Bienvenue dans l'Herbier de Poésies. Vers libres, prose poétique, expression libre des profondeurs de l’instant qui se dit sans rime ni métrique imposée. Mais aussi Haïku & famille favorisant le fond plutôt que la forme.
Quelle image a-t-on forgé d’elle, avec ou
sans son consentement?
Est-elle vraiment la douzième merveille du
monde que l’on dit-on d’elle,
ou vraiment cette nullité,
comme elle se ressent parfois,
ce vide qu’elle ressent aujourd’hui tout
au fond d’elle, lové au creux de ses entrailles .....
Elle saisit son pinceau, et
rageusement
macule la toile blanche. Elle abandonne
le combat, quitte le ring sous les huées. Elle reprendra
l’œuvre,
le chef d’oeuvre ?
commencé.e ...
demain.
Demain ... Il n’est pas dans sa
nature d’abandonner, ni de baisser les bras. Son œuvre,
Tout comme celle d’Edouard ...
Lequel déjà ? Manet ? Munch ? Un
autre Édouard ? ....
Lola ne sait plus
aujourd’hui.
Demain ... Elle sait que demain lui
permettra de juxtaposer les plages de couleurs. Sereinement. Quand elle aura
apprivoisé ce double. Noir . Allégorie de la mort.
La peur ...
Cette voix, ce on-cuirasse,
qui lui répète sans cesse :
« tu te poses trop de questions pour
être heureuse ! »
Françoise, la Vieille Marmotte. Mars
2020.
(N.b. Lire à haute voix, en respectant le rythme
respiratoire)
Passage de témoin :
Son ancre marine
aimantée par le rivage -
suivre son horizon
Elle revient encore, elle revient toujours, la vieille, au bord de l’eau, scruter la ligne d’horizon qui chaque jour, de marée en marée, s’approche pour mieux s’éloigner, jusqu’à sa dernière vague qui l’emportera sur l’autre rive.
Racines et relais
érodés par les vagues
transmettre sans cesse
Elle est la souche, elle est la mémoire, la vieille, jusqu’au bout elle plantera les racines nécessaires à la croissance des jeunes pousses.
Une génération l’autre
ensemble au bord de l’eau
vers leur lendemain
Elle est le présent, elle est le futur, elle est femme, elle écoute, emmagasine, s’abreuve au tronc qui la structure. Demain elle prendra la barre et à son tour arrosera les radicelles de leur arbre de vie.
Passé et futur
entrelacés
les semences germeront
Côte à côte, elles sont deux, elles ne font qu’une. Tout a été dit. Le temps s’écoule. La première va larguer les amarres, la seconde assurera le relais.
les mots sont inutiles -
sans artifice
le témoin passe –
en silence
leur vie s’articule
Hier, aujourd’hui, demain, construisent l’avenir… La vie est un long et beau voyage !
L'ombre s' est faite dense, insidieuse, maléfique, accrochant ses haillons aux arbres des chemins, obscurcissant le ciel, l'éclat des boutons d'or, les chants d'oiseaux et nos petits bonheurs.
Deux femmes, deux chemins de vie, entre ombre et lumière
L'une attendait au bord du lac, enveloppée de noir, ce noir qui dérobe l'espoir.
Comme un naufrage sur la rive, une coulée de peur, une sombre déchirure.
L'autre avançait dans un sourire, les bras chargés de son monde de soleil, de dunes blondes et de pinèdes, gardienne d'un jour serein.
Il n'y eu pas de mots
Juste respirer cette odeur mouillée de la terre, écouter le frémissement des eaux, le vent dans les roseaux, laisser vagabonder les rêves
Tant de vie dans ces instants
tant de communion dans ce silence
tant d'amour glissé dans ce partage
Soudain la course vers la vie, vers le beau, vers l'essentiel des jours !
Balaline
Sur la rive du lac noir
Debout sur le
rivage, elle observe la nuit. Le ciel se confond aux eaux sombres du lac. Mais
où sont donc les astres ?
Lumière avalée
le mutisme des
eaux,
quelle
lourdeur !
La mort est à
ses pieds, mère douce et fidèle qui veille sur sa vie, berce son abandon. Cette
solitude sans solitude c’est la paix.
Elle est étoile
lumière dans le
noir
la jeune fille
Elle rayonne la
vie et le calme des eaux, son sang rouge, force de création, palpite. Elle pressent
le chemin qui est le sien à travers les paroles du silence.
Je vous propose une image pour résister à
la peur qui empêche de vivre l’instant magique qui, quelle que soit la période
de la vie, peut être notre dernier. Il n’est pas d’âge ni de moment pour tirer
sa révérence.
Il n’y a rien là de dramatique, notre chemin de
vie, j’en ai l’intime conviction, est un chemin de découverte, un voyage. Qui
en nous est venu parcourir les sentiers de la terre ? À chacun de donner
sa réponse en se penchant sur le lac de sa vie pour en pénétrer les profondeurs.
Aucun instant ne ressemble à l’autre, si nous ne
le cantonnons pas dans le réduit de nos pensées trop souvent centrées sur ce
qui nous fait mal ou nous dérange, obnubilés que nous sommes par ce que nous
désirons et que nous n’avons pas. Nous nous privons ainsi de ce qui nous est
offert et que l’on ne voit pas.
Mais, regardons autour de nous, cela commence
par la lumière, portons notre attention sur le ciel, voyons comme il se plait à
nous faire des clins d’œils, toujours présent, jamais le même. Mais les
voyons-nous ces transformations parfois tellement subtiles qu’elles nous
échappent lorsque, pourtant de bonne foi, l’on regarde sans voir ?
Ici, avec l’Herbier, nous capturons les instants
que d’autres ont captés et traduit au travers de leur art, nous y mettons des
mots, y portons des regards singuliers.
Que ces mots soient mus par le regard du cœur,
le seul capable de s’affranchir de l’illusion.
Belle semaine à vous les Brins, que notre amour
de la vie, de la découverte nous porte encore une fois vers la beauté.
Adamante
"Deux femmes sur le rivage" 1898 -gravure sur bois - coll.privée-
Issue du livre "Edvard Munch ou l'anti cri" Ed. Pinacothèque de Paris
Il écrit chaque jour,
inlassablement, à la gloire de sa mer, en trempant sa plume dans la sueur de
son âme de fond. Jamadrou
Ils
reviennent petit à petit au port, gardant au fond du cœur et dans l’intensité
du regard, les souvenirs des journées de solitude et de crainte.
Gros temps
avis de tempête
tiens bon la vague
Ils
sont partis vent debout, il en fallait plus pour les décourager. Ils ont tous
le cœur bien accroché et le pied marin.
Passer la barre
sans heurter le rocher
capitaines courageux
Le
ciel, comme la mer, se mit en colère, malgré vents et marées ils ont serré les
dents et tenu ferme la barre.
Ciel de plomb
mer furibonde
garder le cap
Un
à un ils touchent au but, le voyage prend fin, l’émotion les submergent. Ils
tanguent en retrouvant le plancher des vaches.
Regard sur la mer
et bain de foule
femme et enfants d’abord
Honorer
ses équipiers, le public, la presse, les sponsors, dans l’attente d’une douche
chaude et d’un lit douillet. Enfin retrouver l’intimité des siens et son pied à
terre.
Que l'ouragan
malmène. Au centre une crête de la vague me dit qu'il y a Droite et Gauche, qu'il
y a Ombre et Lumière, que rien n'est ni tout blanc ni tout noir.
Le trait s’envole, fait rouler
les vagues par la force et le talent d’un maître.
Hugo n’est pas loin qui tempête
la page. L’obscur exprimeici, si
proche du rivage, le fond des gouffres.
Nous plongeons dans les abysses
d’une âme tourmentée de houle, grinçante à force de s’adapter. Le voilier
épouse la vague, apprivoise les vents, gémit et, en petit soldat fidèle à la
vie, avance.
La
difficulté
de
chacun de nos destins ?
accepter
les changements
se
reconnaître de l’eau
maîtriser
la liberté
Rien jamais, en nul lieu, ne
reste figé. La mer est un enseignement qui s’offre dans l’accueil au regard des
voyageurs intemporels. Ce qui s’agite ici s’agite en moi. Ce qui souffre et se
plaint, ce qui lutte et se donne, c’est un cœur sans attache, ouvert sur
l’inconnu.
Danse et nostalgie, la ronde de la vie inscrite dans nos rituels, des textes profonds.
Je rajoute aujourd'hui ces mots de Jeanne Fadosi qui accompagnaient son poème, car il est, depuis le 14 juillet, un bord de mer dévasté par le crime, la haine et la bêtise :
Le coeur lourd mais vaille que vaille.
J'avais écrit ma participation dans la journée du 14 juillet, pas tout à fait convaincue par la dernière strophe. Ce midi de dimanche ne me souvenant plus exactement des mots écrits, je pensais le mettre à la poubelle comme dérisoire et hors sujet d'actualité.
Mais à sa lecture j'ai sans avoir à réfléchir complété juste les deux derniers vers par "vaille que vaille" et "plus que présent"
En robe blanche Bras ouverts mains offertes Sur l'esquisse d'un sourire
En robe noire visage crispé sur son chagrin Résignée mains jointes
En robe rouge dans la danse vaille que vaille dans l'instant plus que présent
En blanc et noir, en noir et blanc, la vie se valse à quatre
temps. Les uns, les autres, eux, nous, vous, moi, d’autres encore, au rythme de
leurs battements de cœur dansent leur partition…
Comme un coureur de relais qui passerait le dernier témoin
de la course, j’amorçais les pas de mon ultime tango. Je jetais un regard en
arrière laissant se dérouler le film de mes souvenirs qui s’estompaient. Sur la
piste, la vie tournoyait, chacun y écrivant sa propre chorégraphie…
De la valse à la zumba, mon sablier s’était écoulé. L’heure
sonnait pour moi de déposer, en au revoir, un point sur le i de ma fin…
Sur la
musique des vagues, alanguis, ondulants, ils dansent.
Ombres
colorées, ils tracent sur les herbes la marque fantomatique de leur passage.
Ici le
silence de l’avant se conjugue à leurs pas. Ici d’autres ont dansé. Ici
d’autres danseront.
Le temps
pour eux est à l’instant. Ils dansent, oublieux de tout sauf de l’harmonie des
corps en contact quand un et un ne fait plus qu’un. Sorcellerie d’un air qui
les emporte le temps d’une soirée.
La mer
indifférente rejette à leurs pieds la mousse de son éternel ballet. Eux
perpétuent la parade de la séduction codifiée par les pas.
Une femme
en noir, mains crispées sur l’absence, regarde un couple avec tristesse.
Alluvionsolitaire rejeté par la
vie. Est-ce son pendant cette jeune fille en blanc qui s’avance comme pour
sortir du tableau ? Deux face d’un souvenir placé là par le peintre pour
conjurer l’absence peut-être. Deux gardiennes d’une porte ouverte sur un bal où
s’agite le rêve inassouvi de l’union sacrée.