Le philosophe
Dans un logis sombre comme grotte
A l'escalier qui s'enroule façon serpent
Un vieil homme médite, mains jointes,
Sa vieille au tison
Attise les braises d'un soir d'hiver
Pour chauffer la marmite...
C'est le philosophe, au coin d'une table,
Chercheur de vérité, cultivant la sagesse,
Amoureux de la connaissance...
La vieille, elle, a fait son pain, sa soupe,
Récurer le sol, fait la lessive,
Plus tard, enfin, elle lira sa bible
Priera au chapelet...
La Vieille qui lisait le Philosophe
- « Encore dans tes bouquins Mémé ?
- « Chut ! J’attise le feu de mon Philosophe.
- « Comment ça ´ j’attise le feu de mon philosophe ´. Il est tout calme, assis sur sa chaise et paraît endormi .
- « Que nenni. Qu’apparence. Il pense. Puis il écrit. Et moi, je relis .
Je relis, en fait. Oui, c’est moi qui corrige et suggère. Je fais tout dans cette maison. Tout. C’est bien connu, j’ai un cerveau multitâches. Comme toute femme qui se respecte. Eux, les hommes, on le dit, sont mono tâche, n’est-ce pas ?
Qui fait bouillir la marmite ici et veille au confort de Mon Sieur ?
Tout à l’heure mon Sire se lèvera. Lampera sa soupe. Et de son pas pesant de tout le poids de son âge montera l’escalier en colimaçon jusqu’à se coucher. Je devrais dire : remontera ses pensées aussi, car elles ne le quittent guère . C’est là-haut qu’il écrit.
Quand je le relis , je suis souvent perplexe vois-tu. Intriguée, j’essaie de comprendre. Je tiens fermement son livre entre mes deux grosses mains, quasiment des mains de terrienne qui travaille les champs. Le champ de sa pensée aussi parfois. Pas de ces mains de femmes qui se contentent de broder en tirant l’aiguille acérée de leurs papotages, ou de ces mains voletant sur les touches d’un clavecin, voulant que l’on croit en leur talent.
Non vois-tu c’est ainsi qu’il m’aime mon Philosophe. Dure à l’ouvrage. Femme forte et compétente. Pour organiser toute la Maisonnée. Une femme à poigne quoi ! (1*)
.
- Que peut-elle penser la Vieille femme lisant le Philosophe ?
Lui, dans la chaude lumière
Du Couchant
Elle dans l’ombre
Du feu qui illumine
Son visage
Entre le Yin et le Yang
Chaqu’être et chaque chose
A sa place.
La vie sereine
Circule
Entre Chaleur et
Froidure.
Que peut-elle penser la Vieille devant ce Tableau du Philosophe
de Rembrant ? (1*)
Françoise, la Vieille Marmotte. Dimanche 25 avril 2021. Lyon.
(1*). Je pense à « la Mère Brazier ». Pour une toute autre découverte ICI.
Pardon pour ce pas de côté. Je n’ai pas pu résister à la gourmandise.
Au creux de sa coquille
L’ancêtre en son antre
Remontant marche par marche
La spirale des ans
Penser
Sans cesse
Au temps qui passe
Chercher
Au fond de sa mémoire
Ce qui fut
Comprendre
Ce qui est
Réfléchir
À ce qui sera
Lumière du jour
Lumières de l’esprit
Attisées par la chaleur d’un feu
Qu’un bras bienveillant attise pour lui
Mains jointes
Regard perdu
Concentration intense
Bien au-delà de lui-même
Puisant ses hypothèses
En son for intérieur
Comme le Penseur de Rodin
Les yeux fixés au sol
Branché
Sur l’infini
Il s’incarne
Philosophe
Le(s) philosophe(s)
L'un en son pigeonnier se préférait "essayiste" quand avec l'exigence du doute il s'essayait à l'intransigeance de la nuance dans l'humilité de savoir ne pas savoir.
Exercice ardu
contradictions assumées
débuts de chemins
L'autre en sa chambre alité chercha l'absolue vérité, a cru la trouver dans sa spiritualité à l'horizon de ses murs.
C'est dans le domaine des nombres et non des pensées qu'il tendit vers l'excellence.
Par-delà les siècles
huit familles coupées du monde
perpétuent son dogme.
Hors les murs d'autres promènent, du bout de leurs semelles, un pas après l'autre, leurs questionnements, voire leurs certitudes provisoires, ou puisent à la source du spectacle offert les possibilités d'un enracinement éphémère dans l'instant vécu.
de méditations
en rêveuses promenades
ou pensées sauvages.
Une table sortie, des feuilles de notes éparses sur fond blanc, lestées de galets pour ne pas s'envoler. L'apprenti philosophe ordonne sa réflexion sur "Le rire" de Bergson, sous la caresse tiède d'un soleil tamisé par les branches en dentelle d'un prunellier et d'un noisetier.
Une brise légère,
des senteurs de foin coupé,
pensée en mouvement.
Et dans le verger voisin
vaches normandes, traite du soir.
©Jeanne Fadosi, jeudi 29 avril 2021
Évocations :
Les essais, de Montaigne
Le courage de la nuance, de Jean Birnbaum
Les pensées, de Pascal
Rêveries d'un promeneur solitaire, de Rousseau
Malicorne, de Hubert Reeves
Claude Levi-Strauss et jacques Prévert
Mathieu Ricard
et d'autres
La roue du taïchi
Débouchant des ténèbres, l’escalier s’incline doucement vers la lumière que déverse perpétuellement l’œil du poisson yin.
Là, un philosophe
a pris place sous le soleil -
il cherche à comprendre
La vie, ses mystères, le perpétuel mouvement des forces s’engendrant l’une l’autre depuis le premier jour des jours, peut-être même avant…
le mouvement
règle la cadence des choses
la vie naît du froid
et l’eau engendre le feu…
et le feu engendre l’eau…
Il est écrit ici que l’hiver porte le germe du printemps, puis tout s’élève, monte vers le flamboiement de l’été, mais en automne les graines s’enfouissant portent la vieillesse vers le repos.
Sortis de yin
chacun son tour y retournons
c’est la roue
l’œil de yang nous avale
l’œil de yin nous recrache.
L'un dans ses pensées et l'une aux tisons, sans luxe, une vie des plus ordinaires et chacun dans son rôle, les jours se suivent et se ressemblent, paisiblement, qui n'est plus ce jour notre mode de vie, bravo aux Brins... merci, jill
RépondreSupprimerRichesse d'une page offerte par les brins en philosophies du jour à méditer toute la semaine ! Bonne semaine méditative !
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