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vendredi 11 novembre 2016

La page 55 de l'herbier, chat tourne

 
Une page aisée à monter car personne (ou presque !) n'a oublié de joindre son adresse sous le texte envoyé. 
Un immense merci !


Les images, chat remarche !

Voici donc un Charivari volontaire
 pour s'extraire des réalités géopolitiques chamboulées par l'oncle Sam,
ainsi qu' une plongée dans une nuit Africaine.

Belle fin de semaine à tous !
AD


Photo récréanotée de mon bol de café du matin prise au soleil d'été Creusois sur la terrasse.
Détails importants car chaque Terre a un parfum propre qui crée ses images !



Raminagrobis...

Dans une bulle
De lumière
Raminagrobis
Se fait ombre chinoise,
L'ombre de lui-même...

Tout petit
Dans une flaque
De soleil
Dans une éclipse
De lune
En catimini
Presque invisible
À ma mi-aoüt
Le chat est
Amoureux... !

Félix et Garfield
Sont sur les rangs
Il va falloir la jouer finaude
Pour s'introduire
Chez la voisine... !

Mais, traces de patte
Trahissent...
La maîtresse rentre sa chatte,
Queue basse
Raminagrobis rentre chez lui...












Elle frissonna. Ramena son châle sur sa poitrine, doigts crispés.
La peur déformait ses traits ! Non pas ça crut-elle crier ... Pas ça !











 


Pattes de velours
sous lanterne de nuit
le chat passe














La ronde des matous fous

Sur la planète Monboldecafédumatin
Tout tourne à l’envers
Les chats ont perdu le sens de l’orientation
Deux pattes suivies d’une queue
Comme les mouches qui marchent au plafond
Cherchent à parcourir le ciel
C’est la ronde des matous fous
Ils tournent comme des planètes déboussolées
C’est évident, l’équilibre est rompu
Plus rien ne va
Comme dans le monde des humains
Ça patounne à l’envers
Ça file tout droit
Vers le grand n’importe quoi 
Le chat soleil imperturbable
Rayonnant de blancheur indifférente
Garde la pose
Il brille
C’est sa fonction
Il réchauffe
C’est son rôle
Le monde des astres se fiche de nos états d’âme
Et moi
Je finis par boire mon café
Avant qu’il ne soit froid.










Alice dans le puits
tombe tombe
sans fin
Ce n'est pas un lapin
est-ce un loup,
un chat noir ?
un chien pas assez brun ?
cette lumière, est-ce son œil ?
un tunnel avec un bout ?
ou juste un avatar
du trou noir
qui a tout absorbé ?







Le chat est à l'envers
La maille est à l'endroit
Une sphère cosmique
Pointe la queue du chat
La papatte indique
Le sens de l'univers
J'ai perdu mes repères
Ma raison et le reste !



              et aussi



Un flash pour la peur
l'homme est un loup
pour la bête traquée
je voudrais qu'elle échappe
à ses ruses cruelles


Je suivrai la piste
du félin qui est surpris
par plus fort que lui


Clap de fin
il a laissé des traces
le funambule

©MarineD







 
Nuit Africaine


La lune noire
éclabousse la nuit
Quelques lambeaux de suie
ombres fragiles
sur la toile de vie
s'estompent
Masque de l'étrange
ou peinture de peine
l'homme noir épie
Inquiétude
prémonition
le bourdonnement des voix s'est tu
A pas lourds et usés
la matriarche
avance vers son destin
Elle s'en va rejoindre
les autres âmes grises
ces feux follets dansant
qui illuminent
chaque nuit Africaine

                                           ©Balaline 







 
Tourneboule
Boule de flipper
Dans les tunnels du Sombre.

Minet a couru derrière le lapin d'Alice.  Mais, peu habitué aux effets d'apesanteur des tunnels, le voici qui tourne sur lui-même, sens dessous dessous, et que je tourbillonne.... Là-bas, le lapin file vite , un œil sur le chemin, l'autre sur la montre.

Tourneboule
Boule de flipper
Minet le curieux se jure, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendra plus.

           ©Martine
 






Venus des commentaires, quelques poésies supplémentaires :



Tourneboule le temps
sous nuit mal lunée
-le chat en perd la boule


Claudie (pas de lien)





Un matin dans ma terre sombre et brune

je Creuse un tunnel

Le chat ferma les yeux

puis y entra

Voilà pourquoi

sur la trace de ses pas

dans le tunnel

mes yeux voient dans le noir

des morceaux de soleil.



jamadrou le 11 novembre

(un peu sur les traces de Maurice Carême: Le chat et le soleil)


 Voir le poème de Maurice Carême chez jamadrou en commentaire

lundi 7 novembre 2016

Proposition d'image 55 pour l'Herbier de Poésies


Impossible de déposer une image ici depuis deux jours. 
Je vous invite donc à découvrir l'image sur over blog.

http://adamante-images-et-reves.over-blog.com/2016/11/proposition-d-image-55-pour-l-herbier-de-poesie.html


Je suis plus que jamais à la recherche d'images, si vous pouviez me faire des propositions ce serait une bonne chose.

À très bientôt.


vendredi 4 novembre 2016

Découvrez la page 54 de l'Herbier


Chagall est à l'honneur ce vendredi, des rêves bleus surgissent au son du violon tzigane du violoniste bleu et de celui de Nemanja Radulovic.

 




Il savait tout faire, le violoniste bleu.
Il savait tout faire, mais c'était un taiseux. Il jouait de l'accordéon comme pas deux
mon violoniste bleu, mais pour causer aux oiseaux, je ne connais pas mieux !
C'était un taiseux.
Il avait un fils, duquel, je te le donne en mille, je tombis amoureux. Plus talentureux que lui, tu meurs !
Bon ... pour la vocabulation, aujourd'hui, c'est pas gagné,
Je sens que je m'en vais
copier,
sur meilleurs que moi .....
<< Dieu, (Dieu ? ) Dieu, chuchote l'homme, Dieu, parle-moi ; un oiseau se met à chanter, mais l'homme ne l'entends pas. L'homme répète : Dieu parle-moi. Une cigale cachée dans l'herbe, lance un trille ; mais l'homme ne l'écoute pas. L'homme regarde autour de lui **..... (et tout ainsi de suite) .... ne voit rien, n'entend rien, ne comprend rien ..... il est triste, il pleure, >> Dieu est aux abonnés absents.
C'était un taiseux, mon violoniste bleu, mais les oiseaux, il les entendait ; les cigales, les écoutait, la lune et les étoiles, les remarquait ... la force de la Vie, il connaissait.
Il pleurait, plus souvent qu'à son tour le violoniste bleu. Mais il n'était jamais seul et triste.
À Vitebsk, Oncle Neuch montait sur les toits pour jouer du violon. Son petit-fils, aujourd'hui fait fi des conventions qui ligotent les étroits d'esprit. Il a résolument adopté le look qui lui plaît. Troué, bleu, violet, jaune, rouge ou vert, sur les mains ou bien en l'air, tout comme les enfants, il joue. Il joue avec les lignes, les formes, les sons et les couleurs.




** Chant, dit-on, inspiré aux Indiens d'Amazonie, par notre aveuglement, certains jours, quand nos yeux et notre cœur sont obscurcis par le découragement.
Texte plus complet sur le Blog de la V.M.   Françoise Isabel 




Il est des rêves bleus
Aux nuits de pleine lune
Qui dansent sur les toits
D’une ville endormie

Il est des rêves bleus
Aux cœurs assoupis
Qui « s’ennotent » violon
D’un musicien nocturne

Il est des rêves bleus
Aux songes féeriques
Que chantent les oiseaux
D’un ciel apprivoisé

Il est des rêves bleus
Aux couronnes fleuries
Qui décorent la lune
D’une tendre harmonie

La ville dort, la nuit s’enchante,
La porte des cœurs s’ouvre
Sur l’onde des rêveries…















Peintre je suis.


Peintre je suis parce que je suis poète
Et mes pinceaux me racontent
Je serais violoniste assis dans le bleu des cieux
Mon violon dialoguerait avec les oiseaux
Et lui mon grand œil bleu ferait rougir ma joue
Et dialoguerait en poésie avec la lune
Cette poésie qui émane de l’immensité bleue
C’est moi Peintre qui l’ai déposé ce bleu
Comme une ode au vague à l’âme ou à la vague outre-mer
Outre mère outre tombe
Pinceaux jouez musette dansez envolez-vous
Tels mille oiseaux
Racontez-moi ce que je ne sais pas dire
Ouvrez la grande mélodie des chants du possible
Ceux qui donnent accès à l’éternité de l’après
Ceux qui montent vers le chemin du rêve
Ceux qui montrent la voie vers l’autre rive
Ce champ immense où le bleu rencontre la lumière
Et devient vert
Vert pâturage
Ces chants qui d’un coup d’archet
Propulsent vers la pure poésie
Rêves en peinture je vous aime.


jamadrou © 30 octobre 2016    (A fleur de pinceau)







Le violoniste bleu...

