Translate

vendredi 22 mars 2019

Quelques nouvelles




Bonjour à vous toutes et tous,

Je suis un peu absente, c'est le moins que l'on puisse dire, ces temps-ci.
En fait, je finalise la parution de mon livre :

ROMANO
 Les lettres à Grand-père

qui doit paraître courant avril aux Éditions

Silex/Panafrika/Nouvelles du Sud

Eh oui, ce n'est pas à compte d'auteur et j'en suis vraiment ravie. J'avais eu en 2013 le bonheur de voir quelques-uns de mes poèmes retenus et publiés, dans cette même maison d'édition, dans l'anthologie "Monsieur Mandela*" (le titre d'un de mes poèmes) réunissant 50 poètes du monde entier,  poésies réunies par Paul Dakeyo, un très grand poète dont j'avais mis en scène des extraits de son livre "Soweto, Soleils fusillés"
C'est lors de ce spectacle, il y a bien 20 ans, que j'avais fait sa connaissance. 
Il faut parfois du temps avant qu'une porte s'ouvre.




Pour l'occasion, nous avions été interviewés par France O



Pour "ROMANO, Les lettres à Grand-père", œuvre personnelle qui témoigne de réflexions glanées sur mon chemin de vie, c'est donc la dernière ligne droite, celle des derniers échanges avec l'éditeur avant envoi à l'imprimeur. 
Alors ne m'en veuillez pas de vous abandonner un peu, je reviendrai rapidement pour une nouvelle proposition qui, je l'espère, vous rassemblera de nouveau pour une page, comme toujours, originale et passionnante. 

Un  grand merci pour votre compréhension.

Adamante



*Monsieur Mandela

Le grand poète Paul Dakeyo célèbre Nelson Mandela

Un article que je reprend ici et que vous pouvez retrouver là
Poèmes pour Nelson Mandela

Quelle magnifique idée que la publication de cet ouvrage ! Et le résultat est à la hauteur de nos espérances tant le recueil rend compte de la beauté poétique et puissante de la personnalité de Nelson Mandela et rassemble, comme un chant, les voix de la poésie du monde africain et francophone.
L’homme qui est à l’initiative de ce projet et auteur du livre, c’est Paul Dakeyo, homme de lettres, sociologue et poète engagé dont l’œuvre littéraire reflète tous les combats. Fulgurances poétiques, clameurs de justice qui résonnent au nom de la liberté des peuples, avec notammentSoweto ! Soleils fusillés, texte majeur des souffles luttant contre l’apartheid.
Pas étonnant donc qu’il consacre cet ouvrage de poésie entièrement et totalement à Nelson Mandela.
Dans cette perspective, la poésie devient une lutte indéfectible au même titre que le combat mené par Nelson Mandela tout au long de sa vie. Oui, quelle belle réalisation que de célébrer Nelson Mandela à travers la poésie vitale, la poésie essentielle d’artistes du 20ème et du 21ème siècle.
Toute l’œuvre de Nelson Mandela est poésie. Ses actes, ses promesses tenues, sa haute lutte engagée sans faillir appellent à ce que l’on nomme l’éclat poétique et altruiste des hommes.  Et les poètes s’insurgent, se révoltent, s’enthousiasment, pleurent avec des mots, leurs sonorités qu’ils fabriquent comme des artisans de la liberté.
Et ainsi infatigablement, les êtres se retrouvent sur des frontières qu’ils ont eux-mêmes construites, celles du partage des idéaux de paix, d’une humanité rassemblée autour de la justice. Tout comme l’écrit Adamante :
« Je ne crois
Ni aux noirs
Ni aux blancs
 
