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dimanche 25 février 2018

Oubli, confusion et révision



Oublier, cela arrive. D'un côté on est persuadée d'avoir envoyé une participation et puis non, c'était la précédente qui était un peu en retard. De l'autre côté, quand on compose la page, on a l'œil un peu trop rapide, on copie un texte qui, parce qu'il contient le mot neige, file immédiatement s'ajouter à une page en cours, sauf qu'il concernait celle d'avant.

Dialogue entre le  la "Petite voix de la sagesse"  et le "Grand emplumé qui gère tout" :

- Pas de Nina sur cette page là, voyons, fais un peu attention là-haut !
- Ben, c'est pas d'ma faute j'ai lu l'mot neige !
- T'as lu l'mot neige et ça t'suffit !
- Ben c'est que... à force de lire, j'ai pas tilté !

- Ben oui, c'est ça. T'as pas tilté ! Alors maintenant tu t'y colles !
Je vous invite donc à revisiter la page précédente, ce serait dommage de rater le texte de Balaline.
https://imagesreves.blogspot.fr/2018/02/un-arbre-la-neige-la-page-101-des-contes.html


J'en profite pour remettre ici un texte sur le haïbun qui dort dans un tiroir de l'Herbier :

"On réfléchit"

Le haïbun mêle prose et haïku (5/7/5) ou 17 syllabes,  parfois tanka (5/7/5-7/7) ou 31 syllabes,  qui s’enchaînent dans une suite logique de lecture, une sorte de narration. Une prose (c’est essentiel) illustrée d’une poésie avec qui elle lie relation.
Sans la prose, on ne peut parler de haïbun.
Le haïbun relate une expérience, un voyage, un moment vécu, concret (réel ou imaginaire).
Il recherche avant tout la simplicité, la concision qui convient aux choses de la nature, du quotidien ou du ressenti, ainsi que nous l’apprennent aussi les poètes chinois.
Enfin il refuse la rime et la versification et toute forme de redondance ou de maniérisme.
Il exprime un certain détachement de son auteur qui devient ainsi une sorte de chroniqueur sensé toucher son lecteur par la mise à distance de son émotion. Car c’est le lecteur qui doit vivre l’émotion. L’auteur, par la qualité de son détachement et la justesse de son ton, doit faire en sorte de la lui communiquer.
La prose est essentielle car elle est censée nous faire partager un cheminement d’idées, nous faire vivre les éventuels moments de rupture, (tant dans l’idée que dans le rythme).
Enfin, le haïbun exige d’être ciselé car la concision nécessite une certaine recherche de l’épure, c’est cela qui suscitera l’émotion chez le lecteur. Le non-dit traverse le texte et lui donne son souffle.
S’il ne faut pas céder à la redondance, il ne faut pas non plus se satisfaire d’une écriture simpliste.  Pensée orientale oblige, nous sommes sur la voie du juste milieu…
Un sacré exercice ! (un exercice sacré ?)
Le lecteur touché par l’émotion doit pouvoir trouver son chemin de liberté à la lecture pour goûter les images et la profondeur du récit. Je dirais que le lecteur doit avoir là toute liberté de créer sa propre mise en scène.
La valeur d’un haïbun est certes suggestive, ce que l’on peut dire c’est que l’exercice n’est pas simple, surtout lorsque l’on est pétri de rimes et de versification comme l’est notre civilisation occidentale.
La vraie valeur, au sein d’une communauté d’écriture comme pour soi-même, c’est principalement de s’y risquer.
Alors, s’il est une question que l’on peut se poser une fois le texte écrit, n’est-ce pas celle-ci :
« -Si je devais reprendre mon texte en me pliant à toutes ces règles, comment évoluerait-il ? »
Adamante donsimoni

PS. Si vous passez par ici, allez donc lire les commentaires, 
ils vous révèleront bien plus que ces quelques mots 
au sujet du Haïbun (et famile, haïku, tanka etc.)

6 commentaires:

  1. T'en fais pas... même en faisant attention, on peut se tromper.
    L'erreur est humaine.
    Merci pour cette page, Adamante.
    Passe une douce journée.

