Des eaux émergent une moisson généreuse, variée, contrastée que je vous laisse découvrir sans rien ajouter d'autre que : merci pour tous ces textes où sourire et réflexion se partagent les lignes.
Belle aventure que cet Herbier de poésie.
Récréanote Adamante
Le diable
des eaux...
Un nemrod
vicelard
De cent
années vieux
Usant de
ruse
Entre deux
eaux nage
Imitant le
bois mort,
Son oeil
émerge
Tel un
périscope
Et sans
faire de vagues
S'avance
vers la rive...
A la tombée
du jour
Gazelles
s'abreuvent,
Il va leur
tomber dessus
Desserrer
une gueule
Aux mille
harpons
Crocs de
crocodile
Mécanisme
mortel
Qui
écrabouille peau et os...
Noir comme
ses desseins
Dans l'onde
sombre,
Noir comme
la faucheuse
Il est le
diable des eaux...
On dit que
les crocodiles ont des larmes...
Celui-ci, à
ne pas en douter, pleurait.
Que lui
avait-on fait ?
Une
sorcière avait transformé en chiffons la peau dont il était si fier.
Ada a vu un
diamant brut
Surgi du
volcan
Œuf en
gestation
Scintillante
gemme
Bulles et
particules
Fluides
sphériques
Fulminances
Sa robe
flammée de pourpre
Transfigure
le bleu de la nuit
Qui ouvre
son baiser
Pour on ne
sait quelle éclosion...
Voilà ma participation, renvoyée dès la parution de ta
proposition au poème de Victor Hugo et que m'inspire l'actualité du moment et
la dissymétrie de traitement l'information entre la mort d'une célébrité aussi
talentueuse que sulfureuse et celles des noyés de la méditerranée qui n'auront
bientôt même plus le droit à quelques lignes.
"L'œil était dans la tombe"
et la tombe est la mer
la mère ogresse
qui se nourrit insatiable
des désespoirs errants.
"l'œil [sera] dans la tombe"
et la tombe sera livre
à l'aune de l'Histoire
plus sévère sans doute
envers ceux qui passifs
auront détourné le regard
figé les mains tendues
l'Histoire qui taira
car l'Histoire est oublieuse
les basses collusions
des intérêts supérieurs
et des mafias.
"L'œil [est là] dans la tombe"
la tombe est ascenseur
la blanche neige a eu raison
du petit prince surdoué
qui est trahi encore
dans sa mort
en célébrant de lui
son avatar d'opérette
icône désincarnée
bien malgré lui
taisant les cinq cents autres
et la peine de ceux
pour qui ils étaient chers
et leur chair
et leur âme.
Trois
haïkus différents pour célébrer l’image :
Silhouette de femme
au firmament nocturne –
vogue la tortue bleue
Plongeon de lune
au pied de sa reine
apparition virginale
La terre tourne
sur un lit de perles bleues
un ange passe
Le Monde nouveau
Entre le bleu des océans et le gris du ciel
Une bulle attend
Autour d'elle des millions de point en suspension
Prennent le temps de l'observation.
Qui aura la force ou le courage de pénétrer la bulle
Ce lieu magique où les élus :
Points en suspension gonflés de résistance
Trouveront un refuge propice à la méditation ?
Méditation puis lente construction
De la suite de l'Histoire du monde.
Une suite qui voit déjà sa route toute tracée
Passerelle striée de rose
Posée entre mer et ciel.
C'est écrit ici :
Le Monde Nouveau puisera ses ressources dans l'océan.
Il était
comme un bateau sans capitaine, comme une tête ballottée de naufragé au cœur
d'un monde obscur, un monde de tribulations.... au plus fort d'une pensée
gélatineuse réduisant au silence le génie au profit de l'individu conditionné
et passif...
L'angoisse
l'ébranlait sans relâche dans cette immensité sans bornes, désertique,
monotone, de l'Océan mièvre de la dégradation de la pensée, du formatage des
esprits précipitant les regards des hommes vers l'indifférence totalitaire,
favorisant l'exclusion.
