Si, ce soir je vous parle du vent,c’est juste dans l’espoirqu’il n’oublie pas la bise douce et légèreque j’attends au couchant.ABChttp://jardin-des-mots.eklablog.com/
Mistral, mon tyran fou
Je suis un, je suis deux, finalement trois :
aigrelet, égal et menu, je m’engrosse en fortes bourrasques ou, finalement fou,
je vire en tempête, suis colère et monstrueuse cavale. Eh oui, eh oui !
Riez ! Mais je reste trois : on me nomme Mistral.
Je vais sur la ville, emmitouflée de murs,
Resserrée en grappes de frileuses masures.
Espiègle et sautillant, je hâte mon chant de bises,
- Braves gens ! -, jusqu’à forcer vos allures.
Je vais sur les chaumes aussi,
Scalpe les frondaisons nues, libérant soudain mon
cours,
J’ourle les courants d’air, de mes volutes sans
substance,
Roule les nuages, jusqu’au tréfond de l’azur.
Bouche et cœur en avant, je chahute les jupes fines,
Les hauts-cols bien fermés, les foulards de soie.
Et jusqu’aux tendres bienheureux : tous, je les
pousse d’un souffle.
Tel une alarme, une évidence à peine sentie, j’entre
avec eux dans l’ailleurs :
J’éveille la folle imagination, je glisse sous leurs
chapeaux, :
Je suis l’inspiration furtive, l’idée qui va et que
rien n’arrête,
Ainsi, en un rien de temps, je rends chacun have et
morose.
A présent gonflé, je serai demain le futur essoufflé.
Et finalement, je vous rends fou ! Bon peuple,
lorsqu’en tempête, je suis colère et Cavale.
Eh oui, eh oui ! Je suis Mistral
Je dévale, embrasse le fleuve Rhône, et me précipite
à la mer.
J’emplis, de mes langues multiples, la vallée,
féconde, les vallons ;
Déboule de ci, m’engouffre de là, ne reste, qu’à
peine un moment, totalement coi.
Je vais dans les prés où, sous mon haleine, l’herbe
ploie.
Je plaque l’habit du moine contre lui,
Et jusqu’à la feuille du charme au nez de la
charmante,
Je fouille de mes doigts curieux jusqu’au-dedans des
bois.
Vos haies, Humains ! je les contourne, je les
plie et les rudoie.
A qui s’oppose, je m’élève droit ou me dresse en
fléaux.
Et finalement, je rends fou, lorsqu’en tempête, je
suis Colère et cavale. Eh oui, eh oui ! Riez ! Car je suis Roi, on me
nomme Mistral.
Je suis tantôt, aquilon doux ou feinte baratte,
Puis sous l’orage, je libère violent, mon courroux.
Tantôt je me lance, tout ignorant de ma force,
Il faut que l’on ploie sous mes nocturnes assauts,
Qu’on ne puisse m’oublier.
Rageur et féroce, je veux rendre cette nuit,
Ses rondeurs à la lune gibbeuse.
Dans le jour toujours trop court, je dicte la fuite
des choses,
Je dis le risque de la perte, j’inspire l’éphémère,
Refuse aux amours de mourir de totale aisance.
Dans l’ombre de la nuit, je dépouille le faible
Et soutiens le fort. N’est pourtant pas fort qui
croit,
Ne le devient que celui qui ploie.
Je force à la retraite, jusqu’à l’imprudent promeneur :
je le malmène, le secoue et finalement le rends fou, lorsqu’en tempête, je mue
en colère et cavale. Eh oui ! Eh oui ! On me dit terrible : je
suis le mistral
Au sortir des glaçures, je cours dans la nuit,
Et furtif, caresse l’entour. En douceur,
Je flatte Dame Nature - toute en projet, toute en
attente.
Je lève, aux matins, ses brouillards qui trainent,
Accrochent partout leurs duvets, réminiscences
tardives d’un l’hiver trépassé
Je suis tendresse un temps. Mais parfois, fine lame
aussi,
Castratrice, doucereuse et coupante :
Je me fais scalpel, chargé de dernières glaces,
Gonflé d’un reste de frimas, j’emporte en
enfer :
Pétales naissants, promesses de fleurs, étamines et
vigueur.
Je maintiens l’ivresse printanière dans ses
solitudes.
En ses quartiers, ses frontières, je retarde l’assaut
de la vie,
Dans ce dernier relent de fraicheur.
Oui, finalement, je rends fou, lorsqu’en tempête, je
suis colère et cavale. Eh oui, eh oui ! sachez-le. Je suis Mistral le
puissant, l’infatigable…
En été, aux soirs, je comble la nuit sourde,
La punit de lourdeurs. Je la conjugue de chimères,
Donne l’illusion du frais, à mes inspires,
Pour ne que mieux, rependre mes touffeurs.
Comme de râpeuses langues mortelles, je traine mes
sécheresses :
Y sèchent les corps en chaleur, y suffoquent les
baigneurs.
Je soulève le sable et la fine ramille. Je danse
follet et toujours mène le quadrille.
Si j’ai pris quelque souffle, pris un peu de rigueur,
déjà j’agace :
Je lave de mes insipides fraîcheurs, le poids du
jour :
Je force à la petite laine qu’on enfile au matin et
remet le soir encore.
Du soleil ? Il y en aura bien, mais toi, fol
plaisancier,
En vain, tu en guetteras l’enlacement gours,
N’en goûteras que le désir, sans en jouir les
douceurs.
Et à qui voulait la chaleur, j’impose
l’attente !
À qui voulait la confortable tiédeur, je refuse le
cocon !
Je tiens sous sa tente de pacotille le frileux
campeur,
À qui l’on avait promis du rêve et qui n’en a que la
rumeur.
Je le tiens derrière son muret, s’il voulait jouir
sans pudeur.
Je suis le gendarme du temps qu’il fait,
Je presse sous ma loi le paysan, galérien de la
terre,
Je porte rarement la pluie et plus souvent la refuse,
Humble, ce midi, je nettoie. Il pleut sans doute
ailleurs,
Je courbe jusqu’à leur ombre la gamme verte des
feuilles. Je vous rends fou, lorsqu’en sèche cavale, en tempête meurtrière,
j’assèche et tue, car je suis Mort et Mistral.
Elle vire déjà la feuille rousse,
Dans le jour devenu si court, je les vois,
Lumières de conscience, toutes faibles et pâlottes.
La bougie, dont s’éclaire le poète, s’étire et
tremblote.
•
Écoute-moi dans ta nuit, veilleur assidu !
Car tu crois, m’avoir déjà, entendu mille fois,
Or, je ne suis jamais ni semblable, ni le même :
Je m’égosille, je me déploie un moment,
Puis me retiens, me cherche des ardeurs.
Dans les feuilles venues au bout de leur âge,
Je me trouve des emplois, je balaye.
•
Accrochez vos linges, ménagères ! je suis sec : vos
brailles, vos chiffons, je vous les évente,
Ou les emporte ! Rien n’arrête une fièvre, rien
n’endort mon respire
Je veille même aux sourires des enfants :
Eux, du moins savent lancer dans mes courants,
L’oiseau à ailes d’hélices, le valeureux cerf-volant.
L’oiseau le vrai, lui aussi, vole indifférent, plane,
migre, monte et descend.
Mais demain, promis ! j’aurai cœur moins bon, je
soufflerai sans raison, et chargé de pluie, tout du long, car je suis fort et
fou, je tempêterai en cavale, je m’appelle Mistral.
Quand tout glace - et jusqu’à la lune-,
J’attise le froid, rend la nuit pure aux étoiles,
Aux rêveurs devant la cheminée qui rougeoie.
Au feu, je suis le souffle qui l’inspire, et lui
donne sa voix.
On me craint, on tremble même à mon approche.
•
Dehors, tout tiendra-t-il ? Murs et bois
La branche de l’arbre qui vieillit ? Qu’en
sera-t-il de la tuile ?
Ou bien encore de l’ardoise du toit ?
Faudra-t-il ou pas, sortir affronter les grands
froids ?
Elles leur vont comme des injures gelées, mes
bourrasques, mes braillées,
J’ai charrié, dans mes reins, jusqu’à la neige des
montagnes.
Pas un, qui ne veuille s’abriter,
Pas un, qui ne préfère la couette ou le feu du salon,
Je souffle : misère ! Alors, partout,
j’enfle les congères.
Je donne ventre à la peur et parfois sème la mort.
Je suis couteau, et violente glaçure ;
Je crie dans les branches, mais trouve tout vide,
Je cherche fissure. Partout m’engouffre et me
faufile.
Ne rencontre jamais que désert, manque ou pas mes
cibles, …
Et termine, finalement las, me retire….
Allez, hommes du Sud, pour un temps, osez croire que
je ne suis pas ! Croyez que vous êtes, vous les rois !
De mistral, sinon votre poète écrivant Mireille, il
n’en est qu’un et c’est moi !
Serge De La Torre
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Un vent frivoleQui danse farandoleLe ciel frissonneUn vent sauvageNaufrage des nuagesSculpteur de nuesUn vent mystiqueCantiques guerriers ivreArbres en prièreUn vent facétieuxQui court à perdre haleineLes feuilles volentUn vent d’automneLes corneilles babillentCueillette des pommesUn vent couleur sangL’automne de la vieBruit de la scieUn vent haletantLe chasseur tend l’oreillePremière guerreUn vent de tempêteVoltigent les ardoisesLes cœurs chavirentLe vent endormiSur le sein de la luneDouce est la nuitLuciole 83
La fille du ventL’immensité ne lui suffit pasIl insiste pour entrer le ventJe sors pour le calmerLui dire qu’il n’est pas seulLui expliquer que je ne peux pas passer la nuit dehorsQue je suis une humaineQu’il me faut un toit pour dormirMais aussitôt il me prend dans ses brasIl me coupe la paroleIl me pousse, m’étouffe, me bousculeEt soudain j’ai cinq ansJe me surprends à rire aux éclatsIl ne faut pas le lui direJ’adore quand il me fait tourner la tête !Adamante
https://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/
On retrouve à la page précédente d'autres poésies autour du vent.
Le coin des retardataires
Alors, si nous parlions du vent
Ça commence doucement
à peine un souffle d'air
qui fait trembler les cheveux
Ça s’amplifie subitement
et sur le fil le linge
se rêve cerf-volant
L'herbe ondule comme l'océan
Puis le ciel s'obscurcit
Le doux murmure devient vacarme
La forêt gémit bruyamment
dans l’attente d’un répit
des éléments
C'est un bal qui commence
Les nuages valsent
Après la rencontre
Ils se heurtent passionnément
Et leur violence entre amour et haine
Emporte l’écho au plus profond de l'Etre
Josette
http://bricbracdejosette.blogspot.fr/
Doux, violent, câlin, furieux, aimable ou agressif, le vent au mille facettes, sans fin, inspire les plumes... Il y a tant à dire, comme tant à taire, lire toutes les participations m'a rendu complice de son caractère... Merci à chacun, pour son coup de vent !
RépondreSupprimerAh quel Mistral entre autres... bravo la compagnie de l'Herbier ! JB
RépondreSupprimerUn joli vent qui amuse les petites filles sur le pont de l'enfance, merci Adamante
RépondreSupprimerLes tziganes se disent "peuple du vent", nous semblons en tout cas en être les jouets et parfois les enfants.
RépondreSupprimerIl vient de si loin que le plus dur est de se mettre à son écoute.
Un thème qui aura offert de belles pages, de bien belles images et inspirations.
Bravo à tous...
RépondreSupprimerUn vent qui nous vaut de magistrales participations ! Un régal de lectures ! Merci à tou(te)s !!!
RépondreSupprimerBisous