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  2. Au sujet du Haïbun:
    je crois que je me sens, dans ce que j'écris, si loin de l'esprit comme de la forme du Haîbun, que si je devais reprendre mon dernier texte, en me pliant à toutes ses règles, je jetterai sans doute le résultat publié simplement à la poubelle et ne tenterai même plus d'en écrire.
    Je crois que l'idée du conte en haïbun, m'a plus conduit au conte et au poème, que sans doute vers le haîbun.
    La qualité de l'instant vécu ou saisi est si contraire au récit (qui implique ou appelle une chronologie), qu'au mieux, je m'approche d'un texte en tension contraire.

    Et la densité de l'émotion vécue dans l'image et les lieux semblables que j'ai pu vivre, ainsi que la rigueur poétique et métrique du haïku me semble si opposées à la dissolution où l'on est tenté dans la prose et le développement du récit, que je me fais du haïbun cette image, d'un élastique que l'on tente de tendre quand il est déjà à deux doigts de rompre.
    Alors, à défaut de pouvoir viser, ni l'idéal objet rêvé, ni à l'absolu d'une culture et d'une langue millénaire, ne me reste qu'à oser encore l'essai: à reposer l'essai comme une valeur, la persévérance de l'imparfaite tentative comme un impossible et inatteignable objectif qui ma foi, du moins fait chemin, à défaut de pouvoir être une fin possible.
    Amicalement à tous,
    Serge De La Torre

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    1. Passionnant commentaire. Préserver la forme ou préserver le fond. Dans tous les cas, personnellement je favorise le fond. L'élastique ne doit pas rompre, la forme ne doit pas rigidifier. Ce qui devient rigide s'approche de la mort, l'énergie ne circule plus convenablement. C'est valable dans toutes les disciplines énergétiques (comme le qi gong que je transmets) ou la poésie de l'instant qui est aussi un art énergétique.
      La forme rigidifié ressemble hélas à une liste de courses à faire plus qu'à de la poésie. Et puis... il y a la langue. Le français ne sonne pas comme le japonnais, il faut respecter la musique de la langue. Le E muet par exemple, en français il compte pour une syllabe, mais dans un haïku écrit en français la règle devient plus souple. En tout état de cause, le fond doit absolument primer sur la forme quand l'émotion est palpable. J'avais écrit quelque chose là-dessus dans ce blog (j'ai cherché sans trouver, mais je ne m'étonne pas, je n'ai jamais pu classer quoi que ce soit convenablement). Mais merci pour ces réflexions qui amènent le débat.
      J'ai oublié la dimension du conte (l'histoire qui se déroule de prose en poésie), comment rigidifier cette discipline qui aime les chemins de traverse et nous fait pénétrer le domaine de la magie. C'est impossible.
      Sans doute aurais-je dû expliquer cela en amont, mais je trouve bien plus passionnant d'en débattre en aval. Merci, Serge.

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    2. Je trouve passionnante cette réflexion et je m'étonne d'autant plus qu'elle vienne de l'auteur du texte qui me semblait le plus se rapprocher de l'esprit du haïbun justement. Mais je me trompe peut-être. Les entrelacs de haïkus ou tankas et de prose dans la tension d'un récit donnent leur respiration au conte.

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  3. C'est vrai,la neige, encore la neige...petite confusion enveloppée de blanc et toute "pardonnée " ! merci Adamante pour cette correction. Je révise mais je ne compte pas, seule l'inspiration semble guider mes pas.
    Belle soirée

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  4. Moi qui oublie souvent comment te jeter la pierre ?
    J'ai attentivement lu le commentaire de Serge De la Torre et le tien, très intéressants et auxquels j'adhère.
    Cela fait longtemps que j'ai opté pour un haïku décomplexé...
    En ce qui concerne le haïbun je n'ai rien contre cette forme, au contraire, mais il est plus "coulant" pour moi d'écrire comme me viennent les images et les mots , même si je reviens plusieurs fois sur l'ouvrage, que le lendemain ou quelques jours après j'y vois des défauts, ce qui fait que ça ne colle pas toujours exactement à ce que je t'ai envoyé d'emblée, je tentes "d"améliorer" mon texte, de changer un mot, une phrase, une sensation et je suis certaine de ne pas me tromper en tout cas sur la forme, j'avoue que les contraintes ne sont pas ce que je préfère. J'aime ce que tu dis sur "un art énergétique" en tout cas pour moi c'est thérapeutique, alors merci encore Adamante !

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Merci de vos commentaires, ici et sur nos blogs respectifs. Adamante