Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien, 1855-1864, huile sur toile, 54 x 39 cm,
Tate Britain, Londres |
Source ARTIPS
Palette
bûcheronne :
L’arbre
a chu
Semant
des fleurs d’avenir
La
vie tourbillonne
Quatre
temps
Quatre
saisons
De
la terre vers la mer
Petits
et grands se mêlent
Vaste
écheveau
D’une
comédie humaine
Se
tricotant à coups de pinceau
Aucune
négligence
Des
regards aux plis des habits
Les
histoires s’encrent
Ancrant
richesse et pauvreté
Dans
le grand livre
De
l’aventure terrestre
Folie
du détail
Précision
du trait
Peints
en fresque d’humanité
ABC
"Le
coup de maître du bûcheron-magicien"
Le
coup de maître n’est-il pas celui de l’artiste lui-même, bûcheron à la hache
meurtrière !
Et
pourtant magicien avec ses pinceaux, ses couleurs, son univers et ses images.
Comme
mon cher Gérard de Nerval, il est parti pour l’Orient en voyage
Comme
lui encore, on le dit fou ; pour Nerval, je n’y crois pas ; pour
Dadd, mystère
Car
je ne le connais pas, mais cette œuvre me donne envie d’en voir d’autres.
Enfermé
dans un asile à une époque où cela équivalait à une prison, son âme
Pourtant
s’envole pour créer : fou génial ou génial fou ? Question à poser
À
propos de temps d’artistes : Camille Claudel, Séraphine de Senlis ;
beaucoup de femmes
Dont
l’hystérie est bien connue…. Art brut ou vrai art dégagé des entraves
De
la raison ? Je termine avec le Facteur cheval, non déclaré fou mais classé
En
art brut : ces cases qui ne conviennent pas à ces artistes hors
normes.
Mais
l’art n’est-il pas justement celui qui se moque des normes pour écouter l’âme ?
Laura
VANEL-COYTTE
http:://wwww.lauravanel-coytte.com
Aux portes de la nuit
Portes ouvertes sur l'étrange nuit
fantasmagorique
où les bribes de voix d'un peuple
abandonné au sombre des grands arbres
s'indignent des massacres
de la plus petite parcelle de vie.
Il n'y a pas de bûcheron magicien
devant l'anéantissement des forêts.
Son bras ne retient pas la hache
il n'entend pas les gémissements de la
terre
mutilée par sa dévorante cupidité.
Où s'est donc perdue l'harmonie
originelle
de ce monde fabuleux
aux paroles de sagesse
aux âmes pacifiques
à la source vivante
du sacré ?
Nous pleurons chaque jour cette
désolation
ces traces indélébiles
toutes ces petites morts
noyées dans la soif de l'artificiel.
Vers quel chemin va donc l'avenir de
l'homme ?
Balaline
Sur la toile le temps n'est pas figé
Le peintre anime ses personnages
Chacun a son rôle à jouer
Sonnez trompettes
Sonnez les cors
Oyez oyez
Le Roi et la Reine Marguerite
S'en viennent
Place place
Serfs et Vilains
Pousse ton araire
Soigne ta vigne
Et prépare tes tonneaux
Tandis que sous la terre
Vit un peuple plein de mystères
Venant de tous les continents
Des filles déguisées en bergères
En fées ou en sorcières
Des Lilliputiens des gnomes
Aux premières loges pour l'exécution
Des conquistadors emplumés
Attendent le spectacle
Déjà le Bûcheron lève sa hache
Pour son coup de Maître
Le peintre a encore à la main
Sa palette et ses pinceaux
Josette
Fantasmagorie
Pas
plus haut que trois marrons
Pas
plus gros que trois pâquerettes
Le
petit peuple des légendes n’était pas là pour rire chaque jour. Multitude de
personnages affublés d’étranges atours, ils faisaient passer le temps et les
époques tant bien que mal. Ils étaient surveillés par plus grands qu’eux ;
méchants conquistadors venus vainqueurs d’un ailleurs incertain.
Ces
petites gens, ceux d’en bas, ces moins que rien, étaient sur cette terre ils ne
savaient trop pourquoi, aucun n’en connaissait la raison. Ils subissaient
saisons, tristesse et grisaille. De temps en temps, à califourchon sur une
boule de platane, ils devaient un peu s’amuser.
