Poèmes sur une œuvre de Jason BOWYER DR
La coupe des roseaux, hiver - © Copyright 2010-2022 Jason Bowyer NEAC RP PS
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Les faucheurs
Les roseaux il faut couper
Hommes à la faux
Avec le geste du faucheur
Comme le semeur sème
Il est grand temps, à présent
Au bord de l'hiver
Va tomber la nuit
et le jour de s'éteindre
Faucheurs épuisés
Il faut couper les roseaux
Hommes à la faux
Une terre hérissée laissant
Couleur hérisson
Dans la roselière
Et un chemin de fortune
Avec l'un d'eux
berger a fait une flûte
Opinel en poche
Le pinceau du peintre a figé la vieille cabane des marais. L'entrée n'a pas de porte, ses murs n'ont pas de fenêtre. La journée a été froide mais belle et lumineuse. Combien d'âmes vivent en ce logis dont on ne devine pas le sol en terre battue ? Dans la fin du jour, deux silhouettes sombres s'activent à couper les roseaux.
Au soir de décembre
quand les roseaux sont bien secs
il faut les couper
Au bord de la roselière
de l'isba traditionnelle.
Les gerbes bien drues seront collectées par leur seigneur. C'est ainsi depuis des siècles. Leur en donnera-t-il ce qu'il leur faudrait pour raccommoder le toit qui fuit ? Savent-ils que les temps ont changé ? Ici le tsar a aboli le servage. Quoique. Là-bas l'empereur a interdit les toits de chaume, trop inflammables alors. Dans un siècle ou deux peut-être les chaumières des grands bourgeois domineront de leurs hauteurs le marais Vernier ou leur taïga.
Des gestes ancestraux
aux coupeuses mécaniques
les coupeurs de joncs :
un savoir traditionnel
effacé par les années.
©Jeanne Fadosi, mardi 29 novembre 2022
Des roseaux et des hommes
Les roseaux blonds crissent sous la faux des coupeurs, la Camargue si vivante d'oiseaux et de grouillants mammifères, poissonneuse, mystérieuse, dans la paix des troupeaux, fait silence...
À l'origine était le néant, vous me dites que nous sommes issus de rien, et que nous sommes peu de chose..
J'aimerais pourtant comprendre pourquoi l'homme a tant besoin de l'invisible, malgré toutes ses inconséquences, il veut réinventer son présent, lui donner un sens, nier ce qu'il ne comprend pas, se transcender...
J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait jamais qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles.
Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde.Christian Bobin
marine Dussarrat
Héritage :
La chaumière au bord de la lande fut le berceau de son enfance. Chaque vacances à courir, explorer, découvrir auprès de grands-parents vivant à l’année longue dans ce nid chaleureux construit par l’arrière-grand-père.
Au souffle des quatre vents
entre rosières et bruyères
ses courses folles
Son grand-père répétait les gestes ancestraux pour entretenir le cachet de son chez lui. Il avait tant appris de son propre père…
Riche transmission
en sauvegarde du patrimoine
l’affection en prime
Lui, écoutait d’une oreille distraite les conseils de son aïeul. Il aimait passionnément cet espace de loisirs et de grand air. Attiré depuis tout petit par le dessin, il préférait pourtant partir pour de belles escapades, carnet de croquis et crayons de couleurs en son sac à dos. De retour chez lui, il composait quelques tableaux qu’il donnait à la famille en remerciement pour ces moments de bonheur loin de son quotidien de citadin.
Cadeaux souvenirs
d’instants de plénitude
son p’tit paradis
Mais voilà que les grands-parents ne sont plus là. La chaumière lui reste en héritage. Le vent, la pluie, les coups de chaud, les coups de froid ont mis à rude épreuve sa toiture naturelle, sa coiffure en brosse, comme il s’en amusait bambin. Les gestes de jadis se sont perdus.
Quelques-uns de ses tableaux aideront, bon an mal an, à se remémorer la récolte des roseaux. La technique manquera faute de pratique. De toute son ardeur il développera l’énergie nécessaire pour que ce petit bijou de jeunesse garde sa beauté au bord de la lande comme au fond de son cœur.
Une page se tourne
à l’ombre de ses regrets
soigner l’héritage
Au coeur de la manade
Le bleu délivré de sa nuit
est né à la pointe du jour
quand bruissent les roselières
des premiers chants d'oiseaux
des impatiences du vent
Ils s'en viennent au matin
les coupeurs de roseaux
tandis que le ciel souffle
ses parts d'eau de lumière
là où la terre offre ses marais assoupis
Paillotes et chaumières
se couvriront bientôt de javelles de sagnes
ciselées avec soin
par les derniers chaumiers
ces cabanes de gardians
dans la plaine de Camargue
où galopent leurs chevaux
ivres de liberté
01/12/22
Les roseaux
La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge
lac Titicaca
le monde étrange des eaux-
impression d’ailleurs
Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables
avant le soleil
l’aîné attrape les rames
la journée commence
à la tombée de la nuit
le soir les ramènera
Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins
en aller-retour
cadence du mouvement-
que la terre est basse
26 novembre 2022
Quelle belle page sur la peinture de monsieur Bowyer... j'adore, bravo à tous, amitiés, JB
RépondreSupprimerTu nous emporte bien loin Adamante mais l'ouvrage à la serpe ou à la faux est toujours bien pénible et paye peu, pourtant ces cabanes aux toits naturels sont splendides, il en reste peu je crois...
RépondreSupprimerJe ne connais quasiment pas cette belle culture et ses traditions, merci à chacune d'entre vous pour ces magnifiques textes qui me permette d'en faire la découverte.
RépondreSupprimerLa pénibilité de certains travaux ancestraux , joints à la beauté du savoir-faire ont fait naître de très beaux textes, pas évident à la première vue de l'image.
RépondreSupprimerMerci à tous les brins.
Comme toujours, je commence par aller voir les textes sur leurs blogs et comme presque toujours, j'oublie de revenir ici déposer un commentaire général. L'Eure est le département où il y a le plus de "chaumières" authentiques ou plus récentes, restaurées ou construites, et de toits de chaume qui sont maintenant l'apanage de familles aisées. Alors évidement le thème m'a parlé tout de suite. Cette page a donné lieu a un corpus poétique et complémentaire qui n'oublie pas c'est vrai le regard sur la réalité ancienne et actuelle.
RépondreSupprimerMerci Adamante de le permettre ici.