L'homme du square
Est sans bagage
Arrive de...
On ne sait où...
Il ne dit jamais mot...
Il a pour compagnons
Ses instruments de musique,
Son p'tit gagne-pain...
Non m'sieur dame
Il ne mendie pas
Ne tend pas l'assiette,
Et si il a l'air manchot
Il joue
À tirer la larme
D'une main habile
De l'Albinoni...
On donne à l'artiste
Pas au pauvre infirme...

Un soir d'hiver
Nul ne le revit,
Mais plane encore son violon
Au square des Batignolles...
Il manque aux oiseaux
Et à la p'tite vieille
Qui le nommait gentiment
Le violoniste bleu...











Dans le bleu de ses rêves
Si profond quand il se souvient
De sa mère patrie
Sous la nuit étoilée de ses tableaux
Un petit violoniste aux joues rouges
Joue une valse tzigane
Avec la joie au cœur
Sur son violon doré
Et même les oiseaux
Éprouvent la magie
De la musique slave
Les couleurs qu'il a déployées
Éclairées d'une lune blanche
Brillante comme une lampe
Sont foulards de soie
Pour les filles en fête
Flottant aux rythmes
Des notes acidulées








Dans la nuit de Vitebsk
Les notes bleues s'échappent
D’un violon
Musique ensorcelante
Entraînant le rêveur

Les notes s'envolent
Comme un bouquet de fleurs rouges
Phénix
Sous la lune opale
D'un ciel perdu

Le rêveur est seul
Il joue en équilibre instable
Insensible aux tracas
Offrant sa partition colorée
Aux oiseaux charmés
À Bella
Endormie loin de lui

Pulsion de vie en bleue





Un jardin sur la mer

Matin bleui de rêves
où la vague
en volutes d'écume
soupire
aux sons longs des violons
Un chant d'amour est né
une échancrure
dans le bleu de l'instant
Au premier jour
il joue
il joue la vie les mots et les silences
le maître de musique
le semeur de lumière
Il a chanté la mer la brume du levant
les îles de solitude
les colombes de paix
et maintenant
il joue pour moi
dans mon jardin
mon jardin sur la mer





 
           





La nuit ensorcelée  


 
Il joue du violon
la musique file vers la lune

Dans la nuit bleue
il s’envole
avec les oiseaux
au-dessus des toits bleus
des maisons éteintes
ensorcelées de sommeil

L’amour agite l’archet
l’âme du violon tribal
s’enchante
il fait naître la vie
il fait naître des fleurs
pour Elle
semblable à la lune
pour Elle
qu’on ne voit pas
pour Elle
qui rêve
tout en bas
-dans une maison
bleue
assoupie dans la nuit
bleue
du violoniste
amoureux-
du baiser
rubis
de ses lèvres
sombres
qu’un oiseau-note
messager du désir frémissant
de l’être aimé
déposera
en un souffle
sur ses lèvres
offertes

Un vrai baiser d’amour
qui la réveillera

Mais elle gardera
les yeux clos
pour faire durer un peu
ce sentiment de fête
enivrée dans sa nuit 
au contact
de cette bouche
tant désirée.

©Adamante (sacem)











 
Sous les fusains de mon parrain
la magie opérait,
transportant en la transformant
la salle à manger,
tapissée en mode éphémère
de papier recyclé,
dans les rues de la capitale :
les arcades de la rue de Rivoli,
des devantures enguirlandées ;
sur les trottoirs,
des badauds nonchalants
et des gens pressés ;
dans les jardins du Louvre,
des enfants emmitouflés
avec des moufles et des bonnets,
avec des ballons et des cerceaux ;
et même près de la Tour Eiffel,
le castelet du Guignol du Champ de Mars ;
Le cadran de la pendule
habillé en église Saint-Germain-des prés ;
au-dessus de la ville, les toits de Paris ;
sur la coupole de l'Opéra
un joyeux luron près de l'ange
avec un tout petit violon,
et un traîneau prêt à venir.
C'était une veille de Noël
en 1958.












samedi 29 octobre 2016

Serez-vous inspirés par l'image 54 de l'Herbier ?