Les yeux
clos fermés sur toute cette idéologie envahissante qui ne permettait plus les
trouvailles des chemins buissonniers, il laissait échapper son souffle bulle à
bulle, comme un ballon qui se dégonflait lentement... Plus rien n'avait
d'importance !
Bonhomme
têtard étrange obligé d'évoluer dans la mare boueuse des principes économiques
industriels voraces qui entendaient imposer leur gestion comptable sur tous ses
désirs, son esprit, son cœur et même sur son âme.
Sombre
monde qui pesait massivement sur son être ! Il pouvait à peine respirer !
Au plus
profond de lui, il entendait sourdement les cris discordants des myriades
d'enfants de la Terre auxquels on voulait couper le son...
Son cri à
lui, c'était l'inertie ... qui ravageait son avenir !
Comment
pouvait-il vivre dans un monde qui est tellement le contraire de ce qu'il
devrait être ?
Quelques
fois le rêve le cueillait en son île salvatrice... fronde intellectuelle
rejetant au-dehors l'orage de ses vies inaccomplies... où son "Moi"
narcissique triomphait, grandiose et exaltant, sous l'emprise de l'inconscient,
roulant sur les gloussements sonores de ses bulles d'illusions qui sortaient de
sa bouche.
Puis peu à
peu, têtard baignant dans le liquide primordial dans lequel s'articulait son
incommensurable besoin d'amour, non plus rythmé par sa propre respiration, mais
par celle de sa mère via un cordon ombilicale qui la tenait serrée debout à ses
côtés, matrice sanglante omniprésente....
Et les
bulles de respiration devenaient langage en cœur à cœur, son oxygène....
Hooooo
Hisse! Hooooo hisse!
Allez les
gars, encore un petit effort! L'union fait la force
Hooooo
Hisse! Hooooo Hisse!
- Ouais,
toujours les mêmes qui s'y collent, râle en sourdine Gros Grain Gris
- Oh toi,
du moment qu'il faut travailler, tu n'es jamais content, souffle Petit Grain
bleu.
- Tu ne
vas pas me dire que tu te régales à t'user la peau depuis deux cycles? Et puis
d'abord, à quoi ça rime de faire rouler ce rocher?
-
L'exercice, c'est bon pour la ligne. Grâce à ça, la mienne est sans défaut.
Pour ce qui est du rocher, si tu écoutais Grain Capitaine, tu saurais que c'est
vital pour la communauté.
- Vital,
grimace Gros Grain Gris.
- Oui mon
cher. Il faut boucher le trou remuant
- Encore!
Mais je croyais le problème réglé depuis longtemps!
- On ne
sera jamais tranquille tant qu'il ne sera pas adulte.
- Ah ce
gosse! A toujours courir partout, il ne récolte que plaies et bosses. Et qui
est-ce qui doit réparer les dégâts? Nous, les défenses immunitaires!
-
Tais-toi et pousse!
Hooooo-Hisse!
Hooooo-Hisse!
Allez du
nerf! Nous y sommes presque!
Hoooo-Hisse!
Hoooo-Hisse
Présence à
l’Indifférencié.
Dans le
brouillard et la tourmente,
Femme
d’oblation et de piété,
Abandonnée,
et sereine,
Les pieds
fichés aux raideurs d’un réel de pierrailles,
Elle reçoit
la sphère du sacré.
Quand la
profondeur se lève au cœur,
L’Ego
triste s’efface.
Et la tête
aux vents d’orage,
Offerte et
sereine,
Il ne lui
reste au cœur qu’un sentiment pâle
Où s’abîme
l’ongle qui griffe la pierre.
Et la tête,
aux vents d’orage offerte.
Sereine,
elle qui contemple en amour et silence,
Elle porte
à jamais sous ses pas légers,
L’essentiel
comme une offrande.
Tout au
fond de toi
Blotti
À l’écoute
Mes yeux
étaient fermés
Pourtant je
voyais des couleurs
Du gris
Du noir
Du rouge
Un jour
Je me suis
senti glisser
Je n’ai pas
eu le temps de voir des couleurs
Il me fallait
faire tellement d’efforts
D’un seul
coup
Tout est
devenu lumineux
J’étais né
Un jour qui
devait être bien gris
Dans ma
jeune vie
Rappelle-toi
Je t’ai
demandé si je pouvais retourner
Tout au
fond de toi
C’est une
chose vraiment impossible
As-tu dit
Une image pour
porter ces mots en réaction à certaines manières d’être « tellement
tendances. »
La bonté du masque
Roulent les
flots d’un monde moussu de détergents stériles.
Vitrine
d’un entre-soi de bien-pensants se penchant sur les misères du monde, se
félicitant de tant de clairvoyance, se congratulant de tant de générosité.
Et pendant
ce temps, le prisonnier innocent continue de croupir en sa prison plurielle,
celle de tous les horizons fermés où n’arrive pas une note de ces voix, justes
capables de gonfler les gosiers sur la mélodie de l’ego.
Le chant de
l’oiseau, incantation au lever du jour, a bien plus de force pour ouvrir la
porte des geôles. Cette force-là, cette magie sans calcul, a la grâce de
l’amour qui se donne par amour.
Ah qu'en dire encore, sinon un Herbier riche de ses participations qui surprennent chaque mardi, les plumes ont de l'imagination comme tes illustrations, bravo !!! ;-)
RépondreSupprimerQue de regards différents sur une même image ! Magie de l'herbier-poésie qui se renouvelle avec bonheur chaque mardi...Je ne la regarderais plus comme hier.
RépondreSupprimerun rendez-vous comme dit Jill riche de ses participations et aussi de leur réunion
RépondreSupprimermerci et bravo
Tu vis dans l'ombre bleue des rêves insoumis
RépondreSupprimersentinelle paisible en garde de ses clés
Où sera-t-il demain ce trésor de partage
à la blanche alliance du pur et du serein?
Comme gouttes d'amour parsemées sur le sable
gardiennes de la vie, de l'espoir
tu retiens les "peut-être"
les lendemains heureux des hommes en devenir
Et l'ombre bleue frissonne aux battements de joie
aux doux mots d'espérance qui flottent sur sa peau
Alors, fermer les yeux pour retenir l'instant...
Balaline
http://balaline.eklablog.com
Désolée Adamante, mais je suis encore la retardataire de la semaine; merci pour tout.
Bonne fin de soirée !
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=QtFPdBUl7XQ
Plongés dans nos nuits noires, effrayés, tâtonnants, nous allons, si souvent, quêtant une lumière, une direction, un bras simplement où oser nos petites confiances, une oreille où crier nos peurs. Pour assurer nos pas, et poursuivre le déroulé de nos chemins.
RépondreSupprimerEntendre d'autres voix parler de cœur et porter des doutes est peut être la plus rassurante des évidences.
Bonjour Adamante,
RépondreSupprimerComme à chaque fois, je suis admirative face à tant de belle diversité. Comme un groupe de dix peintres face au même paysage, disposant d'un même matériel qui au final offrent dix interprétations très personnelles de la réalité. Une expérience excitante et riche souvent vécue.
J'ai beaucoup aimé lire ce florilège.
Merci et bravo à tout le monde
;)
Lune toute ronde
RépondreSupprimerétoiles dorées à sa traîne
promesse à venir.
Merci Adamante, un beau rassemblement !
RépondreSupprimerBises du jour
L’œil du voyant
RépondreSupprimerne retient pas ses larmes
sur l'humanité
C'était un très beau défi, et j'ai beaucoup aimé chaque participation.
RépondreSupprimerMerci à toutes.
Passe une douce journée Adamante.