Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
En
France, malgré les promesses de qui nous savons et tairons le nom, il est
encore des lieux dits "blancs" avec internet façon Shadoks :
La
pauvre bête (vous voyez de qui je parle ?) a décidé de ne pas pomper et de se
mettre au vert entre végétaux et qi gong.
"A existait plus pour le web"
(là un petit
clin d'œil à Jean Tardieu, mais si le propos reste obscur, facile : y a qu'à d'mander)
Enfin, pour ceux qui conservent une racine bien endurée dans l'Herbier de
poésies et qui n'ont rien à redire d'un Shadok, voici une œuvre du peintre japonais Léonard Tsuguharu Foujita,
(ci-dessous).
Et
pour célébrer un peintre Japonais, que faut-il donc ?
"Années
1930. Les toiles du peintre japonais Foujita rencontrent un franc succès.
Ce
sont surtout ses grands nus féminins qui fascinent et impressionnent : leur
blancheur un peu laiteuse est proche de la nacre…
Comment
l'artiste obtient-il ce blanc si particulier ? C’est top secret !
Foujita
n’est pourtant pas chimiste. Déjà tout petit, au Japon, il rêve de devenir
peintre. Et pas n’importe où : en France ! Un souhait exaucé dès 1913, alors
que le jeune Japonais pose ses valises à Paris.
Entre
son talent et son allure de dandy identifiable entre tous, Foujita ne tarde pas
à se faire un nom.Et ce nom est
immédiatement associé à sa curieuse coupe au bol, à ses délicats dessins, et à
ses fameux fonds blancs…
Malgré
les questions du public et de la critique, Foujita se garde bien de divulguer
la recette de son mystérieux blanc. Au point de l’emporter dans la tombe, en
1968."
Jean Agélou, Foujita dans son atelier, 1917
Mais...
"Après
moult analyses scientifiques, les spécialistes sont enfin en mesure d’en
révéler le secret. Celui-ci repose sur un ingrédient mystère : du talc, tout
simplement !
L’artiste
en mélangeait à de la peinture très diluée, qu’il superposait en de multiples
couches pour obtenir ce rendu à la fois transparent et nacré.
Comme
quoi, un ingrédient ordinaire suffit pour changer la vie d’un artiste et
pimenter celle d’un restaurateur !"
Un
matin, il y a de ça fort longtemps, un jardinier avait brûlé les herbes de son
vieux jardin, il avait décidé de le refaire, plus beau, plus harmonieux, afin
d’y finir ses jours.Il ne restait
plus que de la cendre sur la terre.
Satisfait
de son travail, il s’était mis à réfléchir devant cette étendue vierge et
prometteuse.
Quel
aspect aurait donc le nouveau jardin qu’il allait planter là ? Il ferma les
yeux et se mit à rêver.
Il
échafauda des plans, modifiant à l’envi dans son rêve, le parcours d’une allée,
l’emplacement d’une tonnelle où goûter l’ombre l’été, celui d’un bassin où
nageraient des poissons plus merveilleux les uns que les autres et où
viendraient boire les oiseaux…
Il
souriait, s’imaginant se promener dans ce parc enchanteur et changeant sans
cesse la disposition des plans pour atteindre la perfection.
Mais
pendant qu’il rêvait, pendant qu’il faisait et défaisait ses plans, les ronces,
toujours promptes à envahir les espaces abandonnés, proliférèrent tant et tant
qu’on ne vit plus un seul espace de terre vierge.
Un
jour, en sortant de son rêve, car il faut bien que les rêves aient une fin, le
jardinier découvrit son jardin mangé par les ronces et les mauvaises herbes.
Éploré
devant un tel malheur, il se mit à gémir, il avait fait tout ce travail pour
rien, pour avoir pire qu’avant. Il avait détruit un beau jardin et l’avait offert
en cadeau aux ronces.
Alors
il se mit à le regretter son vieux jardin imparfait. S’il n’avait pas été pris
de cette folie de détruire, il aurait pu maintenant se reposer à l’ombre des
forsythias, il aurait pu écouter chanter les oiseaux dans un décor enchanteur
et profiter de ce lieu pour y reposer sa vieillesse… Car il avait beaucoup
vieilli. Les rêves, ça prend du temps si l’on n’y prend garde.
Ses
larmes se mirent à couler, à couler et plus elles coulaient, plus son vieux
jardin lui paraissait plus beau et plus il en avait de regret. Il fut pris de
désespoir devant tant de beautés perdues, ses larmes nourrissaient ses larmes,
elles étaient intarissables. Elles ruisselaient sur la terre et plus elles
ruisselaient plus le roncier assoiffé proliférait. L’espace qu’il occupait
devint impraticable, c’était une forêt plus impénétrable que celle qui
entourait le château de la Belle au bois dormant.
De
ruisseau, ses larmes devinrent un fleuve, le fleuve à son tour devint une mer,
une mer salée comme les larmes et le jardinier désespéré, affaibli, un soir de
pleine lune, fut emporté par une vague.
Jamais
personne ne le revit, il s’était sans doute noyé dans son chagrin.
Voilà
pourquoi, quand on raconte son histoire, comme je vous la raconte maintenant, à
la veillée, à l’heure où les ombres dansent menaçantes sur les murs, on
conseille à ceux qui écoutent et qui rêvent de toujours garder un œil ouvert.
Le jardin des fées, n'en doutons pas : celui de l'Herbier.
Quelle chance tout de même de vous avoir comme brins dans ce grand livre un peu foufou, un peu à l'Ouest -surtout lorsqu'il n'y a rien de nouveau- et que dans les commentaires poussent des herbes sauvages qui se glissent dans l'instant sans rien attendre d'autre que de pousser et de partager leur parfum.
Aujourd'hui, n'en déplaise à sa modestie, je vous livre les pétales d'ABC et sur une autre page, un dessin de mon cru pour le livrer à la voracité de vos mots.
Les herbes soient avec vous cet été, pour des propositions fofolles et sans réel calendrier.
Oups !
J'ai tellement de projets dans la têtes que je ne fais plus qu'une avec l'ordinateur, mais je garde un doigt sur l'herbier, j'y tiens.
Allez, je vous raconterai bientôt, d'autres voiles se lèveront.
Mon jardin fou d'herbes folles
Les herbes poussent au rythme des saisons
l'été les ralentit
la poésie s'exalte des parfums du jour
le bien-être s’accommode des circonstances
Paris est loin, Paris est proche
apprivoisée par un nid de verdure
Paris m'est devenu un îlot de passage
Inspiration, expiration, respiration
tous sens ouverts sur la vie
m'abreuvant petit à petit
des dons de la nature
enrichissant les cadeaux culturels
que Paris a pu m'offrir
Modeste brin d'herbier
je goutte au fil des semaines
au plaisir du partage poétique
quand et comme il se présente
Un premier texte pour saluer les printemps qui passent et qui fleurissent.
Coucou, JB, quelques bougies pour un nouveau printemps et un petit refrain pour les souffler. Merci de ne pas oublier ta petite famille de brins qui en est tout émue.
À très bientôt, ici nous possédons l'éternelle jeunesse, alors les printemps peuvent bien passer, c'est simple, on ne s'en aperçoit même pas ! ;-)
Adamante
Je te salue, fin de printemps...
Le jour s'est levé. Le coq a chanté. Passent
moutons blancs dans une prairie bleue avec son vol de corbeaux noirs bavards,
de tourterelles gris perle chamailleuses...
Tandis que sur le pavé sec et poussiéreux de
ville le pigeon prospecte comme un orpailleur, au p'tit bonheur la chance...
Proie pour un matou qui n'en perd miette
!
Le soleil ne chasse rien ce mercredi de
paresse, il laissera vivre les nuages, faiseurs d'ombre bienvenue ou pas sur la
plage qui reprend des couleurs.
Sous ce ciel imparfait, au bord de l'été, sur
le rebord de ma fenêtre les boutons floraux daignent s'ouvrir plus volontiers,
la vie en rose pour le géranium.
Le clocher ardoise, haut personnage des lieux qui tutoie
son Dieu, se détache davantage des autres toits, sonnant les heures avec une
pointe d'orgueil...
Légère et court vêtue va la Perrette du coin.
Le toutou en laisse marque son territoire.
La fleuriste colore le trottoir de ses
bouquets éphémères.
Dans l'air, pas un souffle de vent.
La vitrine du voyagiste vente d'autres cieux,
plus bleus...
Les « il va faire beau » pleuvront
avec une note gaie dans la voix...
Le jour s'est levé. Le coq a chanté. Je te
salue, fin de printemps, tchin tchin été, à ton règne azur et or, ainsi le
soit-il...
5 heures, à peine une lueur suffit aux
oiseaux, ils appellent bruyamment le jour. Des écharpes colorées pointent
à l’est sur le champ embrumé.
Au fil des heures la chaleur devient
étouffante, du bleu le ciel vire au blanc laissant la place à des moutonnements
d’êtres fantastiques qui se dérobent au regard. Bientôt les noirs nuages
s’entrechoquent d’éclairs imprévisibles délivrant un éclatement de perles
inquiétantes.
Jeudi
Fenêtres fermées je n’ai pas entendu les
oiseaux. Il fait grand jour. Le ciel est d’un bleu limpide strié par les
traînées des avions… à vol d’oiseau l’aéroport n’est pas si loin !
Un moment de rêverie. Sur quel vol
partir ? Se souvenir du temps des voyages en Italie, revoir les lacs,
méditer à Orta en suivant le chemin du silence, s’émerveiller à Ravenne,
revenir à Padoue, trembler à Vérone, découvrir Trévise…
Je ne me lasse pas de cette
écriture hermétique sur le tableau bleu du ciel.
Vendredi
C’est l’image du coucher du soleil qui
s’impose avec, les derniers rayons enflammant les nuages. Un instant de
plénitude, de remise à distance entre le vivant et les éléments.
"
Le crépuscule est la lueur qui précède le lever ou qui suit le coucher du
soleil. Dans le langage commun, on utilise le terme aube pour désigner le
crépuscule du matin."
Quelques images devraient accompagner, je n'ai pas réussi à les ouvrir,
elles arriveront bientôt je l'espère. AD
Les voilà ! Le ciel rougeoie, " orangeoie ou rosoie ?"
Françoise
ISABEL, la Vieille Marmotte.
Une
ou deux journées particulières
20
juin, 8 heures du matin
Quelle
journée promet cette brume dense qui se dissipe vers l'ouest ?
"On"
nous a prévu grand beau temps et chaleur. Déjà un chat à l'heure de la sieste
cherche l'ombre du cyprès.
21
juin, 7 heures du matin
Le
ciel est noir et la météo prévoit du gris et de la fraîcheur.
Comment
s'habiller pour une grande journée de balade ? Jusqu'au bout j'ai eu envie d'y
renoncer.
22
juin, 6 heures du matin.
Quelques
pas pour vaincre la douleur d'une crampe matinale.
Grande
fraîcheur sur grand beau temps. La rosée a emperlé le carreau.
l'Apn
n'a plus de mémoire. La mienne engrangera la journée particulière d'hier en
retournant au repos sinon au sommeil,
quelques
fragments joyeux, successifs et intenses de vies singulières. Pudeur des
apparences.
Je
me lève, mes pantoufles épuisées longent le corridor, débouchent au radar dans
le salon. La lumière du Sud succède à l’ombre. Je lance un regard voilé vers
l’extérieur et brusquement je me souviens : la consigne !Ce matin et durant trois jours, je me
le suis promis, je dois regarder le ciel, le raconter !
Je
m’approche de la fenêtre et observe. Pas un seul nuage, là-haut toutn’est que brume violette parfaitement
homogène ; pas une seule traînée d’avion, pas un stratus pour interrompre
la beauté de cet océan pourtant trompeur. Non ce n’est pas ici l’augure d’une
immensité ruisselante de soleil. L’eau se cache partout dans les hauteurs, elle
se révèle par l’absence de transparence et cette couleur violine née de la
lumière fusant au travers d’innombrables particules de vapeurs humides. Les
bruits eux-mêmes sont étouffés. Un chien aboie, un enfant pleure, la porte
métallique du portail claque en se refermant tandis qu’une mobylette, sans doute
dressée sur la roue arrière, s’époumone à rêver de vitesse en trimbalant son
bagage humain. Rêve-t-elle de le jeter, comme on se débarrasse d’une mouche
d’un geste machinal ou, comme un chien libérant son résidu de gamelle, au beau
milieu du trottoir ?
Je
ne cherche pas à savoir. L’idée d’un café s’impose, m’extrait de ma torpeur et
fait se diriger mes pas vers la cuisine. Un peu plus alerte, les papilles
frémissant déjà de ce petit plaisir quotidien, je salue le jour par le chant de
l’eau dans la bouilloire.
Jeudi
Aucune
luminosité à travers les persiennes de la chambre ce matin. Le ciel chargé de
masses menaçantes n’incite pas sortir et pourtant, il le faudra bien, j’ai
rendez-vous. Je me hâte. Une radio éructe un rap tonitruant au passage d’une
voiture puis le calme revient, ce n’était rien d’autre qu’une petite vomissure
de la rue, une révolte en décibels pour vider le malaise, rien qu’une petite
impuissance.
Les
arbres se réveillent, ils frémissent et chantent leur chanson d’arbre. C’est la
chorale du vent qui accompagne le grand ménage céleste. Nimbus et cumulonimbus
s’enfuient. Ils iront un peu plus loin décharger leur trop plein, vomir eux
aussi leur excès climatique.Moi,
dès à présent, je peux sortir sans parapluie.
Vendredi
Petit
soleil dans la fraîcheur du matin, le jour sourit et s’amuse à dessiner de
longs doigts blancs sur le bleu tendre du ciel. Un grand troupeau de moutons
chemine doucement sur les plaines de l’azur, peut-être guidé par un Petit
Prince devenu berger, qui sait ? Tout est douceur, je ferme les yeux,
j’oublie tout, plantée dans mon salon, à rêver de rien.Mais mon chat lui n’oublie pas, il a
faim, il miaule, dressé sur ses pattes arrière il m’implore en joignant ses
pattes avant de façon répétitive.
Je
te laisse Petit Prince des nuages, c’est l’heure de la gamelle et tu le sais,
un chat, ça n’attend pas.