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dimanche 6 février 2022

La page 192

 

 

Photo Martine


Chez la mère Noëlle


 Modeste vitrine
Au bonheur des dames
Babioles diverses
A chacune de trouver sa bonne fortune
En fouillant du regard...

Poupée de chiffon, chérubin
P'tits bibelots de décoration ;
  Drelin drelin, on entre,
Hésite entre un chat, une grenouille
Un ourson, une boule à neige...


Bazar de campagne
loin du Printemps parisien
Chez la mère Noëlle


jill bill








Des poupées et des marionnettes


Des poupées et des marionnettes
Au fond d'un grenier oublié
Ces jouets rassemblés et qui ne servent plus
Où sont-ils ces enfants qui les ont tant aimés?


Des poupées et des marionnettes
Abandonnées dans un coin poussiéreux
Sur leur cœur tout transi ils enserrent très fort
Leurs si petites vies qui flanchent


Des poupées et des marionnettes
Avec pour chacun une histoire d'amour
Sur quel doux petit cœur ont-ils pu somnoler
 Rêvassant de magies et de contes de fées?


Marine Dussarrat
                                                                                 







Dans le placard de mamie se collectionnent tant de souvenirs réveillés par une lumière soudaine, comme un œil indiscret se posant sur les rives du passé…

Derrière la porte
des souvenirs endormis   
mamie en enfance

En gardien des lieux l’ours Corentin surveille son monde, l’oie Eugénie cache son humeur sous son chapeau de paille, tandis qu’en équilibre instable la poupée de chiffon attend depuis longtemps de pouvoir descendre de son perchoir…  

Vertige des ans
arrimé au passé d’une autre
son regard curieux

Mais chut ! La poupée de porcelaine dort encore, cela fait si longtemps qu’elle s’est assoupie sans qu’aucun prince charmant ne vienne l’embrasser. Ses dames de compagnie font le guet en fières gardiennes du cagibi. 



Toute une époque
quand sonnait l’heure de la dinette
sans poupée Barbie


Le chat observe, espérant en vain le passage d’une souris verte, où d’un oiseau empaillé…
Aucun son ne sort plus de la trompette de l’ange. L’horloge de ses confrères reste bloquée à midi ou à minuit, peu importe puisque chaque santon de la scène est figé en sa posture…



Étonnement
face aux sourires angéliques
d’une collection ailée



De plâtre, de peluche ou de porcelaine, les jouets attendent, patiemment, l’instant magique ou les jeux d’enfants pourraient renaître dans le film de la mémoire de celle qui les a posés là.

Porte entrebâillée
sur le plaisir de transmettre
époque révolue

Sans bruit, la fillette curieuse a ouvert le placard d’autrefois le parcourant du faisceau de sa lampe… Elle l’a refermé, et, secouant la tête d’un air entendu, a replongé dans son jeu vidéo…

 
À la mode de chez nous
la valse ludique
au gré des générations

ABC









Il était une fois

Il existe certains lieux, à certaines heures, où l'on se met à croire à la magie.
Dans la Cité*, une armada de touristes se presse, se bouscule. Partout règne un brouhaha bon enfant. Les gens sourient, s'exclament bruyamment face à une porte particulièrement ouvragée ou une maison à colombages merveilleusement restaurée. Et puis, la journée s'achève.

Au clair de la lune-
Plus personne dans les rues
Sauf un chat crâneur

Le calme retrouvé, la Cité semble reprendre sa respiration après tant de bruit, de pas claquant les pavés. Les volets sont refermés sur leurs secrets. Les boutiques  à frites, à souvenirs et autres babioles étiquetées moyen âge ont clos  à double tour  vantaux et grilles coulissantes. L’ambiance se travestit en quelque chose d’indicible. La maison hantée, le musée de l’inquisition, les histoires des tournois de chevalerie, le château comtal,  tout un caléidoscope d’invisibles tourbillonne au gré de la tramontane.

Une heure du mat’-
Au cœur de la ville haute
Fantômes en vadrouille

Mais… tout n’est pas occulté. Ici ou là, un magasin laisse sa vitrine éclairée. Il en est un au fond d’une ruelle sombre où se pressent une multitude de poupées, ours en peluche, figurines nées de contes et légendes, bibelots nacrés de fées et d’angelots…  C’est comme une fenêtre ouverte sur un autre monde.  On se prend à rêver.

Il était une fois l’heure
De déraisonner-
Abracadabra

* La Cité: il s'agit de la vieille cité de Carcassonne



Martine

 

 

 

 

 



Dans cette vieille malle

Poussière, silence de grenier
tant d'objets dorment là
à bout de souffle, à bout de vie
adulés puis bannis
dans cette vieille malle
ouverte à l'émotion
Les souvenirs bousculent
la fillette de six ans
qui serre sa poupée
comme un doudou sacré
réparant les chagrins
La jeune adolescente
y livre ses émois
en lettres parfumées
aux mots tachés de larmes
Poussières du silence, de quelques cicatrices
d'un passé dévoilé
où dorment les rivières d'un bonheur suspendu
qui resurgit soudain avec sa pointe au coeur

Dans cette vieille malle le temps s'est refermé 

Balaline

 

 

 

 

 

 


Au placard

 

Une poupée bien étonnée
a rejoint sur l'étagère
une précieuse à l'air blasé
une midinette coquette
un bon nounours bien léché
la fière cane de Jeanne
ses canetons polissons
et une minette de chiffons
à l'humeur toute chiffonnée.
Tout un petit peuple figé
aux gestes d'éternité.

