" Qui es-tu,
lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je ne puis t’envoyer
une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce
lointain nuage.
Ouvre tes portes et
regarde au loin.
Dans ton jardin en
fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.
Puisses-tu sentir,
dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta,
lançant sa voix joyeuse par-delà cent années."
Rabindranath Tagore
Voilà les réponses, M. Tagore, quelques lettres rien que pour vous, et la joie de les avoir écrites.
Merci, les brins, pour ces textes magnifiques!
Je ne sais qui je suis, chaque jour je
deviens ce que les évènements impriment de caresses ou de blessures.
Aujourd'hui, dans mon jardin sans fleurs, les
pivoines dégarnies alourdissent leur fruit, le fuchsia feuille à feuille renaît
des morsures du froid de l'hiver et la lavande en bouton attend la fin des
orages. Mais au bord de la rue, les pensées de l'automne font toujours la fête.
Sais-tu brahmane d'un autre temps qu'il y a
quelques jours, sans connaître tes vers, je contemplais le doux tapis de
pétales roses en les reliant à celles des fleurs fanées depuis si longtemps
dans la ronde du temps.
Pouvais-tu deviner qu'en un geste, un
fragment de seconde, je pourrais en capturer l'image sans avoir à les
calligraphier soigneusement de longs moments ?
Que sa vision sur un écran de téléphone
provoquerait le sourire malgré notre peine de nous retrouver en un lieu joyeux
où la dernière fois nous étions une de plus ?
Qui suis-je ?
Et Toi, poète qui interpelle le lecteur de
l'avenir, désignais tu l'humain et
l'humaine lisant ? Imaginais-tu une lectrice ? Savais-tu deviner l'immuable et
les métamorphoses du monde ?
J'ai beau ouvrir en grand la porte de mon
coeur, je peine à imaginer le devenir de ces mots que je trace en écho, tous ces
mots envoyés sur la Toile planétaire, les fleurs des pivoines sans le chant des
oiseaux.
©Jeanne Fadosi, jeudi 31 mai 2018
pour l'herbier de poésies 113
Rabindranath Tagore
J'ai écouté ta voix
Avec respect
Admiré cette rose de
printemps
Ourlée de lune
J'ai accueilli son
parfum subtil
Le temps qui passe ne
l'a pas ternie
Au bord du bassin où
roucoulent trois oiseaux
L'eau claire source
de vie
En notes cristallines
Dit sans cesse son
joli chant d'amour
Dans le clair-obscur
de nos émotions
Avec ces fulgurances
de joie
Toujours vivantes
Qu'il faut à tout
prix choyer
Pour les offrir sans
partage
Parfum du jour :
Cent ans c’était hier
à la page du printemps
mon jardin fleurit
Les fleurs d’aujourd’hui ont perdu le parfum
des ans en gardant la beauté des vers qui les chantaient. Le printemps d’hier
embrasse celui d’aujourd’hui, les vers se retrouvent, se contemplent,
s’étonnent. Les mots sont les mêmes, les rythmes différents.
Un pétale s’ouvre
des vers embaument le jour
sa poésie sans rides
Mon cœur joyeux découvre, au delà des
siècles, la joie vivante du poète épousant la renaissance printanière, et son
tendre bouquet de fleurs, qui malgré les ans, resplendissent encore du
rayonnement d’une plume immortelle.
Jardinier d’amour
nos chemins se croisent
j’hume ton printemps
113
porte-t-il bonheur?
"
Qui es-tu, lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je
ne puis t’envoyer une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul
rayon d’or de ce lointain nuage.
Ouvre
tes portes et regarde au loin.
Dans
ton jardin en fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y
a cent ans.
Puisses-tu
sentir, dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps,
chanta, lançant sa voix joyeuse par-delà cent années."
Rabindranath
Tagore
Qui
es-tu lecteur, "liseur" de mes tableaux?
Je
ne peux t'envoyer ni le parfum de mes fleurs, ni l'esprit du vent qui souffle
dans ma jachère fleurie? Pourtant tu reviens et à chaque fois tu laisses
trace de ton passage.
Viendras-tu
dans cent ans lire ce qui aujourd'hui remplit ma vie et m'emplit moi,
d'allégresse?
Peux-tu
dès aujourd'hui cueillir le parfum de mes roses et la triste
absence de mes autres fleurs?
Sais-tu
combien mon bonheur ne tient qu'au fil de mes pensées, ces petites fleurs
pleines de souvenirs, vivaces mais annuelles, cycliques et vivantes parce que
traversées par la pluie le vent et le soleil?
Sais-tu
tout cela lecteur , le perçois-tu, l'entends-tu à travers mes mots et mes
coups de crayon ?
Puisses-tu
ressentir dans ta joie d'être en vie, mon envie à moi de vivre mes émotions
au centuple à travers mes écrits.
Puisses-tu
ressentir combien est belle la lumière qui précède et qui suit le petit grain
qui arrose mes fleurs. Cette luminosité qui donne aux choses la clarté du
jamais vu . Cette lueur dans mon regard qui devient neuf et capable de saisir
cet instant fugace comme instant magique.
Oui
lecteur j'aimerais tant que ce partage ait le sens plein de ce mot magnifique
qui veut dire "répartition équitable d'un Tout".
Oui
puisses-tu un jour lire mes mots, regarder mes traits et comprendre qui je
suis, qui j'étais.
Un jour j'ai vu les
roses
j'ai pensé à mes
autres fleurs
pivoines
coquelicots
anémones
j'ai dessiné alors
le parfum du jour.
Qui
es-tu, lecteur ou lectrice de passage ?