Pour la page de vendredi prochain à remettre jeudi midi dernier délai
&
N'oubliez pas le lien que vous souhaitez à la suite de votre signature

 









Marc Chagall  est né le 7 juillet 1887 à Liozna (Biélorussie) et décédé le 28 mars 1985 à Saint Paul de Vence (France).  Un peintre au regard qui touche, un visage qui exprime la vie et le respect de la vie. Un grand artiste qui a inspiré plus d'un auteur...


Il dort
Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec l'église
Il prend une vache et peint avec
une vache
Avec une sardine
Avec des têtes, des mains, des
couteaux...

Blaise Cendrars


Ferrat chante Chagall (poème d'Aragon)



Et on ne copie pas sur ces talentueux petits camarades !














vendredi 28 octobre 2016

Herbier de poésies, page 53




 
Voici une belle moisson autour du portrait réalisé par Arnaud.
Chaque texte nous touche et dévoile un regard singulier, et plus j’avance dans le temps de l’Herbier, plus je suis heureuse de vous lire. C’est vraiment un grand bonheur.
Goûtez, dégustez, prenez le temps et revenez-y, d’autant qu’il y a toujours des retardataires.

Aujourd’hui, je ne résisterai pas au plaisir de vous livrer ici les impressions de Serge autour de notre petite communauté. Elles feront, j’imagine, fourmiller de plaisir tous les brins qui la composent, n’est-ce pas ?

Mais tout d’abord, car il faut toujours que l’humour accompagne les choses les plus sérieuses, voici ces quelques mots de Mémée, à l’aise dans ses sabots et philosophe à ses heures :

(Je vous l’aurais bien enregistré si je savais intégrer un MP3 sans passer par youtube).

 



« C’est-y Dieu possible qu’on aime à c’te point là qu’on nous dise qu’on nous aime ! 

Mais dis-y voir toi, pourquoi faudrait-y qu’ça soye la honte que d’ rosir un p’tit peu quand c’te chose là arrive ? 

C’t’un peu comme dans la pub qu’on voit à la télé où c’qu’un drôle barbouillé d’chocolat, avec son air d’angelot tombé du paradis, nous dit comme ça :

                                           « C’est bon la honte ! » 

« Un peu qu’cest bon ! Où c’qui s’rait don l’plaisir si qu’on s’l’interdisait ? »





J'adore, cette hebdomadaire sollicitation de l'herbier de poésie :
comme un exercice périodique pratiqué dans un Dojo.
Une occasion,
un rappel du nécessaire essentiel.
Des mots, bien sûr...
Ce ne sont simplement que des mots,
mais qui conduisent au cœur,
qui défrichent à chaque fois ces chemins de l' infime cathédrale
d'où naissent tous les arts .
Serge De La Torre




Merci, Serge.





Ma Joconde...

C'est ma Joconde
À moi monsieur
Même si
Le Louvre
Lui sourit au nez...

C'est ma Mona Lisa
Ma gitane
Mon feu
Dans sa robe à volants
Qu'elle fait tournoyer
Au son des grattes...

C'est ma Joconde
A moi monsieur
Même si
Un de Vinci ne deviendrai,
On peut vivre
Sans richesse ni gloire
Allant fort aise
De cieux en cieux,
L'essieu grinçant
Comme une musique
A notre roulotte accrochée...








Elle te fixe, la belle, altière !
Et te sollicite,  
Avec cette force du destin nécessaire,
D’une décisive quémande.

Dans le gris du jour,
Vois, vois ! Les couleurs …
Elles lui sont un bouclier d’exotisme,
Un vif et éclatant triomphe.

Et le mouvement boit,
En galopantes  rafales,
Ce regard aveuglé,
Ce visage d’ombres,
D’intraduisible lumière :
Il s’offre, en un grain linéaire,
À la lecture des doigts.

Noble, guerrière ou femme drapée,
Le temps, comme le vent, glisse,
Sur sa tunique fauve :
Tu es le tendre ricochet
Sur l’eau d’un miroir.


D’autres peuvent bien passer,
Cueillant les fils de plus sombres alentours,
Le blanc pur des chimères crie,
Comme un rappel :

La vie se souvient :
À cet instant,
Il n’y aura jamais eu qu’elle.






Regards de femmes


Intriguée
Pas intrigante
Étonnée
Pas étonnante
Sourcils froncés
Ombrelles du regard
Je sens pourtant un léger souffle
L’étonnement l’a fait ciller des yeux
Elle existe dans le cœur du peintre
Et elle existe dans le regard que je lui porte
Elle, elle semble porter un regard simple sur le monde
Il ne m’est pas nécessaire de l’entendre
Puisque je peux lui donner la possibilité de vivre
juste en la regardant
Nos deux regards se croisent
Je la crois seule et perdue
Triste et désabusée
Ou peut-être révoltée
Elle s’approche de mon oreille
Je retiens mon souffle
« La douleur de mon regard raconte ma révolte »
Je la quitte des yeux
Je tourne mon regard
Lui donner vie m’a ramenée à la réalité du monde
Pour beaucoup la vie est combat.







