henri_rousseau_le_reve_1910_detail
Le marchand d'art mécène orphelin du Père d'Ubu avait-il mission de remercier le peintre qui l'avait hébergé en sa jeunesse ? A-t-il passé commande ou l'a-t-il acheté par bonté d'âme et flair de découvreur en ce début de 1910 ?
Au jardin des plantes
les ours ont les pattes dans l'eau
Les badauds accourent.
L'homme de l'art aux galeries a-t-il commandé cette femme alanguie sur un divan ? Un grand classique. L'homme de l'art aux pinceaux rêve à son amie qui rêve. Il est triste pour les trésors du Muséum d'histoire naturelle, son lieu d'exotisme. Tous n'ont pas pu être déménagés. Ses pinceaux l'emmènent dans le voyage de Madame Rêve. Lequel du poème ou du tableau a-t-il été conçu en premier ?
Un serpent furtif
dans une jungle apaisée,
des yeux étonnés
Loin de la foule et des barques que la crue du fleuve affole et attire, le peintre peaufine son grand œuvre, ignorant que c'est peut-être sa dernière, dans la douceur d'un paradis qui aurait été retrouvé ou n'aurait jamais été perdu.
Dans la ville grise
les bas quartiers inondés
créent du désespoir.
©Jeanne Fadosi, lundi 8 février 2021
Plongée dans les bras de Morphée, j'avance sur un sentier touffu et luxuriant, guidée par l'odeur de l'humus, la nature vierge me chatouille les narines, une profusion de fruits tropicaux me tend les bras, un gazouillis d'oiseaux se mêle aux sons harmonieux d'une flûte..
Eden perdu ou
savane accueuillante-
la pulpe d'un rêve
Pourtant, deux lions au regard ténébreux me scrutent dans un lascis de feuilles... entre vert tendre et vert olive, le Vert chavire mon coeur débordant d'espoir. Ces animaux sauvages éclairent mon chemin, je hâte le pas en quête d'un bonheur, peut-être illusoire mais bien palpable.
La voie de l'espoir
un camaieu de vert-
comme un... vertige
Je m'imagine, Tarzane, sautant de liane en liane... sur ces arbres si tortueux mais si plein de charme... Je vois Baloo, l'ours bon vivant, il me semble entendre KAA, le serpent hypnoptiseur, la faune et la flore sont un enchantement, où palpite la vie sauvage. Dame Nature me ravit sous ses rayons de miel et de soleil
le Livre de la Jungle
il en faut peu pour être heureux-
un plaisir primitif
Et enfin, le susurrement d'une source m'invite en bas d'une cascade... L'eau frémit, je fais une halte régénérante dans un chaos bouillonnant. Je me revois si bien, emportée dans un bain de boue et glissant dans une piscine.... mon désir de cure envahit mon corps d'une douce torpeur.
Mais, soudain, frétille un poisson volant. Mon rêve me réveille, je suis nue, telle sirène!
Et, si c'était la vision d'un jardin des Plantes ? Peu importe, j'ai savouré mon rêve avec délectation.
Le bonheur existe
un rêve qui donne la pêche-
encore faut-il le saisir!
Claudie Caratini
Un goût de liberté
L'été nous a ouvert ses portes, nous avons filé sous le soleil brûlant.
Un jardin luxuriant aux herbes gigantesques, fougères exubérantes, sentes moussues, cachettes exiguës, le paradis de nos jeudis audacieux où l'on venait s' aventurer, se faire peur et s' inventer un tout autre univers
Rires et frissons sur fond de toile verte
Notre écran géant au goût de liberté
de bataillons d'insectes, de criquets affamés
de serpents fluorescents et de chats tigrés aux feulements féroces
Ce rendez-vous des heures sauvageonnes où sonnait la rencontre pour une après - midi de courses et de chasse avec sa panoplie : frondes, fusils de bois, arcs, flèches et rêves à pleines gibeciéres.
Ah ces instants - bonbons dégoulinant sur nos épaules brunies!
Senteurs d'herbes foulées, de mûres écrabouillées, nous nagions dans un bonheur immense, nous découvrions la terre, ils étaient nos héros. On les adorait nos copains aux bras et jambes griffés, eux qui nous sacraient reines.
Regards déterminés et courage infaillible
Ils allaient vaincre, nous sauver
nous les princesses du jour
cauchemardant les nuits
LE COIN DES RETARDATAIRES
Détente…
Certains n'ont jamais aimé l'école, surtout quand on y allait le samedi matin.
Dans ma classe, nous étions plutôt sages comme des images et studieuses par crainte des parents, par respect de l’enseignante ou peut-être aussi par souci d’émancipation à venir.