Moi,
j’ai envie de leur rendre hommage, de les célébrer ces simples, ces vilains,
ces déboussolés de la vie assis dans cette sinistre cour des miracles. J’ai
envie de leur crier courage, je sais que vous résisterez aux époques !
Vous
serez korrigans, lutins, farfadets, trolls et compagnie…
Vous
serez des légendaires, vous serez l’imaginaire qui traverse par transmission
orale les générations. Vous serez légende et tradition populaire, vous serez
petit peuple, créatures fantastiques et vous alimenterez les peurs et les rêves
des hommes
Fantasmagorie
Pas
plus haute que trois marrons
Se
cache dans l’âme
Elle
n’a que faire des religions, toute seule elle offre à l’homme la peur, la
curiosité, l’espoir, tout le surnaturel dont il a besoin.
Jamadrou
L'arbre de Dadd
L'arbre s'effondre à regret
Hache ou baguette en main
Ce magicien des bois
Reçoit les compliments
La foule admire sa maîtrise
De cet être fracassé
Son exploit a fait naître
Tout un monde surgi des ténèbres
Est-ce un mirage
La sarabande
Des elfes et des esprits des bois
Les bacchanales
Du jugement dernier ?
Marine D
J’ai longtemps cherché
À dire la beauté,
Et je l’ai finalement trouvée :
Là, aux portes de la folie,
Où toutes deux s’amusent :
En paix et si proches !
Territoire
de rebus,
Terre
d’humanités en surnombre,
Chemins
de relations obscures
Et
de regards troublés :
Ils
habitent en moi depuis si longtemps,
Habitants
occupés à des tâches diverses,
Figures
nobles ou figures de misères,
Familiers
de mes trop personnels enfers.
Ouvrant les bras à la perle,
J’ai abandonné mon cœur à l’aiguille.
Je
cherchai à ne glaner que les fleurs,
Au
long des sinueux sentiers de mon âme enfiévrée.
J’y
ai trouvé le vieux nain peureux, âme taciturne ;
Ici
les œufs-mystères, là les bogues épineuses.
Parfois
des diables vengeurs !
J’ai
cru, parfois, en gainer le courroux,
Ils n’ont fait que guider le mien.
Père,
je t’ai tué !
Une vie pour le rachat d’une vie prise
:
Une vie pour dire, en moi, ce
foisonnant désordre.
Une vie, aussi, pour y dessiner un
sens
J’ai
connu et porté la folie de mon siècle ;
Et
ce siècle, de mon pinceau, je l’ai croqué.
J’aurais
voulu gérer au-dehors
Des
étendues immaculées de fleurs épanouies,
Jonchées,
partout, seulement de douceurs colorées,
Je
n’ai goûté en moi que les marais puants,
Les
landes de pierres tristes.
Je
n’ai fait l’économie de rien,
J’ai
regardé en face, tant les visages d’angoisses
Que
les trompes bruyantes et les masques de terreurs.
Garde patience, mon fils ! On ne
naît pas homme,
Lentement, simplement on le devient !
Ainsi parlait mon père.
Alors j’ai cru qu’il était l’obstacle,
Quand il n’était que le dernier
rempart.
Prophète,
noble, matrone ou fée
Gnomes,
contemplatifs, musiciens et capitaines :
La
vie humaine est un chemin de lumière,
Sentier
d’illumination des choses,
Des
zones obscures de l’existence :
Échec
ou victoire :
qu’importe !
La
beauté est toujours un combat qui vaut !
Pour
mettre un ordre à nos nuits premières !
©Serge
De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr
Expiation !
Au
pays des fées, des elfes et des gnomes quelques élémentaux jouent du clairon.
Est-ce en l’honneur de l’arbre abattu, invisible, ou pour saluer les
retardataires venus célébrer sa mort ?
Un
imbroglio de ramures innerve le paysage de Dadd. Mémoire vascularisée. Il y a
là une menace. Des flèches se dressent vers l’horizon interdit, les marguerites
poussent sur la pierre et des boulets de marrons jonchent le sol. Le bûcheron
lève sa hache sur le vide. Expiation !