Ami. e
du passé, esprit du présent, ou de toujours !
Lecteur.trice
du matin, lecteur.trice de demain ?
Oh !
Ami.e d’ailleurs ? Compagnon.e de lettres,
Es-tu libre ? Es-tu plus libre
que ne le fut le sage Tagore ?
Sinon
trouve ta voie, je te prie !
Bien
que nul, comme hier, ne puisse, aujourd’hui, libérer son prochain,
•
Ni
femme, ni homme, ni amant, ni ami.e - …..
Bien
que nul, même, ne puisse vraiment totalement se conduire à lui-même,
•
Bien
que tu ne puisses que t’y abandonner…
Je
veux te dire, au moins, qu’il existe, le sentier de lumière.
Et
y porter tes pas, assurément, tu le peux !
Et
parler ce jour, du chemin de poésie nous est un devoir, peut-être.
T’indiquer
que là, possiblement se trouve l’un des sentiers, vers un être plus libre !
Te
dire d’y courir, sans doute le faut-il !
Alors,
quel est-il ce chemin ?
Celui
du moindre brin d’herbe, de la moindre rose en bouton.
Celui
de la vie qui éclot jusqu’au bout, et qui grandit jusqu’à son terme …
Celui
de la mort qui vient un jour, au terme de l’orbe vitale,
Celui
de son non-refus, autant qu’il est possible ...
En
a-t-on jamais vu, au jardin, des plantes qui secouent le joug de leur devoir,
Le
déterminisme de leur essence ?
En
a-t-on jamais vu des vivants autres que les humains,
Qui
s’interdisent leur croissance, qui nient leur destin ?
L’esprit
de l’homme, l’esprit de la femme
Ont
parfois ce pouvoir - ou cette possible illusion - :
De
tenir loin d’eux, ce qui advient quoi qu’ils fassent.
Devenez
aujourd’hui ces fleurs libres qui ravirent le poète il y a cent ans,
Devenez
ces brins d’herbe où vous invite la Vie, ce matin.
Devenez
donc ces glorieux brins d’herbe où Rivet voit mourir des soleils.
©Serge De La Torre
http://instantsdecriture.blogspot.fr
http://decoeuretdencre.blogspot.fr
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Bonjour,
poète,
Le
parfum de vos fleurs a traversé l’espace et le temps. Qui sait ce qui nous
sépare, vous dans votre passé et moi dans mon présent ? Vos mots sont
venus jusqu’ici pour embaumer le lieu où je lis. Au travers de vos phrases, je perçois ce printemps, pas
totalement oublié, qui vous fit penser qu’un jour, si éloignés de vous alors,
d’autres liraient vos vers. Je suis au rendez-vous, je respire votre joie, je
la fais mienne, et mes mots à leur tour coulent vers l’inconnu.
Quelques lettres, quelques phrases avalées
par l’espace qu’il recrachera peut-être, qui sait, un jour plus qu’incertain,
au regard d’un hypothétique lecteur. Qu’importe ! Les mots se donnent sans
but, tant mieux si quelqu’un les lit, tant pis si ce n’est pas le cas, car tout
cela n’est que passage. L’oubli, le vide sont au bout de ce chemin où tout
converge et se retrouve.
Nous voilà compagnons de route, poète, sur le
sentier des pages qui se tournent et nous emportent loin, là où le temps s’efface
pour laisser place au sentiment, à la couleur, à la pensée furtive, glissant sur
un rayon de soleil ou s’envolant sur un parfum. Tout est à la fois fugace et
intemporel.
Vous êtes-là et ce n’est pas une illusion,
certes un souffle nous sépare, mais, je n’en doute pas, ce même souffle nous
unit.
Vous êtes si proche dans l’invisible, poète,
quand je vous lis à haute voix ces mots qui vous sont destinés, offerts en
remerciement de cette cueillette parfumée.
Vos fleurs, sachez-le, ne faneront jamais.
Adamante
Donsimoni
En
réponse à un poème de Rabindranath Tagore
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Tagore - Image BNF |
" Qui es-tu,
lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ?
Je ne puis t’envoyer
une seule fleur de cette couronne printanière, ni un seul rayon d’or de ce
lointain nuage.
Ouvre tes portes et
regarde au loin.
Dans ton jardin en
fleurs, cueille les souvenirs parfumés des fleurs fanées d’il y a cent ans.
Puisses-tu sentir,
dans la joie de ton cœur, la joie vivante qui, un matin de printemps, chanta,
lançant sa voix joyeuse par-delà cent années." Rabindranath Tagore
Un clin d'œil à Jamadrou, texte retrouvé dans la Page 56 de l'herbier (sur un tableau de Françoise)
« Je me rappelle qu’un jour
dans mon enfance, je faisais flotter un petit bateau en papier sur le ruisseau.
C’était par une journée humide de juillet ; j’étais seul et heureux de mon
jeu.
Je faisais flotter mon petit
bateau en papier sur le ruisseau.
Subitement de gros nuages d’orage
s’amoncelèrent, le vent vint en tourbillons et la pluie tomba à torrents.
Des flots d’eau vaseuse
submergèrent le ruisseau et coulèrent mon petit bateau.
Amèrement je crus que l’orage était venu tout
exprès pour gâter ma joie ; et qu’il me voulait du mal.
La journée nuageuse de juillet
est longue aujourd’hui et je pense à ces jeux de la vie où j’ai toujours été le
perdant.
J’allais blâmer ma destinée pour
tous les tours qu’elle m’a joués, quand soudain, je me rappelais le petit bateau
en papier qui sombra dans le ruisseau. » Rabindranath Tagore