Comme un baiser
Déposé
Sur ton front, petite fille
Tu en redemandais des Bisou-Papillon !








Inquiétude et doute
l'inconciliable se conjugue
en portrait de femme

Est-ce seulement possible ?
Elle a du mal à y croire

Son bouclier coloré
ne supprime
ni son appréhension
ni sa perplexité

Quelque chose la dépasse
sans un mot
son visage dévoile
l'incrédulité

Que peut donc lui renvoyer
le miroir de la vie ?








Tourné vers la vie
Tourné vers l'amour
Ton visage est gravé
Au plus profond de moi
Côté lumière et côté mystère
Les couleurs du temps l'ont marqué
Encore plus précieux qu'au premier jour

Face à la ville qui valse et gronde
Face au monde qui nous broie

Face au soleil quand il est là
Face au besoin vital
De laisser sa trace






Elle dévore des yeux
le camp qui part en fumée
parmi les débris

Elle dévore des yeux
les soubresauts de la terre
Secouer ruines sur ruines

Elle dévore des yeux
l'Amazonie éventrée
de champs de soja

Elle dévore des yeux
le blanchiment des coraux
dans l'eau du lagon

Elle dévore des yeux
les mille millions de carcasses
d'espèces vertébrées

Elle dévore des yeux
les milliers de corps humains
Sur les fonds marins

Les yeux dévorent le visage
épuisé par l'impuissance.



Avec en citation :

"Yes, 'n' how many times can a man turn his head,
Pretending he just doesn't see ?"
Bob Dylan, Blowin in the wind,1962

(Oui, et combien de fois un homme peut-il tourner la tête
En prétendant qu'il ne voit rien ?)








Regard d'ombre

Elle a posé son regard d'ombre
perdu
sous les ors du chemin.
En quête de paroles
paupières closes
sur le voile des souvenirs
elle avance lentement
vers l'amour.
Et l'on garde de sa présence
une lente traversée du brouillard
ce reflet timide du sourire
messager d'une respiration de joie.






Étonnée elle s'est retournée
Inquiète
Ce bruit des pneus qui glissent sur les feuilles mouillées
Un choc
Puis l'horreur d'un corps gisant sur la chaussée
Ses bras se croisent fortement enserrant son enfant sur sa poitrine
Rien jamais ne pourra lui arriver







Portrait miroir, regard de sphinx

Vertige d’un regard porteur de vérité où le monde s’anéantit, où la pureté de l’être, la fraîcheur de l’enfant gardien du temple annihile tous les désespoirs, gomme tous les refus, désamorce toutes les guerres.

La colombe n’est plus qu’une tache blanche sur la toile, éclat de lumière libéré de la forme.
Le geste d’une pensée s’envole et nous rejoint, questionnant. Peut-on lire un reproche dans la symbolique des formes du tracé d’un regard ou, plissant les yeux, une immense tendresse ?
Dans  son immobilité apparente, la vie bouillonne d’un monde où tous les devenirs sont possibles. C’est à nous, spectateur, voyeur, inquisiteur, mais surtout impétrant de le traduire par la voix juste, de créer en toute responsabilité ce qui nous doit advenir. Portrait miroir, regard du sphinx, celui qui doute chavire. Il chancelle, disparaît. Pour avancer, il nous faut repousser la terreur au bout de la nuit, nous affermir dans la pureté de l’âme telle une goutte d’eau enceinte du soleil.
« Passe, tu es pur ! » *
S’élèvera-t-elle cette voix des « Formes d’Éternité ?*»  Ouvrira-t-elle la voie au « lumineux d’aujourd’hui enfanté par hier ?*» S’il passe, il acquiert le pouvoir de donner la vie, la possibilité de poursuivre son chemin vers une autre porte pour déboucher un jour, fondu dans les formes divines, dans les champs de l’infini indéfini.

Le chemin des initiés se lit dans un regard d’enfant.




*En référence au merveilleux livre désormais introuvable : « La toute puissance de l’adepte » de J.Ch. Mardrus, traduction et exégèses des hauts textes initiatiques de l’Égypte ancienne.