Je ne crois
Ni aux hommes
Ni aux femmes
 
Je crois aux êtres
A la force
En eux
La seule
Qui les élève
Vers
La
Liberté
Amour
Véritable. »
La figure de Nelson Mandela autorise tous les genres littéraires, de la poésie au théâtre, de la prose la plus dense aux fragments semés dans le vent du monde. Toute la terre poétique est tournée vers le visage de Nelson Mandela car il est de ceux qui ont changé la face du monde en refusant l’inacceptable, en payant de sa personne, en conjurant tous les barbelés de l’apartheid.
Notre monde contemporain est rempli de la chair de Nelson Mandela, il est l’arbre enraciné de l’humanité, et vivant partout en chacun. Madiba, Madiba, murmurent les poètes. Et Bruno Grégoire de dire :
« Nelson seul, Mandela est là, Rolihlahla,
Dalibunga, et enfin Madiba parce qu’il a choisi
L’honneur de son clan,
Né dans le village de la promesse trahie. »
Alors quoi de plus légitime que ces fleuves de mots qui cherchent à inscrire le destin unique de l’homme du Transkei. José Guébo psalmodie un chant :
« Tu es Nelson
Tu es Mandela
Mandela
L’accent
Aux soleils
De la conscience
La gorgée de miel
Lampée
De mots
Offerts aux ciels
D’une geste
Sans
Cadastre
Mandela
La verve
De l’arbre »
Ces poèmes sont aussi gravés pour continuer, pour poursuivre à refuser sans relâche toutes les compromissions d’un monde qui, chaque jour, invente un nouveau séisme intolérable. Ce recueil est un pavé de mémoire, une sorte de livre de chevet, un livre de lutte qui doit servir aux générations futures. Comme le dit Francis Combes :
« Mandela
Que la nuit nous rassemble. […]
Entends comme le monde
Près de ton cœur respire. […]
Mandela, que s’effacent les murs,
Que la nuit nous rapproche de toi. »
Ainsi se dessinent les arcs-en-ciel de Mandela qui traversent tous les ciels de l’espérance. Car Nelson Mandela a inscrit pour la longue éternité une détermination hors du commun. Comme le souligne Jean-Jacques Dabla : 
« Tu aurais pu
L’exil en tête
Marcher des chemins d’aventure
Hors le boulevard de l’apartheid […]
Tu aurais pu
Comme nous autres partir […]
Voici que dans les VERTES prairies
Belles
De l’espérance grandiose
L’Histoire ne bégaie plus
Et voici que naît une nation neuve […]
Et harmonisée en arc-en-ciel
Offert à l’horizon du monde »
Mais il ne faut pas oublier que si Mandela a délivré le monde cloisonné du Noir et du Blanc, la misère destructrice jalonne toujours la terre rouge de l’Afrique. Le combat n’est pas achevé, l’Unité doit se bâtir encore et toujours, solidement, durablement, pour que cessent les pleurs des enfants encore affamés. Pour que l’Afrique s’illumine et parfume le monde de sa sagesse. Oumar Diagne nous le dit :
« Je ne suis d’aucune race car pure invention.
On m’a qualifié de sale Nègre,
Sauvage, inculte et inférieur à l’homme blanc.
Auprès de toi, j’ai été initié à l’école de la renaissance
Demain, avec les miens,
Nous bâtirons une Afrique éclairée »
Oui, le monde change et avec les hommes qui s’effacent mais les mots restent. Et voilà que la voix de Paulin Joachim retentit, le poète qui, par inadvertance, nous a quittés. Entendons la parole éternelle d’un homme de la Négritude :
« Terres hautes tragiques d’hommes et de femmes
Inoculés d’insomnieux sommeils,
Réduits à gratter les ténèbres de l’horrible […]
Puis soudain, l’Ange incarné, dressé, le miracle palpable !
Comme un rejeton de sang royal dont le nom signifie
Fauteur de troubles, anarchiste tel un certain Christ,
Mandela surgit de son tombeau, au large du Cap »
Voici comment les combats se rejoignent, sur les terres humaines et à travers les mots gravés, on conserve ainsi la trace des conquérants des causes justes. Ainsi ce modèle « Mandelien » devient une litanie universelle, comme le proclame Kama Kamanda :
« Construis ton œuvre, bâtisseur de paix,
Et délivre les cœurs de l’angoisse du futur ;
Accompagne les femmes
A travers les champs de mines
Pour assurer leur sécurité
Et protège les enfants orphelins
Figés par l’horreur de la guerre.
Inspire la paix autour de toi
Et vide la discorde de toute fatalité
Pour redonner à la vie un nouvel espoir. »
A travers ces écrits poétiques, les hommes appellent à la clairvoyance humaine, tout comme Mandela, pour abolir les injustices, les intolérances et les massacres.
Ou encore Jean Métellus qui, en une poésie biographique, raconte la longue histoire de Mandela, tout en détail géographique et cosmique. La voix de Jean Métellus est celle de Mandela dont l’histoire ne sera jamais terminée car elle habite tous les chemins de l’histoire de l’Afrique et du monde.
Et voilà toutes les voix des poètes réunis au nom d’un seul homme qui a su capter « les soleils essentiels » pour redonner toute la dignité bafouée, toute l’humanité écrasée par des siècles de répression, tout l’esprit à un peuple debout qui ne demandait rien d’autre que d’exister. Oui, des milliers d’hommes et de femmes redressés par la volonté d’un seul qui a su fédérer partout et toujours, même dans les moments les plus douloureux, ceux de la torture, de l’emprisonnement, de l’immense isolement dont il a fait l’objet. Comme il aurait été plus simple de céder pour gagner sa liberté. Mais Mandela n’est pas de ceux là, il voulait remporter la liberté de tous de haute lutte et il y est parvenu. Quand libéré, célébré, élu par le peuple d’Afrique du Sud, Mandela, apaisé, ne parle que de réconciliation. Nulle vengeance à l’esprit, ni haine dans le regard, seulement la lueur des mains levées offertes à lui qui ouvrent l’horizon sur une clameur qui est bien plus grande que les complots politiques organisés pour détruire.
Peut-être c’est cela la figure de Mandela, celle dont chacun doit s’inspirer, à sa hauteur, pour toujours lutter dans l’intérêt des peuples, sans chercher l’absolue réussite individuelle. Le dépassement de soi qui mène à l’Histoire, celle que les poètes, les hommes et les femmes de la terre portent pour l’infini. Amadou Tidjane Touré l’écrit si bien :
« Madiba, Madiba,
C’est la chanson des Zulus et des Xhosas.
Madiba, Madiba,
C’est l’espoir des Thembus et des Tsongas.
Dans le Cap, le Transvaal, l’Orange ou le Natal […]
Madiba, Madiba,
C’est le Souffle incompris, ce vent doux
Venu du Sud. Il a apporté le bonheur.
Il s’est annoncé dans les hauteurs,
Puis est descendu et a rafraîchi les cœurs. »
Madiba, Madiba, les voix des poètes ne s’éteindront jamais. Juste elles chuchotent durant la nuit, le jour elles s’éveillent pour continuer de tracer la route vers toutes les libertés.
« Quand Mandela sort de prison le soleil le regarde. La lumière dont on l’a privé si longtemps […]. Quand Mandela sort de prison le soleil le regarde. Cette lumière qui émane de lui et qui illumine le monde […].
Grâce à cette anthologie sublimement poétique, nous retrouvons tous la parole, une parole unique et une parole rassemblée, celle qui chante d’un seul hymne.
Monsieur Mandela est un livre indispensable, à mettre entre toutes les mains, pour tous ceux qui croient que le monde ne peut se bâtir que dans la lumière généreuse de l‘Unité, à l’image de la nation arc-en-ciel, celle que Nelson Mandela a construite comme une esquisse plurielle pour l’éternité.  
 
Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul DAKEYO, éditions Panafrika, Silex/Nouvelles du Sud, Paris, 2013
 
Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant chercheur
et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain et de recherche de Yene


vendredi 15 mars 2019

page 138



Acrylique sur papier froissé - Adamante Donsimoni -






Qui vient vers eux, joyeusement salué par l'une et faisant tourner une autre tête tandis que la troisième, attentive au tout jeune No en quête de bras et de la tendresse de tout un village, lui dit doucement de laisser le père Jean tranquille. Nu-pieds dans ses sandales, pli soucieux au front, le père blanc hésite.

La nuit est tombée
les chants sacrés se sont tus.
Ils arrivent bien tard.

Celle qui vient vers eux est Awa, la femme-médecine, qui s'est battue les jours passés à ses côtés pour arracher le petit No à une crise sévère de paludisme.  C'est l'homme qui l'accompagne ce soir qui intimide le révérend père, avec sa toute petite croix de bois sobrement accrochée au revers de sa saharienne, alors que la sienne fanfaronne sur son plastron blanc. Awa, sans relâche, soigne petits bobos et grandes maladies. L'hôpital est à plusieurs jours de marche à travers la brousse. Dans sa sagesse, elle sait bien les limites de son savoir et de ses pouvoirs.

La modernité
ce serait un dispensaire
auprès de l'école.

Qu'importe si le projet est soutenu par une autre chapelle. Les bras tendus de No ont fini de le convaincre. En accueillant Albert Schweitzer1 ce soir, le père Jean est entré en désobéissance. Sa hiérarchie très catholique lui a signifié son refus d'un partenariat dans une lettre qui l'a dévasté. Une lettre qui lui est parvenue au milieu de leur dernière bataille pour la vie. Il est bien loin le temps des images d’Épinal et du séminaire qui ont forgé sa vocation d'aller évangéliser les troupeaux égarés pour leur porter la vérité universelle. Il est bien loin aussi des obsessions de sa tutelle ecclésiale. Après tant d'années d'Afrique loin des cercles de pouvoir des colons et des chefs locaux, il souhaite enfin être vraiment utile aux villageois, concrètement utile.

Combien d'âmes nobles
se sont-elles affranchies
des bas intérêts ?

Libérées des certitudes,
enrichies des différences.




1.- Albert Schweitzer, 1875 – 1965, médecin, pasteur et théologien protestant, philosophe et musicien alsacien, fondateur de l'hôpital de Lambaréné (Gabon) en 1914 et prix Nobel de la paix en 1952
https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Schweitzer







L'évangéliste...
Père blanc, enfants noirs
Lui en soutane eux en pagne,
L'homme d'église a planté son clocher
Au milieu des huttes
Sur le sol rougeâtre africain...
Père blanc, enfants noirs
Au repas spirituel
Ces prières récitées
Comme leçons de l'instituteur
Dans la p'tite école...
Père blanc, aimé comme un dieu
Des enfants noirs
Criant papa à bras tendus,
Tableau d'autrefois que celui de la foi,
Ces ouailles ont d'autres faims...











Sourires radieux

Demain où seront-ils
Ces petits enfants d’Afrique
Yeux de velours, sourire radieux
Élevés à l'ombre d'une croix
La graine semée
Trouveront-ils leur chemin de vie
Quel monde les attend
Dans le froid de nos villes
Dans l'abîme des rues
Dans le dénuement
Dans l'abandon
Sous le poids glauque de la mer
Si bleue par en dessus
Si redoutable …





Frédéric Chopin - Valse du printemps








J'ai longtemps vécu à dessiner les arbres de la forêt,
Les pierres blanches et les gens du village,
Et derrière chacun et chacune je voyais un Dieu me chérir.

Elle court, oui elle court
Vie et amour logeaient là,
Ici et partout

Lorsqu'il est arrivé, j'ai même dessiné le bon père blanc,
En fait, chaque fois qu'il venait au village :
Et puis vinrent les jours où il nous fit bâtir sa grande case-église

Et avec eux,  ces jours où il s'est mis à regarder

les yeux écarquillés, presque baveux sous les robes,
les seins noirs des fillettes, des filles et de leurs mères
Le Bon père blanc nous parlait le plus souvent à toutes
et parfois à l'une d'entre nous, seule, oh oui ! bien trop seule . 

La vie est partout,
Elle t'adore Little Moussie.
Disait-il le Bon Père.

Un saint homme disaient la plupart et je le croyais aussi.

Et moi, je dessinais, sa soutane blanche, sa croix et ses mains serrées en prière.

Au loin la maison de son Dieu me donnait tant envie de connaître
Cette Vraie Vie qu'il nous avait promise.
Ce soir-là, je l'ai suivi le Bon Père Blanc,
Jour maudit, où il m'a fait voir le démon qu'il cachait sous sa soutane,
Son Dieu d'amour, ainsi le nommait-il

L'amour est partout
Tu dois l'aimer lui aussi
Moussie  fille du pays

Si son démon n'avait pas de logis dans son église,
De tout petit, sous son habit, il a bien grandi,

Pris même toute la place et dans ma vie aussi.

Depuis, je ne dessine plus, je ne vis plus,
Ni ne respire et partout je fuis les églises.

Cours, cours pauvre Moussie
Les seins lourds, le ventre rond
Je te fuis Père Maudit

Ton Dieu Malin , Père Blanc a profané mon ventre, les arbres, les pierres aussi,
et jusqu'aux gens du village qui m'ont chassés de ma case, une nuit.
Et depuis je marche, je marche le ventre lourd et le cœur gros

De cette peur :  qu'un autre de ces Saints Blancs ne m'emmène visiter

les coins cachés de son église de périls et de papier.

Honteuse et perdue,
sur notre terre d'Afrique
Je quête le Dieu Promis

Mais je suis salie, trahie, bannie  plutôt que bénie.
Un bébé de lui dedans mon ventre, moquée de tous, je suis partie
Et oui, petite vieille, sage mamie, je cherche, vois-tu, je cherche ma vie ! Donne moi une pauvr' pièce, un pain ou un fruit ?

De mon village, vois-tu je n'ai plus rien .
Car ce matin, mon dessin, enragée, je l'ai froissé.

Et sur le bord du chemin, dans le fossé boueux, comprends-tu,  je l'ai jeté !










La quête du bonheur


Dans la nuit étoilée
Au-dessus du sol battu de soleil
Les enfants se pressent
Ils quémandent la tendresse
D’un père spirituel
Un père blanc venu évangéliser les peuples d’Afrique
Représentant consacré du père éternel
Sous la protection duquel ils sont promis.

La nuit est déjà là
Un astre dans le ciel éclaire leur rêve de ce paradis
Où les premiers seront les derniers
Où s’égailleront aussi les petits-enfants pauvres
Les petits-enfants noirs
Un paradis plus lumineux que cette étoile
La croix
Accrochée au fait de la petite chapelle
Un paradis lointain pourtant
Bien trop teinté du blanc de l’inégalité
Mais comment pourraient-ils le savoir ?
Ils ont tant soif de spiritualité
Ils ont tant soif de cet amour promis
Ils ont tant à donner en retour

Cette croix qui domine toujours tout
Ils ne le comprennent pas encore
Mais ils la porteront
De prière en prière
De génuflexion en génuflexion
De pénitence en pénitence
Jusqu’à leur dernier souffle
Acceptant jusqu’à l’inacceptable
Pour le mériter ce paradis.

L’enfant de la misère
Quel que soit son pays
Quelle que soit sa couleur
Est un pénitent qui rêve de bonheur
Jusqu’à cette prise de conscience
Cet éveil
Où il parvient à s’affranchir de la croyance.





jeudi 7 mars 2019

la page 138 en suspens





Bonjours les brins de l'Herbier, 

N'ayant que deux textes de rentrés à ce jour pour la proposition 138, je vous propose, si le sujet vous parle, de reporter la parution à la semaine prochaine. N'hésitez pas à me faire un retour sur la question.
Une petite pause donc.  
Les deux dernières parutions abordaient des thèmes un peu particuliers et pour le petit dernier il y a un triste concours de circonstances avec l'actualité. Une image pour rêver eut sans douté été préférable. 
Je vous espère en pleine forme et vous remercie de tout votre investissement depuis déjà quelques années. 
Une petite pause ne pourra que nous faire du bien. 
Amicalement
Adamante




vendredi 1 mars 2019

pour la page 138


Repos vacances ? 

Activités, beaucoup, beaucoup, durant période prévue pour loisir !
Un vendredi sans page
mais dédié à Serge *


Alors, si vous êtes là la semaine prochaine,
 Si vous voulez combler le vide des mots de cette semaine


Je vous propose cette image




Acrylique sur papier froissé - Adamante Donsimoni -
Une proposition que je viens d'envoyer à un ami éditeur 
qui m'a demandé une église, un père blanc et des enfants d'Afrique
pour la couverture d'un livre qu'il doit sortir bientôt.
J'attends le verdict car je peux trouver d'autres approches
"On gratte" comme on dit !


*Si d'autres brins sortent des livres, 
l'Herbier se fera une joie d'en causer 
pas dans le poste, mais sur une page !

















Allez les Brins, c'est l'heure de la cueillette !

À vendredi


jeudi 28 février 2019

Chemins vivants

  
«  Tout chemin n'est seulement qu'un chemin, et il n’y a pas d’offense, envers soi-même ou les autres, à le quitter, si le cœur t’en dit…
Regarde chaque chemin séparément, et délibérément.
Essaie-les, autant de fois qu’il te paraît nécessaire.
Puis, demande-toi, et à toi seul : ce chemin a-t-il un cœur ?
S’il en a, le chemin est bon ; s’il n’en a pas, il n’est d’aucune utilité. »

Ainsi parlait Don Juan Matus (chaman indien yaqui) à Carlos Castaneda dans «  L’herbe du diable et la petite fumée ».


Notre ami Serge a suivi les conseils du vieux sorcier et pris les chemins de la vie (... …/…)

Aux carrefours de l'existence, il s’est laissé toucher d' images et de sonorités.
De  certaines sont nées des poèmes, et d'autres des histoires.
(…/…)

Ce qu’il a qualifié de  : "envie d'écrire".




Alors aujourd’hui, je vous invite à suivre le lien qui croise ces chemins.

« Ce n’est pas la première fois que l’un de mes textes (Nouvelles, contes, poèmes) est publié : sur Internet (blogs littéraires et communautés plus ou moins ouvertes de gens de lettres) ou dans des ouvrages collectifs publiés  (Voir par exemple : Dans nos villages, éditions Mairie de Chalabre ou recueil des Primés des Concours littéraires Astier-Cestion de la Ville de Montélimar, notamment ces 5 ou 6 dernières années .
Pour la première fois en revanche, est publié, à mon seul nom, un recueil de quelques uns de mes textes récents ou plus anciens. »

Serge de la Torre





un extrait 
 (…) Sans avoir rien su de leur arrivée, nous étions ce soir- là, à mi- pente de Grandmont, à nous griller les doigts, aux chaudes pommes de terre que nous nous lancions hilares ; quand soudain sa silhouette apparut au sortir du bois. Une apparition ! Je vous dis ! Une divine vision !Nous étions assis, heureusement ! La Sainte Vierge de la chapelle du carrefour en robe de nylon ! Si bien faite ! Vraiment ! Je vous assure.
Le Petit en lâcha, tout soudain, la pomme de terre qu’il avait encore à la main, et sa mâchoire, aussi : les deux, ensemble, en fait.  Je ne devais pas valoir mieux.
C’en était fini de notre désinvolture ! La dernière bouchée, celle que nous avions en bouche, nous eûmes bien du mal à l’avaler.
Nous avions déjà vu quelques femmes, des habillées et des bien nues. Mais elle ! Elle, c’était une fille de notre âge, et elle était là dans la maigre lumière de notre pauvre feu mourant.




jeudi 21 février 2019

P 137 les ânes bâtés



œuvre de Subleyras 

Musée du Louvre, Paris Jean-Honoré Fragonard, Illustrations des Contes de Jean de La Fontaine, Le Bât, vers 1765, pierre noire, plume et encre et lavis brun, 36 x 27 cm, Petit Palais, Paris, photo : © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz



Sujet difficile sans doute, il y a tant derrière les images. 



Tout d’abord un mot de Jeanne   
« Je te mentirai à moitié si je te dis que je n'ai pas le temps. C'est vrai mais le sujet ne m'inspire aucun mot. Je sais que j'apprécierai les participations des brins.
Ce sujet m'a donné l'occasion de découvrir cet article que tu connais peut-être et qui donne des explications intéressantes. »








Le faussaire

La suspicion fait faire de ces choses
Quand femme trop belle
Laisse planer un doute
Et qu'avec un autre membre viril
Il n'est question de la partager...
En partance pour ses affaires
Pierre, époux jaloux, portraitiste,
S'en va peindre avant
Sur le bas-ventre de Marie-Madeleine
  Un grison, ordinaire, qui aux frottements s'en irait...
 Un confrère de l'époux, ami du couple,
Dès que dos tourné
S'en donna précipit'amant à corps joie
Aux basses affaires
Avec l'infidèle, marquée d'un âne, au pubis...
Ce qui devait arriver, arriva,
Le grison, par leur sueur mêlée,
   Disparut bel et bien, bien et bel
Mais qu'importe, le rival, artiste peintre, lui aussi,
En remit un à l'identique, le crut-il... !
A son retour au foyer
L'épouse, soulevant jupons, baissant culotte,
 Montra fièrement l'endroit à l'époux
En signe de sa soit-disant droiture
Envers lui, lui, ni nigaud, ni naïf... !
Ah mais l'âne est bâté, s'indigna le cocu...
Je ne l'avais point équipé de bât
Vous m'avez trompé, Marie-Madeleine,
Je reconnais-là la patte de Jacques-Antoine
Et sa cervelle d'oiseau... !
Moralité :
« Précipitation nuit à la mémoire
  Et démasque le faussaire pressé de jouir ! »








Les jeux de l'Amour et les jeux de la Vie


Le mari :

J'entendais rugir en moi les lions du désir,
Désirs tout courts un jour. Ils sont devenus - un jour!-  désirs d'elle,
Désir d'amour, bien sûr, mais désir d'emprise et de pouvoir, aussi.
Emprise sur la beauté, et sur le corps aimé,
Emprise de l'homme aveuglé,  sur sa jeune épousée
« Emprise de l'un sur l'autre -oh fol !- qu'il imagine posséder,
Qu'il croit même détenir comme on détient un trophée,
« Alors que  la vie, je le vois bien, ma Mie,
Flux éternel, déborde bien tout vouloir, et par tous les côtés. »

La pulsion me demandait au début de prendre,
Puis un autre de tenir et exigea de garder
Elle était devenue habitude et puis ferme volonté
Elle exigeait plus de posséder
Que d 'aimer encore et de servir.
Exigence, oh oui ! exigence de propriété
« Captation exclusive et possession permanente ».

L'âne, que je suis, dessina un âne au pubis de sa moitié.
Et pensa  ainsi la savoir garantie dans sa fidélité.

La Femme :

Il arrive mon amant.
Dans l'escalier :
Montant quatre à quatre les marches vernissées,  je l'entends...
Mon cœur chavire,
Mon corps aspire et mon Âme exulte.

Je l'ai aimé mon mari, pourtant,
Je vous le jure, monsieur de Président...
Mais mon cœur a fané,
Je vous le dis :
« On ne met ni son aimée, ni sa vie sous la cloche. 
On l'aère, on la fait respirer »

Pouvoir de la femme, pouvoir de la vie,
Pouvoir du désir, pouvoir de l'amour.

« Je rue sous le poids des vouloirs,
Je cours où pousse l'herbe verte de ma liberté. »

Je n'appartiens qu'à moi-même,
J'aspire aux chemins de mon cœur,
J'aspire, toute simple, à ma propre vérité .

Il l'aura eu, son âne peint, comme il l'attendait.
Oh ! âne qui devait garantir ma séquestre !
Mais il aura ainsi perdu mon âme,
Qui elle ne se nourrit d'aucun  foin :

« La vie, je le dis, est plus puissante que l'imbécile qui l'enferme,
La Vie est plus fantasque que l'absent, qui voulant la contenir,
Ne réussit jamais qu'à la faire se flétrir.

L'Amant :

« Nous avons joui ma belle de nos pauvres heures comptées,
Nous avons joui, ma tendre, de nous être aimés.

Mais hélas, il revient déjà, le mesquin voyageur,
Au port, on l'annonce arrivé, l'autre, misérable barbouilleur!
Il revient, lui qui croit te tenir avec pleine assurance
Et qui ne sent rien encore du vide entre ses mains.

Il a mis ta vertu entre les pattes d'un âne.
Je lui offre, moi, au bougre un joli pied de nez.
Son pouvoir, je t'assure, j'en ferai une charge mieux partagée...

Il goûtera le poids du réel, ma Mie,
Et fort lourde lui sera, je t'assure, cette vérité.
Il voulait retrouver son âne, je m'applique, je le jure !
Je te fais au sexe un plus bel âne encore,
Mieux même, je te le fais bâté.
Il se reconnaîtra, j'espère ! très bien représenté.

Le Président :

Le monde, misère ! depuis les origines se chamaille,
Et parce qu'il batifole, il prospère,
Oui, la vie prend mille chemins pour dire, sans cesse, son mystère.

Et quoi ? L'on me voudrait juge ?
Mais juge de qui et surtout juge de quoi ?

Si les Dieux, eux-mêmes, n'ont rien pu y faire.
Qu'y ferais-je donc moi ?

Le mari est cocu ? La belle affaire.
La femme est, aujourd'hui, libre,
Ou comme elle n'a jamais encore été.

Ira-t-elle vers l'Amant, ira-t-elle vers le Mari ?
Elle ira, j'espère, vers où le cœur lui en dit.

Et d'ailleurs, si elle s'en trouve l'envie, ma foi ! à cette belle épanouie,
Je ne suis pas bégueule, je saurai faire l'âne comme il faut
Je lui ouvrirai mon cœur et pareillement mon lit.










L'artiste a peint un âne
sur les parties intimes
de sa belle

mari trompé, pas si bête
il a trouvé le bât qui blesse !










Avertissement : sans doute un vieux compte à régler avec les Beaux Arts !


« Navrance » et vanité

Un âne sans bonnet, il est sur la tête du peintre. Vanité de la possession masculine dans un milieu où, sur les murs des beaux-arts, je me souviens, fleurissaient des formules poilues :
« zob + zob = zob ».
« Navrance » d’un milieu dopé à la testostérone pour qui la femme est à immortaliser nue sur une toile et à baiser le soir entre  chansons paillardes et vinasse. Qu’importe l’incongruité du lieu où on la représente, on peut la voir en tenue d’Ève incarnant la tentation, assise sur une pelouse entourée d’hommes portant costume et haut de forme.
Vanité !
Le monde de ces hommes a réduit la femme à se soumettre, celle qui tente de s’en libérer devient une Camille sublime happée par la folie.

Entre sublime et déchirure, la stupidité des codes. En photographie par exemple, le vintage vaut de l’or, la découverte post-mortem d’une œuvre ne vaut que pour le regard.
Vanité !

Que voit cette femme en observant ce mari ridicule brossant un âne sur son pubis ?
Penchée vers lui elle semble étonnée. Apparaissant telle une observatrice extérieure, son expression pourrait laisser à penser qu’elle est en passe d’éclater de rire.
« Pauvre fou ! »  la pensée traverse la toile.

Et comment le voit-elle cet amant, bâtant l’âne pour le réduire à une monture ?
Le tableau ne le dit pas. Soyons libres d’imaginer. Mais est-ce bien nécessaire ?
           
Dans la vie et dans l’art, de Shéhérazade à ces ânes, le piège de l’espèce se referme sur l’errance bipède où, malgré l’évolution, quelque part encore, une formule lézarde les murs :
« zob+zob = zob »