une page dense et sympathique à lire...
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