Qu'ont-elles bien pu faire
pour déplaire au monde entier
sauvées de l'oubli,

exposées in extremis
tels des objets sans passé ?

©Jeanne Fadosi, samedi 5 février 2022
pour la page 192 de l'Herbier de poésies

Fadosi continue

 

 










                                        

 

 

 

 

 

 

Réminiscences d'enfance

 

Devant ce fatras de bibelots, poupées anciennes, ours en peluche, angelots, digne d'une brocante, je me remémore les poupées de mon enfance que je n'oublierai jamais, elles ont le parfum suranné, celui de l'insouciance.

De belles poupées
s'invitent dans mon enfance-
j'ai le
cœur grenadine.

Poupée de porcelaine, ours en peluche et poupon en celluloïd l'ont bercée et choyée avec tendresse. Je pose un regard attendri sur ces figures et plein d'amour.

Blotties dans ma mémoire
pelotonnées sur mon coeur-
mes poupées d'antan


Avec elles, j'ai traversé le carrousel de mon enfance, j'ai joué à la poupée avec la candeur qui s'attache à cet âge et projeté mes désirs d'amour sur elles avec émerveillement.

Poupée Bella
la bellissime m'a enchantée-
rêve de femme-femme

Elles m'ont encore attirée à l'adolescence, quand elles ont été incarnées en chanson par un jeune talent, France Gall.

Poupée de cire, de son
une chanson inoubliable-
mes quinze ans !

Les poupées ont ce charme de ne pas vouloir grandir et de rester à la hauteur de nos espérances. Je les garderai dans un recoin de mon cœur à jamais.

Poupées de porcelaine-
un pur bonheur éphémère
au charme désuet


Claudie Caratini -
le 06/02/2022

 

Pour laisser un commentaire à Claudie, c'est uniquement ici.


 

 


 

Le salon des aiguilles


La nuit, quand les portes du salon des aiguilles se sont fermées sur le public, quand la laine, sagement alignée sur les rayons des stands, dort, attendant le lendemain pour qu’une voix demande : « Je veux celle-ci » ; sur le stand des poupées de chiffon il en va tout autrement

la Mère l’Oie éructe :
 « j’ai failli être vendue
dieu que j’ai eu peur !

mais elle m’a trouvée trop laide
sale gamine insupportable ! »


La petite poupée paysanne, à ses côtés la rassure : « Tu es belle la Mère l’Oie, ne te décourage pas ! » C’est certain, la Mère l’Oie trouvera celui ou celle qu’elle espère pour partager sa vie, même si maintenant elle cache son chagrin derrière son mauvais caractère

envie de pleurer
son cœur est tout cabossé-
une fleur d’or


À la droite de la Mère l’Oie, deux pimbêches de porcelaine qui se prennent pour des ladies, les yeux au plafond, l’air hautain, soupirent avec mépris : « Le petit peuple se plaint toujours, alors la basse-cour ! » Elles ne supportent pas de se trouver au beau milieu de cette caverne d’Ali Baba, entre ces pauvresses de chiffon et ces horribles babioles en céramique.

avec l’intolérance
le regard se fait dur
et le cœur s’aigrit


Mais les poupées : Souris, Paysanne, Chat de chiffon, et même la Mère l’Oie dont la colère est retombée,  ces doudous tout mous, cousus avec soin pour dispenser des câlins qui font le bonheur des jeunes enfants, n’en n’ont cure. Ils connaissent la résilience, et rêvent déjà de ce bébé d’amour, fille ou garçon, qui les adoptera, demain peut-être, qui sait ? quand les portes du salon rouvriront. Il y a…

entre les bras d’un enfant  
tant de secrets à partager-
tendresse

les yeux des poupées-chiffon   
brillent du feu des étoiles.



Adamante Donsimoni - 31 janvier 2022 




8 commentaires:

  1. Voilà une vitrine qui n'a laissé les "brins" indifférents... ,-) on repart le coeur content ! Belle soirée à tous, amitiés JB

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  2. Merci Adamante, il y a trois paragraphes sur mon texte, le découpage est différent mais on le voit sur Emprises de brises.

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  3. Bonjour à tous les brins,

    Que ce soit d'une malle, d'un placard, d'un grenier, d'une vitrine ou de la collection de Claudie, je suis ravie de découvrir ce que m'a photo vous a inspiré. Le sourire naît au début de ma lecture de Jill et ne m'a plus quitté jusqu'à la dernière ligne d'Adamante. Que du bonheur!
    Claudie: moi aussi j'avais une poupée Bella. Et mes sœurs également. Les poupons que nous appelions "baigneurs", petits ou gros gabarits; une grande poupée de chiffon que nous avions baptisée Jetpartout. J'ai aimé aussi tes clins d'yeux à des chansons. Bel haïbun

    A bientôt sur vos blogs , au bon vouloir du captcha
    :)

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    Réponses
    1. Merci, Martine, pour ta belle photo inspirante et pour ton charmant commentaire

      Claudie

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  4. Tant de souvenirs prisonniers d'un passé révolu qui vibre encore si intensément sous le moindre rayon de lumière... De nouveau un page souriante et sympathique !

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  5. Pour Claudie :
    Fatras de brocante
    Jouets parfumés de l'enfance
    Tourne le carrousel avec sa petite musique d'amour.
    Un beau regard sur la photo, Claudie. Merci.

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    Réponses
    1. Merci, Adamante, pour ce joli ressenti!que j'ai bien apprécié.

      Claudie

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  6. Merveilleuse vitrine qui nous emporte dans le rêve de l'enfance où se cachent tant de trésors émotionnels!
    Cette page est un joli sourire; merci à toutes.

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante