Les
pages autour des herbes - 87ème édition
Serge de la Torre
Herbes
sèches, arrière-saison brûlée
Sèches
sous les pieds, cassantes et rousses, les herbes brûlent cet automne.
Racines
trop courtes dans la terre si sèche, elles appellent une rosée, un brouillard,
une seule goutte d’eau.
Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs
incandescentes,
Et, pire que tout, la frénésie des
inconsciences humaines.
Aphones
depuis longtemps, les verts remisés dans la galerie des heureux souvenirs, ou
aux vapeurs lointaines d’un avenir sans certitude, leurs tiges mortes
font un pauvre foin dans l’air qui vibre de trop grandes sècheresses.
Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs
incandescentes,
Et, pire que tout, l’Homme et sa
gabegie des ressources.
Ne
reste que l’attente, le désert lui-même ne fleurit-il certains matins ?
Quelque
part, au cœur du cœur de leur nature, elles gardent mémoire de leur
essence, et concentre leur fierté.
L’échine
courbée, mais le cœur fier, leur larme sont des appels à la conscience.
Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs
incandescentes,
Et, pire que tout, la folie dépensière
des activités humaines.
Un
jour, peut-être,- qu’il est lointain le temps qui ne se conjugue qu’au passé,
qui ne se pare que d’espoir sans horizons mesurés! -, elles me diront à
nouveau leurs odeurs mouillées, des silences de lendemain de déluge. Elles
exhaleront alors sous mes mains des relents de femmes aimées, à la toison
desquelles les doigts qui les parcourent s’emmêlent
Elles pleurent, les herbes, la fin des
saisons,
Les brûlures de hasards et les
accablantes chaleurs,
Et, pire que tout, dans la douloureuse
fournaise, nos inconsciences débonnaires.
Le
18 Octobre 2017
Grande
soif et petits matins de pluie !
Elles
respirent, ce matin, mes herbes mourantes ;
Sèches
et cassantes, jusque-là,
Elles
crissaient de soif sous le pas.
Ce matin, au contraire, elles
jubilent,
Abreuvées, enfin !
Le
brin plaqué comme le cheveu au sortir du bain,
Vaillantes,
elles ont traversé l’été si sec,
En
leur cœur sans plus de vitalité.
Toutes
recroquevillées.
Réduites
à leur essence,
Elles
concentraient jusqu’à leurs odeurs.
Ce matin, elles respirent, mes herbes!
Enfin, il pleut à verse.
Serge
De La Torre
Vous n'avez pas participé ? Vous pouvez encore, tout reste ouvert
mais adressez-moi vos textes en une seule fois.
Un grand merci
AD
Que dire, on vibre avec l'herbe roussie qui un matin reprend vigueur, une petite pluie, mais grand merci le ciel.... amitiés, JB
RépondreSupprimerMerci pour mes herbes et mes folies.
Supprimerpartageons la pluie qui reverdit les herbes jaunies...
RépondreSupprimerElles restent en manque (stress hydrique aggravé) , et jubilent à chaque goutte reçue.
SupprimerUne bien jolie page, bravo à Serge.
RépondreSupprimerPasse une douce journée.
Merci de même Quichottine. Merci pour cette lecture.
Supprimerj'écrirais des banalités ... me laisser envahir par les images et les odeurs des mots ... les herbes respirent et revivent dans la douceur de l'automne. C'est très beau et juste
RépondreSupprimerD'une région à l'autre, les choses sont autres dans le détail, mais partout l'eau de l'automne, en effet, et quand elle arrive, apporte un renouveau, cette année ici, elle tarde et se fait désirer. Bien des plantes peineront à retrouver leur souffle. En 24 années à regarder pousser mon jardin et sa pelouse, je n'ai jamais vu pareille sécheresse, ni désolation.
SupprimerLes vers sont beaux, peut-être, mais le Ray grass bien triste.
Merci, Adamante pour tout le travail de mise en ligne.
RépondreSupprimerJe sais ce qu'il peut en coûter (pour le pratiquer plus qu'à mon tour).
On oublie si facilement quand tout pousse, et que l'herbe est verte à souhait de remercier le jardinier, pour les soins qu'il a donné.
Merci aller, merci retour. Je suis tellement heureuse que vous ayez pu participer à cette petite performance autour des herbes. Mais au final, pour un herbier, parler d'herbes est plus que logique. Des herbes qui pleurent nos inconsciences humaines, qui brûlent et fleurissent sous la pluie, évocation du désert d'Atacama, et enfin ouvrent une porte sur la sensualité qui s'exprime entre le feu et l'humide. Comment ne pas célébrer cette participation ? Oui, merci, Serge.
SupprimerUne lecture qui met en éveil tous mes sens, les cinq, et même le sixième ! J'en redemande .
RépondreSupprimerMerci, j'écris facilement pour les cinq sens, je parle parfois au cœur. C'est lui qui donne des ailes à l'intuition.
SupprimerCoucou Adamante
RépondreSupprimerJe ne sais pas si j'ai bien fait, mais j'ai envoyé mes textes sur le "FORMULAIRE de CONTACT" de ta colonne menu... ?
Merci cette proposition fort plaisante.... que j'ai eu du mal à honorer à cause de nos vadrouilles sur la Cote Vermeille..
La participation de Serge De La Torre est vraiment sublime ! Je suis très heureuse de pouvoir lire et apprécier de telles oeuvres d'art qui m'apprennent beaucoup !
Un grand coup de chapeau avec sincérité
Merci
Bisous
Et dire qu'en les relisant, je ne vois à ces poèmes que l'énorme défaut (la répétition de "sèche" )que j'ai corrigé depuis, ailleurs.
SupprimerUn point noir sur un beau visage! Je vous le dis, un énorme point noir, pire une verrue sur la figure d'une vestale.
Merci pour votre indulgence et vos propos bienveillants, puissé-je ne pas les entendre trop fort.
Ils m'encouragent un peu, il ne manquerait qu'ils ne m'aveuglent.
Image sensuelle
RépondreSupprimer"Elles exhaleront alors sous mes mains des relents de femmes aimées, à la toison desquelles les doigts qui les parcourent s’emmêlent"
Se rouler dans les foins ou dans l'herbe tendre donne le pouvoir aux herbes d'allumer le feu pour que fontaine coule.
On ne se voit jamais si bien que dans le regard des autres.
SupprimerMerci pour vos lectures!