L’arbre
qu’il veut abattre, n’est-ce pas ce petit vieux rabougri à la barbe blanche,
assis au sol, le regard dur et qui lui fait face ? L’abattras-tu ? semblent lui demander ceux qui sont
autour et qui l’observent, en seras-tu capable ? Ils sont tellement
nombreux à hanter le paysage. Il va le faire. Il va le faire, grincent des
monstres sans cou, tête tassée dessus leur tronc. Fantômes tronqués, écrasés
comme autant de souvenirs enfouis. Il va le faire, il doit le faire !
L’immense
bûcheron refait et refait son geste dans sa tête envahie de troubles qui
dégoulinent sur la toile comme pour marquer à jamais l’acte expiatoire du
peintre.
Au
pays des contes d’Orient ou d’Occident, la mort est toujours présente.
Shéhérazade lui échappe nuit après nuit, ailleurs on fait danser les méchantes
belles-mères sur des plaques chauffées à blanc pour les punir et, toujours, on
mange les petits enfants.
Adamante
Donsimoni
Un petit mot pour marquer ce paysage encore vierge de commentaires. Un petit mot pour dire que ces textes méritent qu'on y revienne, que j'y revienne. Pour qu'on leur accorde, que je leur accorde le temps qu'il faut à les savourer, comme les berlingots sucrés que l'on met à fondre au sortir de la foire, sous la langue et que l'on retrouve bien plus tard, au même endroit, bien plus petit, mais la bouche pleine de goûts variés. Le regard des autres nourrit, c'est l'intérêt de la rencontre. Les autres nous conduisent à nous définir, en pour ou en contre, les autres en soi et au dehors, nous aident à devenir. Merci à M. Richard Dadd. Merci aux divers brins d'herbe et à celle qui les anime du souffle de son esprit.
RépondreSupprimerMerci à toi, Serge. J'aime cette comparaison avec les berlingots (il y a fort longtemps que je n'en ai pas mangé). Mais les souvenirs enjolivent et les goûts sont tellement sublimés. Cette toile a vraiment éveillé chez nous des sentiments loin d'être anodins. Il faut du temps pour lire et relire. C'est aussi pourquoi je ne me promène que peu sur les blogs, j'aime feuilleter le livre ici où les énergies se condensent en un bel égrégore.
SupprimerUne page magnifique, encore une fois. Merci à tous et toutes. Merci.
RépondreSupprimerJ'aimerais bien que ce tableau soit visitables comme Le Jardin des délices de Jérôme Bosh, en mode interactif
RépondreSupprimerhttps://tuinderlusten-jheronimusbosch.ntr.nl/en# !!
Superbe la visite, ainsi possible.Et il ne reste qu'un pas à faire vers Brueghel l'ancien et ses scènes de fêtes du Moyen age:
Supprimerhttps://www.google.fr/search?q=brueghel+l%27ancien+images&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=Iz9PNK-udQa3oM%253A%252CouVdfKrvCQxdeM%252C_&usg=__eohqwxMViiSbwqGByl4bEJ2KYuE%3D&sa=X&ved=0ahUKEwiOtrbs_d7ZAhWCwBQKHaO6AuwQ9QEIPjAK#imgrc=Iz9PNK-udQa3oM:
En réponse à Laura, je dirai que les artistes de cette fin du 19ème siècle et du début du 20ème, ont été des voyageurs, des découvreurs de l'âme humaine, sans carte ni boussole.
SupprimerA la merci de toutes les houles, de toutes les marées qui enflent au fin fond de nos âmes, ils ont ouvert des voies, permis à la psychanalyse, aux sciences de l'esprit et du cœur de planter des jalons qui nous permettent d'aller, aujourd'hui en terre plus sûre, souvent en terre si balisée que nous n'y trouvons même plus les espaces nécessaires à la recherche à la création .
que j'ai aimé lire cette page... je reviendrai la déguster demain à tête reposée !
RépondreSupprimerMerci à tous pour cette page très riche qui a suscité chez moi beaucoup d'émotion.
RépondreSupprimerLe tableau ne me plaisait pas vraiment... Il faudra que j'y revienne à tête reposée, dans un moment plus calme.
Passe une douce journée.