Le samedi était ma matinée préférée. On commençait par une interrogation sur le cahier de contrôles. Cela ne durait pas longtemps ; il en fallait peu à madame Artys pour déceler nos lacunes. Une dictée de quelques lignes, une phrase à décomposer, quatre opérations et un mini problème ! Le tour était joué ! La matinée de détente s’offrait à nous …
Ce qui était génial c’est que madame Artys aimait nous faire des surprises.
Parfois elle mettait un chapeau melon à l’envers sur son bureau, rempli d’étiquettes ; chaque élève venait piocher un mot, l’écrivait au tableau et à nous l’imagination ! Nous avions quartier libre pour écrire un texte, dessiner ou miner à partir de mots que nous choisissions ! « Pas plus de cinq », disait-elle. « C’est comme les doigts de la main ! »
Quel bons fou-rire ensuite à la lecture de nos récits ou à la contemplation des œuvres d’art !
D’autres fois, c’était les exposés qu’elle nous proposait de faire sur notre thème préféré : les animaux.
Je me souviens de Fabienne, grande rêveuse qui imaginait des expéditions dans de grands espaces et qui trouvait toujours des choses à nous apprendre ; elle avait vraiment cherché dans les encyclopédies celle-là pour être si précise sur les espèces !
Corinne, passionnée de mammifères marins, nous en avait appris un rayon sur toutes leurs différences.
Et Sylvie, camarade très discrète et polie, connaissait tous les noms d’oiseaux de la planète ainsi que leurs chants. On ne moquait d’elle en la nommant « Miss Volaille »
Mais, je m’égare dans tous ces bons souvenirs alors, revenons à ma surprise préférée :
Certains samedis, une affiche ou reproduction d’art était aimantée au tableau, cachée par des morceaux de Canson de différentes couleurs.
On ôtait une à une les feuilles et apparaissait une belle toile de maître que l’on pouvait reproduite en peinture ou aux crayons de couleurs.
Quand nous avions fini notre dessin, madame Artys devenait alors conteuse. Moi, je fermais les yeux et nous buvions ces paroles :
« Les lionnes, étonnées de ne plus rien entendre, s’étaient arrêtées dans la jungle. Elles tournaient la tête, à droite puis à gauche. Il en fallait de la patience à ces mères voraces pour attendre les proies qui nourriraient leurs lionceaux. Mais, elles le savaient, les gazelles ne tombent pas du ciel !
Ce matin-là, aucune proie à l’horizon, mais une odeur, une odeur particulière et inconnue. La truffe de la vielle lionne humait lentement de grandes bouffées d’air en inspirant un parfum délicieux ; ce n’était pas du numéro 5 non, ni même une eau de Cologne, c’était l’odeur d’une douce chair fraîche, le parfum délicat d’un bébé.
Une amie de la lionne, cette Baguera légendaire qui habitait un autre continent, et dont tout le monde avait entendu parler dans la contrée avait déjà expliqué que parfois, les jeunes humains étaient abandonnés en forêt ; mais jusqu’à présent, aucune des deux lionnes n’avait fait cette surprenante rencontre… »
Elle en connaissait un rayon en œuvres d’art, madame Artys ! A croire qu’elle avait travaillé dans un musée avant d’être institutrice. Certains parents disaient même qu’elle était « peintre du dimanche » à cause de ses mains très souvent colorées le lundi matin. Je n’ai jamais osé lui demander si c’était vrai.
Une chose était certaine, c’est que la voix de la maîtresse me berçait, me transportait, m’enchantait ; elle nous faisait voyager dans des contrées lointaines, elle décrivait les moindres détails, donnait le nom de plantes extraordinaires et tout semblait devenir réel, vivant.
Quel merveilleux rêve !
Pour nous qui n’avions jamais quitté notre quartier, quelle aubaine c’était !
Annick SB février 2021
https://prose-poetique-avec-dix-mots.blogspot.fr
La première partie de la page 171
Bonjour Adamante et à tous les brins,
RépondreSupprimerUne seconde partie aussi délectable que la première. Ce tableau a réveillé des envies de retour à la nature, de liberté. C'est un émerveillement qui vous prend et ne vous pas jusqu'à la dernière ligne.
bravo à toutes
Bien amicalement
Nous continuons la promenade entre rêve et réalité, un bonheur du jour qui se prolonge de texte en texte au fur et à mesure de la lecture. Merci !
RépondreSupprimerBonjour,ABC,je crois bien que tu as participé dans la première partie de la page. Tu devrais vérifier ;-))
Supprimerle rêve se poursuit... un bonheur de lecture
RépondreSupprimerQuelle diversité dans tous ces textes! Bravo à tous et toutes!
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