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lundi 3 mai 2021

La page 177 "le Philosophe" Rembrandt


 


 

Le philosophe



Dans un logis sombre comme grotte

A l'escalier qui s'enroule façon serpent

Un vieil homme médite, mains jointes,

Sa vieille au tison

Attise les braises d'un soir d'hiver

Pour chauffer la marmite...


C'est le philosophe, au coin d'une table,

Chercheur de vérité, cultivant la sagesse,

Amoureux de la connaissance...


La vieille, elle, a fait son pain, sa soupe,

Récurer le sol, fait la lessive,

Plus tard, enfin, elle lira sa bible

Priera au chapelet...



jill bill 






  

 La Vieille qui lisait le Philosophe



- « Encore dans tes bouquins Mémé ?

- « Chut ! J’attise le feu de mon Philosophe.

- « Comment ça ´ j’attise le feu de mon philosophe ´. Il est tout calme, assis sur sa chaise et paraît endormi .

- « Que nenni. Qu’apparence. Il pense. Puis il écrit. Et moi, je relis .

Je relis, en fait. Oui, c’est moi qui corrige et suggère. Je fais tout dans cette maison. Tout. C’est bien connu, j’ai un cerveau multitâches. Comme toute femme qui se respecte. Eux, les hommes, on le dit, sont mono tâche, n’est-ce pas ?

Qui fait bouillir la marmite ici et veille au confort de Mon Sieur ?

Tout à l’heure mon Sire se lèvera. Lampera sa soupe. Et de son pas pesant de tout le poids de son âge montera l’escalier en colimaçon jusqu’à se coucher. Je devrais dire : remontera ses pensées aussi, car elles ne le quittent guère . C’est là-haut qu’il écrit.

Quand je le relis , je suis souvent perplexe vois-tu. Intriguée, j’essaie de comprendre. Je tiens fermement son livre entre mes deux grosses mains, quasiment des mains de terrienne qui travaille les champs. Le champ de sa pensée aussi parfois. Pas de ces mains de femmes qui se contentent de broder en tirant l’aiguille acérée de leurs papotages, ou de ces mains voletant sur les touches d’un clavecin, voulant que l’on croit en leur talent.

                       

Non  vois-tu c’est ainsi qu’il m’aime mon Philosophe. Dure à l’ouvrage. Femme forte et compétente. Pour organiser toute la Maisonnée. Une femme à poigne quoi ! (1*) 

.

- Que peut-elle penser la Vieille femme lisant le Philosophe ?


Lui, dans la chaude lumière 

Du Couchant

Elle dans l’ombre

Du feu qui illumine

Son visage

                              


Entre le Yin et le Yang

Chaqu’être et chaque chose 

A sa place.


La vie sereine

Circule

Entre Chaleur et

Froidure.


Que peut-elle penser la Vieille devant ce Tableau du Philosophe 

de Rembrant ? (1*)

 

Françoise, la Vieille Marmotte. Dimanche 25 avril 2021. Lyon.


(1*). Je pense à « la Mère Brazier ». Pour une toute autre découverte ICI.

Pardon pour ce pas de côté. Je n’ai pas pu résister à la gourmandise.






Au creux de sa coquille 

L’ancêtre en son antre

Remontant marche par marche

La spirale des ans


Penser

Sans cesse

Au temps qui passe

Chercher

Au fond de sa mémoire

Ce qui fut

Comprendre 

Ce qui est

Réfléchir 

À ce qui sera

Lumière du jour

Lumières de l’esprit

Attisées par la chaleur d’un feu

Qu’un bras bienveillant attise pour lui 


Mains jointes

Regard perdu

Concentration intense

Bien au-delà de lui-même

Puisant ses hypothèses

En son for intérieur


Comme le Penseur de Rodin

Les yeux fixés au sol

Branché

Sur l’infini

Il s’incarne

Philosophe


ABC






 


Le(s) philosophe(s)


L'un en son pigeonnier se préférait "essayiste" quand avec l'exigence du doute il s'essayait à l'intransigeance de la nuance dans l'humilité de savoir ne pas savoir.


Exercice ardu

contradictions assumées

débuts de chemins


L'autre en sa chambre alité chercha l'absolue vérité, a cru la trouver dans sa spiritualité à l'horizon de ses murs.

C'est dans le domaine des nombres et non des pensées qu'il tendit vers l'excellence.


Par-delà les siècles

huit familles coupées du monde

perpétuent son dogme.


Hors les murs d'autres promènent, du bout de leurs semelles, un pas après l'autre, leurs questionnements, voire leurs certitudes provisoires, ou puisent à la source du spectacle offert les possibilités d'un enracinement éphémère dans l'instant vécu.


de méditations

en rêveuses promenades

ou pensées sauvages.


Une table sortie, des feuilles de notes éparses sur fond blanc, lestées de galets pour ne pas s'envoler. L'apprenti philosophe ordonne sa réflexion sur "Le rire" de Bergson, sous la caresse tiède d'un soleil tamisé par les branches en dentelle d'un prunellier et d'un noisetier.


Une brise légère,

des senteurs de foin coupé,

pensée en mouvement.


Et dans le verger voisin

vaches normandes, traite du soir.


©Jeanne Fadosi, jeudi 29 avril 2021


Évocations :

Les essais, de Montaigne

Le courage de la nuance, de Jean Birnbaum

Les pensées, de Pascal

Rêveries d'un promeneur solitaire, de Rousseau

Malicorne, de Hubert Reeves

Claude Levi-Strauss et jacques Prévert

Mathieu Ricard

et d'autres

 



 

 

La roue du taïchi



Débouchant des ténèbres, l’escalier s’incline doucement vers la lumière que déverse perpétuellement l’œil du poisson yin. 


Là, un philosophe

a pris place sous le soleil -

il cherche à comprendre


La vie, ses mystères, le perpétuel mouvement des forces s’engendrant l’une l’autre depuis le premier jour des jours, peut-être même avant…


le mouvement

règle la cadence des choses

la vie naît du froid


et l’eau engendre le feu…

et le feu engendre l’eau…


Il est écrit ici que l’hiver porte le germe du printemps, puis tout s’élève, monte vers le flamboiement de l’été, mais en automne les graines s’enfouissant portent la vieillesse vers le repos.


Sortis de yin

chacun son tour y retournons

c’est la roue


l’œil de yang nous avale

l’œil de yin nous recrache.


Adamante Donsimoni



 



2 commentaires:

  1. L'un dans ses pensées et l'une aux tisons, sans luxe, une vie des plus ordinaires et chacun dans son rôle, les jours se suivent et se ressemblent, paisiblement, qui n'est plus ce jour notre mode de vie, bravo aux Brins... merci, jill

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  2. Richesse d'une page offerte par les brins en philosophies du jour à méditer toute la semaine ! Bonne semaine méditative !

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante